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NÉONICOTINOÏDES ET BETTERAVE DES ALTERNATIVES POUR LUTTER CONTRE LA JAUNISSE

Phytoma - n°745 - juin 2021 - page 5

L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a publié le 2 juin dernier un avis relatif à « l'efficacité des traitements disponibles pour lutter contre les pucerons de la betterave ».

L'avis de l'Anses actualise l'évaluation du 7 mai 2018 recensant les alternatives aux néonicotinoïdes (130 usages analysés). Vingt solutions alternatives supplémentaires sont identifiées, appartenant à sept familles de méthodes, contre seulement deux produits phytopharmaceutiques de synthèse lors de la première expertise (un traitement foliaire avec une substance insecticide de la famille des pyréthrinoïdes, associée le cas échéant au pirimicarbe de la famille des carbamates). L'expertise s'est concentrée sur l'efficacité, la durabilité et l'opérationnalité des solutions.

Le nouveau rapport identifie donc vingt-deux solutions possibles (sur 76 options ou produits étudiés) pour lutter contre les deux principales espèces de pucerons responsables de la transmission des virus de la jaunisse en betterave sucrière, le puceron vert du pêcher (Myzus persicae) et le puceron noir de la fève (Aphis fabae). « Ces moyens de lutte pourraient prendre le relais des produits à base de néonicotinoïdes, interdits depuis 2018, mais dont l'utilisation a été réintroduite par dérogation en 2020 pour les traitements des semences de betteraves », précise l'Anses (voir Phytoma n° 742)(1).

À court et moyen termes

Quatre solutions à court terme ont été identifiées, dont deux produits phytopharmaceutiques conventionnels à propriété insecticide (flonicamide - famille des pyridines-carboxamides - et spirotétramate - famille des kétoénoles). Les experts rappellent que les risques d'apparition de populations résistantes sont grands à court terme dans le cas d'applications répétées à grande échelle. Les deux autres solutions à court terme sont des méthodes culturales n'impliquant pas de modification drastique du système de culture de la betterave à sucre : le paillage, d'une part, et la fertilisation organique à l'aide de vermicompost, d'autre part.

Dix-huit autres moyens de lutte devraient être disponibles dans un délai de deux à trois ans : quatre produits phytopharmaceutiques de synthèse (indoxacarbe, abamectine, benzoate d'émamectine, cyantraniliprole) et trois d'origine naturelle (huile essentielle d'orange, HE de neem, spinosad) ; deux champignons entomopathogènes (Beauveria bassiana, Lecanicillium muscarium), deux macro-organismes (Aphidius sp., Chrysoperla carnea), deux huiles (minérale et organique), deux stimulateurs de défenses des plantes (acibenzolar-S-méthyl ASM et huile de paraffine), une méthode génétique (résistance variétale) et deux méthodes culturales (associations végétales à effet « bottom-up » et à effet « top-down »).

Soutenir l'effort de recherche

Sur les plus de 3 800 références bibliographiques étudiées par les experts, seulement 7 % sont en lien direct avec la culture de la betterave : « Ces lacunes tiennent sans doute à la généralisation de l'usage des néonicotinoïdes à partir des années 1990, dont l'efficacité importante en termes de réduction des infestations de pucerons a engendré un désintérêt pour les autres alternatives de lutte. » La plupart des solutions alternatives considérées substituables aux néonicotinoïdes montrent des efficacités correctes mais insuffisantes, en utilisation seule. L'Anses recommande de soutenir l'effort de recherche et développement pour : adapter les solutions identifiées au cas particulier de la culture de la betterave sucrière dans ses bassins de production en France ; tester des combinaisons de solutions ; approfondir les connaissances de base pour l'aide à la décision du traitement phytosanitaire (épidémiologie des espèces de pucerons vecteurs, notamment en fonction des conditions climatiques, caractérisation au champ de la diversité des virus vectorisés et de la charge virale, relations entre les niveaux d'infestation, le risque de transmission et les dégâts au champ...) ; améliorer l'efficience des pulvérisations par rapport aux insectes ciblés (les pucerons sont la plupart du temps localisés sur la face inférieure des feuilles de betterave, ce qui complique une application directe des produits de contact).

(1) Les semences de betterave traitées avec des produits phytopharmaceutiques à base de néonicotinoïdes (imidaclopride ou thiaméthoxame) peuvent être utilisées, après reconduction de la dérogation, jusqu'en 2023 au plus tard (loi du 14 décembre 2020).

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