Le principe général éditorial pour le BSV2.0 est celui de promouvoir systématiquement et sans ambiguïté la protection intégrée des cultures et l'agroécologie avec une dimension et des contributions sur les sujets « biodiversité » significatives. Un BSV2.0 qui ne respecterait pas ces principes n'aura plus vocation à recevoir de crédits Écophyto, quel que soit le niveau de priorisation de la culture. Photo : Pixabay
æLa direction générale de l'alimentation (DGAL) a engagé une restructuration du réseau d'épidémiosurveillance pour répondre aux recommandations formulées en décembre 2019 par une mission d'expertise sur le sujet. Le rapport(1) du Conseil général de l'environnement et du développement durable (CGEDD) et du Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) détaille en effet les réorientations à opérer et préconise que le contenu, la forme et les modes de diffusion du Bulletin de santé du végétal (BSV) évoluent, pour en faire un outil plus directement opérationnel orienté vers l'aide à la décision. Afin de conserver les financements Écophyto attribués à la surveillance des bioagresseurs non réglementés, le réseau national d'épidémiosurveillance doit contribuer à diminuer la consommation des produits phytopharmaceutiques. Dans ce contexte, une note de la DGAL(2) décrit les orientations techniques et budgétaires à mettre en oeuvre en 2022.
æLe BSV(3) va donc évoluer pour cibler davantage l'agroécologie et la protection intégrée des cultures (PIC), et mentionner les méthodes de biocontrôle lorsqu'elles sont disponibles. Il inclura des informations en lien avec la biodiversité (efficacité potentielle des auxiliaires - y compris chauves-souris, oiseaux, carabes, staphylins... -, organismes nuisibles de type « one health », pollinisateurs, vers de terre...) avec pour objectif d'élargir le champ des lecteurs et de favoriser les interconnexions avec d'autres réseaux de surveillance biologique du territoire (par exemple le programme de sciences participatives Vigie-Nature). Ainsi le Muséum national d'histoire naturelle (MNHN) fournira des données ayant trait à la biodiversité (« inputs biodiversité ») aux animateurs des filières pour qu'elles soient intégrées au fil de l'eau dans les analyses de risques des BSV concernés et/ou fassent l'objet d'informations périodiques sous forme de fiches en agroécologie.
æLes objectifs sont aussi d'étendre les bonnes pratiques déjà mises en oeuvre dans certaines régions, d'harmoniser, dans leur forme, les bulletins entre eux et d'améliorer la lisibilité du contenu. Afin de réaliser des économies d'échelle, il est envisagé une refonte du système d'information (SI) du réseau, avec un outil unique de stockage des données sur la base du SI professionnel « Vigicultures » (Arvalis, Terres Inovia, ITB) en lieu et place de l'outil Épyphit. L'objectif est de permettre aux rédacteurs du BSV de saisir leurs données, d'accéder facilement et instantanément à l'ensemble des données d'observation, de modélisation, d'analyses... pour élaborer des analyses de risque pertinentes à un rythme hebdomadaire en cours de campagne. L'Acta-les instituts techniques agricoles est chargée, en partenariat avec l'APCA (chambres d'agriculture France), de rechercher des cofinancements hors Écophyto afin de permettre la rénovation du SI, prévue sur trois ans.
Toujours dans le contexte de la baisse des crédits Écophyto, le BSV sera recentré, dans chaque région, sur les couples cultures/organisme nuisible (ON) « à forts enjeux Écophyto » : c'est-à-dire les couples les plus consommateurs en produits phytosanitaires ou préoccupants sur le plan de la santé ou de l'environnement. Le classement de couples répondant à d'autres enjeux (biodiversité, one health, export) ou organismes de quarantaine OQ doit permettre de prioriser la recherche de financements complémentaires.
æEn 2022, un budget de 6,5 M€ est alloué aux BSV : 6,2 M€ au titre de l'épidémiosurveillance répartis dans les différentes chambres régionales d'agriculture ; 0,3 M€ pour la refonte du SI. Un budget de 1 M€ est prévu pour l'action « Connaître, surveiller et réduire les effets non intentionnels des produits phytopharmaceutiques sur l'environnement ». Entre 2018 et 2019, les moyens alloués à l'épidémiosurveillance étaient passés de 9 à 7 M€ (- 23 %), pour tomber à 6,6 M€ en 2021.
L'année dernière, 3 500 couples ON/culture ont été évalués pour 198 cultures ayant fait l'objet de suivis en France, regroupées selon sept filières (grandes cultures, arboriculture, etc.) ; 960 bioagresseurs étaient surveillés par le réseau d'épidémiosurveillance. Dans le cadre de l'évolution du BSV, 395 couples ON/culture ont été priorisés, ce qui correspond à 28 cultures réparties dans cinq filières. La liste nationale prioritaire constituera l'une des composantes de la répartition budgétaire des crédits Écophyto dès 2023, sans être la seule. Il revient à chaque Conseil régional d'orientation de la politique sanitaire animale et végétale (Cropsav) d'identifier et retenir les couples ON/cultures qui feront l'objet d'un suivi et de l'édition d'un BSV.
(1) Rapport CGEDD/CGAAER 2019 : https://tinyurl.com/msbn8eaz(2) Instruction technique DGAL/SDSPV/2022-241 du 22 mars 2022 au bulletin officiel du MAA du 25 mars : https://tinyurl.com/yckukdxv(3) Les BSV sont consultables sur https://ecophytopic.fr/search/base-bsv
GLOSSAIRE
AMM = autorisation de mise sur le marché
De biocontrôle L. 253-5 = figurant sur la liste des produits de biocontrôle « établie au titre des articles L. 253-5 et L. 253-7, IV du code rural (...) »
JORF = Journal officiel de la République française
JOUE = Journal officiel de l'Union européenne
MAA = ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation
Phyto = phytopharmaceutique (qualifie un produit, une substance, un pesticide, un marché...)
Phyto = phytopharmaceutique (qualifie un produit, une substance, un pesticide, un marché...)
UAB = utilisable en agriculture biologique