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Une vigueur en passe d'être domptée

La vigne - n°75 - mars 1997 - page 0

En diminuant l'irrigation et la fertilisation et en introduisant de nouveaux modes de conduite, les Chiliens maîtrisent la vigueur de leurs vignes. Ils défrichent également des terroirs moins fertiles que la vallée centrale. Ils espèrent ainsi élargir leur offre.

En diminuant l'irrigation et la fertilisation et en introduisant de nouveaux modes de conduite, les Chiliens maîtrisent la vigueur de leurs vignes. Ils défrichent également des terroirs moins fertiles que la vallée centrale. Ils espèrent ainsi élargir leur offre.

Malgré le soleil, malgré la chaleur, 25 t/ha de raisins, c'est trop. Avec ces rendements, même au Chili, on n'obtient que des vins dilués. Or, dans la vallée centrale, il est très facile de les atteindre et de les dépasser : il suffit de conduire les vignes en pergola et de les irriguer. Elles sont alors d'une vigueur surprenante. Car tout les incite à pousser. Pour sortir de grands vins de cépage, les Chiliens rationnent leurs vignes en eau et en engrais. ' Il y a dix ans, on irriguait dix fois par saison, rappelle Aurélio Montès, le directeur de Discover Wine SA, un domaine de la vallée centrale. C'était une tradition. On faisait ainsi par habitude, sans se soucier de l'humidité du sol, ni du comportement de la vigne. Maintenant, nous utilisons des tensiomètres et nous observons la vigne. Tant qu'elle pousse, nous n'irriguons pas. Si bien que nous sommes descendus à deux ou trois tours d'eau par an. 'Aurélio Montès a fondé son entreprise en 1988 avec trois associés. Elle a rencontré un tel succès que ses confrères l'ont consacré oenologue de l'année 1995. ' Les premiers bons vins, nous les avons réussis en introduisant dans la cave des cuves en Inox, refroidies par ruissellement ', explique-t-il. Pour autant, il ne perd pas de vue son vignoble. Il ne se contente pas de progrès au chai car ' pour avoir de bons vins, il faut d'abord de bons raisins ', remarque-t-il. Il réduit donc l'irrigation et fait des essais d'éclaircissage à la main qu'il a finis par abandonner. ' Les résultats n'étaient pas convaincants ', estime-t-il.Il teste également le Scott-Henry. Ce mode de conduite vient d'Australie. Ses concepteurs l'ont imaginé pour des vignes vigoureuses de climats ensoleillés. Son principe consiste à déboubler le feuillage pour mieux exposer les grappes au soleil. Au printemps, la moitié des pousses est rabattue vers le bas à l'aide d'un fil qu'il faudrait appeler descendeur. Le reste de la végétation est palissé normalement, c'est-à-dire vers le haut et maintenu par des fils releveurs. Le plan de palissage démarre ainsi au sol et grimpe jusqu'à la hauteur de rognage. Quant aux ceps, ils sont taillés en cordons ou en Guyot.Bien des domaines essayent le Scott-Henry. Ils se sont laissés convaincre de son intérêt par les consultants en ' conduite du feuillage ' qu'ils font venir à grands frais d'Australie. Cependant, ce système est loin d'avoir conquis la majorité des surfaces. Il reste cantonné à quelques parcelles. Les avis à son sujet restent très partagés. Aurélio Montès se montre prudent. Certains de ses collègues sont plus affirmatifs. Ils pensent que le Scott-Henry n'apporte pas grand-chose de plus que le palissage à trois fils tel qu'on le connaît en France. Aussi, ce second principe est-il le plus courant dans les plantations récentes. Il présente deux avantages : il autorise la récolte mécanique et ses rendements sont plus faciles à maîtriser que sous pergola bien qu'ils restent abondants. Le cabernet sauvignon, le merlot et le chardonnay palissés portent au moins 10 t/ha. Avec le sauvignon, on grimpe à 12 ou 14 t/ha. Ces rendements sont atteints dans les parcelles sélectionnées pour donner les meilleures bouteilles.Certains vignerons les estiment encore trop élevés. Pour les réduire davantage, ils introduisent le greffage alors que leur pays est indemne de phylloxéra. Ils espèrent ainsi maîtriser la vigueur de leurs plantations. Leurs essais sont très récents, on ne peut donc pas encore en tirer des conclusions. Cependant, il y a fort à parier que le coût du greffage limitera son développement dans un pays où il suffit de planter des bouts de sarments en ligne pour établir un vignoble. Moins risquée, l'exploration des piémonts de la cordillère des Andes et de celle de la côte. Les compagnies vinicoles s'attendent à y trouver des terroirs moins fertiles que les plaines. Jusqu'à présent, tout le monde les avait délaissés. Il était impossible de les irriguer à la raie. Il était donc impossible d'y cultiver quoi que ce soit. Avec le goutte-à-goutte, cet obstacle est levé.De nouvelles terres deviennent disponibles. Elles sont très bon marché. Et comme elles sont moins fertiles et plus fraîches que les terroirs actuels, elles devraient permettre de diversifier l'offre de vins, ce qui paraît une nécessité. Les rouges semblent en effet tous sortis du même moule. Leur diversité est de degré et non de nature. Ils sont plus ou moins concentrés, charpentés et longs en bouche mais leur profil aromatique et leur structure sont toujours semblables. De ce fait, les Chiliens multiplient de nouveaux cépages comme la syrah et le pinot noir et cherchent les terroirs qui leur conviennent le mieux. Ils espèrent renouveler ce qu'ils ont réussi dans la vallée de Casablanca, région qui s'est couverte de chardonnay et taillée une réputation internationale en dix ans.

Malgré le soleil, malgré la chaleur, 25 t/ha de raisins, c'est trop. Avec ces rendements, même au Chili, on n'obtient que des vins dilués. Or, dans la vallée centrale, il est très facile de les atteindre et de les dépasser : il suffit de conduire les vignes en pergola et de les irriguer. Elles sont alors d'une vigueur surprenante. Car tout les incite à pousser. Pour sortir de grands vins de cépage, les Chiliens rationnent leurs vignes en eau et en engrais. ' Il y a dix ans, on irriguait dix fois par saison, rappelle Aurélio Montès, le directeur de Discover Wine SA, un domaine de la vallée centrale. C'était une tradition. On faisait ainsi par habitude, sans se soucier de l'humidité du sol, ni du comportement de la vigne. Maintenant, nous utilisons des tensiomètres et nous observons la vigne. Tant qu'elle pousse, nous n'irriguons pas. Si bien que nous sommes descendus à deux ou trois tours d'eau par an. 'Aurélio Montès a fondé son entreprise en 1988 avec trois associés. Elle a rencontré un tel succès que ses confrères l'ont consacré oenologue de l'année 1995. ' Les premiers bons vins, nous les avons réussis en introduisant dans la cave des cuves en Inox, refroidies par ruissellement ', explique-t-il. Pour autant, il ne perd pas de vue son vignoble. Il ne se contente pas de progrès au chai car ' pour avoir de bons vins, il faut d'abord de bons raisins ', remarque-t-il. Il réduit donc l'irrigation et fait des essais d'éclaircissage à la main qu'il a finis par abandonner. ' Les résultats n'étaient pas convaincants ', estime-t-il.Il teste également le Scott-Henry. Ce mode de conduite vient d'Australie. Ses concepteurs l'ont imaginé pour des vignes vigoureuses de climats ensoleillés. Son principe consiste à déboubler le feuillage pour mieux exposer les grappes au soleil. Au printemps, la moitié des pousses est rabattue vers le bas à l'aide d'un fil qu'il faudrait appeler descendeur. Le reste de la végétation est palissé normalement, c'est-à-dire vers le haut et maintenu par des fils releveurs. Le plan de palissage démarre ainsi au sol et grimpe jusqu'à la hauteur de rognage. Quant aux ceps, ils sont taillés en cordons ou en Guyot.Bien des domaines essayent le Scott-Henry. Ils se sont laissés convaincre de son intérêt par les consultants en ' conduite du feuillage ' qu'ils font venir à grands frais d'Australie. Cependant, ce système est loin d'avoir conquis la majorité des surfaces. Il reste cantonné à quelques parcelles. Les avis à son sujet restent très partagés. Aurélio Montès se montre prudent. Certains de ses collègues sont plus affirmatifs. Ils pensent que le Scott-Henry n'apporte pas grand-chose de plus que le palissage à trois fils tel qu'on le connaît en France. Aussi, ce second principe est-il le plus courant dans les plantations récentes. Il présente deux avantages : il autorise la récolte mécanique et ses rendements sont plus faciles à maîtriser que sous pergola bien qu'ils restent abondants. Le cabernet sauvignon, le merlot et le chardonnay palissés portent au moins 10 t/ha. Avec le sauvignon, on grimpe à 12 ou 14 t/ha. Ces rendements sont atteints dans les parcelles sélectionnées pour donner les meilleures bouteilles.Certains vignerons les estiment encore trop élevés. Pour les réduire davantage, ils introduisent le greffage alors que leur pays est indemne de phylloxéra. Ils espèrent ainsi maîtriser la vigueur de leurs plantations. Leurs essais sont très récents, on ne peut donc pas encore en tirer des conclusions. Cependant, il y a fort à parier que le coût du greffage limitera son développement dans un pays où il suffit de planter des bouts de sarments en ligne pour établir un vignoble. Moins risquée, l'exploration des piémonts de la cordillère des Andes et de celle de la côte. Les compagnies vinicoles s'attendent à y trouver des terroirs moins fertiles que les plaines. Jusqu'à présent, tout le monde les avait délaissés. Il était impossible de les irriguer à la raie. Il était donc impossible d'y cultiver quoi que ce soit. Avec le goutte-à-goutte, cet obstacle est levé.De nouvelles terres deviennent disponibles. Elles sont très bon marché. Et comme elles sont moins fertiles et plus fraîches que les terroirs actuels, elles devraient permettre de diversifier l'offre de vins, ce qui paraît une nécessité. Les rouges semblent en effet tous sortis du même moule. Leur diversité est de degré et non de nature. Ils sont plus ou moins concentrés, charpentés et longs en bouche mais leur profil aromatique et leur structure sont toujours semblables. De ce fait, les Chiliens multiplient de nouveaux cépages comme la syrah et le pinot noir et cherchent les terroirs qui leur conviennent le mieux. Ils espèrent renouveler ce qu'ils ont réussi dans la vallée de Casablanca, région qui s'est couverte de chardonnay et taillée une réputation internationale en dix ans.

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