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DOSSIER - Changement climatique et santé des plantes

RMT ClimA : un réseau pour coordonner la R&D

PROPOS RECUEILLIS PAR VALÉRIE VIDRIL, Phytoma - Phytoma - n°745 - juin 2021 - page 53

Le réseau mixte et technologique RMT ClimA, labellisé début 2021 par le CasDar, doit permettre d'accélérer le transfert des travaux sur l'adaptation des exploitations au changement climatique. Entretien avec Jean-Pierre Cohan et Léonard Jarrige.
Deux animateurs RMT. À gauche, Jean-Pierre Cohan (Arvalis-Institut du Végétal), à droite, Léonard jarrige (Apca-Chambres d'agriculture). Photos : Arvalis - DR

Deux animateurs RMT. À gauche, Jean-Pierre Cohan (Arvalis-Institut du Végétal), à droite, Léonard jarrige (Apca-Chambres d'agriculture). Photos : Arvalis - DR

Fig. 1 : Axes du RMT ClimA

Fig. 1 : Axes du RMT ClimA

Le RMT ClimA « Adaptation des exploitations agricoles au changement climatique » a été labellisé par le CasDar pour cinq ans à compter du 1er janvier 2021. Jean-Pierre Cohan et Léonard Jarrige présentent les objectifs de ce réseau.

Un constat : une atomisation des connaissances

Léonard Jarrige : La recherche, les instituts techniques ou encore les chambres d'agriculture travaillent depuis plus de dix ans sur les impacts du changement climatique en agriculture. Climator a été le projet initiateur(1). Depuis, chacun a avancé de son côté. Nous disposons aujourd'hui de nombreuses ressources issues de différents programmes de R&D. L'enjeu est de centraliser ces données, de les mettre en cohérence afin d'accélérer le transfert des travaux.

Jean-Pierre Cohan : Le changement climatique est inscrit dans tous les esprits mais force est de constater une atomisation des connaissances, au sein des différentes filières, des structures ou des territoires.

Un réseau mixte pour coordonner les acteurs

L. J. : C'est pour répondre à ce besoin de coordination que le réseau mixte et technologique ClimA a été déposé en 2020 (financement CasDar). L'ensemble des filières ont été sollicitées sur la thématique de l'adaptation des exploitations agricoles au changement climatique.

J.-P. C : Les attentes étaient fortes : 31 partenaires(2) se sont engagés dès le début. Quasiment toutes les filières sont concernées (grandes cultures, horticulture, vigne, arboriculture, maraîchage, élevage...), y compris dans les DOM avec le Cirad et l'Armeflhor. Le RMT reste ouvert : devenir partenaire et intégrer les groupes de travail est simplement conditionné à une démarche d'adhésion... et une vraie motivation ! C'est un réseau « mixte » car il regroupe des acteurs de la recherche, de la formation et du développement, et « technologique » car l'objectif est d'obtenir rapidement des innovations applicables.

L. J. : Les six fondateurs statutaires (Arvalis, Idele, Météo France, Inrae, la chambre d'agriculture des Pays de la Loire et Apca), auxquels s'ajoute l'enseignement agricole, ont la charge de la coordination et de la coanimation du réseau. Le RMT tourne autour de trois axes de travail :

• la production d'information sur le contexte du changement climatique (données, outils et modèles) ;

• les impacts et leviers d'adaptation à court terme (évolutions passées, aléas infra-annuels et interannuels et tendances à cinq ans) ;

• les impacts et leviers d'adaptation sur le long terme (prise en compte des tendances pour les dix à quarante années à venir).

De la R&D au transfert sur le terrain

J.-P. C : Le rôle du RMT consiste à mettre en relation les acteurs, à dresser un mapping des collaborations existantes, aider au diagnostic et appuyer le montage de nouveaux projets en fédérant les compétences. Prenons l'exemple d'un projet de recherche, il peut :

• être simplement recensé dans le mapping du fait de son intérêt ;

• avoir le soutien du RMT (lequel servira alors de « caisse de résonance » pour le projet) ;

• être conçu au sein d'un groupe de travail du réseau.

Pour obtenir le soutien du RMT, il ne suffit pas d'inscrire « changement climatique » dans l'intitulé du projet, ce dernier doit partager la vision du réseau : il ne doit pas se contenter de développer un outil ou une méthodologie, mais aussi travailler en lien avec les utilisateurs finaux, permettre sa prise en main... D'où l'implication essentielle de l'enseignement et du conseil agricole pour le transfert et la mise à disposition des résultats.

Les situations sont très variables d'une production à l'autre, d'une zone géographique à l'autre, d'une exploitation à l'autre, à la fois en termes de conséquences du changement climatique et des solutions à mettre en oeuvre. Les programmes de recherche devront embrasser cette variabilité en intégrant les problématiques des territoires agricoles.

Orienter progressivement les initiatives

J.-P. C : Tous les agriculteurs ressentent le changement climatique, que ce soit en termes d'évolutions tendancielles (hausse des températures) ou d'instabilité (aléas climatiques).

L. J. : La stagnation des rendements observée, en blé tendre par exemple, dans toutes les régions est en partie attribuée aux effets du changement climatique, notamment les stress hydriques et thermiques de fin de cycle pour les céréales à paille (Brisson et Levrault, 2010 ; Gate et al., 2009).

J.-P. C : Cependant, s'il y a un consensus sur le changement climatique, des visions différentes existent sur les leviers à mettre en oeuvre. Ces leviers sont multiples : amélioration variétale, techniques d'irrigation, itinéraires culturaux, isolation des bâtiments d'élevage, succession de cultures... Mises en oeuvre isolément, sans une vision systémique, ces solutions ont une portée limitée. Le RMT doit permettre d'orienter la R&D afin que, dans cinq ans, tout le monde avance dans le même sens.

Le mapping de l'existant a commencé. Plusieurs projets sont en cours de soutien (élevage de petits ruminants, jeu sérieux, adaptation des modèles de prévision au changement climatique, filière laitière en AOP...). Le montage in extenso de projets débutera cet automne. Les résultats seront publics, avec d'ores et déjà un premier rendez-vous de restitution et de partage les 9 et 10 décembre prochain lors du séminaire annuel, à Paris (Apca).

(1) L'objectif du projet Climator (2007-2010) était d'évaluer l'impact du changement climatique et ses incertitudes sur l'agriculture française. Différentes hypothèses de pratiques culturales (date de semis, rotation des cultures...) ont été testées sur divers modèles de culture (vigne, forêts, céréales...) en calculant l'évolution des rendements. Un livre vert a été édité à l'issue du projet.(2) Partenaires du RMT : Ademe, Apca-Chambres d'agriculture France, Acta, Armeflhor, Arvalis, CTIFL, CDA des Bouches-du-Rhône, CRA d'Auvergne-Rhône-Alpes, CRA de Bourgogne-Franche-Comté, CRA de Bretagne, CRA Grand-Est, CRA de Normandie, CRA des Pays de la Loire, CRA d'Occitanie, Cirad, Coop de France, Eplefpa 54, Eplefpa G Pompidou-ENILV, Eplefpa de Montmorillon, Eplefpa de Roanne, Eplefpa de Rochefort, Eplefpa du Tarn, Eplefpa des Vosges, Inrae, IFV, Idele, ITB, Montpellier SupAgro, Météo France, Solagro, Terres Inovia.

POUR EN SAVOIR PLUS

CONTACTS :

Leonard.jarrige@apca.chambagri.fr

JP.COHAN@arvalis.fr

LIEN UTILE : www.gis-relance-agronomique.fr/GIS-UMT-RMT/Les-RMT/CLIMA

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