La réalisation d'un faux semis en interculture permet de limiter les levées d'adventices dans les cultures suivantes. Photo : Agro-Transfert
Vulpins levés après le passage de faux semis qui devront être détruits avant le semis de la culture. Photo : Agro-Transfert
Passage de houe rotative sur culture de haricot : le désherbage mécanique est une solution curative qui vient en complément des autres leviers. Photo : Inrae
Fig. 2 : Fréquence de citation des adventices dans la succession culturale selon le système de culture 100 % hiver SCOP = systèmes avec 100 % de cultures d'hiver de type céréales et oléoprotéagineux. Hiver SCOP + printemps = systèmes de types céréales et oléoprotéagineux avec plus de cultures d'hiver que de printemps. Hiver BS PdeT = systèmes avec betterave sucrière et/ou pomme de terre avec plus de cultures d'hiver que de printemps. Équilibré = systèmes avec équilibre entre cultures d'hiver et cultures de printemps. Dominante printemps + leg = systèmes avec plus de cultures de printemps que de cultures d'hiver et présence de légumes de plein champ. Culture pluriannuelle = systèmes avec présence de cultures pluriannuelles. Le diagnostic montre l'effet du type de système de culture sur la flore adventice dominante. Dans les systèmes à dominante de cultures d'hiver, les adventices problématiques les plus citées sont des adventices à levée automnale. Dans les systèmes à dominante de cultures de printemps, les adventices les plus citées sont à levée printanière.
Fig. 3 : Relation entre la note de risque OdERA et l'usage d'herbicides (nombre de passages) dans les systèmes de culture de l'Inrae Dijon
Fig. 4 : Exemple de notes de risque d'apparition d'adventices à l'échelle du système de culture fournies par l'OAD
Fig. 5 : Grille de points affichant la contribution à la note de risque des différents leviers mobilisés Pour le ray-grass, la date de semis de la culture entraîne une note de 96 points qui sont ensuite diminués par l'étouffement de la culture (-6 point), le passage de faux semis début août (-2 points) et l'écartement de semis réduit (-2 points). Cela donne un score annuel de 86 points.
Pour les agriculteurs qui s'engagent dans des démarches de réduction de l'utilisation des produits phytosani.jpgres, le poste herbicides reste assurément le plus difficile à réduire (Pernel, 2012 ; Réseau Dephy Ferme, 2014). Cela s'explique notamment par le .jpgt que la gestion des adventices doit se .jpgsonner à l'échelle pluriannuelle du système de culture en combinant des leviers préventifs et curatifs à effets partiels. En cas d'erreur, les conséquences sur le salissement de la parcelle peuvent être visibles plusieurs années. Pour.jpgder les agriculteurs à réduire la pression en adventices dans leurs parcelles, l'outil OdERA (Outil d'évaluation du risque en adventices) est sorti en 2011 afin de simuler l'impact sur les adventices des différents leviers agronomiques à l'échelle du système de culture.
Une.jpgde au diagnostic pour le conseiller
OdERA a été développé par Agro-Transfert ressources et territoires en partenariat avec l'Inrae, les chambres d'agriculture des Hauts-de-France et avec l'appui d'un groupe de fermes-pilotes. Deux projets ont permis l'émergence de la version actuelle d'OdERA :
- le projet « Systèmes de culture intégrés avec encore moins d'herbicides » (2010-2012), prenant en compte les adventices annuelles ;
- le projet Agri-Bio « De la con.jpgssance à la performance » (2013-2017), intégrant les adventices vivaces.
L'outil d.jpgde à la décision élaboré a pour public-cible final l'agriculteur qui sou.jpgte réduire ou supprimer l'usage des herbicides ou bien qui rencontre des difficultés de gestion de la flore adventice ou des résistances aux herbicides. L'utilisateur est généralement le conseiller qui accompagne l'agriculteur dans ce questionnement. Cer.jpgns agriculteurs, sensibilisés à la thématique, peuvent également réaliser eux-mêmes un diagnostic parcel.jpgre via l'outil.
OdERA est également un outil intéressant dans le cadre de la formation agricole pour permettre aux étudiants de mieux appréhender l'approche système de culture, s'approprier les principes de gestion agronomique des adventices et réaliser un diagnostic de situation avec un scénario d'amélioration.
Démarche d'évaluation du risque en adventices
L'outil est basé sur une démarche d'évaluation du risque en adventices. Elle permet de déterminer la pression exercée sur la flore par les leviers agronomiques de gestion des adventices. Seuls les leviers dont les effets sur les adventices sont suffisamment connus ont été intégrés dans OdERA. L'effet supposé de ces leviers sur les adventices est traduit en nombre de points. Grâce à l'expertise de l'Inrae, des équations ont été élaborées pour chaque levier et la succession culturale, intégrant les notions de période de levée préférentielle des adventices et de persistance du stock semencier dans le sol.
L'outil est aujourd'hui paramétré sur plus de 40 adventices, avec des données moyennes fran.jpgses (période de levée, taux annuel de décroissance).
Les éléments pris en compte relèvent de différentes stratégies, comme :
- des actions sur le stock semencier (succession culturale, labour, faux semis) ;
- des actions d'évitement (date de semis) ;
- des actions d'atténuation en culture (association de cultures, écartement entre rangs, désherbage mécanique...).
Une hypothèse forte est que l'agriculteur met en place une stratégie de contrôle final des adventices adaptée (chimique ou manuelle) pour .jpgntenir le niveau de propreté de la parcelle.
Pour chaque année de la rotation, le risque initial se base sur la concomitance entre les périodes de levées de la culture (dépendant de la date de semis) et de l'adventice. Les techniques culturales viennent nuancer ce risque. Les scores obtenus pour chaque année du système de culture sont ensuite agrégés à l'échelle du système de culture par le calcul d'une moyenne pondérée en fonction de la persistance de l'adventice au regard de la rotation mise en place.
Les scores de risque sont indépendants pour chaque adventice et sont compris entre 0 et 100. Plus le score est élevé, plus le risque en adventices est important (Figure 1). Le risque.jpgnsi obtenu est réparti en six classes de risque : risque très .jpgble, risque .jpgble, risque assez .jpgble, risque moyen, risque fort et risque très fort.
Validation de l'outil
La validation de l'outil s'est basée sur deux jeux de données. Le premier jeu de données est issu du diagnostic réalisé par Agro-Transfert en 2008 de 61 parcelles en région Picardie quant à l'effet des pratiques culturales sur le potentiel d'infestation par les adventices. Une diversité de systèmes combinant différents niveaux de leviers agronomiques a été étudiée et a permis de montrer des situations très contrastées au niveau du salissement et de l'indicateur de fréquence de t.jpgtement (IFT) herbicide. Ce tra.jpgl a permis de confirmer la pertinence du choix des leviers agronomiques ayant un effet sur les adventices et de .jpgre ressortir une hiérarchie au niveau de leur poids, avec notamment l'effet le plus important de la succession culturale (Pernel, 2008). Étant donné la concomitance entre les périodes de semis des cultures et de levée des adventices, il est ressorti que les parcelles avec des successions culturales diversifiées d'un point de vue des dates de semis a.jpgent une flore plus diversifiée (périodes de levées différentes) et moins abondante (Figure 2).
Le second jeu de données est issu d'es.jpgs de systèmes de culture longue durée conduits par l'Inrae de Dijon entre 2000 et 2008 avec différentes stratégies de gestion des adventices. L'utilisation d'OdERA sur ces systèmes a permis de préciser et de valider scientifiquement le paramétrage de l'outil par Nicolas Munier-Jo.jpgn (Inrae). Les notes de risque OdERA n'é.jpgent pas liées au salissement car les stratégies herbicides é.jpgent adaptées à chaque situation. En revanche, un lien a été montré entre la note de risque et le niveau d'usage d'herbicides ciblant l'adventice en question (Munier-Jo.jpgn et Pernel, 2011), une pression importante d'adventice nécessitant un usage plus élevé d'herbicides (Figure 3 page suivante).
OdERA : mode d'emploi
Fonctionnement de l'outil
L'outil dispose d'un module « diagnostic » de la parcelle et d'un module « simulation » de l'introduction de leviers agronomiques.
Le module « diagnostic » de la parcelle permet d'évaluer le risque en adventices dans le système de culture actuel (pratiques agronomiques déjà en place). Pour cela, l'utilisateur renseigne les adventices préoccupantes sur sa parcelle, puis son système de culture au regard des pratiques citées précédemment, ayant un impact sur la pression de la flore adventice.
Pour chacune des adventices problématiques sur la parcelle, le résultat fourni par l'outil est une note de risque d'apparition de l'adventice à l'échelle du système de culture sous forme d'un cadran (Figure 4) et d'une grille de points avec le dé.jpgl de la note (Figure 5). Cette grille de points permet de voir la contribution à la note de risque des différents leviers mobilisés (entre 0 et 100 pour la date de semis et entre 0 et -100 pour les autres rubriques qui viennent réduire la note) et d'identifier ceux qui ont le plus d'effet sur la pression en adventices.
Le module « simulation » permet, à la suite du diagnostic parcel.jpgre, d'élaborer un plan d'actions défavorable à la flore adventice dominante. Il est.jpgnsi possible de simuler des changements de pratiques ou de succession culturale, puis de visualiser l'impact de ces changements sur la note de risque en adventices. La grille de points permet de voir l'évolution du score pour chacun des leviers. L'agriculteur, accompagné de son conseiller, peut.jpgnsi confectionner pas à pas le plan d'action le plus efficace (note de risque la plus .jpgble) et compatible avec ses objectifs.
Accompagner les agriculteurs vers la réduction des herbicides
L'outil a été utilisé entre 2010 et 2012 auprès d'un groupe de neuf exploitations dans le cadre du projet « Systèmes de culture intégrés avec encore moins d'herbicides ». Il s'agis.jpgt de tester la réduction de l'usage des herbicides dans des exploitations agricoles engagées dans une démarche de production intégrée. OdERA a servi à évaluer le système de culture initial (2002-2006) de quatre parcelles par exploitation et simuler un scénario de changement.
Ce scénario de changement a permis d'établir un plan d'action pour réduire la pression de la flore dominante sur ces parcelles. Les agriculteurs ont ensuite mis en place ce plan d'action, avec quelques adaptations en fonction des conditions climatiques de l'année. Finalement, sur le ter.jpgn, l'IFT herbicides a été réduit de 20 à 30 % en fonction des systèmes, sans dégradation du salissement et sans .jpgsse de rendement.
La Figure 6 p. 36 montre l'évolution de la note de risque OdERA en vulpin et de l'IFT des antigraminées utilisés sur blé, pour les parcelles étudiées, dans les systèmes de culture initiaux (2002-2006) et les systèmes innovants reconçus avec l.jpgde d'OdERA (2007-2012). Grâce au tra.jpgl de reconception des systèmes de culture, la note de risque en vulpin est en moyenne réduite de 25 % sur la période 2007-2012 et l'IFT antigraminées a diminué en moyenne de 24 %. Dans cer.jpgns cas, l'agriculteur a .jpgt le choix de réaliser des changements de pratiques entraînant une augmentation du risque en adventices et se traduisant par une hausse de l'IFT herbicides (points au-dessus de la courbe).
Modalités d'accès
OdERA est un outil en ligne sur internet (www.odera-systemes.org) et chaque utilisateur dispose d'un compte avec identifiant et mot de passe. Il peut.jpgnsi y retrouver les données qu'il a déjà .jpgsies.
Deux versions sont actuellement proposées. La version expert de l'outil, destinée essentiellement aux conseillers, comporte les deux modules « diagnostic » et « simulation ». Elle est accessible à la suite d'une formation à l'utilisation et au .jpgement d'une licence annuelle. La version standard, libre d'accès, vise essentiellement les agriculteurs et comporte uniquement le module « diagnostic » de la parcelle. Grâce à la fonction « superviseur », il est possible de donner un droit d'accès à un utilisateur de la version expert. Dans le cadre d'une relation agriculteur/conseiller, ce dernier pourra simuler des changements de pratiques sur les parcelles de l'agriculteur et en discuter avec lui pour l'accompagner à la mise en oeuvre.
Des améliorations à apporter
Des données à mettre à jour
Les données sur la biologie qui sont intégrées dans OdERA sont issues de la bibliographie et d'expertise de l'Inrae. Cer.jpgnes, comme la période de levée des adventices, peuvent avoir évolué notamment en .jpgson du changement climatique. De plus, les cycles biologiques des adventices sont très dépendants du contexte pédoclimatique dans lequel elles évoluent. Les données utilisées sur la biologie des adventices ne sont pas spécifiques à la région Hauts-de-France et peuvent.jpgnsi permettre une utilisation large d'outil. À cela s'ajoute la possibilité de rencontrer des écotypes différents d'une même adventice, qui ont des caractéristiques qui diffèrent. Il peut donc y avoir un décalage entre le comportement de l'adventice sur la parcelle de l'agriculteur et le paramétrage de l'outil.
Un stock semencier initial non pris en compte
OdERA s'intéresse uniquement au lien entre les pratiques agronomiques mises en place et la biologie des adventices. Le risque calculé va.jpgnsi montrer si les pratiques mises en place vont avoir tendance à favoriser le développement de l'adventice ou au cont.jpgre le limiter. Le stock semencier initial de la parcelle n'est pas pris en compte et, dans le cas de parcelles avec un stock semencier très important, notamment dans les cas de résistances aux herbicides, la note de risque calculée actuellement par OdERA n'est pas forcément suffisante pour permettre une prise de décision ou son interprétation peut poser des difficultés. En effet, malgré un risque lié aux pratiques qui peut être .jpgble, la quantité d'adventices qui va lever reste élevée en .jpgson du stock très important et la situation ne sera pas facile à gérer.
Un nouveau projet pour .jpgre évoluer l'OAD
Le nouveau projet Adventurh (Gestion des difficultés ADVENtices et Transition vers une Utilisation Réduite des Herbicides à l'échelle du système de culture), piloté par Agro-Transfert ressources et territoires, a démarré en 2020 pour une durée de cinq ans. Autour d'un large partenariat scientifique et technique, le projet a pour finalité d.jpgder les agriculteurs des Hauts-de-France à maîtriser durablement leurs difficultés de gestion des adventices et à réduire fortement l'usage des herbicides grâce aux leviers alternatifs à la chimie à l'échelle pluriannuelle du système de culture. Dans ce cadre, des actions seront mises en place pour renouveler les cycles de développement des adventices au regard des changements de facteurs extérieurs et pour améliorer la prise en compte de l'état de salissement de la parcelle (stock semencier) et de la dangerosité de l'adventice (adventice toxique) dans la note de risque. Les travaux sur les adventices vivaces menés dans le cadre du projet VivLéBio 2 (Maîtrise des vivaces et insertion de légumes de plein champ dans les systèmes de grandes cultures biologiques), piloté par Agro-Transfert ressources et territoires, vont apporter de nouvelles con.jpgssances pour enrichir la partie vivaces, qui comporte actuellement uniquement le chardon des champs et le .jpgteron des champs
RÉSUMÉ
CONTEXTE - La gestion des adventices par l'usage d'herbicides n'est pas sans conséquences, en particulier sur les eaux de surface et souter.jpgnes. Face à ce constat, les politiques publiques mettent en place des mesures incitatives (par exemple : soutien financier à la recherche-action dans le cadre du plan Écophyto 2+) et coercitives. Les solutions chimiques disponibles sont de plus en plus restreintes (ret.jpgt d'homologations, développement des résistances aux herbicides) et leur usage est de moins en moins en accord avec les attentes de la société et des consommateurs.
ÉTUDE - L'Outil d'évaluation du risque en adventices OdERA a été développé dans le cadre de deux projets impliquant la recherche, le développement et des agriculteurs visant à concevoir des systèmes à .jpgble usage d'herbicides ou qui permettent de gérer les difficultés adventices.
RÉSULTATS - L'OAD permet d'analyser les pratiques sur la parcelle, d'évaluer le niveau de risque actuel en adventices et de simuler l'impact des leviers de prévention à l'échelle du système de culture. Un plan d'action agronomique peut alors être mis en oeuvre pour contrer la flore adventice dominante et réduire le recours aux herbicides. L'outil .jpgt le lien entre la biologie des adventices et les pratiques agronomiques mises en place.
MOTS-CLÉS - Gestion des adventices, outil d.jpgde à la décision, système de culture, risque, leviers agronomiques.
POUR EN SAVOIR PLUS
CONTACTS : j.pernel@agro-transfert-rt.org