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Sur le métier

Marilou Mottet pilote l'Observatoire des ambroisies

PAR CHANTAL URVOY - Phytoma - n°715 - juillet 2018 - page 44

À l'Observatoire des ambroisies (Fredon France), Marilou Mottet est en relation avec les acteurs de terrain confrontés à la plante allergisante, mais également ceux des régions peu ou pas concernées. Ses missions ? Coordonner un réseau sanitaire national, à savoir cartographier la présence de l'espèce invasive, informer pour éviter la propagation, conseiller et former les acteurs pour la gérer.
 Photo : C. Urvoy

Photo : C. Urvoy

Connue pour engendrer des pertes de rendement importantes, l'ambroisie est une espèce envahissante qui représente également un enjeu majeur de santé publique en raison de son pollen fortement allergisant. Agir contre son expansion requiert l'implication de tous.

« Dans ce contexte, un Observatoire des ambroisies a été créé en 2011 par les ministères de la Santé, de l'Agriculture, de l'Écologie et l'Inra, explique Marilou Mottet, d'abord animatrice de l'Observatoire à l'Inra de Dijon, puis en charge de son pilotage à Fredon France depuis 2017. L'objectif est de renforcer la coordination des moyens de lutte contre l'ambroisie à feuilles d'armoise, l'ambroisie trifide et l'ambroisie à épis lisses. »

Mandaté par le ministère de la Santé

Grâce aux Fredon et FDGedon(1) du territoire (représentées par environ 400 personnes) qu'elle fédère, Fredon France dispose d'un maillage territorial intéressant pour l'Observatoire.

Un référent « ambroisie » a d'ailleurs été nommé dans chaque Fredon et FDGdon. L'Observatoire est mandaté par le ministère de la Santé ; un comité de pilotage regroupe les ministères concernés et les partenaires.

« Chaque année, nous présentons le bilan des actions de l'année passée à partir duquel ce comité de pilotage va définir les orientations stratégiques pour l'année suivante », précise Marilou Mottet qui, en plus de l'équipe de Fredon France, est épaulée chaque année par un CDD de mars à octobre, qui est la période où l'ambroisie est la plus active.

Cartographier

L'une de ses missions est de cartographier la présence des ambroisies sur le territoire. Pour cela, elle utilise deux sources de données importantes : les données du réseau des conservatoires botaniques nationaux et de ses partenaires, et la plateforme de signalement(2), créée en 2015.

« Toute personne pensant observer de l'ambroisie peut le signaler. Les données sont ensuite validées ou pas par le référent territorial nommé dans chaque commune suite à la loi n° 2016-41(3). Nous disposons également des observations de nos Fredon, de CPIE(4), de DDT(5), et d'autres partenaires. La difficulté est ensuite d'agglomérer toutes ces informations afin de réaliser différentes cartes pour visualiser les zones concernées, gérer la plante sur le terrain... »

Informer pour prévenir

La prévention est une des principales missions de Marilou Mottet avec, comme moyens d'action, l'information et la communication.

« Nous concevons de nombreux documents pour sensibiliser tous les publics : particuliers, référents ambroisie, gestionnaires de milieux, élus, agriculteurs, professionnels de santé, enseignants ou animateurs d'activité périscolaires... »

Pour s'y retrouver, un catalogue recense tous les supports mis à disposition par l'Observatoire. On y trouve des fiches de reconnaissance des ambroisies, des documents, affiches et dépliants de sensibilisation, des outils pédagogiques et des documents de gestion dans les différents milieux.

« Nous communiquons également via notre blog, les réseaux sociaux, le site du ministère de la Santé, les médias ou encore lors d'événements. » La lettre mensuelle de l'Observatoire vulgarise les travaux scientifiques réalisés sur le sujet. Enfin, le blog de l'Observatoire recense les événements organisés sur le territoire, chaque année, le premier samedi de l'été (23 juin en 2018), dans le cadre de la journée internationale des ambroisies.

Conseiller pour gérer

Là où l'ambroisie est déjà présente, il faut passer à l'étape suivante, à savoir la lutte.

« Nous n'intervenons pas directement sur le terrain, mais nous conseillons les personnes confrontées à la gestion des ambroisies. Par exemple, en ce moment, les préfets doivent prendre un "arrêté ambroisie" avec la rédaction d'un plan de lutte adapté à l'importance de cette espèce sur leur territoire. Nous rédigeons actuellement un guide pour les y aider. » Un comité technique réunit également tous les acteurs concernés, deux fois par an. Objectif : faire remonter les informations du terrain, notamment ce dont ils ont besoin pour travailler sur la thématique. « C'est notre thermomètre ! »

En agriculture, ses interlocuteurs sont principalement les agriculteurs, instituts techniques et chambres d'agriculture. Au comité technique siègent la chambre d'agriculture de Nouvelle-Aquitaine, Terres Inovia et la DGAL. « Nous n'avons pas réussi jusqu'à présent à avoir un représentant de la distribution agricole. »

Des encouragements

Après deux années passées aux manettes de l'Observatoire, elle constate qu'il est difficile de mobiliser des relais dans les zones peu ou pas concernées.

« Alors que c'est là qu'il faudrait faire de la prévention car à ce stade on peut encore gérer facilement l'ambroisie. En Auvergne-Rhône-Alpes, les conséquences de l'ambroisie sur la santé représentent un coût sanitaire estimé à 22 millions d'euros pour 2016. Il faut absolument éviter que cette situation se reproduise dans d'autres zones. »

En revanche dans les régions touchées, les acteurs sont plutôt à l'écoute pour mettre en place des moyens de lutte, notamment en agriculture. Constat encourageant : les signalements sur la plateforme ont doublé entre 2016 et 2017. « Plus on en parlera, plus les personnes s'intéresseront à la problématique », conclut Marilou Mottet.

(1) Fredon : Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles. FDGedon : Fédération départementale des groupements de défense contre les organismes nuisibles. (2) www.signalement-ambroisie.fr(3) Article 57 de la loi n° 2016-41 de modernisation du système de santé. (4) Centre permanent d'initiatives pour l'environnement (CPIE). (5) Direction départementale des territoires.

BIO EXPRESSMARILOU MOTTET

2015. Master professionnel en bioévaluation des écosystèmes et expertise de la biodiversité à l'université Claude-Bernard, à Lyon (Rhône).

Stage auprès du conservatoire botanique national de Franche-Comté pour le suivi de cinq espèces invasives, dans le Doubs.

2016. Animatrice de l'Observatoire des ambroisies à l'Inra de Dijon (Côte-d'Or).

2017. Coordinatrice de l'Observatoire à Fredon France (Paris) après la reprise du pilotage de l'Observatoire par cette instance.

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