Implantation massive de producteurs et de négociants venus d'ailleurs, succès des vins de cépages, hiérarchisation des jeunes appellations... Comme jamais, le Languedoc, plus grand vignoble de France, est au centre de l'actualité. Une chance pour notre pays.
Implantation massive de producteurs et de négociants venus d'ailleurs, succès des vins de cépages, hiérarchisation des jeunes appellations... Comme jamais, le Languedoc, plus grand vignoble de France, est au centre de l'actualité. Une chance pour notre pays.
Après quinze ans de mutation grâce aux cépages améliorateurs et à de nouveaux équipements, le Languedoc perd son image de bas de gamme pour devenir l'un des vignobles à plus fort potentiel qualitatif du monde. ' Le Languedoc propose aujourd'hui des rapports qualité-prix imbattables. Sur ce plan-là, à l'échelon mondial, cela se joue entre l'Amérique du Sud et le Languedoc. 'François Lurton est négociant dans le Bordelais et parcourt les vignobles du monde entier. ' Nous sommes dans le Languedoc depuis dix ans, en compagnie de bien d'autres opérateurs étrangers; ceux qui s'installent maintenant n'auront que des miettes. 'Pourtant, on note une accélération du mouvement : de nombreux négociants bordelais (William Pitters...), bourguignons (Boisset, Moillard, Laroche...), alsacien (Doff et Irion) mais aussi étrangers (l'Australien Hardy...) choisissent d'investir dans cette région. Les raisons sont diverses mais tous ont une expression dans la bouche, ' le potentiel de développement '.Il ne s'agit pas ici de savoir si tel ou tel vignoble français produit des meilleurs vins que son voisin. Chacun a ses points forts et ses points faibles. Ce qui est remarquable avec cette émergence du vignoble languedocien, c'est qu'on a l'impression qu'elle déplace le centre de gravité de la viticulture nationale vers le sud du pays. En même temps, elle permet à la France d'être présente sur les marchés porteurs des vins de cépages.Nul n'étant prophète en son pays, nous avons surtout rendu visite aux nouveaux arrivants dans ce vignoble pour comprendre leurs motivations. Notre but n'est pas de refaire l'historique de la région mais d'apporter des témoignages. ' Nous savons tous d'où nous venons, explique un responsable local, la ' bibine ', la mauvaise image, le dilettantisme. Voir ces grands noms venir s'installer dans la région, c'est un début de reconnaissance. Cela tire la région vers le haut. Nos vins sont meilleurs, il faut maintenant le faire savoir. Ce sont des apports de notoriété. Il n'y a pas si longtemps, on nous regardait avec condescendance. Mais ne soyons pas naïfs, le chemin est long : certains ne croient pas à la pérennité du marché des cépages et les appellations, sauf pour certains châteaux bien vinifiés et haut de gamme, sont peu rémunératrices. ' Alors ce Languedoc qui attire les convoitises, un nouvel Eldorado? ' Depuis dix-huit mois, nous notons une accélération du marché des transactions ', explique-t-on à Vignobles investissement, une société immobilière installée à Montpellier et spécialisée dans les domaines viticoles. Il y a plusieurs catégories d'acheteurs : l'oenophile, souvent profession libérale ou industriel, qui entame une nouvelle vie professionnelle, comme le promoteur Jacques Ribourel ou l'ancien patron de K-Way qui ont investi; ceux qui, d'une manière ou d'une autre, sont vignerons (parfois vigneron-négociant) dans d'autres régions et qui se diversifient dans le Languedoc, croyant le plus souvent dans l'appellation; enfin, les négociants puissants qui voient des opportunités de marché, plus ou moins durables, dans les vins de pays, qu'ils soient d'assemblage ou de cépage. Le tout en complément de gamme.' Le principal intérêt du Languedoc, c'est son faible coût foncier, analyse-t-on chez Vignobles investissement, autant par rapport aux autres vignobles français qu'à l'Europe. Il faut compter 80 000 F/ha environ dans l'Hérault ou dans l'Aude pour des vignes en appellation. D'ailleurs, la fourchette a tendance à s'élargir pour aller de 50 000 F à 120 000 F pour une belle parcelle de syrah palissée. La hiérarchie qualitative des terrains se met en place. Depuis cinq à six ans, les prix se tiennent. Nous ne voyons pas à terme leur flambée mais le renforcement de micromarchés. Mais le foncier n'est qu'un élément, la valeur du bien dépendant aussi de la configuration du domaine, de l'unité physique. En l'espèce, les Corbières et le Minervois sont les mieux placés. Il y aura dans notre région une redistribution des cartes d'ici à l'an 2000. Les investissements étrangers peuvent s'intensifier. 'Au-delà de l'idée de gain économique, il y a souvent derrière une acquisition, des paramètres liés à un cadre de vie, à des choix passionnels. ' Le Languedoc a été porté en termes d'image par sa localisation géographique. Le pourtour méditerranéen, le Midi, cela plaît aux pays du nord de l'Europe, notamment aux Britanniques. N'oublions pas que les vins de cette région sont aujourd'hui mieux considérés à l'étranger qu'en France, explique Patrick Aigrain, consultant au cabinet DVA, spécialiste de l'économie viticole. Ne nous leurrons pas : l'image du Languedoc faisant de grands vins n'est pas encore passée auprès du grand public. Mais auprès des distributeurs, cela progresse ', ajoute-t-il. Il ne semble pas illogique de faire une relation entre cet engouement pour le Languedoc, comme une espèce de ' vignoble vierge ' et donc à conquérir - certains parlent même de Californie de l'Europe, et d'un autre côté, le fait que dans la plupart des autres vignobles nationaux, beaucoup de producteurs se sentent à l'étroit par manque de droits de plantation, ce fameux droit à la croissance. ' Le Languedoc est vu comme un vignoble de liberté mais uniquement pour les vins de cépages, commente un responsable local. Car évidemment pour les appellations, c'est la même chose qu'ailleurs, parfois même plus sévère car on vient de plus loin, on doit faire nos preuves. Sans compter nos rendements plus faibles que la moyenne nationale. A nous la liberté et aux autres le cadenas... Non, mais à nous la marge de progression et ailleurs des perspectives un peu plus bouchées, oui '. Et tout cela relève souvent de l'irrationnel : heureusement des marges de progression existent aussi ailleurs! ' Nous allons voir dans un premier temps les motivations d'achat à travers des exemples rencontrés sur place. Puis analyser le (faux) débat AOC ou vins de pays en tant que voie à suivre; avant de terminer par la commercialisation des vins de ce vignoble, tirée par l'exportation et les GMS.
Après quinze ans de mutation grâce aux cépages améliorateurs et à de nouveaux équipements, le Languedoc perd son image de bas de gamme pour devenir l'un des vignobles à plus fort potentiel qualitatif du monde. ' Le Languedoc propose aujourd'hui des rapports qualité-prix imbattables. Sur ce plan-là, à l'échelon mondial, cela se joue entre l'Amérique du Sud et le Languedoc. 'François Lurton est négociant dans le Bordelais et parcourt les vignobles du monde entier. ' Nous sommes dans le Languedoc depuis dix ans, en compagnie de bien d'autres opérateurs étrangers; ceux qui s'installent maintenant n'auront que des miettes. 'Pourtant, on note une accélération du mouvement : de nombreux négociants bordelais (William Pitters...), bourguignons (Boisset, Moillard, Laroche...), alsacien (Doff et Irion) mais aussi étrangers (l'Australien Hardy...) choisissent d'investir dans cette région. Les raisons sont diverses mais tous ont une expression dans la bouche, ' le potentiel de développement '.Il ne s'agit pas ici de savoir si tel ou tel vignoble français produit des meilleurs vins que son voisin. Chacun a ses points forts et ses points faibles. Ce qui est remarquable avec cette émergence du vignoble languedocien, c'est qu'on a l'impression qu'elle déplace le centre de gravité de la viticulture nationale vers le sud du pays. En même temps, elle permet à la France d'être présente sur les marchés porteurs des vins de cépages.Nul n'étant prophète en son pays, nous avons surtout rendu visite aux nouveaux arrivants dans ce vignoble pour comprendre leurs motivations. Notre but n'est pas de refaire l'historique de la région mais d'apporter des témoignages. ' Nous savons tous d'où nous venons, explique un responsable local, la ' bibine ', la mauvaise image, le dilettantisme. Voir ces grands noms venir s'installer dans la région, c'est un début de reconnaissance. Cela tire la région vers le haut. Nos vins sont meilleurs, il faut maintenant le faire savoir. Ce sont des apports de notoriété. Il n'y a pas si longtemps, on nous regardait avec condescendance. Mais ne soyons pas naïfs, le chemin est long : certains ne croient pas à la pérennité du marché des cépages et les appellations, sauf pour certains châteaux bien vinifiés et haut de gamme, sont peu rémunératrices. ' Alors ce Languedoc qui attire les convoitises, un nouvel Eldorado? ' Depuis dix-huit mois, nous notons une accélération du marché des transactions ', explique-t-on à Vignobles investissement, une société immobilière installée à Montpellier et spécialisée dans les domaines viticoles. Il y a plusieurs catégories d'acheteurs : l'oenophile, souvent profession libérale ou industriel, qui entame une nouvelle vie professionnelle, comme le promoteur Jacques Ribourel ou l'ancien patron de K-Way qui ont investi; ceux qui, d'une manière ou d'une autre, sont vignerons (parfois vigneron-négociant) dans d'autres régions et qui se diversifient dans le Languedoc, croyant le plus souvent dans l'appellation; enfin, les négociants puissants qui voient des opportunités de marché, plus ou moins durables, dans les vins de pays, qu'ils soient d'assemblage ou de cépage. Le tout en complément de gamme.' Le principal intérêt du Languedoc, c'est son faible coût foncier, analyse-t-on chez Vignobles investissement, autant par rapport aux autres vignobles français qu'à l'Europe. Il faut compter 80 000 F/ha environ dans l'Hérault ou dans l'Aude pour des vignes en appellation. D'ailleurs, la fourchette a tendance à s'élargir pour aller de 50 000 F à 120 000 F pour une belle parcelle de syrah palissée. La hiérarchie qualitative des terrains se met en place. Depuis cinq à six ans, les prix se tiennent. Nous ne voyons pas à terme leur flambée mais le renforcement de micromarchés. Mais le foncier n'est qu'un élément, la valeur du bien dépendant aussi de la configuration du domaine, de l'unité physique. En l'espèce, les Corbières et le Minervois sont les mieux placés. Il y aura dans notre région une redistribution des cartes d'ici à l'an 2000. Les investissements étrangers peuvent s'intensifier. 'Au-delà de l'idée de gain économique, il y a souvent derrière une acquisition, des paramètres liés à un cadre de vie, à des choix passionnels. ' Le Languedoc a été porté en termes d'image par sa localisation géographique. Le pourtour méditerranéen, le Midi, cela plaît aux pays du nord de l'Europe, notamment aux Britanniques. N'oublions pas que les vins de cette région sont aujourd'hui mieux considérés à l'étranger qu'en France, explique Patrick Aigrain, consultant au cabinet DVA, spécialiste de l'économie viticole. Ne nous leurrons pas : l'image du Languedoc faisant de grands vins n'est pas encore passée auprès du grand public. Mais auprès des distributeurs, cela progresse ', ajoute-t-il. Il ne semble pas illogique de faire une relation entre cet engouement pour le Languedoc, comme une espèce de ' vignoble vierge ' et donc à conquérir - certains parlent même de Californie de l'Europe, et d'un autre côté, le fait que dans la plupart des autres vignobles nationaux, beaucoup de producteurs se sentent à l'étroit par manque de droits de plantation, ce fameux droit à la croissance. ' Le Languedoc est vu comme un vignoble de liberté mais uniquement pour les vins de cépages, commente un responsable local. Car évidemment pour les appellations, c'est la même chose qu'ailleurs, parfois même plus sévère car on vient de plus loin, on doit faire nos preuves. Sans compter nos rendements plus faibles que la moyenne nationale. A nous la liberté et aux autres le cadenas... Non, mais à nous la marge de progression et ailleurs des perspectives un peu plus bouchées, oui '. Et tout cela relève souvent de l'irrationnel : heureusement des marges de progression existent aussi ailleurs! ' Nous allons voir dans un premier temps les motivations d'achat à travers des exemples rencontrés sur place. Puis analyser le (faux) débat AOC ou vins de pays en tant que voie à suivre; avant de terminer par la commercialisation des vins de ce vignoble, tirée par l'exportation et les GMS.