COLZA UN PLAN D'ACTION POUR SORTIR DU PHOSMET

Les pouvoirs publics, en partenariat avec la filière des oléo-protéagineux, ont lancé le 13 décembre un plan d'action pour aider la filière colza à se passer de la substance insecticide pivot.

æLe Plan d'action de sortie du phosmet lancé en décembre vise à identifier et déployer, d'ici 2025, des solutions optimales pour réduire les attaques et la nuisibilité des ravageurs d'automne du colza. Fin 2020, la filière des oléagineux avait alerté le gouvernement français, rappelant que le phosmet était sans alternative en culture de colza. Deux ans après, l'interdiction de la substance active insecticide (famille des organophosphorés) « fragilise la pérennité de la culture du colza, en particulier dans les régions où les pyréthrinoïdes s'avèrent inefficaces vis-à-vis de l'altise d'hiver (photo) et du charançon du bourgeon terminal », indique Terres Inovia, l'institut technique des professionnels de la filière des huiles et protéines végétales et de la filière chanvre. « Les leviers agronomiques mis en place pour favoriser une levée précoce et une croissance dynamique du colza au cours de l'automne permettent généralement de limiter efficacement les attaques et/ou la nuisibilité de ces deux ravageurs. Cependant, leur efficacité est rendue aléatoire du fait du contexte climatique de ces dernières années, très défavorable à l'implantation des colzas. »

æLe phosmet est une substance active insecticide dont l'approbation n'a pas été renouvelée en janvier 2022(1). Les autorisations des produits phytopharmaceutiques contenant la substance active devaient être retirées au plus tard le 1er mai et tout délai de grâce expirait le 1er novembre. La substance était utilisée pour lutter contre différents ravageurs (chenilles phytophages, chenilles foreuses des fruits, mouches des fruits, mouche de l'olive) en cultures fruitières (fruits à pépins, noyer, pêcher, cerisier, agrumes, olivier), ainsi que pour contrôler les coléoptères phytophages sur pomme de terre et crucifères oléagineuses.

æLe Plan d'action de sortie du phosmet (2022-2025) bénéficiera d'un financement CasDar public de 2,5 millions d'euros sur trois ans, auquel s'additionneront les investissements de la filière des oléo-protéagineux de 800 000 euros sur trois ans opérés par Sofiprotéol, soit un montant global de plus de 5 millions d'euros en intégrant les cofinancements des porteurs de projets. Animé par Terres Inovia et Inrae, il réunit une vingtaine de partenaires de la recherche et du développement, publics et privés, travaillant actuellement sur huit projets :

• le déploiement des stratégies alternatives (Adaptacol2) ;

• le contrôle par un champignon entomopathogène (Velco-A) ;

• la formulation d'une solution aux propriétés dissuasives (Colzactise) ;

• l'optimisation technologique d'un produit de biocontrôle (projet Certis),

• la sélection de variétés tolérantes (Resalt) ;

• la manipulation du comportement par des composés organiques volatiles (COV) et des plantes de service (Ctrl-Alt) ;

• l'identification de nouveaux COV (AltisOR) ;

• l'élevage intensif de l'altise d'hiver (Lego).

D'autres sujets d'étude innovants pourront compléter ce plan.

æLes efforts de recherche s'articulent autour de quatre grands axes :

• Axe 1 : mieux connaître ravageurs et auxiliaires (dynamiques de vols et de ponte, mécanismes et molécules impliqués dans l'attraction des insectes à longue et courte distance, état des lieux des niveaux de régulation naturelle...) ;

• Axe 2 : trouver des solutions à l'échelle de la plante (produits de biocontrôle, optimisation des conditions d'application, tolérance variétale, méthodes agronomiques pour un colza robuste, mélanges variétaux...) ;

• Axe 3 : agir à l'échelle de la parcelle et du paysage pour détourner les coléoptères d'automne du colza (plantes de services et COV dans des stratégies push-pull) ;

• Axe 4 : transférer et déployer les solutions auprès des agriculteurs (comités régionaux).