Datagri est né en 2001 pour répondre à un manque sur le marché. « Le but était de pouvoir tester de façon indépendante les phytos et les semences (traitements phyto, comparaison variétés) pendant leur phase de lancement, en "conditions agriculteurs", pour sécuriser les résultats obtenus en micro-parcelles et assurer la pérennité des produits », raconte Hélène Flodrops, sa directrice. Sa deuxième activité (les études), plus concurrentielle, a démarré très vite pour répondre à la demande des firmes phyto. « Les deux ont aujourd'hui le même poids. Les intrants en productions végétales représentent 60 % du CA, dont 45 % en produits phyto. » Datagri, qui compte dix collaborateurs, a intégré le groupe NGPA en 2018.
Tester sur 1 à 2 ha
Réalisés avec des produits récemment homologués ou en dernière phase d'homologation, les tests de produits terrain ont pour objectif de les faire essayer par des agriculteurs et les comparer aux références du marché. « Les produits phyto représentent 70 % des 25 tests de produits réalisés en moyenne par an. Le chiffre d'affaires en santé végétale régresse mais les tests de produits de biocontrôle augmentent car ces solutions ont besoin de preuves et de retours agriculteurs beaucoup plus importants que les produits chimiques. Nous avons également de plus en plus de tests d'OAD agriculteurs pour mieux utiliser les phytos. »
Ces essais sont conduits avec en général deux modalités de 1 à 2 ha (le produit et la référence). Ce sont souvent des études qualitatives, avec 20 à 40 essais sur toute la France. Pour une analyse « quantitative », il faut au minimum 50 situations. « Les agriculteurs sélectionnés appliquent le produit selon un protocole défini par Datagri et réalisent eux-mêmes les notations : comptages de pieds levés, pesées de biomasse, niveau de pression maladies ou ravageurs (faible, moyen, fort). Grâce à un questionnaire, ils nous précisent leur degré de satisfaction, les avantages et inconvénients du produit, s'ils vont le recommander... » Toutes les données sont ensuite analysées et synthétisées pour expliquer les résultats aux clients.
Prélever ou observer
L'activité terrain de Datagri, c'est également les réseaux de prélèvement et les observatoires. Les premiers permettent de réaliser des monitorings de résistance (prélèvement d'adventices ou de feuilles malades), des analyses de virose pour alimenter un OAD (prélèvement de pucerons), de mycotoxines, de taux de protéines (prélèvements de grains à la récolte)... 50 à 100 agriculteurs y participent, pour un ou plusieurs prélèvements sur la durée (deux par semaine pendant dix semaines pour les pucerons par exemple). Ils reçoivent des kits prépayés pour renvoyer les échantillons au laboratoire choisi par le client, accompagné d'un protocole simple. Le client agrofournisseur recevra les résultats directement du laboratoire pour les analyser. « L'observatoire, quant à lui, ressemble à une enquête, précise Hélène Flodrops. Nous collectons des données (pression maladie ou ravageur, présence d'adventices résistantes...) auprès d'un nombre important d'agriculteurs pendant plusieurs semaines avec l'objectif d'être représentatif comme pour une étude quantitative. Cela permet aux clients de réaliser des cartes dynamiques ou d'alimenter leurs OAD. »
Études qualitatives et quantitatives
Côté études, celles sur mesure permettent par exemple d'analyser des pratiques (désherbage en betterave, en colza...). « Quand une substance active importante est retirée du marché, les firmes ont besoin de savoir quels changements de pratiques cela va induire. » Elles peuvent être qualitatives (pour comprendre un phénomène) ou quantitatives (pour le mesurer). Pour ces dernières, le questionnaire est administré par mail ou par téléphone à des agriculteurs déjà ciblés d'après leur profil. « Il nous faut en moyenne 200 à 400 répondants. » Quand Hélène Flodrops détecte une thématique qui peut intéresser plusieurs firmes, elle leur propose une étude en multisouscription. « Actuellement, nous travaillons sur les leviers et freins à l'utilisation des produits de biocontrôle. » Les études en multisoucription s'appuient sur une phase qualitative (entretien individuels ou en groupe auprès d'une dizaine d'agriculteurs) pour comprendre - décrypter un phénomène ; puis une phase quantitative (par téléphone ou par email) pour collecter le plus d'informations possibles auprès d'un échantillon représentatif.
Une communauté d'agriculteurs
Au final, chaque année, environ 800 à 1 000 agriculteurs sont concernés par l'activité terrain. « Ce sont des agriculteurs férus de technique, constate Hélène Flodrops. Ils cherchent des nouveautés, aiment tester, donner leur avis. Nous les sélectionnons dans notre base de 7 000 agriculteurs construite au fil du temps ou dans celle d'Hyltel (260 000 exploitations), filiale de NGPA. En retour, ils reçoivent les résultats des laboratoires ou les cartes pour les observatoires car ils le font plus pour avoir des retours d'informations que pour la rémunération.
En revanche pour nos études, ils ont de moins en moins envie de répondre à des questionnaires. Notre challenge va être de trouver un moyen pour les accrocher au mieux et parvenir à constituer un pool d'agriculteurs motivés et représentatifs comme pour les tests de produits. Les firmes se posent également beaucoup de questions sur la façon de s'adapter au renouvellement important de génération qui se profile. Nous devrions encore avoir du travail pour un certain temps ! », conclut Hélène Flodrops avec optimisme.
BIO EXPRESS
HÉLÈNE FLODROPS
2009. Ingénieur en agriculture, option marketing, diplômée de l'ISA Lille (Nord).
2010. Master II en marketing international à l'Université Lille 2.
Chef projet marketing et promotion à la Sopexa à Barcelone (Espagne).
2011. Chargée de mission au service achats de Bayer à Barcelone.
2013. Chargée de clientèle dans le secteur des intrants (phytos, engrais, semences) chez Profield Events à Lyon (Rhône).
2017. Chargée d'études marketing chez Datagri à Lyon.
2019. Directrice des études.