Quelles sont les mesures prophylactiques ?
} Comme pour leutypiose, il faut retirer et brûler ou stocker à labri de la pluie les souches et bras morts. Il est également nécessaire de réduire les blessures mécaniques et les plaies de taille. La taille tardive et la protection des plaies de taille nont pas montré defficacité contre les champignons responsables de lesca/BDA dans des essais conduits par le BNIC, lIFV et lInra. La désinfection des outils est aussi superflue.
Les contaminations en pépinières sont-elles importantes ?
} Une enquête réalisée par lIFV en 2005 auprès de pépiniéristes du Sud-Ouest sur près de 2 000 plants vendus a montré que 26 % des plants traditionnels étaient porteurs de champignons associés aux maladies du bois.
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Nous savons que des contaminations ont lieu en pépinières, en particulier lors de la stratification, indique Philippe Larignon, chef de projet maladies du bois à lIFV.
Le traitement des plants en sortie de pépinières à 50°C pendant 45 minutes est la meilleure méthode disponible. Mais certains champignons y sont moins sensibles. » En plus, selon les pépiniéristes, ce traitement rend plus difficile la reprise des plants et entraîne des retards au débourrement. Sans compter que les plants traités à leau chaude peuvent être contaminés au vignoble.
Le mode de taille a-t-il un impact ?
} Non, selon Philippe Larignon. Mais pour Pascal Lecomte, chercheur à lInra de Bordeaux (Gironde), «
linfluence du mode de conduite et de la qualité de la taille sur le développement de lesca est signalée depuis plus dun siècle ».
À Sancerre (Cher), François Dal, ingénieur à la Sicavac, est de cet avis. Il préconise la taille guyot poussard qui permet de limiter les plaies de taille rases importantes pouvant à la longue gêner la circulation de la sève par la formation de cônes de dessèchement. Il conseille de laisser un chicot dune longueur équivalente au diamètre de la coupe sur les bois de deux ans et plus.
Les Trichoderma sont-ils efficaces ?
} Non, selon lIFV. Mais la société Agrauxine nest pas de cet avis. Elle a développé le produit Esquive à base dune souche de
Trichoderma atroviride. Il est homologué contre leutypiose et distribué par Bayer. Des expérimentations sont en cours dans le but de demander une extension dhomologation sur lesca/BDA.
En collaboration avec Agrauxine, les pépinières Mercier ont conçu un plant mycorhizé et inoculé avec
Trichoderma. «
En pépinière, les Trichoderma
réduisent la présence de champignons pathogènes et ont, en outre, un effet positif sur lenracinement, ce qui est un atout pour les jeunes plantations, précise Pascal Lecomte.
Mais il est encore impossible de se prononcer sur la faculté de ces plants à assurer une protection sur le long terme. »
Quand faut-il complanter ?
} La complantation vise à remplacer les pieds morts ou qui dépérissent afin de préserver le rendement de la parcelle. LIFV préconise deffectuer les remplacements très régulièrement et de ne pas dépasser les 5 % de manquants.
Selon Michel Badier, conseiller viticole à la chambre dagriculture du Loir-et-Cher, un complant coûte entre 9 et 10 euros jusquà son entrée en production. Pour lui, si le taux de manquants dépasse 8 % sur une parcelle de 15 à 18 ans, lintérêt de complanter est limité. Les complants doivent être protégés contre les herbicides et les lapins, être suffisamment arrosés pendant lété et faire lobjet de traitements, dune fertilisation et de travaux en vert. Si lopération réussit, il faut compter quatre à cinq ans pour que le complant atteigne un taux de production similaire aux souches voisines.
Lesca et le BDA continuent de frapper durement les vignobles français. La prophylaxie reste le seul axe de lutte, en attendant den savoir plus sur les facteurs de risque et leffet des Trichoderma.