L'échange de matériel génétique entre micro-organismes est un phénomène naturel qui s'est produit pendant des millions d'années, entre autres dans les levures. C'est en fait la base de l'évolution des êtres vivants. Avec la technologie de recombinaison de l'ADN, les scientifiques ont perfectionné des méthodes pour introduire des gènes nouveaux au sein de levures, changeant ainsi l'une de leurs propriétés spécifiques. Cette technologie peut être utilisée pour obtenir des souches de levures qui pourraient offrir des avantages substantiels en termes de facilité de production, de qualité et d'innocuité des vins. C'est aux scientifiques de convaincre les producteurs et le public que les levures génétiquement modifiées sont d'une utilisation totalement sûre et avantageuse. Le principal inconvénient de certaines souches génétiquement modifiées est qu'elles contiennent des gènes de résistance à des antibiotiques. Il est inacceptable de les lâcher dans la nature en raison des risques de dispersion de ces gènes de résistance. Heureusement, des gènes intéressants peuvent être intégrés dans le génome par recombinaison homologue qui est un procédé naturel pour la levure. En fait, ce sont les gènes effectivement introduits dans une levure qui devraient déterminer si son emploi est sûr, et non le fait que la levure ait été modifiée. Selon moi, de nouveaux développements dans l'industrie vinicole seront amenés par la technologie. Les besoins des vinificateurs et le désir des consommateurs de boire des vins sains et de haute qualité pourraient conduire à l'utilisation de levures génétiquement modifiées dans les prochaines années. ' Il faut être prudent avec les plantes cultivées, qui sont susceptibles de se croiser avec des espèces sauvages. Dans leur cas, on risque la diffusion du gène nouveau que l'on introduit. On risque donc de répandre un gène de résistance dans la nature. Avec la vigne, ce problème ne se pose pas car elle ne se croise pas avec des espèces sauvages. Voilà pour l'argument technique. Il y a aussi un aspect économique. Si demain, un chercheur de Nouvelle-Zélande, d'Australie ou d'Amérique du Nord obtient une vigne résistante aux principales maladies, les producteurs de ces pays-là auront un avantage concurrentiel par rapport aux nôtres. Or, nous exportons 40 % de notre production. Nous ne pouvons donc pas nous permettre de perdre du terrain face aux autres. Il ne faut pas s'interdire de suivre le progrès scientifique mondial alors que notre produit est largement exporté. Le troisième aspect relève de la perception des choses par le consommateur. La modification génétique conduit à la synthèse de nouvelles protéines par la plante transformée. Il n'y a pas de protéines dans le vin. Il n'est donc pas transformé par la modification génétique de la vigne. Il y a là un message scientifique qu'il ne sera pas simple de faire passer. ' Techniquement, il est évident que le génie génétique présente un plus. Il permet de faire des choses que l'on ne peut pas faire autrement, comme d'introduire le gène d'un organisme qui n'est pas compatible sexuellement avec la vigne. Cela ouvre des horizons très intéressants. On peut espérer rendre la vigne résistante à des maladies ou à des virus. Cette évolution doit être réfléchie. Le génie génétique pose des questions de biosécurité que nous maîtrisons totalement dans le cas de la vigne. Il soulève également des problèmes d'image. De ce point de vue là, il y a un travail d'information à faire et qui se met en place. L'Inra prépare un document orienté vers les professionnels. Ce sont eux et les consommateurs qui vont décider. Il y a tout un travail à faire pour qu'ils puissent juger le plus sereinement possible. Ce n'est pas toujours facile face aux intégristes de l'écologie qui balancent des informations fausses et débiles. On nous dit que nous faisons des choses contre nature. Ce n'est pas vrai car lorsqu'on compare le génome des plantes à celui des virus, on constate beaucoup de similitudes. Cela ne s'explique que si l'on admet qu'il y a eu, au cours de l'évolution, des échanges d'informations génétiques entre les plantes et les virus. Nous ne faisons qu'accélérer et réaliser à une grande échelle ce qui se fait déjà dans la nature. On nous dit aussi que nous allons provoquer des allergies. Mais de tels phénomènes se sont déjà produits lors de l'introduction des kiwis en Europe ou lors de la mise en marché de certaines nouvelles variétés de tomates améliorées par croisement avec des espèces sauvages. De ce côté-là, il n'y a donc rien de nouveau sous le soleil. Il faut être raisonnable car il y a un avantage énorme à la transformation génétique. Il y a aussi des précautions à prendre mais ce sont les mêmes que celles qui doivent être prises dès lors que l'on fait de la sélection. Un autre aspect extrêmement important est celui de l'étiquetage des produits issus de plants transformés. Or, dans ce domaine, nous ne savons pas très bien où nous allons. Malgré ces incertitudes, je pense que les choses vont avancer dans le bon sens.
L'échange de matériel génétique entre micro-organismes est un phénomène naturel qui s'est produit pendant des millions d'années, entre autres dans les levures. C'est en fait la base de l'évolution des êtres vivants. Avec la technologie de recombinaison de l'ADN, les scientifiques ont perfectionné des méthodes pour introduire des gènes nouveaux au sein de levures, changeant ainsi l'une de leurs propriétés spécifiques. Cette technologie peut être utilisée pour obtenir des souches de levures qui pourraient offrir des avantages substantiels en termes de facilité de production, de qualité et d'innocuité des vins. C'est aux scientifiques de convaincre les producteurs et le public que les levures génétiquement modifiées sont d'une utilisation totalement sûre et avantageuse. Le principal inconvénient de certaines souches génétiquement modifiées est qu'elles contiennent des gènes de résistance à des antibiotiques. Il est inacceptable de les lâcher dans la nature en raison des risques de dispersion de ces gènes de résistance. Heureusement, des gènes intéressants peuvent être intégrés dans le génome par recombinaison homologue qui est un procédé naturel pour la levure. En fait, ce sont les gènes effectivement introduits dans une levure qui devraient déterminer si son emploi est sûr, et non le fait que la levure ait été modifiée. Selon moi, de nouveaux développements dans l'industrie vinicole seront amenés par la technologie. Les besoins des vinificateurs et le désir des consommateurs de boire des vins sains et de haute qualité pourraient conduire à l'utilisation de levures génétiquement modifiées dans les prochaines années. ' Il faut être prudent avec les plantes cultivées, qui sont susceptibles de se croiser avec des espèces sauvages. Dans leur cas, on risque la diffusion du gène nouveau que l'on introduit. On risque donc de répandre un gène de résistance dans la nature. Avec la vigne, ce problème ne se pose pas car elle ne se croise pas avec des espèces sauvages. Voilà pour l'argument technique. Il y a aussi un aspect économique. Si demain, un chercheur de Nouvelle-Zélande, d'Australie ou d'Amérique du Nord obtient une vigne résistante aux principales maladies, les producteurs de ces pays-là auront un avantage concurrentiel par rapport aux nôtres. Or, nous exportons 40 % de notre production. Nous ne pouvons donc pas nous permettre de perdre du terrain face aux autres. Il ne faut pas s'interdire de suivre le progrès scientifique mondial alors que notre produit est largement exporté. Le troisième aspect relève de la perception des choses par le consommateur. La modification génétique conduit à la synthèse de nouvelles protéines par la plante transformée. Il n'y a pas de protéines dans le vin. Il n'est donc pas transformé par la modification génétique de la vigne. Il y a là un message scientifique qu'il ne sera pas simple de faire passer. ' Techniquement, il est évident que le génie génétique présente un plus. Il permet de faire des choses que l'on ne peut pas faire autrement, comme d'introduire le gène d'un organisme qui n'est pas compatible sexuellement avec la vigne. Cela ouvre des horizons très intéressants. On peut espérer rendre la vigne résistante à des maladies ou à des virus. Cette évolution doit être réfléchie. Le génie génétique pose des questions de biosécurité que nous maîtrisons totalement dans le cas de la vigne. Il soulève également des problèmes d'image. De ce point de vue là, il y a un travail d'information à faire et qui se met en place. L'Inra prépare un document orienté vers les professionnels. Ce sont eux et les consommateurs qui vont décider. Il y a tout un travail à faire pour qu'ils puissent juger le plus sereinement possible. Ce n'est pas toujours facile face aux intégristes de l'écologie qui balancent des informations fausses et débiles. On nous dit que nous faisons des choses contre nature. Ce n'est pas vrai car lorsqu'on compare le génome des plantes à celui des virus, on constate beaucoup de similitudes. Cela ne s'explique que si l'on admet qu'il y a eu, au cours de l'évolution, des échanges d'informations génétiques entre les plantes et les virus. Nous ne faisons qu'accélérer et réaliser à une grande échelle ce qui se fait déjà dans la nature. On nous dit aussi que nous allons provoquer des allergies. Mais de tels phénomènes se sont déjà produits lors de l'introduction des kiwis en Europe ou lors de la mise en marché de certaines nouvelles variétés de tomates améliorées par croisement avec des espèces sauvages. De ce côté-là, il n'y a donc rien de nouveau sous le soleil. Il faut être raisonnable car il y a un avantage énorme à la transformation génétique. Il y a aussi des précautions à prendre mais ce sont les mêmes que celles qui doivent être prises dès lors que l'on fait de la sélection. Un autre aspect extrêmement important est celui de l'étiquetage des produits issus de plants transformés. Or, dans ce domaine, nous ne savons pas très bien où nous allons. Malgré ces incertitudes, je pense que les choses vont avancer dans le bon sens.