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Les défenses naturelles de la vigne

La vigne - n°79 - juillet 1997 - page 0

La vigne dispose de différents systèmes de défenses naturelles qui, dans certains cas, peuvent l'aider à résister aux attaques de botrytis mais aussi d'oïdium et de mildiou. La meilleure compréhension des mécanismes permettra peut- être dans le futur, d'utiliser moins de fongicides et de manière plus efficace.

La vigne dispose de différents systèmes de défenses naturelles qui, dans certains cas, peuvent l'aider à résister aux attaques de botrytis mais aussi d'oïdium et de mildiou. La meilleure compréhension des mécanismes permettra peut- être dans le futur, d'utiliser moins de fongicides et de manière plus efficace.

Les défenses naturelles de la vigne pourraient s'assimiler à notre système immunitaire, schématise un chercheur. Il y a des barrières naturelles comme la peau ou la pellicule qui jouent plus ou moins bien leur rôle en fonction de l'état général du 'sujet', homme ou vigne. En plus de cela, la vigne peut réagir aux agressions extérieures comme les attaques de champignons. De même que tous les hommes ne se défendent pas de la même manière, la vigne, selon les espèces mais aussi en fonction des cépages et des zones de plantation, répond différemment aux agressions. ' Plusieurs équipes travaillent en France sur ce sujet complexe. Dans le Bordelais, on s'intéresse principalement au botrytis et aux mécanismes de défense passive de la vigne. Bernadette Dubos, de l'Inra de Bordeaux, suit l'évolution du complexe pelliculaire. ' Il existe des paramètres qui permettent de mesurer l'état de la pellicule au cours du temps et donc la sensibilité du raisin au botrytis. On pourrait ainsi raisonner les traitements de manière plus pertinente. ' Bernard Donèche, de la faculté d'oenologie de Bordeaux, appuie ses recherches sur la relation existant entre la teneur en calcium des parois des cellules de la pellicule du raisin et leur résistance à la digestion par Botrytis cinerea. C'est donc là encore une défense passive de la vigne. Selon les cépages, la quantité de calcium nécessaire varie. Mais la principale difficulté est d'enrichir le raisin en calcium. ' Par le sol, c'est très long et il existe des différences selon que le sol est calcaire ou non et en fonction des années. La pulvérisation n'est pas évidente non plus. Il faut trouver une formulation compatible avec les produits phytosanitaires pour ne pas avoir à multiplier les interventions. Nous menons actuellement la deuxième campagne d'expérimentations avec la chambre d'agriculture. 'D'autres études portent sur des mécanismes de défense active : le champignon attaque la vigne et elle riposte. Botrytis cinerea est plus particulièrement étudié dans les vignobles septentrionaux. On sait en effet les dégâts qu'il peut occasionner; on sait aussi que même en année saine, le risque de voir la pourriture s'installer pousse parfois à vendanger un peu trop tôt. Les problèmes de résistance, voire de résidus liés aux antibotrytis, ont aussi leur importance et incitent les chercheurs à explorer de nouvelles voies.A l'institut Jules Guyot, à Dijon, Roger Bessis et Philippe Jeandet se sont penchés sur la réponse de la vigne aux attaques du botrytis par le biais du resvératrol. Il a ainsi été prouvé que cette molécule s'accumulait dans les feuilles et les grappes en réponse à une infection parasitaire. Le mode d'action du resvératrol est double, comme l'ont montré des travaux de laboratoire. Il existe un effet fongistatique, c'est-à-dire une inhibition de la germination des spores du champignon et un effet fongitoxique. La croissance du champignon est alors ralentie et perturbée (spores à plusieurs tubes germinatifs, tubes se recourbant sur eux-mêmes...).On constate que la capacité de synthèse du resvératrol par les cellules de la pellicule diminue à partir de la véraison. Les défenses actives comme le resvératrol sont donc moins actives à maturité, d'où l'importance des travaux sur les défenses passives évoqués plus haut.A l'Université de Reims, l'équipe du laboratoire de biochimie travaille sur les chitinases qui sont synthétisées dans la plante en réponse à une infection parasitaire. Une thèse sur le sujet devrait aboutir en fin d'année.A Montpellier (Ensa-Inra), Alain Deloire s'intéresse à l'oïdium et compare les réactions de Vitis vinifera à celles de différents hybrides résistant à ce champignon au niveau des feuilles et des baies, de manière à comprendre les mécanismes de résistance. Claude Andaris, de la faculté de pharmacie de Montpellier, a suivi la réponse de cépages sensibles et résistants au mildiou.Une fois les systèmes de défenses naturelles mis en évidence, il est logique de chercher à exploiter cette capacité de la plante à se défendre. Deux voies sont envisageables : la génétique et la stimulation des défenses naturelles. Dans le premier cas, l'objectif est d'identifier le ou les gènes responsables de la résistance et de les introduire dans les variétés sensibles. La deuxième possibilité revient à stimuler artificiellement la production de composés de défense. Dans ce domaine, des résultats ont déjà été validés. Le Fosétyl-Al, antimildiou bien connu de Rhône-Poulenc, agit directement sur le champignon. Ce produit peut aussi accélérer les réactions de défense mises en oeuvre dans la plante lors d'une attaque parasitaire. Autre produit : le Synermix, de Goëmar, qui contient entre autres du chlorure d'aluminium. Il s'utilise en association avec l'iprodione pour en améliorer les performances. Les résultats obtenus sont encourageants.Cependant, le problème est complexe car il existe de nombreux composés de défense dans la plante.' Pour le moment, il est difficile de mesurer précisément le poids respectif des différents mécanismes impliqués, explique un chercheur. D'autre part, la majorité des études porte sur des molécules facilement analysables et inductibles, qui servent de marqueurs de la réaction de défense. Mais il est possible que d'autres molécules non encore isolées interviennent. Il nous reste donc encore un long travail de recherche puis d'expérimentation et de validation au vignoble. '

Les défenses naturelles de la vigne pourraient s'assimiler à notre système immunitaire, schématise un chercheur. Il y a des barrières naturelles comme la peau ou la pellicule qui jouent plus ou moins bien leur rôle en fonction de l'état général du 'sujet', homme ou vigne. En plus de cela, la vigne peut réagir aux agressions extérieures comme les attaques de champignons. De même que tous les hommes ne se défendent pas de la même manière, la vigne, selon les espèces mais aussi en fonction des cépages et des zones de plantation, répond différemment aux agressions. ' Plusieurs équipes travaillent en France sur ce sujet complexe. Dans le Bordelais, on s'intéresse principalement au botrytis et aux mécanismes de défense passive de la vigne. Bernadette Dubos, de l'Inra de Bordeaux, suit l'évolution du complexe pelliculaire. ' Il existe des paramètres qui permettent de mesurer l'état de la pellicule au cours du temps et donc la sensibilité du raisin au botrytis. On pourrait ainsi raisonner les traitements de manière plus pertinente. ' Bernard Donèche, de la faculté d'oenologie de Bordeaux, appuie ses recherches sur la relation existant entre la teneur en calcium des parois des cellules de la pellicule du raisin et leur résistance à la digestion par Botrytis cinerea. C'est donc là encore une défense passive de la vigne. Selon les cépages, la quantité de calcium nécessaire varie. Mais la principale difficulté est d'enrichir le raisin en calcium. ' Par le sol, c'est très long et il existe des différences selon que le sol est calcaire ou non et en fonction des années. La pulvérisation n'est pas évidente non plus. Il faut trouver une formulation compatible avec les produits phytosanitaires pour ne pas avoir à multiplier les interventions. Nous menons actuellement la deuxième campagne d'expérimentations avec la chambre d'agriculture. 'D'autres études portent sur des mécanismes de défense active : le champignon attaque la vigne et elle riposte. Botrytis cinerea est plus particulièrement étudié dans les vignobles septentrionaux. On sait en effet les dégâts qu'il peut occasionner; on sait aussi que même en année saine, le risque de voir la pourriture s'installer pousse parfois à vendanger un peu trop tôt. Les problèmes de résistance, voire de résidus liés aux antibotrytis, ont aussi leur importance et incitent les chercheurs à explorer de nouvelles voies.A l'institut Jules Guyot, à Dijon, Roger Bessis et Philippe Jeandet se sont penchés sur la réponse de la vigne aux attaques du botrytis par le biais du resvératrol. Il a ainsi été prouvé que cette molécule s'accumulait dans les feuilles et les grappes en réponse à une infection parasitaire. Le mode d'action du resvératrol est double, comme l'ont montré des travaux de laboratoire. Il existe un effet fongistatique, c'est-à-dire une inhibition de la germination des spores du champignon et un effet fongitoxique. La croissance du champignon est alors ralentie et perturbée (spores à plusieurs tubes germinatifs, tubes se recourbant sur eux-mêmes...).On constate que la capacité de synthèse du resvératrol par les cellules de la pellicule diminue à partir de la véraison. Les défenses actives comme le resvératrol sont donc moins actives à maturité, d'où l'importance des travaux sur les défenses passives évoqués plus haut.A l'Université de Reims, l'équipe du laboratoire de biochimie travaille sur les chitinases qui sont synthétisées dans la plante en réponse à une infection parasitaire. Une thèse sur le sujet devrait aboutir en fin d'année.A Montpellier (Ensa-Inra), Alain Deloire s'intéresse à l'oïdium et compare les réactions de Vitis vinifera à celles de différents hybrides résistant à ce champignon au niveau des feuilles et des baies, de manière à comprendre les mécanismes de résistance. Claude Andaris, de la faculté de pharmacie de Montpellier, a suivi la réponse de cépages sensibles et résistants au mildiou.Une fois les systèmes de défenses naturelles mis en évidence, il est logique de chercher à exploiter cette capacité de la plante à se défendre. Deux voies sont envisageables : la génétique et la stimulation des défenses naturelles. Dans le premier cas, l'objectif est d'identifier le ou les gènes responsables de la résistance et de les introduire dans les variétés sensibles. La deuxième possibilité revient à stimuler artificiellement la production de composés de défense. Dans ce domaine, des résultats ont déjà été validés. Le Fosétyl-Al, antimildiou bien connu de Rhône-Poulenc, agit directement sur le champignon. Ce produit peut aussi accélérer les réactions de défense mises en oeuvre dans la plante lors d'une attaque parasitaire. Autre produit : le Synermix, de Goëmar, qui contient entre autres du chlorure d'aluminium. Il s'utilise en association avec l'iprodione pour en améliorer les performances. Les résultats obtenus sont encourageants.Cependant, le problème est complexe car il existe de nombreux composés de défense dans la plante.' Pour le moment, il est difficile de mesurer précisément le poids respectif des différents mécanismes impliqués, explique un chercheur. D'autre part, la majorité des études porte sur des molécules facilement analysables et inductibles, qui servent de marqueurs de la réaction de défense. Mais il est possible que d'autres molécules non encore isolées interviennent. Il nous reste donc encore un long travail de recherche puis d'expérimentation et de validation au vignoble. '

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