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1. L'Index Acta biocontrôle est une référence en termes de recensement des produits commercialisés de protection des plantes. Photo 2 : Clemson University - USDA Cooperative Extension Slide Series - Bugwood.org
2. Oryzaephilus surinamensis, ravageur des denrées stockées.
Propylea quatuordecimpunctata, coléoptère prédateur polyphage d'une large gamme d'espèces de pucerons. Photo : S. Bauer - USDA Agricultural Research Service - www.bugwood.org
Fig. 1 : Nombre de substances de biocontrôle disponibles par filière en 2021 - comparaison avec 2018 Le nombre de substances disponibles par filière a été calculé à partir des usages autorisés pour les produits commercialisés contenant ces substances. Si une même substance est contenue dans plusieurs produits, elle n'est comptabilisée qu'une seule fois. Une substance peut être disponible pour plusieurs filières.
Fig. 2 : Nombre de substances PP de biocontrôle disponibles par fonction, en 2018 et 2021 Les fonctions des substances disponibles ont été établies à partir des usages autorisés pour les produits commercialisés contenant ces substances. Si une substance assure la même fonction au sein de plusieurs produits, elle n'est comptabilisée qu'une seule fois. Une substance peut avoir plusieurs fonctions.
Les Index Acta biocontrôle(1) sont considérés comme une référence concernant le marché français des produits de protection des plantes, dont les substances de biocontrôle (sous forme de « produits » ou « spécialités commerciales »). Sans prétendre à l'exhaustivité dans le recensement des produits, ces ouvrages offrent une vision représentative du marché (l'actualisation est effectuée par l'Acta chaque année en interrogeant largement les firmes détentrices et distributrices). Il est important de souligner en préambule que trois années correspondent à une durée courte, à l'échelle du processus de mise sur le marché de nouveaux produits.
Substances, combinaisons de substances, produits commercialisés
Dans cet article, nous employons le terme « substance » pour désigner, selon les cas, une substance active phytopharmaceutique (PP) seule, un macro-organisme seul, ou une combinaison de substances actives PP ou de macro-organismes, tels qu'on les trouve dans les produits commercialisés (voir encadré). En ce qui concerne les substances actives PP, le terme « substance » comprend toutes les catégories de substances de biocontrôle (micro-organismes, médiateurs chimiques, substances naturelles).
Au 1er février 2021, selon les données collectées auprès des firmes pour réaliser l'Index Acta biocontrôle, 188 substances de biocontrôle sont commercialisées en France : 79 à base de macro-organismes(2), 109 à base de substances actives phytopharmaceutiques(3) (PP). Ce nombre s'élevait à 177 en 2018 (79 à base de macro-organismes, 98 à base de substances PP).
Ces 188 substances correspondent à 660 produits commercialisés (309 macro-organismes et 351 produits phytopharmaceutiques ; source Index Acta biocontrôle 2021), contre 538 en 2018 (275 macro-organismes et 263 produits phytopharmaceutiques ; source Index Acta biocontrôle 2018).
Évolutions concernant les macro-organismes
Sur les trois dernières années, trois macro-organismes nouvellement autorisés ont fait leur entrée dans l'Index :
Cephalonomia tarsalis : autorisé par arrêté du 20 décembre 2016, il s'agit d'un micro-hyménoptère parasitoïde utilisable pour protéger les denrées stockées des coléoptères ravageurs (principalement le silvain Oryzaephilus surinamensis (photo 2), mais aussi secondairement le cucujide des grains oléagineux Oryzaephilus mercator) ;
Trichopria drosophilae : autorisé par arrêté du 15 novembre 2018, il s'agit d'un hyménoptère parasitoïde de pupes de diptères du genre Drosophila, dont l'espèce exotique envahissante Drosophila suzukii ;
Propylea quatuordecimpunctata (photo 3) : autorisé par arrêté du 25 juin 2019 en mai 2019, il s'agit d'un coléoptère dont les larves et adultes sont prédateurs polyphages d'une large gamme d'espèces de pucerons.
À part ces nouveautés, le marché des macro-organismes commercialisés en France a peu évolué ces dernières années ; certains macro-organismes ou associations de macro-organismes ont pu être retirés du marché et à l'inverse de nouvelles associations de macro-organismes ont pu être commercialisées, mais sans évolution notable.
Évolutions concernant les substances actives phytopharmaceutiques
Le marché des substances actives PP de biocontrôle a davantage évolué, avec l'arrivée de plusieurs nouvelles substances sur le marché, principalement des micro-organismes et des médiateurs chimiques. Le tableau page suivante présente ces nouvelles substances et leurs usages. Parmi les nouvelles substances à base de phéromones, une partie consiste en de nouvelles substances actives et une partie en de nouvelles associations de substances actives qui étaient déjà utilisées auparavant (soit seules, soit en combinaison).
Sur cette même période, quelques substances PP de biocontrôle ont disparu du marché, soit parce que les firmes ont décidé de ne plus les commercialiser, soit parce que la date de fin d'approbation de la substance a été atteinte : c'est le cas de Bacillus thuringiensis subsp. tenebrionis (fin d'approbation au 30 avril 2019) et du poivre (fin d'approbation au 31 août 2019).
Substances de biocontrôle disponibles par filière
La disponibilité en substances de biocontrôle varie beaucoup d'une filière à l'autre (Figure 1 p. 14). Les cultures ornementales sont les mieux pourvues, suivies de près par les cultures légumières puis fruitières. À l'inverse, les cultures porte-graine, zones non agricoles (ZNA), cultures tropicales, plantes à parfum, aromatiques et médicinales (PPAM) et grandes cultures ne disposent que de peu de substances de biocontrôle.
Cependant, le nombre a priori important de substances dans les filières ornementales, légumières et fruitières doit être mis en regard du grand nombre d'espèces et d'usages que comptent ces filières, et ainsi relativisé. En outre, l'application de ces solutions au champ ne permet pas toujours d'atteindre l'efficacité des produits dits conventionnels ; le nombre de substances de biocontrôle disponibles par filière est un indicateur qui doit ainsi être interprété avec précautions.
Si l'on compare le nombre de substances de biocontrôle disponibles en 2021 pour une filière donnée, par rapport à l'offre en 2018, on constate que toutes les filières ont vu leur nombre de substances augmenter depuis trois ans. Cette augmentation a surtout bénéficié aux cultures fruitières, tropicales, porte-graine (même si le nombre total de substances reste faible) et à la viticulture. À l'inverse, elle a été limitée pour les ZNA et PPAM. Cette augmentation peut s'expliquer d'une part par l'arrivée de nouvelles substances sur le marché, d'autre part par des extensions d'usages de produits existants. En effet, il est fréquent que les firmes commencent par faire homologuer un nouveau produit sur un seul usage majeur, avant de demander des extensions d'usages dans un deuxième temps.
Fonctions des substances de biocontrôle disponibles
Les solutions de biocontrôle à base de substances actives phytopharmaceutiques ont principalement une fonction fongicide ou insecticide (Figure 2). Les herbicides n'y sont que très faiblement représentés.
Le nombre total de fonctions assurées par les substances actives PP de biocontrôle a augmenté entre 2018 et 2021. De nouveau, cette augmentation peut s'expliquer par l'arrivée de nouvelles substances sur le marché et par des extensions d'usages de produits existants. Ces évolutions n'ont cependant que peu modifié la part respective des fonctions assurées par les substances entre 2018 et 2021.
(1) Depuis l'édition 2018, pour les produits soumis à autorisation de mise sur le marché, le périmètre de l'Index Acta biocontrôle se limite à la liste des produits de biocontrôle figurant sur la liste publiée par le ministère en charge de l'agriculture et effectivement commercialisés. La première édition, Index Acta biocontrôle 2017, concernait un périmètre de produits légèrement différent (incluant notamment les produits à base de cuivre) et ne peut donc servir de base à une comparaison.(2) Parmi ces 79 substances, 67 correspondent à des macro-organismes employés seuls dans les produits commercialisés et 12 à des combinaisons de macro-organismes commercialisées.(3) Parmi ces 109 substances PP, 85 correspondent à des substances actives employées seules dans les produits commercialisés et 24 à des combinaisons de substances actives telles qu'on les retrouve dans les produits commercialisés.
RÉSUMÉ
CONTEXTE - La stratégie nationale de déploiement du biocontrôle 2020-2025, publiée le 10 novembre 2020, a pour objectif d'atteindre 1 000 produits phytopharmaceutiques de biocontrôle au 1er janvier 2025, 420 macro-organismes autorisés (indigènes et non indigènes) et 60 % d'usages ouverts. La sortie de l'édition 2021 de l'Index Acta biocontrôle est l'occasion de faire un point.
ÉTUDE - Cet article propose une analyse de l'évolution des substances de biocontrôle effectivement commercialisées en France, basée sur le contenu des Index Acta biocontrôle 2018 et 2021. Le terme substance désigne ici une substance active, un macro-organisme, ou une combinaison de substances actives ou de macro-organismes, distincts.
RÉSULTATS - En 2021, 188 substances de biocontrôle sont commercialisées en France (contre 177 en 2018) : 79 à base de macro-organismes, 109 à base de substances actives phytopharmaceutiques (respectivement 79 et 98 en 2018). Ces 188 substances correspondent aujourd'hui à 660 produits commercialisés (538 en 2018), répartis essentiellement sur les fonctions « fongicides », « insecticides » et « attractifs ». Les cultures ornementales, légumières et fruitières sont les mieux pourvues en substances de biocontrôle. Cette situation doit être relativisée au regard du grand nombre d'espèces et d'usages que comptent ces filières.
MOTS-CLÉS - Biocontrôle, substance active, macro-organisme, produits phytopharmaceutiques.
Règles appliquées pour le comptage des substances
Plusieurs produits commercialisés peuvent contenir la même substance active/macro-organisme ou combinaison de substances actives/macro-organismes. Dans cet article, les substances ou combinaisons de substances « originales » sont comptabilisées en appliquant les règles suivantes :
une substance qui est employée seule dans les produits formulés compte pour une (exemple : « acide caprylique ») ;
des substances qui ne sont employées qu'en combinaison dans les produits formulés comptent pour une seule substance (exemple : « eugénol + géraniol + thymol » = une substance car chacune n'est jamais employée seule) ;
une substance qui est employée d'une part seule et d'autre part dans x combinaisons différentes compte pour une + x (exemple : « huile de colza » compte comme une car employée seule et « huile de colza + pyréthrines » compte comme une car employés en combinaison).
Les mêmes règles ont été appliquées pour le comptage des macro-organismes.
