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Sur le métier

Coralie Aubin gère des essais phyto pour les firmes

PAR CHANTAL URVOY - Phytoma - n°737 - octobre 2020 - page 49

Sonder les besoins des clients, rédiger des protocoles d'essais, les transmettre à ses collègues expérimentateurs, collecter et analyser les résultats, en faire une synthèse, tel est le quotidien de Coralie Aubin, responsable de projets BPE chez Biotek Agriculture. Une mission à l'interface entre les clients et ses collègues de terrain qui nécessite une grande adaptabilité, notamment aux évolutions réglementaires.
 Photo : C. Urvoy

Photo : C. Urvoy

À 45 ans, Coralie Aubin a réalisé toute sa carrière chez Biotek Agriculture, prestataire en expérimentation de produits phytosanitaires et de variétés semencières. Fondée en 1990, Biotek Agriculture compte 55 salariés en France et neuf stations d'expérimentation plutôt dans la moitié nord de la France. Elle est agréée BPE(1) pour les grandes cultures, la vigne, l'arboriculture, les productions légumières et les PPAM(2), et BPL(3) pour l'analyse des résidus phytosanitaires. « Nous transformons également les produits récoltés pour la recherche de résidus après transformation, ou d'éventuels effets non intentionnels des produits phyto sur la qualité technologique et organoleptique des matières premières ou des produits transformés », explique Coralie Aubin qui, grâce à son expérience, est aujourd'hui responsable de projet BPE senior.

À l'interface

« Tout comme mes collègues responsables de projets juniors, je me situe à l'interface entre le client et mes collègues expérimentateurs. En tant que senior, je valide les protocoles d'essais établis par les juniors et suis le bon déroulement de leurs programmes. Je valide aussi les rapports finaux de responsables de projets BPE juniors ou seniors. Le référentiel BPE implique en effet des contrôles à toutes les étapes. Pour chaque essai, il y a ainsi un rédacteur (junior ou senior) et un relecteur-rédacteur senior. » Ses clients sont en majorité des firmes phytosanitaires pour des essais AMM(4) à suivre de A à Z. « Les firmes de grande taille nous confient aussi des essais en post-AMM afin de multiplier les résultats pour les agriculteurs sur tout le territoire. » Ces essais post-AMM constituent aujourd'hui la moitié des essais de Biotek.

Importance du protocole

Concernant les essais à réaliser pour la demande d'AMM, Coralie Aubin reçoit un produit déjà formulé. L'objectif est alors de tester son spectre d'action, la dose et le positionnement, de le comparer à une référence déjà homologuée... « Dans certains cas, la firme nous confie plusieurs formulations à tester pour ne retenir que la plus efficace. » La rédaction du protocole d'essais est la première étape de chaque projet. « Il est très souvent rédigé par la firme. Je vérifie alors qu'il est conforme aux méthodes officielles. Si ce n'est pas le cas, je le rediscute avec le client. Je vérifie également que tout ce qui est demandé est réalisable, pertinent pour répondre à l'objectif et conforme à la réglementation. Quand j'ai seulement une ébauche de protocole, un échange important a alors lieu avec le client pour bien sonder tous ses besoins. »

Rapport complet

Le protocole d'essai est ensuite transmis à ses collègues de terrain qui ont la charge de trouver le bon site pour chaque essai. « Nous avons un réseau d'agriculteurs habitués aux essais. » Ils réalisent toutes les opérations sauf celles en rapport avec ce qui doit être testé. Par exemple, pour un essai fongicide céréales, l'agriculteur fertilise, désherbe et traite contre les insectes comme sur le reste de sa parcelle. « Tout au long de l'essai, je vérifie que les étapes sont bien réalisées sur le terrain et que les données me sont remontées aux étapes clés. Je vérifie qu'il n'y a pas de résultats problématiques, réalise des analyses statistiques et transmets les résultats à chaque étape au client. Une fois l'essai terminé, j'analyse toutes les données pour en tirer des conclusions en lien avec l'objectif de l'essai. Pour les essais destinés à la demande d'AMM, un rapport complet est rédigé. »

Des essais post-AMM

« Pour les essais post-AMM, même si l'efficacité et la sélectivité du produit sont vérifiées, nous testons surtout des associations avec le produit ciblé ou une utilisation en réduction de dose. » Ainsi en vigne, huit à douze passages de fongicides peuvent être nécessaires. Dans les essais d'AMM, le produit sera appliqué huit à douze fois. Dans les essais post-AMM, il sera intégré dans un programme réalisé habituellement par les viticulteurs. Autre différence pour notre responsable de projet senior, la synthèse de l'essai est ici moins formalisée. Dans tous les cas, les protocoles d'essais, les résultats et la rédaction des rapports se font en anglais même s'il s'agit d'essais réalisés en France.

Les firmes, coopératives et négoces lui confient également quelques essais quand ils ont par exemple besoin d'une structure agréée BPE pour utiliser des produits juste avant l'AMM sur leurs plateformes vitrine. Les essais pour les instituts techniques et les chambres d'agriculture se font de plus en plus rares. « Pour eux, notre prestation s'arrête à la transmission des données. »

Biocontrôle

« Ma mission est en évolution constante car le référentiel BPE est évolutif, souligne Coralie Aubin. Le type de produits testés change également. Dans les essais post-AMM, nous commençons ainsi à introduire des produits de biocontrôle ou des combinaisons entre pratiques culturales et produits phytosanitaires. Ce sont des essais beaucoup plus complexes à mettre en oeuvre. Depuis cinq à six ans, je vois également arriver des produits de biocontrôle pour l'homologation. Ils sont beaucoup plus compliqués à évaluer que les molécules chimiques. Il faut adapter le matériel, les méthodes d'observation et trouver l'environnement qui met en valeur leur efficacité. »

(1) Bonnes pratiques d'expérimentation.(2) Plantes à parfum, aromatiques et médicinales.(3) Bonnes pratiques de laboratoire.(4) Autorisation de mise sur le marché.

BIO EXPRESS CORALIE AUBIN

1998. DESS Technologie du végétal à l'université et à l'INH (Institut national d'horticulture et de paysage) d'Angers (Maine-et-Loire).

1999. Aide-expérimentateur chez Biotek Agriculture sur la station d'expérimentation de Givry (Saône-et-Loire) .

Depuis 2000. Responsable de projet BPE au siège de Biotek Agriculture à Saint-Pouange (Aube) tout en étant responsable des essais semences jusque fin 2003 et responsable du laboratoire de préparation des produits phytosanitaires pour les essais jusqu'en 2006.

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