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DOSSIER

Les plantes de service en perspective

VALÉRIE VIDRIL, Phytoma - Phytoma - n°746 - août 2021 - page 32

Solutions agroécologiques par excellence, les plantes de service font l'actualité des filières.

Les plantes de service (PDS) offrent de multiples bénéfices : capter l'azote du sol et lutter contre l'érosion, favoriser les pollinisateurs et la biodiversité fonctionnelle, réguler les bioagresseurs... La terminologie est large et les modes d'action variés. Si l'horticulture ornementale et le maraîchage ont acquis de nombreuses références sur les PDS en protection des cultures, cette solution constitue désormais un levier de la transition agroécologique pour l'ensemble des filières.

Des solutions évaluées

Fruits de l'empirisme, les plantes de service ont acquis un statut de solution agroécologique. Depuis 2014, au Comité technique permanent de la sélection des plantes cultivées (CTPS), une commission spéciale, transversale et pluridisciplinaire, est chargée de l'évaluation de la valeur agronomique, technologique et environnementale (Vate) des variétés de PDS(1). La Commission intersections plantes de services (CISPS) doit « définir et mettre en oeuvre le cadre réglementaire et les modalités d'évaluation variétale susceptibles de créer les conditions favorables à l'émergence du marché et à l'utilisation des plantes de services ». Ces dernières « regroupent des espèces végétales cultivées le plus souvent dans la même parcelle agricole que la culture de rente, en pur ou en association spatiale ou temporelle, en interculture ou en couvert pérenne, et susceptibles de rendre différents services à vocation écosystémique. Leur culture ne conduit pas à obtenir un produit agricole directement commercialisable ou autoconsommable (grain, racine, fourrage...), mais à y contribuer à court, moyen ou long terme en mobilisant des processus biologiques du sol et des plantes ».(2)

Illustration du nouveau statut de ces solutions végétales, la carotte-piège <201B>Terapur' (voir p. 21) a été récompensée en janvier 2021 d'un Sival d'Or : « Pour la première fois, une innovation végétale n'est pas dédiée à la consommation mais à la protection des cultures », indiquait le jury.

Des ressources bibliographiques

Le hors-série CTIFL Infos « Agrosystèmes légumiers : les plantes de service contre les bioagresseurs »(3), paru en novembre 2020, passe en revue les différentes utilisations possibles des PDS en fonction de leur mode d'action sur les bioagresseurs (détection précoce, effet barrière, répulsion, piège, assainissement, coupure du cycle de reproduction), ainsi que les autres services que ces plantes peuvent rendre (plantes multiservices) et éventuels effets négatifs sur la culture de rente. « L'importance du choix de l'espèce et de sa variété est cruciale, rappellent les auteurs. Chaque variété peut présenter des capacités de service très différentes. Il est de plus nécessaire d'optimiser le développement et l'agencement de la PDS sur la parcelle cultivée pour optimiser son service, voire les multiservices qu'elle peut rendre, et minimiser les disservices. » Auteur de ce hors-série, le groupe thématique « Gestion des bioagresseurs » du GIS PIClég annonce la parution d'un ouvrage en 2022 (éditions Quae) qui détaillera les mécanismes d'action et réunira les connaissances acquises sur les PDS sur tous types de cultures.

Des projets en cours et à venir

« En grandes cultures, les connaissances sur l'intérêt des plantes de service pour protéger des bioagresseurs sont moins développées qu'en horticulture ou en maraîchage », souligne Nathalie Verjux, d'Arvalis-Institut du végétal(4). Preuve de l'intérêt de la filière, l'institut a organisé un colloque sur le sujet en début d'année. Les grandes cultures emploient des PDS en cultures intercalaires et rotations culturales pour fertiliser le sol en azote, l'enrichir en matière organique ou le structurer. Les couverts végétaux sont de plus en plus étudiés pour leur capacité à limiter les adventices (effet concurrenciel et allélopathique, rupture du cycle de végétation). Des mélanges de semences sont aussi proposés pour leurs effets anti-nématodes ou biofumigants. L'utilisation des bandes fleuries ou de l'enherbement se développe dans toutes les filières.

Pour regrouper les connaissances disponibles sur l'ensemble des cultures, les projets français Crea (Collectif interdisciplinaire de réflexion sur l'utilisation des plantes de services pour la régulation des bioagresseurs en agriculture) et Multiserv ont été lancés en 2020 par Inrae pour deux ans. Le premier vise à optimiser et promouvoir l'utilisation des PDS dans les agrosystèmes et doit permettre de construire une base de données des références scientifiques et techniques. Multiserv étudie les PDS « pour la régulation des bioagresseurs dans les systèmes horticoles : freins et leviers, méthodologie d'expérimentation, services et disservices ». D'autres projets (Hab'alim, Acor...) ciblent les PDS. L'amélioration des connaissances, l'évaluation et la caractérisation des variétés, leur amélioration vont accélérer l'usage des PDS, avec l'aide d'outils facilitant l'identification des plantes les plus adaptées selon les situations. Des OAD sont déjà proposés (choix des couverts d'Arvalis, outil Caps-Colza associé d'Inrae...) et c'est aussi un des axes du projet Crea.

(1) Catalogue français : valorisation de la sélection pour les variétés de cultures intermédiaires multi-services - https://tinyurl.com/evtsuchu(2) Geves : www.geves.fr/expertises-varietes-semences/plantes-de-services/quest-quune-plante-de-service/(3) Hors-série CTIFL : https://tinyurl.com/3txcvuwf(4) Plantes de services et protection des cultures : une alliance à faire grandir - https://tinyurl.com/w27anb7

POUR EN SAVOIR PLUS

CONTACT : v.vidril@gfa.fr

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