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Le fractionnement remis en cause

La vigne - n°76 - avril 1997 - page 0

A la suite des dernières restrictions concernant le désherbage, une note nationale a été publiée. Elle fait le tour des pratiques existantes et de leurs limites et souligne que pour plusieurs herbicides contenant du diuron, l'application unique ou le fractionnement seront remis en cause l'an prochain pour rester en deçà des nouveaux seuils.

A la suite des dernières restrictions concernant le désherbage, une note nationale a été publiée. Elle fait le tour des pratiques existantes et de leurs limites et souligne que pour plusieurs herbicides contenant du diuron, l'application unique ou le fractionnement seront remis en cause l'an prochain pour rester en deçà des nouveaux seuils.

Le désherbage chimique de la vigne n'a cessé d'évoluer. Après les aspects techniques, avec l'apparition de plantes vivaces puis de plantes résistantes aux triazines, c'est l'aspect réglementaire qui a fait changé les choses. Les dernières décision, qui limitent la dose d'emploi des préparations à base de simazine à 1 000 g/ha/an et limiteront bientôt l'apport annuel de diuron à 1 800 g/ha, vont modifier les habitudes.Cette dernière mesure touchera beaucoup plus de spécialités que les restrictions portant sur la simazine : nombreux herbicides à base de diuron seul (Karmex, Séduron...) ou de diuron associé à d'autres matières actives (Solicam S, Melkior, Cléry, Trevi 10, Cernet, Iroquois, Végépron DS, Clairsol et Sollys). L'application unique ou le fractionnement de ces herbicides seront remis en cause dès l'année prochaine, avec à la clef de nouvelles homologations à dose réduite ou des retraits d'homologations si l'efficacité du produit est mise en péril.Les autres spécialités contenant du diuron (Dirimal, Quintet, Basalte, Fenican, Plurians, Invincible, Arpent, Compliss, Elron, Clairon GD, Amigo, Baral, Mascotte et Sourciel), utilisés en apport unique, ne sont pas touchées par ces mesures. En revanche, à partir de 1998, si certaines de ces spécialités entrent dans un programme de fractionnement, la dose cumulée en diuron sur l'année ne doit pas dépasser 1 800 g/ha. Chaque parcelle a ses particularités, aux niveaux floristique, topographique et environnemental. Le viticulteur est donc confronté à des problèmes variant d'une parcelle à l'autre. Bien que le nombre de matières actives utilisables soit limité, il peut néanmoins choisir entre différentes techniques pour raisonner son désherbage à la parcelle.Le désherbage de prélevée en application unique consiste à réaliser un seul apport d'herbicides avant le prédébourrement de la vigne afin de maîtriser les levées d'adventices annuelles (dicotylédones et graminées) et bisannuelles jusqu'aux vendanges. C'est la technique la plus pratiquée, car facile à mettre en oeuvre. Mais elle ne fait pas partie des pratiques les plus respectueuses de l'environnement.Le choix des spécialités se fera en fonction des adventices attendues : spécialités à base de triazine (terbuméton, terbuthylazine), de diuron + triazine (simazine, terbuthylazine), d'ixosaben, d'oryzalin, de norflurazon, de pendiméthaline ou de dichlobénil. En présence d'une flore mixte (dicotylédones et graminées) ou difficile (plantes résistantes), l'application de plusieurs herbicides est envisageable.On peut aussi réaliser le désherbage de prélevée en fractionnement, c'est-à-dire appliquer un herbicide de prélevée en deux fois : en prédébourrement puis entre la mi-mai et la mi-juin. A chaque application, la spécialité est à dose réduite. Cette technique est surtout réalisée avec les spécialités à base de diuron, triazine + diuron, norflurazon + diuron, oryzalin + diuron. En revanche, le fractionnement de la pendiméthaline est à proscrire pour des problèmes de phytotoxicité.Ce type de désherbage permet d'augmenter l'efficacité des spécialités sur les dicotylédones mal contrôlées en application unique. Il met en oeuvre le plus fréquemment une dose à l'hectare annuelle supérieure à la dose homologuée. Avec la nouvelle réglementation sur la simazine et le diuron, il sera plus difficile à effectuer, les nouvelles limites ne devant pas être dépassées.Le fractionnement est la meilleure façon d'optimiser les herbicides à base de triazine + diuron. Mais il est plus contraignant car le deuxième passage nécessite une adaptation du matériel (cache) et de l'organisation du travail.Il est clair que le fractionnement à base de diuron ou de triazine + diuron ne donne pas entière satisfaction vis-à-vis de l'environnement. Cependant, il le respecte plus que l'application unique.Le désherbage de prélevée en apports séquentiels se rapproche de la technique précédente mais les matières actives utilisées changent d'un apport à l'autre. Il permet d'alterner les matières actives dans le temps et de les employer à des doses plus modérées. En général, les matières actives pouvant être appliquées en premier apport sont l'oryzalin, le norflurazon, l'isoxaben et la pendiméthaline. A la deuxième application, il faudra opter pour des spécialités à base de diuron ou de triazine + diuron. Actuellement, des études sont menées sur l'efficacité de l'oryzalin et du norflurazon à dose réduite en deuxième passage les références manquent. Pour un meilleur respect de l'environnement, les apports séquentiels seraient à préférer au fractionnement.L'enherbement naturel maîtrisé (ENM) repose sur l'emploi exclusif d'herbicides de post-levée. Cette pratique est plus respectueuse de l'environnement, la majorité de ces herbicides étant facilement dégradables. Mais il faut tolérer la présence intermittente de mauvaises herbes pendant la campagne viticole. L'enherbement à l'automne et en hiver peut être un objectif.L'ENM a été expérimenté depuis plusieurs années : deux à trois applications par an (voire quatre exceptionnellement) suffisent pour maintenir un désherbage satisfaisant. De plus, aucun effet indirect néfaste de cette technique sur la vigne n'a été mis en évidence.Dans la pratique, l'ENM se traduit en général par une première application en prédébourrement, suivie par d'autres interventions réalisées dès que les adventices atteignent une hauteur maximale de 10 à 20 cm selon la région. Ce principe est donc de ' tirer à vue ', permettant ainsi de raisonner son désherbage. Le nombre de passages est lié en grande partie à la pluviométrie de l'année. L'herbicide et sa dose d'emploi seront choisis en fonction de la flore présente et de son développement. Pour l'ENM, des matières actives de contact ou systémiques sont utilisées. Les herbicides de contact (glufosinate, diquat et paraquat) sont souples d'emploi pendant la végétation, avec peu de risques de phytotoxicité. Mais les plantes les plus hautes peuvent protéger les plus basses. C'est ce que l'on appelle le phénomène ' de parapluie '.Les matières actives systémiques sont l'aminotriazole, le glyphosate et le sulfosate. Les herbicides de post-levée peuvent associer deux de ces matières actives ou un systémique et une matière active de contact. Avec les systémiques, le phénomène de parapluie est diminué mais le risque de phytotoxicité existe. Il est donc conseillé d'utiliser un matériel adapté (caches) pour éviter toutes projections sur la vigne. Le désherbage mixte est intermédiaire entre l'ENM et le désherbage séquentiel de prélevée. Il permet de limiter les doses d'emploi d'herbicides de prélevée et de pallier certaines contraintes de l'ENM (comme le troisième passage, par exemple). Plusieurs approches existent.La première est de réaliser, avant le débourrement de la vigne, une application d'un herbicide de prélevée (si possible une seule matière active) à dose réduite. Cet apport permet de retarder au maximum la deuxième intervention réalisée avec un herbicide de post-levée. La deuxième intervention et les autres, le cas échéant, suivent les mêmes règles d'intervention que celles pratiquées en ENM.La deuxième approche se base sur une application, uniquement d'herbicide de post-levée en prédébourrement, puis une deuxième intervention avec cette fois un herbicide de prélevée à demi-dose entre la mi-mai et la mi-juin. Dans ce cas, le viticulteur n'a pas besoin d'intervenir une troisième fois, même en année très pluvieuse. Pour l'instant, l'herbicide de prélevée utilisé est en général à base de diuron (1 200 et 1 500 g/ha). Comme pour le désherbage séquentiel, on étudie la possibilité de remplacer cette matière active par de l'oryzalin ou du norflurazon.De multiples possibilités de désherbage existent. Le vigneron peut donc facilement raisonner son intervention mais il doit respecter les bonnes pratiques agricoles : veiller à bien choisir la spécialité et la dose (adaptation à la flore présente et/ou attendue), à l'appliquer aux bonnes dates, à utiliser du matériel adapté et réglé convenablement, à bien gérer les fonds de cuve, tout cela dans le respect de l'environnement, notamment lorsque les bordures des parcelles sont proches d'un point d'eau ou d'un fossé.D'après la note nationale ' Désherbage ', rédigée par le groupe Columa vigne de l'Association nationale de protection des plantes (ANPP).

Le désherbage chimique de la vigne n'a cessé d'évoluer. Après les aspects techniques, avec l'apparition de plantes vivaces puis de plantes résistantes aux triazines, c'est l'aspect réglementaire qui a fait changé les choses. Les dernières décision, qui limitent la dose d'emploi des préparations à base de simazine à 1 000 g/ha/an et limiteront bientôt l'apport annuel de diuron à 1 800 g/ha, vont modifier les habitudes.Cette dernière mesure touchera beaucoup plus de spécialités que les restrictions portant sur la simazine : nombreux herbicides à base de diuron seul (Karmex, Séduron...) ou de diuron associé à d'autres matières actives (Solicam S, Melkior, Cléry, Trevi 10, Cernet, Iroquois, Végépron DS, Clairsol et Sollys). L'application unique ou le fractionnement de ces herbicides seront remis en cause dès l'année prochaine, avec à la clef de nouvelles homologations à dose réduite ou des retraits d'homologations si l'efficacité du produit est mise en péril.Les autres spécialités contenant du diuron (Dirimal, Quintet, Basalte, Fenican, Plurians, Invincible, Arpent, Compliss, Elron, Clairon GD, Amigo, Baral, Mascotte et Sourciel), utilisés en apport unique, ne sont pas touchées par ces mesures. En revanche, à partir de 1998, si certaines de ces spécialités entrent dans un programme de fractionnement, la dose cumulée en diuron sur l'année ne doit pas dépasser 1 800 g/ha. Chaque parcelle a ses particularités, aux niveaux floristique, topographique et environnemental. Le viticulteur est donc confronté à des problèmes variant d'une parcelle à l'autre. Bien que le nombre de matières actives utilisables soit limité, il peut néanmoins choisir entre différentes techniques pour raisonner son désherbage à la parcelle.Le désherbage de prélevée en application unique consiste à réaliser un seul apport d'herbicides avant le prédébourrement de la vigne afin de maîtriser les levées d'adventices annuelles (dicotylédones et graminées) et bisannuelles jusqu'aux vendanges. C'est la technique la plus pratiquée, car facile à mettre en oeuvre. Mais elle ne fait pas partie des pratiques les plus respectueuses de l'environnement.Le choix des spécialités se fera en fonction des adventices attendues : spécialités à base de triazine (terbuméton, terbuthylazine), de diuron + triazine (simazine, terbuthylazine), d'ixosaben, d'oryzalin, de norflurazon, de pendiméthaline ou de dichlobénil. En présence d'une flore mixte (dicotylédones et graminées) ou difficile (plantes résistantes), l'application de plusieurs herbicides est envisageable.On peut aussi réaliser le désherbage de prélevée en fractionnement, c'est-à-dire appliquer un herbicide de prélevée en deux fois : en prédébourrement puis entre la mi-mai et la mi-juin. A chaque application, la spécialité est à dose réduite. Cette technique est surtout réalisée avec les spécialités à base de diuron, triazine + diuron, norflurazon + diuron, oryzalin + diuron. En revanche, le fractionnement de la pendiméthaline est à proscrire pour des problèmes de phytotoxicité.Ce type de désherbage permet d'augmenter l'efficacité des spécialités sur les dicotylédones mal contrôlées en application unique. Il met en oeuvre le plus fréquemment une dose à l'hectare annuelle supérieure à la dose homologuée. Avec la nouvelle réglementation sur la simazine et le diuron, il sera plus difficile à effectuer, les nouvelles limites ne devant pas être dépassées.Le fractionnement est la meilleure façon d'optimiser les herbicides à base de triazine + diuron. Mais il est plus contraignant car le deuxième passage nécessite une adaptation du matériel (cache) et de l'organisation du travail.Il est clair que le fractionnement à base de diuron ou de triazine + diuron ne donne pas entière satisfaction vis-à-vis de l'environnement. Cependant, il le respecte plus que l'application unique.Le désherbage de prélevée en apports séquentiels se rapproche de la technique précédente mais les matières actives utilisées changent d'un apport à l'autre. Il permet d'alterner les matières actives dans le temps et de les employer à des doses plus modérées. En général, les matières actives pouvant être appliquées en premier apport sont l'oryzalin, le norflurazon, l'isoxaben et la pendiméthaline. A la deuxième application, il faudra opter pour des spécialités à base de diuron ou de triazine + diuron. Actuellement, des études sont menées sur l'efficacité de l'oryzalin et du norflurazon à dose réduite en deuxième passage les références manquent. Pour un meilleur respect de l'environnement, les apports séquentiels seraient à préférer au fractionnement.L'enherbement naturel maîtrisé (ENM) repose sur l'emploi exclusif d'herbicides de post-levée. Cette pratique est plus respectueuse de l'environnement, la majorité de ces herbicides étant facilement dégradables. Mais il faut tolérer la présence intermittente de mauvaises herbes pendant la campagne viticole. L'enherbement à l'automne et en hiver peut être un objectif.L'ENM a été expérimenté depuis plusieurs années : deux à trois applications par an (voire quatre exceptionnellement) suffisent pour maintenir un désherbage satisfaisant. De plus, aucun effet indirect néfaste de cette technique sur la vigne n'a été mis en évidence.Dans la pratique, l'ENM se traduit en général par une première application en prédébourrement, suivie par d'autres interventions réalisées dès que les adventices atteignent une hauteur maximale de 10 à 20 cm selon la région. Ce principe est donc de ' tirer à vue ', permettant ainsi de raisonner son désherbage. Le nombre de passages est lié en grande partie à la pluviométrie de l'année. L'herbicide et sa dose d'emploi seront choisis en fonction de la flore présente et de son développement. Pour l'ENM, des matières actives de contact ou systémiques sont utilisées. Les herbicides de contact (glufosinate, diquat et paraquat) sont souples d'emploi pendant la végétation, avec peu de risques de phytotoxicité. Mais les plantes les plus hautes peuvent protéger les plus basses. C'est ce que l'on appelle le phénomène ' de parapluie '.Les matières actives systémiques sont l'aminotriazole, le glyphosate et le sulfosate. Les herbicides de post-levée peuvent associer deux de ces matières actives ou un systémique et une matière active de contact. Avec les systémiques, le phénomène de parapluie est diminué mais le risque de phytotoxicité existe. Il est donc conseillé d'utiliser un matériel adapté (caches) pour éviter toutes projections sur la vigne. Le désherbage mixte est intermédiaire entre l'ENM et le désherbage séquentiel de prélevée. Il permet de limiter les doses d'emploi d'herbicides de prélevée et de pallier certaines contraintes de l'ENM (comme le troisième passage, par exemple). Plusieurs approches existent.La première est de réaliser, avant le débourrement de la vigne, une application d'un herbicide de prélevée (si possible une seule matière active) à dose réduite. Cet apport permet de retarder au maximum la deuxième intervention réalisée avec un herbicide de post-levée. La deuxième intervention et les autres, le cas échéant, suivent les mêmes règles d'intervention que celles pratiquées en ENM.La deuxième approche se base sur une application, uniquement d'herbicide de post-levée en prédébourrement, puis une deuxième intervention avec cette fois un herbicide de prélevée à demi-dose entre la mi-mai et la mi-juin. Dans ce cas, le viticulteur n'a pas besoin d'intervenir une troisième fois, même en année très pluvieuse. Pour l'instant, l'herbicide de prélevée utilisé est en général à base de diuron (1 200 et 1 500 g/ha). Comme pour le désherbage séquentiel, on étudie la possibilité de remplacer cette matière active par de l'oryzalin ou du norflurazon.De multiples possibilités de désherbage existent. Le vigneron peut donc facilement raisonner son intervention mais il doit respecter les bonnes pratiques agricoles : veiller à bien choisir la spécialité et la dose (adaptation à la flore présente et/ou attendue), à l'appliquer aux bonnes dates, à utiliser du matériel adapté et réglé convenablement, à bien gérer les fonds de cuve, tout cela dans le respect de l'environnement, notamment lorsque les bordures des parcelles sont proches d'un point d'eau ou d'un fossé.D'après la note nationale ' Désherbage ', rédigée par le groupe Columa vigne de l'Association nationale de protection des plantes (ANPP).

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