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RÉSISTANCES AUX INSECTICIDES DES POPULATIONS DE PUCERONS GÉNÉTIQUEMENT DIFFÉRENTES

Phytoma - n°759 - décembre 2022 - page 5

Il existe une nette différenciation génétique entre les populations de Myzus persicae - une espèce de puceron polyphage(1) - selon les plantes-hôtes sur lesquelles elles sont prélevées. C'est ce qu'ont découvert des scientifiques de l'Anses, d'Inrae et de l'université de Montpellier(2), en analysant des spécimens de puceron vert du pêcher prélevés sur trois cultures : le pêcher, le colza et le tabac. Leurs travaux, publiés dans la revue Evolutionary Applications en mai 2022, pourraient amener à optimiser les stratégies de lutte contre l'évolution de résistances aux insecticides. En effet, les chercheurs ont démontré que les fréquences des allèles de résistance aux insecticides de Myzus persicae étaient variables entre les populations (ou sous-groupes) colonisant des espèces végétales différentes. Les pucerons prélevés sur pêcher étaient fréquemment résistants aux néonicotinoïdes, tandis que ceux échantillonnés sur colza et tabac étaient souvent porteurs d'allèles conférant des résistances aux pyréthrinoïdes et aux carbamates (comme les populations présentes sur betterave), mais pas aux néonicotinoïdes.

Des flux de gènes limités entre populations

La faiblesse des échanges génétiques constatée entre sous-groupes de pucerons pourrait s'expliquer par une prédominance de la reproduction asexuée, empêchant le brassage génétique entre différents sous-groupes, chacun adapté à une plante-hôte différente. En revanche, au sein d'une même population, l'accroissement de la fréquence des individus portant la bonne combinaison de résistances peut être très rapide : deux ans après la commercialisation d'un nouveau produit, qui associait pyréthrinoïde et carbamate, la fréquence des clones de pucerons combinant des allèles conférant la résistance à ces deux substances actives avait fortement augmenté.

Ces données mettent en évidence l'importance de prendre en compte le paysage agronomique, et en particulier l'espèce de la plante-hôte, dans la gestion des phénomènes de résistances aux produits phytopharmaceutiques et plus généralement dans les stratégies de lutte efficaces contre les insectes polyphages.

(1) Myzus persicae peut se nourrir de la sève de plus d'une cinquantaine de plantes différentes (pêcher, colza, betterave, tabac, pomme de terre...) et leur transmettre des virus (virus de la Sharka sur pêcher, virus responsables de la jaunisse de la betterave...). Cette espèce a développé au fil du temps des résistances à la plupart des produits phytopharmaceutiques de synthèse.(2) Unité « Caractérisation et suivi des phénomènes d'évolution des résistances aux produits de protection des plantes » (Casper) au sein du laboratoire de Lyon de l'Anses, Institut de génétique, environnement et protection des plantes (IGEPP) d'Inrae, et université de Montpellier.

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