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Sur le métier

Maryse Friot forme des adultes en protection des plantes

PAR CHANTAL URVOY - Phytoma - n°719 - décembre 2018 - page 56

Spécialisée en santé des végétaux dans le domaine des espaces verts, Maryse Friot a la particularité d'enseigner à des adultes. Ses défis : capter l'attention de son auditoire et proposer une formation immédiatement utilisable, s'adapter en permanence à ses interlocuteurs et aux évolutions réglementaires, actualiser ses connaissances pour coller à la réalité du terrain.
 Photo : C. Urvoy

Photo : C. Urvoy

Depuis près de trente ans, Maryse Friot forme des adultes à la protection des plantes, aujourd'hui principalement dans le domaine des espaces verts. S'y est ajoutée depuis quelques années la formation pour le certiphyto. Si, au départ, sa mission se déroulait dans les murs du CFPPA(1) de Tours-Fondettes (Indre-et-Loire), aujourd'hui, les trois quarts de son temps sont consacrés à des formations extérieures auprès d'entreprises et de collectivités.

Situé sur un campus qui comprend également un lycée agricole et un CFA(2), le CFPPA forme des adultes sans emploi ou en reconversion professionnelle, et des salariés souhaitant monter en compétences. En 2017, ils étaient 1 500 à être accueillis, dont 280 en formation longue (trois à neuf mois) et une grande majorité en formations très courtes (deux à cinq jours).

Apporter de la matière

Au CFPPA, Maryse Friot intervient en bac professionnel « aménagement paysager » et en brevet professionnel agricole (BPA) « travaux et aménagements paysagers ».

Pour ces formations longues, les promotions sont plus légères (entre quinze et vingt stagiaires) qu'en formation initiale.

Pour Maryse Friot, qui a débuté sa carrière en MFR(3),

« c'est un vrai plaisir d'enseigner aux adultes. Mais il faut leur apporter de la matière et surtout pas sous forme de cours magistraux. À l'heure de l'omniprésence des écrans et du zapping, la difficulté est de trouver un moyen suffisamment fort pour capter leur attention. Un PowerPoint ne suffit plus ! Il faut de la vidéo et des exercices pratiques. » Certains ont d'ailleurs lieu sur les espaces verts du campus.

Être plus fort que Google

« Cela permet de les faire participer, explique l'enseignante. Il faut aussi savoir répondre plus vite que Google et rebondir sur les informations qu'ils trouvent sur internet pour apporter une plus-value à la formation. C'est un échange : je leur apprends et ils m'apprennent des choses. De plus, comme ils ont en général déjà une expérience professionnelle, je ne peux pas leur faire "avaler" n'importe quoi ! »

Se confronter au terrain

Le CFPPA propose également un catalogue de formations courtes de deux à trois jours réalisées sur le campus ou en entreprises. Maryse Friot intervient pour le certiphyto et en espaces verts : reconnaissance des végétaux, techniques alternatives aux produits chimiques, protection biologique intégrée, gestion de la flore invasive...

« Comme j'interviens seule, pour que cela reste vivant et que le stagiaire puisse appliquer ce qu'il a appris une fois la formation terminée, là aussi il faut alterner la théorie et la pratique : calculs de dosage, lecture d'étiquettes phytosanitaires, reconnaissance de maladies... »

En extérieur, l'enseignement est en effet encore plus concret.

« Ça permet d'enrichir notre enseignement pour le CFPPA et de nous redonner une certaine dynamique. À chaque formation, ce sont de nouvelles personnes. Cela demande aussi de s'adapter très vite à son auditoire. Il faut donc de l'énergie et réactualiser ses connaissances en permanence pour être en phase avec la réalité du terrain ! »

Une veille quotidienne que Maryse Friot réalise grâce à la presse professionnelle spécialisée, aux échanges avec les professionnels, à des séminaires et également à des formations, notamment pour enseignants.

Oublier les anciennes recettes

Autre défi : le suivi de l'évolution de la réglementation.

« Contrairement à mes collègues, c'est un sujet que j'aime bien enseigner !, précise Maryse Friot. Il faut que ce soit très imagé, même si je leur donne les références des textes réglementaires comme ressources. C'est cependant plus facile de transmettre aux adultes des savoirs comme la réglementation car leur expérience professionnelle leur donne un certain recul. »

Au fait, que dit notre formatrice de la loi Labbé ?

« Cela révolutionne tout ! Il y a quinze ans, on donnait presque une ordonnance à nos stagiaires avec une solution phyto pour chaque problématique. Aujourd'hui, ce n'est plus possible. Il faut leur transmettre des bases pour qu'ils puissent ensuite trouver une alternative en fonction de ce qu'ils observent sur le terrain. Contre les mauvaises herbes, c'est le désherbage manuel. Mais cela nécessite beaucoup plus de main-d'oeuvre. Or les collectivités sont plus dans une politique de réduction du personnel plutôt que d'augmentation. Il va donc falloir trouver autre chose ! »

Échanger avec les collègues

Maryse Friot anime aussi le réseau régional des enseignants en protection des plantes en CFPPA (une dizaine). « Nous nous retrouvons à peu près cinq fois par an autour d'un thème en matinée. » Parmi les derniers abordés : la biodiversité et son impact, l'évolution des EPI, les questions de santé au travail lié à l'usage des produits phyto, les nouveaux parasites, les plantes invasives...

« L'après-midi, les enseignants travaillent ensemble sur l'évolution des livrets de formation, les problématiques de pédagogie, la rédaction d'exercices... » De quoi partir reboostée, même si Maryse Friot n'en a pas vraiment besoin malgré ses quarante années de carrière. « Je suis toujours aussi passionnée par mon métier ! Mais la retraite approche. Mon tableau noir et ma salle de classe vont me manquer ! »

(1) Centre de formation professionnelle et de promotion agricole. (2) Centre de formation d'apprentis. (3) Maison familiale rurale.

BIO EXPRESS

MARYSE FRIOT

1978. BTS Production florale à Antibes (Alpes-Maritimes).

Enseignante en production florale à la Maison familiale rurale de Taponnat (Charente).

1984. Enseignante en production florale et maraîchère à l'Institut rural d'éducation et d'orientation de Sorigny (Indre-et-Loire).

1988. Enseignante en production florale et maraîchère au CFA de Tours-Fondettes (Indre-et-Loire).

1991. Passe le concours pour devenir professeur de lycée et fonctionnaire d'État du ministère de l'Agriculture.

Formatrice en bac pro et BPA pour adultes au CFPPA de Tours-Fondettes et auprès d'entreprises et de collectivités.

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