En matière de biocontrôle, dix substances ou bouquets phéromonaux inédits ont été autorisés en un an. De plus, huit nouvelles spécialités et cinq extensions d'usage offrent des cibles nouvelles à des substances connues. L'innovation continue.
Nouvelles substances : quatre fatales attractions
Ravageurs secondaires
L'année précédente avait vu arriver trois substances actives visant des ravageurs(1). Cette année, huit solutions originales sont proposées (Tableau 1). Quatre utilisent le pouvoir d'attraction de phéromones inédites de confusion sexuelle visant des ravageurs auparavant épargnés par cette technique. Celle-ci a, en effet, les défauts de sa qualité de spécificité. Elle n'affecte que les espèces qu'elle vise, soit, jusqu'ici, eudémis et cochylis sur vigne et, en verger, carpocapse et tordeuse orientale. Elle épargne les auxiliaires et pollinisateurs (un avantage !), mais aussi des ravageurs estimés secondaires jusqu'à récemment (un inconvénient).
Ces derniers se faisaient discrets à cause de leur sensibilité aux insecticides classiques, et/ou de la concurrence des ravageurs principaux. Supprimez les uns et les autres, et il peut survenir des remontées de populations de la tordeuse eulia dans les vignes, ainsi que des tordeuses de la pelure, petite mineuse du pêcher ou encore zeuzère en verger. C'est à ces phénomènes que les nouveautés de l'année remédient, tout en continuant à épargner les auxiliaires et pollinisateurs.
Tordeuses de la vigne : trois cibles pour un diffuseur
L'une d'elles, Isonet LA Plus, de CBC Biogard, est autorisée sur vigne. Elle comprend deux molécules inédites dont les noms, quasi imprononçables, sont lisibles dans le Tableau 1. Ces substances miment le bouquet phéromonal des femelles de la tordeuse eulia (nom scientifique Argyrotaenia ljungiana).
Les tordeuses « principales » eudémis et cochylis ne sont pas oubliées : le nouveau produit contient aussi leurs phéromones. Il est donc autorisé contre les trois espèces.
Vergers : deux nouveautés
Pour les vergers, BASF propose deux diffuseurs concoctés suivant le même principe. Chacun d'eux ajoute une ou deux molécules inédites visant un ravageur secondaire à une ou deux déjà connues qui continuent à perturber le ravageur principal.
Rak 3 + 4 est destiné aux vergers de pommier et ses cultures rattachées(2), soit poirier, cognassier, néflier, nashi et pommette Malus sylvestris, et aux vergers de pêcher et cultures rattachées, soit abricotier et nectarinier. Il contient les phéromones, inédites, des tordeuses de la pelure capua (Adoxophyes orana) et pandémis (Pandemis heparana), associées aux molécules mimant le bouquet phéromonal du carpocapse des pommes Cydia pomonella. Il vise donc les trois ravageurs dans les vergers où les populations de capua et pandémis se développent à côté du « carpo ».
Rak 5 + 6 est destiné aux vergers de pêcher, abricotier et nectarinier. Le mélange des deux nouvelles substances mime le bouquet phéromonal de la petite mineuse du pêcher Anarsia lineatella. S'y ajoute la phéromone de la tordeuse orientale du pêcher Cydia molesta pour, là encore, maîtriser en même temps les deux populations.
Un Z qui veut dire « zeuzère »
Mais il est parfois difficile de viser tous les ravageurs dans le même diffuseur. C'est le cas dans les vergers avec la zeuzère Zeuzera pyrina, ravageur xylophage (ses chenilles vivent dans le bois et y font des dégâts). Sumi Agro, qui propose déjà des diffuseurs contre le carpocapse et la tordeuse orientale, lance Ginko Z : Z comme zeuzère.
Le bouquet phéromonal garnissant le diffuseur est commun à la zeuzère et à la sésie du groseillier, et le produit est autorisé contre les deux ravageurs. Mais il n'a pas été testé sur petits fruits en France. Pour l'instant, la société ne le lance que sur pommier, pêcher et leurs cultures rattachées, plus cerisier, prunier et sa culture rattachée le jujubier, olivier et fruits à coque (amandier, châtaignier, noisetier et noyer).
Bien entendu, les vergers subissant des infestations conjointes de zeuzère et de carpocapse et/ou tordeuse orientale devront aussi être protégés contre ces derniers.
Quatre micro-organismes contre moult ravageurs
Souches fongiques inédites
Quatre autres produits visant des ravageurs sont à base de micro-organismes (Tableau 1). Trois appartiennent à l'espèce Beauveria bassiana. Ce champignon est connu : sa souche 147 est la substance active d'Ostrinil, produit UAB et de biocontrôle d'Arysta autorisé depuis 1993. Mais les nouveaux produits contiennent trois autres souches.
Botanigard 22WP, de Certis, à base de la souche GHA de B. bassiana, est autorisé contre aleurodes et/ou thrips, sous abri, sur :
- concombre et cultures rattachées (courgette, cornichon et autres cucurbitacées à peau comestible), melon et cultures rattachées (pastèque, potiron et autres cucurbitacées à peau non comestible), poivron et culture rattachée (piment), tomate et culture rattachée (aubergine) ;
- vigne à raisin de table, fraisier, framboisier et cultures rattachées (mûres Rubus sp. et mûres des haies) ;
- cultures porte-graine.
- rosier, CFPV (cultures florales et de plantes vertes) et arbres et arbustes d'ornement ;
Naturalis, de De Sangosse, à base de la souche ATCC 74040, est autorisé en traitement du sol contre taupins sur pomme de terre et en traitement des parties aériennes contre acariens, aleurodes, mouches, phytoptes, psylles, pucerons et/ou thrips sur :
- agrumes, cerisier, kaki, oliviers, pêcher, pommier et leurs cultures rattachées ;
- chicorée/production de racines (toutes), choux (tous), concombre et cultures rattachées, fraisier, haricots écossés frais, haricots et pois non écossés frais, laitue et cultures rattachées (chicorée-scarole, chicorée-frisée, mâche, roquette, autres salades), légumineuses potagères sèches, melon et cultures rattachées, pois écossés frais, poivron, piment, tomate, aubergine ;
- CFPV.
Enfin ARY-07111b-01, d'Arysta, dont l'autorisation a été publiée le 9 avril, contient la souche NPP111B005 de B. bassiana. Il est autorisé contre le charançon rouge du palmier (très attendu !) ainsi que sur bananier contre les ravageurs (ceux du sol par piège, les autres par traitement du pseudo-tronc).
Souche bactérienne originale
La huitième substance inédite visant les insectes est, elle aussi, une nouvelle souche d'une espèce connue, la bactérie Bacillus amyloliquefaciens. Pour mémoire, une autre souche, codée D747, est la base d'Amylo X WG, commercialisé par Certis.
Sa souche MBI 600 vient de se voir autorisée dans Integral Pro, de BASF, en traitement des semences sur crucifères oléagineuses (colza, cameline, moutarde, navette, chanvre, bourrache, sésame et lin). Elle est autorisée en tant que SDN, stimulateur des défenses naturelles des plantes, contre la grosse altise Psylliodes chrysocephala et les petites altises Phyllotreta spp. (Tableau 1). En fait, il s'agit d'une action secondaire de ce produit : il ne vise pas prioritairement les ravageurs.
Face aux maladies
Même souche, deux produits
Il est, en effet, autorisé aussi sur colza et navette, toujours en traitement de semence, contre les champignons autres que pythiacées, précisément le phoma (Tableau 2). Par ailleurs, un autre produit à base de la souche MBI 600 de B. amyloliquefaciens est lancé en même temps. Nommé Serifel et proposé lui aussi par BASF, il est autorisé en traitement des parties aériennes de la vigne contre le botrytis (pourriture grise).
Bactérie pour le sol
Le deuxième micro-organisme fongicide original est lui aussi une bactérie, mais du genre Pseudomonas. Cette souche codée DSMZ 13134 est à la base de Proradix, traitement des semences de la société Sourcon Padena. Interrogée le 5 avril, cette dernière ne pouvait pas encore dévoiler l'identité de son distributeur en France.
Quoi qu'il en soit, le produit est autorisé sur pomme de terre, contre, là aussi, les champignons autres que pythiacées - il s'agit plus précisément du rhizoctone et de l'helminthosporiose.
Substance naturelle
Troisième substance fongicide originale, la cerevisane entre sur le marché phyto dans Roméo, proposé par BASF. Cette substance naturelle, extraite des parois de la levure Saccharomyces cerevisiae, est une des douze substances approuvées à ce jour par l'Union européenne comme « à faible risque ».
Le produit est autorisé en tant que SDN contre l'oïdium, le mildiou et/ou le botrytis, sur vigne ainsi que sur cultures légumières : concombre, fraisier, laitue, melon, tomate et leurs cultures rattachées.
Nouvelles spécialités pour substances connues
Champignon contre ravageurs
D'autres innovations font arriver sur des usages inédits des substances déjà utilisées par ailleurs en protection des plantes. Pas moins de huit de ces innovations correspondent à de nouvelles spécialités.
Deux micro-organismes utiles déjà connus sont proposés dans des produits originaux. Met52 OD, de Novozymes, est à base de la souche F52 de la variété anisopliae du champignon Metarhizium anisopliae (Tableau 3). C'est la substance de MET52 Granulés, produit de biocontrôle L. 253-5 pour le traitement du sol. Le nouveau produit s'applique en végétation. Il vise des cibles inédites (acariens, aleurodes et/ou thrips) sur :
- vigne (seulement contre les thrips) ;
- tomate, aubergine, poivron et piment en plein champ et sous abri ;
- oignon et cultures rattachées (ail, échalote, autres bulbes de liliacées et bulbes ornementaux) et poireau et cultures rattachées (oignon de printemps, ciboule et autres aliacées comestibles) en plein champ ;
- fraisier, concombre, melon et leurs cultures rattachées, sous abri ;
- arbres et arbustes d'ornement ainsi que CFPV (efficacité montrée seulement sur gerbera) sous abri.
Quoique de type biocontrôle par sa substance active, il ne peut pas être listé biocontrôle L. 253-5 vu sa formulation. Celle-ci est classée très toxique pour les organismes aquatiques (H400) et ne garantit pas un risque absent ou négligeable de transfert vers l'eau. Le cumul de ces deux faits est un des critères d'exclusion de la liste.
Champignon contre maladies
Le deuxième micro-organisme est lui aussi un champignon, la levure noire Aureobasidium pullulans, précisément le mélange des deux souches DSM 14940 et DSM 14941 de ladite levure. Cette substance était déjà connue en verger dans Blossom Protect et Botector de BioFerm, autorisés respectivement contre le feu bactérien sur pommier et cultures rattachées et contre la pourriture grise sur la vigne, et commercialisés en France par Nufarm.
Le nouveau produit, lui aussi de Bioferm, nommé Deccoferm, est destiné au traitement de post-récolte des agrumes contre les maladies de conservation. Sa commercialisation en France n'est pas pour tout de suite.
Substance naturelle fongicide
Un autre nouveau fongicide est à base d'une substance naturelle, le bicarbonate de sodium. Le produit se nomme Vitisan car il est autorisé sur vigne contre l'oïdium... Mais nous n'en parlerions pas si c'était son unique usage, car Armicarb, de De Sangosse, lui aussi à base de bicarbonate, est déjà autorisé contre l'oïdium et le botrytis sur cette culture, ainsi que contre la tavelure du pommier, entre autres. Le nouveau produit, lui, offre sa première autorisation au bicarbonate contre oïdium(s) sur pommier, melon et cultures rattachées.
Substances naturelles insecticides
Sont à signaler également des nouveaux produits à base de trois substances naturelles déjà connues. Tout d'abord Flipper, commercialisé par De Sangosse, est à base d'acides gras. Il est autorisé sur acariens, aleurodes et/ou pucerons, sur tomate (+ aubergine) en plein champ et sous abri, ainsi que fraisier, concombre et cultures rattachées sous abri.
Ensuite Kenpyr, de Biagro, et son proche parent Pirecris, de Seipasa, sont à base de pyréthrines, bio-insecticides d'origine végétale qu'on ne présente plus... Mais leurs usages (aleurodes sur tomate + aubergine, ainsi que pucerons sur poivron + piment, le tout sous abri) n'étaient pas ouverts aux pyréthrines.
Enfin, Success GR, dont le lancement est le fruit d'un travail conjoint de SBM Développement et de Corteva Agriscience (le nouveau nom depuis la fusion entre les sociétés Dow et DuPont) est à base de spinosad. Cette substance naturelle microbienne était déjà connue (Success 4, Conserve) dans des traitements de parties aériennes sur vigne, verger et cultures légumières, ornementales et médicinales et même sur maïs contre des chenilles (pyrale, sésamie, noctuelle). Elle est également l'insecticide de Syneis Appât, associé à un attractif spécifique des mouches qui fait du produit un « attract and kill » utilisé sur agrumes, olivier, cultures légumières et tropicales. Mais le nouveau produit est formulé pour le traitement du sol.
Autorisé sur maïs et cultures rattachées (millet, miscanthus, moha, panic dont switchgrass et sorgho) ainsi que sur maïs doux, il vise les ravageurs du sol, notamment les taupins. Un événement. En effet, c'est l'unique produit de biocontrôle autorisé sur cet usage... qui pourrait être bientôt interdit au thiaclopride (un néonicotinoïde).
Piéger la mouche du brou
Par ailleurs Decis Trap MB, MB comme mouche du brou, vise ce ravageur du noyer. Ce produit de Bayer est de type « attract and kill ». Le principe est d'associer une substance insecticide avec un attractif spécifique. Ce dernier fait que le ravageur vient de lui-même se faire occire, et que les organismes non-cibles ne sont pas exposés au produit, ni le végétal, donc la récolte. Le produit peut ainsi être UAB et de biocontrôle même si la substance insecticide est conventionnelle - il s'agit ici de la deltaméthrine. La nouveauté vient de l'attractif et de la cible visée.
Un autre Decis Trap est à la fois UAB et de biocontrôle. Le « MB », listé biocontrôle, devrait logiquement décrocher sa reconnaissance UAB lors de la prochaine réunion du Cnab.
L'herbicide de l'année
Enfin, l'année aura vu l'autorisation d'un seul et unique herbicide de biocontrôle. Sa substance active est l'acide pélargonique d'origine végétale, déjà autorisé dans deux produits de Jade (aujourd'hui Belchim), Beloukha en agriculture et Katoun (distribué par Syngenta) en espaces verts.
Le nouveau produit, lui aussi de Jade/Belchim, sera commercialisé sous le nom de Harmonix Kalipe par Bayer ES (Environmental Science), branche phytopharmaceutique « non agricole» de Bayer.
Il a obtenu des usages inédits pour l'acide pélargonique : désherbage des arbres et arbustes en place en pleine terre et des cultures ornementales en interculture et en culture, en plus d'usages déjà couverts par d'autres produits à base du même acide (désherbage dit PJT, c'est-à-dire des allées de parcs, jardins et trottoirs, destruction des mousses, désherbage des arbres et arbustes en pépinière pleine terre).
Extensions notables
Micro-organismes : Bt toujours
D'autre part, cinq extensions d'usage de produits déjà autorisés auparavant font arriver, sur les usages en question, des substances qui y étaient inconnues. Tous les produits concernés sont listés biocontrôle L. 253-5.
Trois concernent des produits à base de micro-organismes. Tout d'abord Delfin et son jumeau Wasco WG, de Certis Europe, ont bénéficié d'extensions d'usage inédites pour leur substance active.
Celle-ci est la souche SA 11 de la sous-espèce kurstaki du Bt, autrement dit la bactérie Bacillus thuringiensis. Déjà autorisée dans divers produits sur une foultitude d'usages, cette bactérie fait partie de la phytopharmacopée « bio » française depuis des lustres. Des produits qui en contiennent sont reconnus UAB depuis que la mention existe. Mais il lui restait des usages à conquérir. Voilà qui est fait (Tableau 4). Les nouveaux usages concernent tous des lépidoptères visés aux stades larvaires, autrement dit les « chenilles phytophages » sur :
- pomme de terre (pour mémoire, un autre produit à base de Bt était déjà autorisé sur pomme de terre, mais son principe actif, la sous-espèce tenebrionis, est une substance différente ; le produit, Novodor, de Koppert, est actif contre les coléoptères et autorisé contre le doryphore) ;
- agrumes, fraisier, tabac ;
- diverses cultures porte-graine (en abrégé PG) et plantes à parfum, aromatiques, médicinales et condimentaires (en abrégé PPAMC) sur lesquelles le Bt n'était pas encore autorisé.
Un virus contre le genre Cydia
Le deuxième micro-organisme est le CpGV-R5, en clair l'isolat R5 du virus de la granulose du carpocapse, à la base de Carpovirusine EVO2, d'Arysta. Déjà autorisé contre les chenilles phytophages, en fait le carpocapse des pommes et des poires Cydia pomonella, sur noyer, pommier et cultures rattachées, il est efficace contre plusieurs espèces du même genre. Il est désormais autorisé aussi contre :
- le même carpocapse, plus celui des prunes Cydia funebrana sur prunier (et jujubier) ;
- la tordeuse orientale du pêcher Cydia molesta sur pommier, pêcher et leurs cultures rattachées.
Champignons contre maladies du bois de la vigne
Le troisième produit à base de micro-organismes contient un champignon, ou plutôt un mélange de deux champignons du genre Trichoderma. Il associe la souche ICC080 de T. gamsii et la souche ICC012/T25/TV1 de T. asperellum. Nommé Tellus lors de sa première autorisation, ce produit d'Isagro a obtenu de l'Anses le droit de changer de nom : désormais il se nomme Blindar, avec comme auparavant Cassat WP comme second nom de marque.
Ce biofongicide était déjà autorisé contre des pathogènes du sol, en particulier les pythiacées, en traitement du sol sur cultures légumières et ornementales ainsi que sur verger avant plantation. L'extension d'usage concerne des traitements des parties aériennes, sur vigne, contre les maladies du bois (esca/BDA) en traitements d'hiver (avant le débourrement).
Deux autres produits à base de champignons du même genre étaient déjà autorisés contre ces maladies, mais il s'agit de l'espèce Trichoderma atroviride : souche I-1237 dans Esquive WP, d'Agrauxine, souche Sc-1 dans Vintec, commercialisé par Belchim. Cette extension d'usage représente donc bien l'arrivée d'une substance nouvelle pour contrer ces redoutables maladies.
Substances naturelles : les 46 usages supplémentaires de l'huile d'orange
Les deux autres produits ayant bénéficié d'extensions d'usage sont à base de substances naturelles.
La première est d'origine végétale, c'est l'huile essentielle d'orange douce. Elle est à la base de Limocide et Essen'ciel, de Vivagro (le nom d'origine était Prev-Am) et de Prev-Am Plus, importation parallèle d'Oro Agri, commercialisée par Nufarm. Ces produits ont bénéficié d'extensions sur pas moins de 46 usages !
Beaucoup de ces nouveaux usages sont à visée insecticide, contre acariens, aleurodes, cicadelles, cochenilles, psylles, thrips et tigres, sans compter l'erinose de la vigne dont les symptômes ressemblent à ceux d'une maladie mais sont dus à un acarien. Il existe aussi des usages fongicides : rouilles sur certaines cultures maraîchères et ornementales et oïdium sur pommier et cultures rattachées, ainsi que des cultures tropicales.
Du côté du kaolin
Le kaolin, alias argile kaolinite ou silicate d'aluminium, ne sert pas seulement à fabriquer de la porcelaine. C'est aussi un produit de protection contre les ravageurs, dans Sokalciarbo WP, proposé par Agri Synergie. Qu'il agisse comme barrière physique, comme répulsif ou par activité directe, ou encore une combinaison des trois, il était déjà autorisé sur divers usages.
Il a obtenu deux extensions d'usage, l'une contre les psylles sur pommier et ses cultures rattachées, l'autre sur vigne contre cicadelles... Attention, uniquement la cicadelle verte alias cicadelle des grillures Empoasca vitis, et non la cicadelle de la flavescence dorée Scaphoideus titanus !
Cicadelle orpheline
Il faut souligner que les produits à l'huile essentielle d'orange, quoiqu'autorisés sur cicadelles de la vigne, ne sont pas déclarés efficaces contre S. titanus en l'attente de résultats d'essais sur cette efficacité. Ils ne font donc pas partie, pour l'instant, des produits utilisables dans la lutte obligatoire contre la cicadelle de la flavescence...
Cette lutte obligatoire n'a donc pas profité des autorisations de l'année. Elle n'a toujours à disposition, en matière de produits alternatifs, que ceux à base de pyréthrines. Parfois, c'est l'absence de résultats techniques qui bloque la réglementation.
(1) Voir Phytoma n° 702, mars 2017, p. 16 à 23.(2) Si une culture est « rattachée », sur le catalogue national des usages phytopharmaceutiques, à une « culture de référence », toute AMM (autorisation de mise sur le marché) sur la culture de référence (par exemple, le pêcher) est valable aussi sur la culture rattachée (par exemple l'abricotier et le nectarinier), sauf mention contraire dans la décision d'AMM.
RÉSUMÉ
- quatre phéromones de confusion sexuelle visant des ravageurs qui échappaient auparavant à la technique sur vigne et en verger ;
- trois souches inédites du champignon entomopathogène Beauveria bassiana, dont deux sur cultures spécialisées et une sur palmier et bananier ;
- deux souches bactériennes dont une de Bacillus amyloliquefaciens à la fois fongicde et insecticide et une de Pseudomonas fongicide ;
- une substance naturelle fongicide (SDN), la cerevisane.
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