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Californie : un dynamisme inépuisable

La vigne - n°76 - avril 1997 - page 0

La Californie représente 90 % de la production américaine, ce qui fait de cet Etat le quatrième producteur du monde, à égalité avec l'Argentine, et derrière l'Italie, la France et l'Espagne. Après un demi-siècle entre parenthèses, la viticulture californienne renaissait de ses cendres dans les années soixante. Aujourd'hui, l'effort continue pour produire encore mieux et vendre toujours plus.

La Californie représente 90 % de la production américaine, ce qui fait de cet Etat le quatrième producteur du monde, à égalité avec l'Argentine, et derrière l'Italie, la France et l'Espagne. Après un demi-siècle entre parenthèses, la viticulture californienne renaissait de ses cendres dans les années soixante. Aujourd'hui, l'effort continue pour produire encore mieux et vendre toujours plus.

Les soubresauts de l'histoire des Etats-Unis - connus grâce aux nombreux films qui y sont consacrés - ont rythmé le développement du vignoble californien. Tout a commencé il y a plus de deux cents ans avec les missionnaires franciscains qui s'étaient installés dans le sud de l'Etat. Au milieu du XIXe siècle, la ruée vers l'or provoquait un afflux de population dans la moitié nord de l'Etat. De nouvelles variétés arrivèrent dans les bagages des colons européens et le nombre de wineries augmenta régulièrement jusqu'en 1890. A partir de cette date, les catastrophes se succèdent. Le phylloxéra ravage les vignobles plantés avec des plants européens avec autant d'efficacité qu'en France.Mais le coup de grâce est donné en 1920 avec l'application de la prohibition qui durera jusqu'en 1933. Pendant cette période, l'élaboration, la vente ou le transport de toute boisson alcoolisée sont interdits. Les vignerons de l'époque imaginent de nombreux subterfuges. Certains cultivent des variétés à peau épaisse capables de supporter le transport afin que les acheteurs fassent leur vin eux-mêmes. D'autres vendent du jus de raisin accompagné d'un petit sachet de levures.Cependant, dans ce pays où la viticulture est jeune et donc peu ancrée dans la tradition, la prohibition provoqua l'effondrement du secteur. Viennent s'ajouter à cela la grande crise économique et la Seconde Guerre mondiale.' Tous ces événements mis bout à bout font que deux générations ont été élevées loin du vin, tant au niveau de la production que de la consommation, explique un professionnel. Pour les vignerons et les winemakers, c'était une énorme perte de savoir-faire. Quant aux consommateurs, le vin ne faisait tout simplement plus partie de leur univers. ' Le secteur viticole a refait surface vers 1950 mais ce n'est que dans les années soixante que l'heure de la reconquête a sonné. En trente ans, la surface du vignoble californien est passée de 44 000 à 140 000 hectares, de 5 à 15 millions d'hectolitres et de 230 à 800 wineries.Actuellement, les opérateurs doivent faire face à un manque de vin. Ceci résulte des deux tendances suivantes. D'une part, la demande sur le marché américain est en hausse grâce aux effets conjugués du French paradox et de la meilleure santé économique du pays. La consommation par habitant et par an demeure actuellement inférieure à 7 l/an, ce qui laisse une bonne marge de progression! D'autre part, l'offre de raisins de cuve se maintient à 2,2 millions de tonnes par an depuis 1988. La production n'augmente pas car de nombreuses vignes, récemment replantées pour cause de phylloxéra ou de maladie de Pierce, ne sont pas encore en production (voir p. 84). Selon les sources, on estime que 10 à 20 % du vignoble ne serait pas en production actuellement.La filière viticole californienne s'organise de la manière suivante : les wineries vinifient, comme leur nom l'indique, du raisin provenant de leur propre domaine ou acheté à d'autres; ces structures équivalent aux négociants éleveurs que l'on trouve, par exemple, en Bourgogne. Les growers se contentent de produire du raisin et de le vendre. La structure coopérative est peu prisée aux Etats-Unis; les Américains expliquent cela par leur caractère individualiste.Growers et wineries sont liés par la loi de l'offre et de la demande. Dans le climat légèrement tendu, les wineries cherchent à établir des contrats écrits avec les growers car à défaut de fixer un prix, cela garantit un approvisionnement. Certaines wineries établissent des contrats de préplantation avec les producteurs. ' Cela leur permet d'obtenir les prêts bancaires pour planter et nous garantit un approvisionnement en général pour cinq ans, explique la responsable d'une winery. Pour les prix, nous nous basons sur la moyenne de l'Etat l'année précédente, plus 20 %. ' Les prix moyens enregistrés en 1996 étaient, par exemple, de 6 220 F par tonne pour le chardonnay (+ 27 % par rapport à 1995), 6 490 F par tonne pour le merlot (+ 8 %) et 6 020 F/tonne pour le cabernet sauvignon (+ 26 %).Ces moyennes masquent bien sûr de grandes disparités et il semble que certains contrats de chardonnay aient dépassé les 10 000 F/t... ' De toutes façons, ceux qui nous claquent entre les doigts aujourd'hui pour aller se vendre au plus offrant, je m'en souviendrai le jour où la situation sera inversée et la balle dans notre camp ', prévient un négociant. Les tableaux ci-contre donnent une idée de la répartition des surfaces selon les cépages : il y a autant de blancs que de rouges. On voit que pour les premiers, quatre variétés occupent 87 % des surfaces alors que l'encépagement est plus diversifié pour les rouges puisque les six principales variétés ne représentent que 77 % des surfaces. Ceci masque l'émergence de ' nouvelles ' variétés françaises comme le viognier, le sémillon et la syrah mais aussi de variétés italiennes comme le nebbiolo et le sangiovese.Dans cet Etat de 411 000 km², le vignoble couvre 140 000 ha. Par comparaison, le vignoble français occupe 890 000 ha sur un territoire de 549 000 km². La principale zone de production en Californie est la vallée centrale qui représente plus de la moitié des surfaces et environ 80 % de la production. La célèbre Napa Valley ne représente que 10 % des surfaces et 4 % de la production californienne mais elle a su attirer un quart des wineries californiennes. Il faut dire que Napa valley est le deuxième pôle touristique de Californie après... Disneyland.1 dollar US = 5,50 FF.

Les soubresauts de l'histoire des Etats-Unis - connus grâce aux nombreux films qui y sont consacrés - ont rythmé le développement du vignoble californien. Tout a commencé il y a plus de deux cents ans avec les missionnaires franciscains qui s'étaient installés dans le sud de l'Etat. Au milieu du XIXe siècle, la ruée vers l'or provoquait un afflux de population dans la moitié nord de l'Etat. De nouvelles variétés arrivèrent dans les bagages des colons européens et le nombre de wineries augmenta régulièrement jusqu'en 1890. A partir de cette date, les catastrophes se succèdent. Le phylloxéra ravage les vignobles plantés avec des plants européens avec autant d'efficacité qu'en France.Mais le coup de grâce est donné en 1920 avec l'application de la prohibition qui durera jusqu'en 1933. Pendant cette période, l'élaboration, la vente ou le transport de toute boisson alcoolisée sont interdits. Les vignerons de l'époque imaginent de nombreux subterfuges. Certains cultivent des variétés à peau épaisse capables de supporter le transport afin que les acheteurs fassent leur vin eux-mêmes. D'autres vendent du jus de raisin accompagné d'un petit sachet de levures.Cependant, dans ce pays où la viticulture est jeune et donc peu ancrée dans la tradition, la prohibition provoqua l'effondrement du secteur. Viennent s'ajouter à cela la grande crise économique et la Seconde Guerre mondiale.' Tous ces événements mis bout à bout font que deux générations ont été élevées loin du vin, tant au niveau de la production que de la consommation, explique un professionnel. Pour les vignerons et les winemakers, c'était une énorme perte de savoir-faire. Quant aux consommateurs, le vin ne faisait tout simplement plus partie de leur univers. ' Le secteur viticole a refait surface vers 1950 mais ce n'est que dans les années soixante que l'heure de la reconquête a sonné. En trente ans, la surface du vignoble californien est passée de 44 000 à 140 000 hectares, de 5 à 15 millions d'hectolitres et de 230 à 800 wineries.Actuellement, les opérateurs doivent faire face à un manque de vin. Ceci résulte des deux tendances suivantes. D'une part, la demande sur le marché américain est en hausse grâce aux effets conjugués du French paradox et de la meilleure santé économique du pays. La consommation par habitant et par an demeure actuellement inférieure à 7 l/an, ce qui laisse une bonne marge de progression! D'autre part, l'offre de raisins de cuve se maintient à 2,2 millions de tonnes par an depuis 1988. La production n'augmente pas car de nombreuses vignes, récemment replantées pour cause de phylloxéra ou de maladie de Pierce, ne sont pas encore en production (voir p. 84). Selon les sources, on estime que 10 à 20 % du vignoble ne serait pas en production actuellement.La filière viticole californienne s'organise de la manière suivante : les wineries vinifient, comme leur nom l'indique, du raisin provenant de leur propre domaine ou acheté à d'autres; ces structures équivalent aux négociants éleveurs que l'on trouve, par exemple, en Bourgogne. Les growers se contentent de produire du raisin et de le vendre. La structure coopérative est peu prisée aux Etats-Unis; les Américains expliquent cela par leur caractère individualiste.Growers et wineries sont liés par la loi de l'offre et de la demande. Dans le climat légèrement tendu, les wineries cherchent à établir des contrats écrits avec les growers car à défaut de fixer un prix, cela garantit un approvisionnement. Certaines wineries établissent des contrats de préplantation avec les producteurs. ' Cela leur permet d'obtenir les prêts bancaires pour planter et nous garantit un approvisionnement en général pour cinq ans, explique la responsable d'une winery. Pour les prix, nous nous basons sur la moyenne de l'Etat l'année précédente, plus 20 %. ' Les prix moyens enregistrés en 1996 étaient, par exemple, de 6 220 F par tonne pour le chardonnay (+ 27 % par rapport à 1995), 6 490 F par tonne pour le merlot (+ 8 %) et 6 020 F/tonne pour le cabernet sauvignon (+ 26 %).Ces moyennes masquent bien sûr de grandes disparités et il semble que certains contrats de chardonnay aient dépassé les 10 000 F/t... ' De toutes façons, ceux qui nous claquent entre les doigts aujourd'hui pour aller se vendre au plus offrant, je m'en souviendrai le jour où la situation sera inversée et la balle dans notre camp ', prévient un négociant. Les tableaux ci-contre donnent une idée de la répartition des surfaces selon les cépages : il y a autant de blancs que de rouges. On voit que pour les premiers, quatre variétés occupent 87 % des surfaces alors que l'encépagement est plus diversifié pour les rouges puisque les six principales variétés ne représentent que 77 % des surfaces. Ceci masque l'émergence de ' nouvelles ' variétés françaises comme le viognier, le sémillon et la syrah mais aussi de variétés italiennes comme le nebbiolo et le sangiovese.Dans cet Etat de 411 000 km², le vignoble couvre 140 000 ha. Par comparaison, le vignoble français occupe 890 000 ha sur un territoire de 549 000 km². La principale zone de production en Californie est la vallée centrale qui représente plus de la moitié des surfaces et environ 80 % de la production. La célèbre Napa Valley ne représente que 10 % des surfaces et 4 % de la production californienne mais elle a su attirer un quart des wineries californiennes. Il faut dire que Napa valley est le deuxième pôle touristique de Californie après... Disneyland.1 dollar US = 5,50 FF.

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