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ADVENTICES OUVRAGES DE RÉFÉRENCE DISPONIBLES EN LIGNE

José Martin, Cirad, et Julien Durand-Réville, UIPPd'après les préfaces aux rééditions en ligne - Phytoma - n°746 - août 2021 - page 5

Les ouvrages de biologie et écologie agricole Pérennes et vivaces nuisibles en agriculture, signé Jacques Montégut, et Graminées nuisibles en agriculture, signé Philippe Jauzein et Jacques Montégut, édités en France en 1983, richement illustrés, sont désormais disponibles en ligne, en format PDF sur le site de l'UIPP. L'originalité du premier est de présenter en moins de 500 pages, diagrammes originaux à l'appui, une typologie des cycles de développement : trois types d'adventices annuelles et 22 types de pérennes et vivaces, assortis d'un éventail de 134 espèces illustrant les sous-types de vivacité, avec par exemple le chardon des champs (géoghyte à rhizomes et drageons) ou les ronces (chaméphyte ligneux marcottant). Celle du second, qui couvre environ 250 espèces (plus de 500 pages), est de présenter une diversité d'approches d'observation morphologique avec six systèmes de clés (169 pages) : identification au niveau du genre via les inflorescences, identification au niveau de l'espèce par le biais des semences, des plantules, des plantes végétatives et/ou des plantes fleuries, et une dernière arborescence au niveau de la tribu. Les versions numérisées de ces deux ouvrages complémentaires, dont les périmètres se croisent au sous-ensemble des graminées pérennes et vivaces, s'ajoutent désormais à celle d'Adventices tropicales, signé H. Merlier et J. Montégut (1982)(1).

J. Montégut († 2007) fut le premier enseignant de malherbologie en France, à (l'ex-) École nationale supérieure d'horticulture de Versailles. Naturaliste mycologue, physiologiste et phytiâtre, professeur d'écologie végétale, il était très avancé en matière d'observations biologiques et écologiques de ce qu'on n'appelait pas encore les « traits de vie » (et de survie) des adventices, ainsi que dans la formalisation de ses observations en cycles de développement et dans leur classification en types biologiques. Ces ouvrages, édités il y a quasiment quatre décennies sous l'égide de Monsanto, au début de l'ère glyphosate, étaient une commande de l'ex-filiale française de la firme. Jamais commercialisés, ils furent distribués gratuitement aux étudiants et aux professionnels lors des foires et salons agricoles, des formations et congrès. Ils ne renferment aucune prescription ou encart publicitaire. Certes, il y a eu des progrès depuis leur parution, grâce notamment aux treize colloques internationaux sur la biologie et l'écologie des mauvaises herbes, organisés jusqu'en 2009 par un autre pionnier de la malherbologie française, J. Gasquez, sous le patronage de l'association Végéphyl (ex-ANPP puis AFPP). Des progrès et quelques commentaires critiques, plutôt de détails, comme ceux de Daniel Chicouène, autre grande figure de la malherbologie française. Cependant, ils restent des références permettant d'y adosser les avancées et d'actualiser les profils écologiques, sous les effets conjugués du réchauffement climatique, des invasions biologiques et des évolutions des pratiques agricoles. Ce large et libre accès aux sommes documentaires que constituent ces ouvrages complète utilement les solutions d'identification immédiate comme Pl@ntNet (plantnet.org). Ces rappels fondamentaux permettent de mieux comprendre comment évoluent les flores de nos champs et nos cultures. Un grand nombre d'espèces étaient déjà communes en 1983 aux domaines climatiques tropical et tempéré (par exemple les Oxalis) et aux domaines pédologiques cultivé et naturel (par exemple les panais). On y trouve des tropicales naturalisées en zone tempérée et des méditerranéennes tropicalisées, ce mouvement étant en cours d'intensification. Ainsi, contrairement au pronostic de J. Montégut, la poacée tropicale Eleusine indica n'est pas restée « localisée entre l'Adour et la Bidassoa ». Ces ouvrages eurent une suite, la Flore des champs cultivés, de Philippe Jauzein, éditée en 1995 par l'Inra (aujourd'hui Inrae) avec l'appui de la firme Sopra (absorbée par Syngenta) et du ministère de l'Agriculture, rééditée par Quae en 2010, et primée par l'Académie d'agriculture de France en 2013 (prix Clément Jacquiot) : en quelque sorte, un digest des deux premiers ouvrages étendu à l'ensemble de la flore adventice rencontrée en France avant 1995, avec plus de 1 200 espèces, dont environ 300 un temps menacées d'extinction (messicoles et linicoles notamment).

(1) https://www.documentation.ird.fr/hor/fdi:15556 https://tinyurl.com/yc9v4b7s

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