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DOSSIER - Légumineuses à grainesPetits moyens, gros défis

Le défi des légumineuses

JEAN-ALBERT FOUGEREUX, Fnams. - Phytoma - n°743 - avril 2020 - page 14

Les légumineuses, amenées à jouer un rôle clé dans les transitions alimentaire et agroenvironnementale, doivent surmonter de multiples défis phytosanitaires.

Le Réseau francophone des légumineuses tenait les 24 et 25 février dernier ses troisièmes rencontres(1), proposant plus de 80 communications scientifiques.

Un rôle clé dans la transition agroécologique

Comme l'a rappelé Michel Duru (Inrae) en conférence plénière introductive, les cultures de légumineuses (protéagineux, légumes secs, légumineuses fourragères) « ont un rôle clé à jouer dans la transition agroécologique et la transition alimentaire. Leur place dans notre alimentation pourrait être considérablement amplifiée pour remplacer une partie des protéines animales qui sont fortement émettrices de gaz à effets de serre ». Parallèlement, de multiples communications ont illustré les vertus agronomiques de ces plantes sur la vie organique des sols, la fourniture d'azote et sur la grande place qu'elles peuvent jouer comme plantes de service dans les agrosystèmes (cultures associées, intercultures...). L'association légumineuse/colza d'hiver, de plus en plus pratiquée, montre par exemple un effet très intéressant sur les ravageurs en début de cycle du colza, et induit un effet positif sur la fertilité des sols.

Malgré ces nombreux atouts, avec seulement 4 % des surfaces de grandes cultures, la place des légumineuses sur les exploitations reste modeste, et la France doit importer de grandes quantités de soja pour l'alimentation animale, mais aussi de légumes secs (lentilles, pois chiche). Pour retrouver une autonomie protéique, il faudra que l'ambitieux plan du gouvernement (voir encadré) permette de sécuriser les rendements de ces cultures d'une part très sensibles aux aléas climatiques, et d'autre part sujettes à un cortège de bioagresseurs particulièrement préjudiciables. La dernière campagne 2020 illustre cette vulnérabilité, avec des rendements en baisse (- 30 % en pois et féverole/ 2019) dus aux conditions météo compliquées qui ont retardé les semis, favorisant l'arrivée précoce et l'activité prolongée des pucerons sur les pois dans les principaux bassins de production.

De nombreux combats à mener

Côté ravageurs, les bruches constituent un obstacle majeur à la valorisation des graines en alimentation humaine, en particulier chez la féverole et la lentille, et chez le pois dans une moindre mesure. Elles posent aussi des difficultés en matière de qualité germinative des semences. Les produits insecticides encore disponibles, compte tenu du nombre restreint d'applications possibles en période de floraison, restent insuffisamment efficaces. Pour maîtriser ces ravageurs dans un contexte de pharmacopée de plus en plus étroite, il convient d'abord d'apprendre à mieux les connaître, et à déployer ensuite une stratégie combinant amélioration variétale, biocontrôle (dont la sémio-chimie), et biodiversité fonctionnelle ; la route sera longue...

Autre sujet majeur : les maladies du sol. Des moyens conséquents ont été déployés pour la lutte contre Aphanomyces chez le pois, avec des avancées très significatives, tant en matière de résistance génétique que de gestion des risques. Mais il faut encore introduire cette résistance dans des variétés agronomiquement performantes, et apprendre aux agriculteurs à mieux gérer le risque, notamment par le respect impératif de durées minimales entre deux cultures hôtes (pois, lentille, luzerne, gesse) sur une même parcelle.

Au-delà des bruches et des maladies du sol, les cultures de légumineuses sont touchées par de nombreux autres bioagresseurs : anthracnoses et ascochytoses (pois, lupin et pois chiche), botrytis (féverole, pois), mais aussi pucerons vecteurs de virus (en particulier puceron vert du pois, puceron noir de la fève), mouche (lupin), héliothis (pois chiche), sitones...

POUR EN SAVOIR PLUS

CONTACT : jean-albert.fougereux@fnams.fr

La stratégie nationale sur les protéines végétales - 100 M€

Le plan protéines végétales, lancé en décembre 2020, vise à développer la production de protéines végétales en France au travers de plusieurs actions : soutien à la recherche et l'innovation ; accompagnement des investissements matériels agricoles ; appui à la structuration des filières de protéines végétales et aux investissements aval ; aide à la promotion des légumineuses auprès des consommateurs. Un appel à projets (AP) sur la structuration de filières et sur l'aide à l'acquisition de matériels aval, lancé le 2 décembre(1), est ouvert jusqu'au 31 décembre 2022. Un deuxième volet, ouvert du 26 février 2021 au 31 décembre 2022, est spécifiquement consacré à l'accompagnement de projets de R&D relevant de l'obtention variétale : caractérisation de la performance de rendement en fonction des conditions pédoclimatiques, du système de culture et des variétés ; amélioration et screening des résistances aux stress biotiques et abiotiques ; caractérisation technologique ; expérimentation de mélanges associant légumineuses et autres espèces ; amélioration des techniques de sélection... L'AP d'aide aux investissements permettant la culture, la récolte, et le séchage des protéines végétales lancé en janvier(2), est clos, à la suite du grand nombre de demandes couvrant l'enveloppe dévolue de 20 millions d'euros. Un second dispositif agroéquipement protéines végétales sera prochainement ouvert.

(1) https://tinyurl.com/4cvxatjd

(2) https://tinyurl.com/fe7r75zj

Pour en savoir plus : https://tinyurl.com/y93t5wx4

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :