Retour

imprimer l'article Imprimer

ACTUS

BIOCONTRÔLE LA NOISETTE FRANÇAISE CONTRE LA PUNAISE VERTE

Phytoma - n°748 - janvier 2021 - page 4

Le Prix de l'Académie du biocontrôle, remis le 22 septembre 2021 à l'occasion du salon Tech&Bio à Bourg-lès-Valence, met en lumière la problématique émergente des punaises sur noisetier.
1. Palomena prasina, punaise verte des bois. 2. Au centre : Céline Barthet, présidente d'IBMA France ; à gauche, Cédric Bertrand, président de l'Académie du biocontrôle (ABPBI) ; à droite, le lauréat, Guillaume Vincent. Photos : 1. R. Hamidi 2. D. Caron

1. Palomena prasina, punaise verte des bois. 2. Au centre : Céline Barthet, présidente d'IBMA France ; à gauche, Cédric Bertrand, président de l'Académie du biocontrôle (ABPBI) ; à droite, le lauréat, Guillaume Vincent. Photos : 1. R. Hamidi 2. D. Caron

éline Barthet, présidente d'IBMA France (International Biocontrol Manufacturers Association), a récompensé Guillaume Vincent, étudiant en Master de l'université de Bordeaux Sciences Agro, pour son étude sur « Les capacités de dispersion de la punaise verte des bois Palomena prasina dans les vergers de noisetier : contribution au développement d'un outil d'aide à la décision (OAD) ». Le prix de l'Académie du biocontrôle et de la protection biologique intégrée (ABPBI), décerné en septembre en présence de son président, Cédric Bertrand, et du représentant du jury Daniel Caron, distingue chaque année un étudiant pour l'inviter à se faire l'ambassadeur de cette « voie d'avenir en protection des cultures ».

æGuillaume Vincent a réalisé ses travaux à l'Association nationale des producteurs de noisettes (ANPN), dans les locaux de la coopérative Unicoque et de sa marque Koki. La production française de noisette, si elle est encore modeste face à la production internationale, est en pleine expansion. Toutefois, le noisetier est victime de plusieurs insectes ravageurs, dont le balanin de la noisette et, depuis quelques années, les punaises Palomena prasina (Pentatomidae) - également émergente sur cerisier, pommier(1), prunier... - et Gonocerus acuteangulatus (Coreidae), dont les piqûres de nutrition provoquent des dégâts variables en fonction du stade de croissance de la noisette. La lutte contre ces punaises mobiles et polyphages est difficile. La punaise diabolique Halyomorpha halys présente dans les productions de Turquie et au nord de l'Italie représente également une sérieuse menace.

æL'étude récompensée, mise en place dans le cadre du projet Replik, avait pour objectif de savoir où, quand et comment traiter vis-à-vis de la punaise verte. Le climat et l'environnement des vergers (présence de haies, de vergers infestés, de forêts) sont particulièrement importants pour Palomena prasina, et ont un impact sur sa pénétration au coeur des vergers de noisetiers. La punaise elle-même est particulièrement mobile. Des tests avec des moulins de vol ont montré que le ravageur pouvait parcourir plus de 1 km par jour, surtout le mâle. Il peut ainsi largement survoler l'ensemble d'un verger. La pénétration de l'insecte au coeur du verger varie fortement selon les conditions environnementales : la pression de dégâts, systématiquement forte sur les trois premiers rangs de bordure, diminue au centre de la parcelle. La différence de précocité des variétés (une vingtaine testées au total) permet d'étaler les récoltes, mais certaines variétés se trouvent davantage exposées aux dégâts au moment où les punaises sont les plus actives et les noisettes plus fragiles. Un outil d'aide à la décision prenant en compte l'ensemble de ces observations est en cours d'élaboration. Il permettra de préciser les fenêtres de traitement et pourrait également servir d'outil d'alerte pour les producteurs des cultures voisines.

æLe projet Replik (2019-2022), porté par l'ANPN avec Inrae (UMR ISA) et Disafa (université de Turin), vise à développer des solutions de gestion pour réduire les dégâts des ravageurs dans les vergers de noisetiers :

- en étudiant la dynamique des populations en fonction de la diversité végétale des haies ;

- en évaluant le rôle des plantes-hôtes dans l'entretien et/ou dans la dispersion du ravageur ;

- en identifiant les ennemis naturels et leurs hôtes (tels que les parasites et les parasitoïdes) ;

- en étudiant les capacités de dispersion des adultes et des nymphes dans les champs.

Dans le cadre de ce projet, un parasitoïde de la punaise diabolique, Trissolcus mitsukurii, a par exemple été identifié en France.

(1) Le projet Supor (2020-2022) vise à évaluer l'efficacité de méthodes de lutte contre les punaises phytophages responsables de dégâts en vergers de pommiers et de poiriers. Les principales espèces qui seront étudiées dans ce projet sont de la famille des Pentatomidaes (Palomena prasina, Raphigaster nebulosa, Halyomorpha halys) et des Coreidaes (Coreus marginatus et Gonocerus acuteangulatus).

POUR EN SAVOIR PLUS

https://tinyurl.com/33cx7rrw

GLOSSAIRE

• AMM = autorisation de mise sur le marché

• De biocontrôle L. 253-5 = figurant sur la liste des produits de biocontrôle « établie au titre des articles L. 253-5 et L. 253-7, IV du code rural (...) »

• JORF = Journal officiel de la République française

• JOUE = Journal officiel de l'Union européenne

• MAA = ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation

• Phyto = phytopharmaceutique (qualifie un produit, une substance, un pesticide, un marché...)

• UAB = utilisable en agriculture biologique

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :