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Esca Peu de certitudes

La vigne - n°6 - mars 2012 - page 46

Quelles sont les mesures prophylactiques ?

} Comme pour l’eutypiose, il faut retirer et brûler ou stocker à l’abri de la pluie les souches et bras morts. Il est également nécessaire de réduire les blessures mécaniques et les plaies de taille. La taille tardive et la protection des plaies de taille n’ont pas montré d’efficacité contre les champignons responsables de l’esca/BDA dans des essais conduits par le BNIC, l’IFV et l’Inra. La désinfection des outils est aussi superflue.

Les contaminations en pépinières sont-elles importantes ?

} Une enquête réalisée par l’IFV en 2005 auprès de pépiniéristes du Sud-Ouest sur près de 2 000 plants vendus a montré que 26 % des plants traditionnels étaient porteurs de champignons associés aux maladies du bois.
«
Nous savons que des contaminations ont lieu en pépinières, en particulier lors de la stratification, indique Philippe Larignon, chef de projet maladies du bois à l’IFV.
Le traitement des plants en sortie de pépinières à 50°C pendant 45 minutes est la meilleure méthode disponible. Mais certains champignons y sont moins sensibles. » En plus, selon les pépiniéristes, ce traitement rend plus difficile la reprise des plants et entraîne des retards au débourrement. Sans compter que les plants traités à l’eau chaude peuvent être contaminés au vignoble.

Le mode de taille a-t-il un impact ?

} Non, selon Philippe Larignon. Mais pour Pascal Lecomte, chercheur à l’Inra de Bordeaux (Gironde), «
l’influence du mode de conduite et de la qualité de la taille sur le développement de l’esca est signalée depuis plus d’un siècle ».
À Sancerre (Cher), François Dal, ingénieur à la Sicavac, est de cet avis. Il préconise la taille guyot poussard qui permet de limiter les plaies de taille rases importantes pouvant à la longue gêner la circulation de la sève par la formation de cônes de dessèchement. Il conseille de laisser un chicot d’une longueur équivalente au diamètre de la coupe sur les bois de deux ans et plus.

Les Trichoderma sont-ils efficaces ?

} Non, selon l’IFV. Mais la société Agrauxine n’est pas de cet avis. Elle a développé le produit Esquive à base d’une souche de
Trichoderma atroviride. Il est homologué contre l’eutypiose et distribué par Bayer. Des expérimentations sont en cours dans le but de demander une extension d’homologation sur l’esca/BDA.
En collaboration avec Agrauxine, les pépinières Mercier ont conçu un plant mycorhizé et inoculé avec
Trichoderma. «
En pépinière, les Trichoderma
réduisent la présence de champignons pathogènes et ont, en outre, un effet positif sur l’enracinement, ce qui est un atout pour les jeunes plantations, précise Pascal Lecomte.
Mais il est encore impossible de se prononcer sur la faculté de ces plants à assurer une protection sur le long terme. »

Quand faut-il complanter ?

} La complantation vise à remplacer les pieds morts ou qui dépérissent afin de préserver le rendement de la parcelle. L’IFV préconise d’effectuer les remplacements très régulièrement et de ne pas dépasser les 5 % de manquants.

Selon Michel Badier, conseiller viticole à la chambre d’agriculture du Loir-et-Cher, un complant coûte entre 9 et 10 euros jusqu’à son entrée en production. Pour lui, si le taux de manquants dépasse 8 % sur une parcelle de 15 à 18 ans, l’intérêt de complanter est limité. Les complants doivent être protégés contre les herbicides et les lapins, être suffisamment arrosés pendant l’été et faire l’objet de traitements, d’une fertilisation et de travaux en vert. Si l’opération réussit, il faut compter quatre à cinq ans pour que le complant atteigne un taux de production similaire aux souches voisines.

L’esca et le BDA continuent de frapper durement les vignobles français. La prophylaxie reste le seul axe de lutte, en attendant d’en savoir plus sur les facteurs de risque et l’effet des Trichoderma.

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