La lutte contre les goûts moisis-terreux (GMT) passe dabord par la réduction de la vigueur, laération des grappes et la préservation de lintégrité des baies. Lapplication dantibotrytis permet aussi de sen prémunir.
Comment éviter leur apparition au vignoble ?
}Les goûts moisis-terreux sont générés par plusieurs molécules aromatiques, en particulier la géosmine, produites par des champignons du genre Penicillium. « Les GMT sont liés à des moisissures, explique Laurence Guérin, de lIFV Val de Loire. Une partie dentre elles peut attaquer les pellicules de baies de raisin. Botrytis cinerea est un facteur favorisant. Une fois la pellicule de la baie attaquée, les champignons peuvent pénétrer dans les tissus. »
Toutes les mesures prophylactiques visant à réduire les attaques de pourriture sont donc bénéfiques : enherbement et gestion raisonnée des fumures pour freiner la vigueur, mode de taille et de conduite favorisant laération des grappes (ébourgeonnage, effeuillage, éclaircissage). Sur le chenin, la chambre dagriculture dIndre-et-Loire a montré que lapplication de Berelex (un produit à base dacide gibberellique commercialisé par Philagro) au moment où linflorescence mesure 5 cm permet dallonger la rafle et de mieux ventiler les baies. Cest encore un moyen de limiter le botrytis. « La grêle et les vers de la grappe peuvent aussi offrir une porte dentrée aux champignons », ajoute Laurence Guérin. La préservation de lintégrité des baies passe donc par la maîtrise des tordeuses mais aussi de loïdium.
Selon elle, la période entre la véraison et la maturité est particulièrement critique. Il faut se montrer très vigilant à ce moment-là. « Lobservation des grappes est essentielle : la situation peut basculer quinze jours avant la récolte », prévient Laurence Guérin.
Les antibotrytis sont-ils efficaces ?
}Aucun nest homologué contre le Penicilium. Toutefois, le fait de « combiner les mesures prophylactiques avec la lutte chimique pour limiter les attaques de botrytis apporte un gain significatif, indique Laurence Guérin, de lIFV. Dans les situations à risques GMT, les stratégies à deux traitements sont à privilégier au stade A (chute des capuchons floraux) puis B (fermeture de la grappe) ou au stade A et B + 10 jours, ou bien encore au stade A et C (début véraison), selon les régions. Dans nos essais, la stratégie à trois traitements na pas apporté un gain significatif en terme defficacité au regard du coût et du temps passé. »
Laurent Pillon, de Ceragro, dans le Beaujolais, préconise lui aussi deux traitements, « en général aux stades A et B + 15 jours. Un seul traitement ne suffit pas et, même avec deux traitements, il est possible de dépasser le seuil de détection de la géosmine à la dégustation ». Pour Jean-Pierre Dupinet, responsable national filières cultures spécialisées chez Syngenta, « au moins deux traitements doivent être réalisés. La stratégie à trois traitements est optimale ». Quels produits privilégier ? « Le cyprodynil, le fluazinam et le fludioxonil ont un effet direct sur Penicilium », précise Jean-Pierre Dupinet. Quant à Laurent Pillon, de Ceragro, il conseille « pour le premier traitement de choisir le haut de gamme, du fludioxonil ou du fenhexamid, puis du fluazinam ».
Que faire en cas de GMT à la vendange ?
}LIFV recommande une récolte manuelle suivie dun tri méticuleux. « Deux grappes sur cent suffisent pour provoquer une déviation perceptible à la dégustation », insiste Laurence Guérin. Le vinificateur doit déguster les cuvées avant sulfitage et les isoler en cas de doute. Sur gamay, pour limiter la diffusion de la géosmine, lIFV conseille la macération préfermentaire à chaud pendant douze heures à 65°C suivie dun pressurage direct et dune fermentation en phase liquide. Pour les vins blancs, il faut éviter la macération pelliculaire et soigner le débourbage. En curatif, il est possible dutiliser des levures aromatiques sur sauvignon ou des copeaux sur chenin pour masquer une géosmine peu présente. Sur vins rouges, les charbons nologiques ont montré dimportantes variations en termes defficacité lors des essais de lIFV.