Depuis le début de l'année, trois notes techniques communes « résistances » ont été publiées : pour les maladies de la vigne, celles des céréales à paille et, dernièrement, pour la sclérotiniose du colza. Outre un état des lieux sur les résistances des bioagresseurs vis-à-vis des principales familles de substances actives approuvées et utilisables en France, elles présentent des éléments de stratégie préventive ainsi que des recommandations générales dans un objectif de réduction et d'optimisation des traitements.
Des comités d'experts
Les notes communes sont rédigées par un comité d'experts issus de différentes structures : instituts techniques (IFV, Arvalis-Institut du végétal, Terres Inovia...), Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses, unité Casper), Inrae, interprofession, chambres d'agriculture, Direction générale de l'alimentation-Département de l'expertise vétérinaire et phytosanitaire (DGAL-DEVP). Les recommandations se basent sur le statut des résistances dans les populations, ainsi que sur les mécanismes de résistance et les caractéristiques des souches résistantes. Ces informations sont issues :
- du plan de surveillance national de la résistance aux produits phytopharmaceutiques piloté par la DGAL-SDQSPV, dans le cadre du suivi des effets non intentionnels des pratiques agricoles ;
- d'autres plans de surveillance (par exemple, du CIVC, du Réseau performance animé par Arvalis, de Terres Inovia, de Végéphyl) ;
- d'essais d'efficacité en situation de résistance ;
- des professionnels, des sociétés phytopharmaceutiques, de la littérature scientifique.
Des mesures prophylactiques
Les notes rappellent l'importance de la qualité de pulvérisation et de la mise en oeuvre de mesures prophylactiques pour limiter le développement des bioagresseurs. Toute mesure se substituant à un traitement phytopharmaceutique et contribuant ainsi à diminuer la pression de sélection est intéressante à mettre en oeuvre : variétés tolérantes (attention, des mesures de gestion doivent être prises pour favoriser la durabilité des résistances génétiques), outils d'aide à la décision pour mieux raisonner et positionner les traitements, pratiques culturales permettant de réduire le risque parasitaire (rotation, labour, date de semis, densité, taille...).
Statut des résistances vis-à-vis des substances actives
Le statut d'une résistance dépend de son occurrence et/ou de sa fréquence sur le terrain, des régions concernées et des pertes d'efficacité éventuelles observées dans les essais. Pour la vigne par exemple, la note commune de janvier 2020 dresse la situation des résistances dans les populations de Plasmopara viticola (agent du mildiou), Erysiphe necator (agent de l'oïdium de la vigne), Botrytis cinerea (agent de la pourriture grise) et Guignardia bidwellii (agent du black-rot). Quatre tableaux détaillent ainsi le type et le mécanisme de résistance par famille de substances actives, l'évolution des résistances, les impacts sur l'efficacité des produits et des recommandations de gestion. La note pour les céréales à paille détaille la résistance aux fongicides de dix pathogènes, responsables de la septoriose (Zymoseptoria tritici), du piétin-verse (Oculimacula spp.), de l'helminthosporiose (Pyrenophora tritici-repentis, Helminthosporium teres), etc. La note diffusée en mars 2020 par Terres Inovia concerne la résistance aux fongicides utilisés contre Sclerotinia sclerotiorum sur colza. Une note herbicides (mise à jour 2020 à venir) offre aussi une mine d'informations. Elle s'accompagne notamment de cartes de présence/absence des résistances à l'échelle régionale.
Préserver l'efficacité des traitements
Certaines mesures permettent de retarder l'émergence ou la progression des résistances et de maintenir une efficacité satisfaisante des produits. De manière générale, la prévention et la gestion reposent sur la diversification des modes d'action (voir article p. 15-20). Afin de préserver l'efficacité des produits phytopharmaceutiques, il faut limiter les possibilités d'adaptation des populations de bioagresseurs à ces produits, notamment en diversifiant les solutions de contrôle, par exemple, dans le cas des adventices, en combinant désherbage chimique et désherbage mécanique.
Un réseau pour mieux comprendre les résistances
Le réseau R4P, Réseau de réflexion et de recherches sur les résistances aux pesticides, mis en place en 2011, vise à coordonner l'expertise sur le sujet et à faciliter le transfert des connaissances. Il est financé par le département SPE (Santé des plantes et environnement) d'Inrae. Son site internet met à disposition de nombreuses informations sur la résistance : des explications pédagogiques, des recommandations de gestion, un glossaire, etc. Il propose aussi un historique des notes communes rédigées annuellement, une cartographie des cas publiés de résistances aux herbicides en France (vingt-deux adventices), des fiches de synthèse sur des bioagresseurs résistants, etc.
POUR EN SAVOIR PLUS
CONTACT : v.vidril@gfa.fr
LIENS UTILES : notes communes téléchargeables sur le site R4P www.r4p-inra.fr/fr/notes-communes ; sur la page d'accueil du site Phytoma : www.phytoma-ldv.com/ ; sur le site de Végéphyl : www.vegephyl.fr/nos-activites/commissions/maladies/ ; et sur les sites des instituts techniques.