La multiplication in vitro de la vigne n'est pas sans incidence sur sa morphologie, ni sur ses capacités de production. Partant de ce constat, les chercheurs de l'institut Jules Guyot souhaitent produire des clones dont le taux de fertilité serait déterminé à volonté.
La multiplication in vitro de la vigne n'est pas sans incidence sur sa morphologie, ni sur ses capacités de production. Partant de ce constat, les chercheurs de l'institut Jules Guyot souhaitent produire des clones dont le taux de fertilité serait déterminé à volonté.
Maîtriser les rendements n'est pas toujours facile. Jean-Claude Fournioux et Roger Bessis, de l'institut Jules Guyot, à Dijon, ont pour objectif d'aider les vignerons à mieux contrôler le rendement. Ils partent d'un constat simple et déjà ancien : la multiplication in vitro de la vigne a des incidences sur sa morphologie mais aussi sur sa fertilité. De nombreux auteurs ont depuis longtemps décrit ces phénomènes. Ils parlent d'une juvénilisation de la vigne car elle ressemble par certains points à la plante dite juvénile, c'est-à-dire à la plantule issue d'un semis de pépins. Ces caractères peuvent s'estomper avec le temps ou bien se maintenir : c'est le cas de la découpure des feuilles, de la pigmentation des bourgeons et des jeunes rameaux et de la fertilité du plant.Juvénilisation et fertilité sont donc liées. De nombreux expérimentateurs ont observé que la multiplication in vitro avait tendance à abaisser la fertilité. Cependant, des cépages font exception. Serge Grenan, de l'Entav, précise que la production de l'alicante bouschet, du carignan ou du grenache n'est pas modifiée alors que celle du macabeu progresse. Ces caractères juvéniles peuvent être gommés. MM. Bessis et Fournioux cherchent au contraire à les maintenir pour produire des clones dont le taux de fertilité serait déterminé à volonté. Ils utilisent à ces fins surtout la micropropagation par méthode lente (voir infographie). ' Mais on ne touche pas au génome de la vigne ', précise Roger Bessis. Les modifications morphologiques font suite à une culture in vitro. On ne connaît pas les mécanismes qui déterminent ces changements. Plusieurs éléments jouent sur le degré de juvénilisation : le temps de culture in vitro, le milieu de culture mais aussi la composition de l'atmosphère. Cette dernière découverte est à mettre au crédit de l'institut Jules Guyot. Jean-Claude Fournioux joue sur la richesse de l'atmosphère en CO2 pour obtenir des plants plus ou moins juvéniles et donc, en théorie, plus ou moins fertiles. Une atmosphère carencée en CO2 (100 ppm) donne des plants juvéniles, identiques à la plantule issue d'un semis. Avec une concentration importante en CO2 (1 200 ppm), la morphologie est entièrement adulte. Enfin, la concentration atmosphérique (350 ppm) donne des résultats intermédiaires. Au printemps dernier, des chardonnays et des pinots noirs ainsi produits ont été plantés à Marsannay-la-Côte. Cette année, d'autres plants obtenus différemment devraient être implantés. Cette étape permettra de juger de l'ampleur des modifications ainsi imposées à la vigne dans le temps et de goûter au vin pour vérifier qu'il n'a pas perdu de sa typicité. L'ampélographe aura sans doute du mal à s'y retrouver car la découpure et la pilosité des feuilles sont aussi modifiées. Roger Bessis répond que des méthodes biochimiques permettent de déterminer le cépage. Mais la démarche demeure plus complexe qu'une simple observation du végétal.Reste à voir comment cette fertilité évoluera dans le temps, au bout de dix ou vingt ans. Pour Roger Bessis, ' même si cette modification ne dure qu'un temps, c'est déjà un progrès puisqu'on accuse toujours les jeunes vignes d'être trop productrices '. Si ces recherches s'avèrent fructueuses, comment pourront-elles se développer dans la pratique et à quel prix? En attendant, le vigneron garde toute une panoplie d'outils pour limiter ses rendements, en commençant par le choix de ses clones et de ses porte-greffes.
Maîtriser les rendements n'est pas toujours facile. Jean-Claude Fournioux et Roger Bessis, de l'institut Jules Guyot, à Dijon, ont pour objectif d'aider les vignerons à mieux contrôler le rendement. Ils partent d'un constat simple et déjà ancien : la multiplication in vitro de la vigne a des incidences sur sa morphologie mais aussi sur sa fertilité. De nombreux auteurs ont depuis longtemps décrit ces phénomènes. Ils parlent d'une juvénilisation de la vigne car elle ressemble par certains points à la plante dite juvénile, c'est-à-dire à la plantule issue d'un semis de pépins. Ces caractères peuvent s'estomper avec le temps ou bien se maintenir : c'est le cas de la découpure des feuilles, de la pigmentation des bourgeons et des jeunes rameaux et de la fertilité du plant.Juvénilisation et fertilité sont donc liées. De nombreux expérimentateurs ont observé que la multiplication in vitro avait tendance à abaisser la fertilité. Cependant, des cépages font exception. Serge Grenan, de l'Entav, précise que la production de l'alicante bouschet, du carignan ou du grenache n'est pas modifiée alors que celle du macabeu progresse. Ces caractères juvéniles peuvent être gommés. MM. Bessis et Fournioux cherchent au contraire à les maintenir pour produire des clones dont le taux de fertilité serait déterminé à volonté. Ils utilisent à ces fins surtout la micropropagation par méthode lente (voir infographie). ' Mais on ne touche pas au génome de la vigne ', précise Roger Bessis. Les modifications morphologiques font suite à une culture in vitro. On ne connaît pas les mécanismes qui déterminent ces changements. Plusieurs éléments jouent sur le degré de juvénilisation : le temps de culture in vitro, le milieu de culture mais aussi la composition de l'atmosphère. Cette dernière découverte est à mettre au crédit de l'institut Jules Guyot. Jean-Claude Fournioux joue sur la richesse de l'atmosphère en CO2 pour obtenir des plants plus ou moins juvéniles et donc, en théorie, plus ou moins fertiles. Une atmosphère carencée en CO2 (100 ppm) donne des plants juvéniles, identiques à la plantule issue d'un semis. Avec une concentration importante en CO2 (1 200 ppm), la morphologie est entièrement adulte. Enfin, la concentration atmosphérique (350 ppm) donne des résultats intermédiaires. Au printemps dernier, des chardonnays et des pinots noirs ainsi produits ont été plantés à Marsannay-la-Côte. Cette année, d'autres plants obtenus différemment devraient être implantés. Cette étape permettra de juger de l'ampleur des modifications ainsi imposées à la vigne dans le temps et de goûter au vin pour vérifier qu'il n'a pas perdu de sa typicité. L'ampélographe aura sans doute du mal à s'y retrouver car la découpure et la pilosité des feuilles sont aussi modifiées. Roger Bessis répond que des méthodes biochimiques permettent de déterminer le cépage. Mais la démarche demeure plus complexe qu'une simple observation du végétal.Reste à voir comment cette fertilité évoluera dans le temps, au bout de dix ou vingt ans. Pour Roger Bessis, ' même si cette modification ne dure qu'un temps, c'est déjà un progrès puisqu'on accuse toujours les jeunes vignes d'être trop productrices '. Si ces recherches s'avèrent fructueuses, comment pourront-elles se développer dans la pratique et à quel prix? En attendant, le vigneron garde toute une panoplie d'outils pour limiter ses rendements, en commençant par le choix de ses clones et de ses porte-greffes.