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La certification change une coop

La vigne - n°77 - mai 1997 - page 0

Assurance qualité et certification riment souvent avec contraintes et perte d'autonomie. Pourtant, les adhérents des coopératives certifiées en amont sont plutôt satisfaits de cette démarche. Résultats : revenu souvent en progression, coûts de culture réduits et établissement d'une réelle communication entre les adhérents.

Assurance qualité et certification riment souvent avec contraintes et perte d'autonomie. Pourtant, les adhérents des coopératives certifiées en amont sont plutôt satisfaits de cette démarche. Résultats : revenu souvent en progression, coûts de culture réduits et établissement d'une réelle communication entre les adhérents.

Quels que soient le rendement et la qualité de mon raisin, la coopérative se débrouillera... Ce discours, parfois entendu, devient proscrit dans quelques coopératives. Notamment aux Vignerons des Beaumes-de-Venise (Vaucluse), à La Chablisienne (Yonne), chez Anne de Joyeuse (Aude) ou encore à l'union de producteurs de Saint-Emilion (Gironde). Ces coopératives ont entamé une démarche qualité au vignoble il y a plusieurs années, avec pour objectif premier de responsabiliser leurs adhérents et d'améliorer la qualité des apports, donc du vin. Résultat : les clients sont plus fidèles, les ventes progressent et certains distributeurs, surtout les Britanniques, sont rassurés par la traçabilité du produit.Les nouvelles règles du jeu de ces coopératives - très impliquantes car elles interviennent pour le paiement des raisins - ont été fixées par les adhérents eux-mêmes. Ou plutôt par une commission rassemblant les ' volontaires au progrès '. Ainsi, les objectifs fixés sont-ils réalisables et surtout plus facilement acceptés par les autres adhérents. Car cette volonté de mieux produire a effrayé de nombreux vignerons qui voyaient là des papiers supplémentaires à remplir et une perte d'autonomie. Les différentes coopératives précitées ont globalement adopté la même méthodologie avec toutefois quelques différences : la cave de Beaumes-de-Venise est certifiée Iso 9 002 pour le processus complet vitivinicole. La Chablisienne, de son côté, a obtenu la certification Agri-confiance (mise en place par la Confédération française de la coopération agricole) pour la production et la réception de ses moûts. Même distinction pour la coopérative de Saint-Emilion. Quant à la cave Anne de Joyeuse, elle applique globalement la même politique que les trois autres coopératives mais travaille de façon autonome, sans signe de reconnaissance officiel.Pour Laurence Hugou, responsable qualité à l'Institut coopératif du vin de Nîmes, la marge de progression se situe davantage dans les vignes que dans le travail de vinification et d'embouteillage pour lequel la majorité des caves possède déjà des outils performants. Mais certaines coopératives ou entreprises ont privilégié l'activité en aval : Nicolas Feuillatte (Marne), Duval-Leroy (Marne) ou encore Baron Philippe de Rothschild (Gironde).Les quatre coopératives certifiées ont fixé un cahier des charges pour l'ensemble des activités de l'amont, du porte-greffe à la maturation des raisins. A titre d'exemple, à La Chablisienne, les sociétaires font l'objet d'audits à trois échelons : les vignes (vigueur, rendement, état sanitaire général, matériel d'équipement de la parcelle, etc.), les locaux et équipements (matériel de récolte, de pressurage, de chaptalisation, de cuverie, de nettoyage, les entrepôts de produits phytosanitaires...) et les apports (visuel et analyse). Pour chacun de ces critères, l'auditeur définit un taux de performances. Le taux concernant l'apport compte pour 65 % dans le paiement global du moût, celui de la vigne pour 25 % et celui des locaux pour 10 %. Le vigneron ne touche pas de bonification pour chaque taux inférieur à 82 %. La bonification a été fixée à 1,5 % pour un taux de performance de 100 %. Aux Beaumes-de-Venise, le différentiel de prix entre un bon et un mauvais apport peut atteindre 30 %.Outre leurs aspects positifs sur le plan financier (baisse des coûts de production et fidélisation des clients), ces initiatives ont également des répercussions intéressantes dans la vie quotidienne des coopérateurs : ' On gagne du temps à être bien organisé, témoigne Jean-Luc Balacey, adhérent à La Chablisienne. De plus, avec la certification, nous avons gagné un fil conducteur. 'La plus grande implication des vignerons a modifié les relations qu'ils entretenaient avec le personnel de la coopérative mais également entre eux. La majorité a pris conscience qu'ils voguaient dans le même bateau ' et qu'un mauvais apport pénalise non seulement le producteur par une rémunération moindre mais aussi l'ensemble des adhérents car son coût de vinification est plus élevé ', rappelle Alain Ignace, président des Vignerons de Beaumes-de-Venise. Le conseil, la formation et l'information auprès des adhérents se sont multipliés.Des journaux internes ont fleuri : le Sarment pour La Chablisienne et le Tryptique pour la cave des Vignerons de Beaumes-de-Venise. Pour compléter l'information, des cessions de dégustation des différents vins de cette coopérative sont organisées. Une occasion d'apprécier les progrès effectués dans les vignobles et les différences de qualité selon les apports. La certification au vignoble commence d'ailleurs à faire des émules : la coopérative de Montgaillard (Aude) et celle de Nyons (Drôme), entre autres, entament une démarche qualité. Pour Christian Teulade, directeur de la coopérative de Nyons, la certification de l'apport va également permettre aux coopératives de rattraper leur retard qualitatif sur les particuliers : ' Les particuliers connaissent parfaitement leurs vignes et savent que telle parcelle pourra faire tel vin. A la coopérative, nous traitons 1 300 ha. Cette démarche n'était donc pas réalisable. Elle le devient grâce à notre logiciel qui répertorie plus de 80 % des parcelles avec des indications sur leur exposition, le porte-greffe, l'âge de la vigne, etc. 'Convaincus des atouts de la certification, les coopératives certifiées ne comptent pas rester sur un modèle figé. D'abord parce que tout cahier des charges est perfectible mais aussi parce que les exigences du marché évoluent. Le respect de l'environnement devient ainsi un élément déterminant pour le client. L'union des producteurs de Saint-Emilion a déjà bien avancé sur ce dossier. Elle s'est fixée pour objectif d'obtenir la certification Iso 14 001 (environnement) pour la fin de l'année. Car comme le précise son directeur, Jacques-Antoine Baugier, ' on ne peut pas faire du sectoriel, c'est-à-dire soigner un embouteillage sans s'occuper de la qualité du vin ou de son intégration dans le paysage local '.

Quels que soient le rendement et la qualité de mon raisin, la coopérative se débrouillera... Ce discours, parfois entendu, devient proscrit dans quelques coopératives. Notamment aux Vignerons des Beaumes-de-Venise (Vaucluse), à La Chablisienne (Yonne), chez Anne de Joyeuse (Aude) ou encore à l'union de producteurs de Saint-Emilion (Gironde). Ces coopératives ont entamé une démarche qualité au vignoble il y a plusieurs années, avec pour objectif premier de responsabiliser leurs adhérents et d'améliorer la qualité des apports, donc du vin. Résultat : les clients sont plus fidèles, les ventes progressent et certains distributeurs, surtout les Britanniques, sont rassurés par la traçabilité du produit.Les nouvelles règles du jeu de ces coopératives - très impliquantes car elles interviennent pour le paiement des raisins - ont été fixées par les adhérents eux-mêmes. Ou plutôt par une commission rassemblant les ' volontaires au progrès '. Ainsi, les objectifs fixés sont-ils réalisables et surtout plus facilement acceptés par les autres adhérents. Car cette volonté de mieux produire a effrayé de nombreux vignerons qui voyaient là des papiers supplémentaires à remplir et une perte d'autonomie. Les différentes coopératives précitées ont globalement adopté la même méthodologie avec toutefois quelques différences : la cave de Beaumes-de-Venise est certifiée Iso 9 002 pour le processus complet vitivinicole. La Chablisienne, de son côté, a obtenu la certification Agri-confiance (mise en place par la Confédération française de la coopération agricole) pour la production et la réception de ses moûts. Même distinction pour la coopérative de Saint-Emilion. Quant à la cave Anne de Joyeuse, elle applique globalement la même politique que les trois autres coopératives mais travaille de façon autonome, sans signe de reconnaissance officiel.Pour Laurence Hugou, responsable qualité à l'Institut coopératif du vin de Nîmes, la marge de progression se situe davantage dans les vignes que dans le travail de vinification et d'embouteillage pour lequel la majorité des caves possède déjà des outils performants. Mais certaines coopératives ou entreprises ont privilégié l'activité en aval : Nicolas Feuillatte (Marne), Duval-Leroy (Marne) ou encore Baron Philippe de Rothschild (Gironde).Les quatre coopératives certifiées ont fixé un cahier des charges pour l'ensemble des activités de l'amont, du porte-greffe à la maturation des raisins. A titre d'exemple, à La Chablisienne, les sociétaires font l'objet d'audits à trois échelons : les vignes (vigueur, rendement, état sanitaire général, matériel d'équipement de la parcelle, etc.), les locaux et équipements (matériel de récolte, de pressurage, de chaptalisation, de cuverie, de nettoyage, les entrepôts de produits phytosanitaires...) et les apports (visuel et analyse). Pour chacun de ces critères, l'auditeur définit un taux de performances. Le taux concernant l'apport compte pour 65 % dans le paiement global du moût, celui de la vigne pour 25 % et celui des locaux pour 10 %. Le vigneron ne touche pas de bonification pour chaque taux inférieur à 82 %. La bonification a été fixée à 1,5 % pour un taux de performance de 100 %. Aux Beaumes-de-Venise, le différentiel de prix entre un bon et un mauvais apport peut atteindre 30 %.Outre leurs aspects positifs sur le plan financier (baisse des coûts de production et fidélisation des clients), ces initiatives ont également des répercussions intéressantes dans la vie quotidienne des coopérateurs : ' On gagne du temps à être bien organisé, témoigne Jean-Luc Balacey, adhérent à La Chablisienne. De plus, avec la certification, nous avons gagné un fil conducteur. 'La plus grande implication des vignerons a modifié les relations qu'ils entretenaient avec le personnel de la coopérative mais également entre eux. La majorité a pris conscience qu'ils voguaient dans le même bateau ' et qu'un mauvais apport pénalise non seulement le producteur par une rémunération moindre mais aussi l'ensemble des adhérents car son coût de vinification est plus élevé ', rappelle Alain Ignace, président des Vignerons de Beaumes-de-Venise. Le conseil, la formation et l'information auprès des adhérents se sont multipliés.Des journaux internes ont fleuri : le Sarment pour La Chablisienne et le Tryptique pour la cave des Vignerons de Beaumes-de-Venise. Pour compléter l'information, des cessions de dégustation des différents vins de cette coopérative sont organisées. Une occasion d'apprécier les progrès effectués dans les vignobles et les différences de qualité selon les apports. La certification au vignoble commence d'ailleurs à faire des émules : la coopérative de Montgaillard (Aude) et celle de Nyons (Drôme), entre autres, entament une démarche qualité. Pour Christian Teulade, directeur de la coopérative de Nyons, la certification de l'apport va également permettre aux coopératives de rattraper leur retard qualitatif sur les particuliers : ' Les particuliers connaissent parfaitement leurs vignes et savent que telle parcelle pourra faire tel vin. A la coopérative, nous traitons 1 300 ha. Cette démarche n'était donc pas réalisable. Elle le devient grâce à notre logiciel qui répertorie plus de 80 % des parcelles avec des indications sur leur exposition, le porte-greffe, l'âge de la vigne, etc. 'Convaincus des atouts de la certification, les coopératives certifiées ne comptent pas rester sur un modèle figé. D'abord parce que tout cahier des charges est perfectible mais aussi parce que les exigences du marché évoluent. Le respect de l'environnement devient ainsi un élément déterminant pour le client. L'union des producteurs de Saint-Emilion a déjà bien avancé sur ce dossier. Elle s'est fixée pour objectif d'obtenir la certification Iso 14 001 (environnement) pour la fin de l'année. Car comme le précise son directeur, Jacques-Antoine Baugier, ' on ne peut pas faire du sectoriel, c'est-à-dire soigner un embouteillage sans s'occuper de la qualité du vin ou de son intégration dans le paysage local '.

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