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Sur le métier

Pascal Portella produit des roses coupées en PBI

PAR CHANTAL URVOY - Phytoma - n°711 - février 2018 - page 40

Thrips, aleurodes, araignée rouge, botrytis et oïdium sont les principaux ravageurs et maladies que doit maîtriser Pascal Portella, horticulteur dans le Var, dans le but de commercialiser des roses coupées sans défauts visuels. Contre l'oïdium, point de salut en dehors des fongicides. En revanche, les auxiliaires suffisent à gérer l'araignée rouge. Sur thrips et aleurode, ils doivent être complétés par des traitements chimiques.
 Photo : C. Urvoy

Photo : C. Urvoy

La fleur coupée est une production très exigeante qui ne supporte aucun défaut visuel, notamment ceux dus aux maladies et aux ravageurs.

La protection phytosanitaire représente donc un enjeu important pour Pascal Portella, producteur de roses coupées au Pradet, près de Toulon, dans le Var, premier département français producteur de fleurs coupées.

« Certains de mes collègues ont d'ailleurs dû abandonner la production de roses faute d'avoir réussi à maîtriser les ravageurs », souligne l'horticulteur.

Choix variétal : être stratégique

La protection commence dès le choix des variétés.

« Malheureusement, il n'en existe pas qui soient résistantes à la fois au botrytis et à l'oïdium et qui n'attirent pas les thrips, ravageur le plus préoccupant. »

Les quatre variétés implantées en hors-sol sous serre de 5 000 m² résistent bien au botrytis (Botrytis cinerea) mais elles sont plus ou moins sensibles à l'oïdium (Bugatti, Avalanche et Sweet Avalanche) et aux thrips (Avalanche, Sweet Ava-lanche, Jumilia).

La production, qui est vendue au marché aux fleurs d'Hyères, répond aux cahiers des charges Horti Sud(1) et Fleurs de France. Chauffée, la serre produit même en hiver, mais les roses ont à ce moment-là besoin de soixante jours (contre trente en été) pour atteindre le stade de commercialisation, l'éclairage naturel étant limitant.

Hygrométrie et anti-oïdium

Le botrytis est jugulé grâce à une gestion fine par ordinateur de l'hygrométrie de la serre.

« Sur la période hivernale, il ne faut pas dépasser 87 à 89 % d'humidité pour éviter des conditions trop favorables au botrytis. Si l'hygrométrie est trop élevée, je chauffe un peu la serre et ensuite j'ouvre. »

Contre l'oïdium, pas d'alternative à la protection chimique.

« Les plus grosses attaques ont lieu en fin d'été. Pour ne pas se laisser déborder, je traite deux fois en préventif. »

Pendant la période hivernale (octobre à mars), quatre à six traitements sont également nécessaires, puis quatre d'avril à fin août, le tout réalisé avec un petit pulvérisateur autoporté.

PBI contre thrips

Contre les thrips, Pascal Portella a opté pour la PBI(2) depuis qu'il s'est installé au Pradet.

« Cela a bien marché dès le début. Au départ, j'utilisais Amblyseius cucumeris (un acarien). Aujourd'hui, je travaille avec Amblyseius montdorensis qui a l'avantage de s'installer plus facilement dans la serre.

Je dépose des sachets et je complète par trois lâchers en vrac à dix jours d'intervalle en février-mars afin d'augmenter la population. L'objectif est que l'auxiliaire soit présent en masse quand les thrips arrivent pour agir immédiatement. En PBI, il faut anticiper ! Mais au printemps et à l'automne, le thrips se développe tellement vite que cela ne suffit pas. »

Il a donc alors recours à quelques traitements chimiques avec Nocturn (pyridalyl), qui respecte les auxiliaires et bénéficie d'une dérogation 120 jours en France. La culture est en effet confrontée au problème des usages orphelins.

« Pour alterner les matières actives, il m'arrive d'utiliser aussi du Vertimec (abamectine). Il est non compatible avec la PBI. Je traite alors seulement sur le haut de la culture pour préserver les auxiliaires. Les dégâts de thrips les plus dommageables se situent en effet sur les boutons floraux, donc en haut de végétation. » L'objectif du traitement est de contenir le développement des thrips pour qu'ensuite les auxiliaires en viennent à bout.

« Araignée rouge » et aleurode

En revanche, pour maîtriser l'acarien Tetranychus urticae, couramment appelé « araignée rouge », la PBI seule suffit.

« Quand j'avais mes serres en location à La Garde, il me fallait douze traitements chimiques par an !, se souvient l'horti-culteur. Quand j'ai démarré la PBI ici, je suis passé à un seul insecticide-acaricide. »

Le ravageur est géré par Phytoseiulus persimilis, un acarien prédateur apporté en vrac sur les foyers d'araignée rouge. « Avant la PBI, ce ravageur était le plus gros problème dans la région. Aujourd'hui, c'est celui que l'on maîtrise le mieux ! »

Quant aux aleurodes, ils sont surtout présents au printemps et en été. Amblyseius montdorensis a une petite efficacité sur les oeufs. Au printemps, la micro-guêpe Encarsia formosa s'installe toute seule dans la serre et parasite les larves âgées.

« Certaines années, je réalise aussi des lâchers pour compléter. »

Mais quand la population d'aleurodes devient trop importante, l'horticulteur intervient sur les foyers deux fois à quatre jours d'intervalle avec du Teppeki (flonicamide), compatible avec la PBI, auquel il ajoute du Silwet L-77, mouillant qui « colle » les adultes. « Nous avons connu une période très compliquée pour gérer les aleurodes. Mais depuis qu'on a ce mouillant, on gère. »

Coût acceptable

La protection phytosanitaire lui coûte environ 2,50 €/m2, soit 12 500 €/an. La PBI en représente plus ou moins la moitié avec 90 % consacrée aux thrips. « En production de roses coupées, ce coût n'est pas rédhibitoire comme sur Gerbera. »

Quant à l'abandon des produits chimiques, ce n'est peut-être pas encore pour demain, notamment en oïdium.

« Des traitements UV journaliers sont expérimentés aux Pays-Bas. C'est efficace mais très compliqué à mettre en oeuvre », conclut Pascal Portella.<25A0>

(1) Démarche qualité des professionnels varois pour se démarquer de la concurrence mondiale.(2) Production biologique intégrée.

Cet article fait partie du dossier

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BIO EXPRESS PASCAL PORTELLA

1987. Bepa spécialisation horticulture-fleurs coupées à Hyères (Var).

1987. Travaille pendant dix ans avec son père, horticulteur à La Garde (Var).

1997. Reprend 1 ha de serre en location à La Garde après le départ en retraite du producteur chez qui il avait réalisé son stage de Bepa.

2006. Cesse l'activité à La Garde (fin de bail), acquiert un terrain au Pradet (Var) et implante 5 000 m2 de pivoines.

2008. Construction de 5 000 m2 de serres chauffées.

2009. Plantation des premières roses en hors-sol.

L'essentiel de l'offre

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