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Restructuration du vignoble réussie

La vigne - n°80 - septembre 1997 - page 0

Les sombres années d'arrachage massif appartiennent au passé. Le vignoble corse s'est restructuré, tant dans les vignes que dans les chais et les caveaux. L'heure est à l'optimisme malgré quelques petites échauffourées autour du muscat du cap Corse.

Les sombres années d'arrachage massif appartiennent au passé. Le vignoble corse s'est restructuré, tant dans les vignes que dans les chais et les caveaux. L'heure est à l'optimisme malgré quelques petites échauffourées autour du muscat du cap Corse.

Le vignoble corse est guéri. Certes, la convalescence aura été longue (près de vingt ans) et spectaculaire. Car si dans les années soixante, la Corse totalisait 32 000 hectares de vignes, en 1997, le vignoble s'étend seulement sur 7 500 ha (371 000 hectolitres) dont 2 500 ha en AOC. 25 000 ha ont donc été arrachés et ce, à partir de 1976. Aux primes d'arrachage françaises se sont ajoutées celles de la Communauté européenne au début des années quatre-vingt. Pourquoi cet arrachage massif?Le vignoble corse, développé dans les années soixante et soixante-dix par les pieds-noirs rapatriés dans l'est de la Corse, ne correspondait plus au marché. L'ère des vins de coupage et des vignes à grand rendement était dépassée. Désormais, seuls restent les meilleurs et la qualité a fortement progressé. Et comme les Corses font rarement les choses à moitié, leurs efforts ont porté sur tous les domaines simultanément.Les vignerons (455 au total) ont ainsi privilégié la plantation de cépages typiques (niellucio, vermentino et sciacarello). Les rendements ont été considérablement revus à la baisse. En 1996, les récoltes étaient en moyenne de 37 hl/ha pour les appellations d'origine contrôlée et de 60 hl/ha pour les vins de pays. Par ailleurs, les caves ont été équipées avec des cuves plus performantes. Enfin, sur le plan commercial, les producteurs ont fait des efforts pour accueillir et recevoir les touristes. Conséquence de toutes ces initiatives : l'endettement des vignerons corses est plus élevé que la moyenne nationale, sans pour autant être inquiétant dans la majorité des cas. Mais ceux qui ont passé l'épreuve du feu des années quatre-vingt ont de belles perspectives devant eux. Les efforts de restructuration ont porté leurs fruits et les vins corses figurent de plus en plus souvent dans les magazines gastronomiques. Autre indicateur : les vins de l'île de Beauté sont désormais référencés de façon permanente dans la majorité des enseignes françaises et dans les foires aux vins. Depuis deux à trois ans, les distributeurs ont pris conscience du bond qualitatif des vins corses, qui restent néanmoins accessibles en termes de prix. De plus, la Corse bénéficie de l'engouement pour la gastronomie méditerranéenne et de l'aura des produits nouveaux.Deux modes d'organisation se dégagent dans cette île qui abrite trois appellations (vin de Corse, Ajaccio, Patrimonio). A l'est, les exploitations, de grande taille, livrent majoritairement aux deux groupements de coopératives (l'UVIB et l'UVAL). Ceux-ci représentent plus de 50 % des volumes de l'île, destinés à la grande distribution et à l'exportation grâce aux réductions des coûts de transport et à la possibilité de livrer les clients toute l'année. A l'ouest, la stratégie est très différente. Les producteurs sont installés sur des vignobles de taille moyenne et produisent essentiellement des vins d'appellation. La restauration constitue leur premier débouché, suivi du tourisme. 50 % des vins corses sont d'ailleurs vendus sur place.La Corse présente donc de nombreuses facettes en peu d'hectares. Cette hétérogénéité n'est pas sans poser des difficultés de compréhension aux diverses instances et ministères. Ile très sensible à l'équilibre toujours fragile, la Corse se distingue sur certains points : l'arrachage définitif des vignes y est encore primé (après la réforme de l'an passé), les vins vendus sur place ne sont pas soumis à la TVA. En août, elle fut l'objet de plusieurs polémiques. La plus médiatisée concerne les fraudes fiscales, qui enracine l'image de ' l'insulaire au-dessus des lois '. Pour la seconde, celle du muscat du cap Corse, les Corses sont plus victimes qu'acteurs. En effet, le 30 juillet dernier, le Conseil d'Etat a annulé le décret du 26 mars 1993 accordant le statut d'AOC au muscat du cap Corse. La qualité n'est pas au centre de ce débat qui traduit l'ampleur des rivalités régionales sur le marché des muscats. En effet, la Confédération nationale des vins doux naturels - où les Pyrénées-Orientales sont très puissantes - avait déposé un recours auprès du ministère pour un vice de procédure. De fait, en 1993, l'Inao avait entériné un texte où le degré de l'alcool de mutage était de 95°. L'Institut s'est ensuite rendue compte que l'Union avait modifié le degré à 96° depuis quelques années déjà. La correction a donc été faite avant présentation au ministère et a été adoptée. Or l'Inao aurait dû revoter le texte après modification, avant de la proposer au ministère. A ce jour, cette petite bataille juridique n'est pas close mais elle devrait l'être lors du comité national de l'Inao du 10 septembre. Que de mesquinerie pour 1 500 hl de muscat du cap Corse...

Le vignoble corse est guéri. Certes, la convalescence aura été longue (près de vingt ans) et spectaculaire. Car si dans les années soixante, la Corse totalisait 32 000 hectares de vignes, en 1997, le vignoble s'étend seulement sur 7 500 ha (371 000 hectolitres) dont 2 500 ha en AOC. 25 000 ha ont donc été arrachés et ce, à partir de 1976. Aux primes d'arrachage françaises se sont ajoutées celles de la Communauté européenne au début des années quatre-vingt. Pourquoi cet arrachage massif?Le vignoble corse, développé dans les années soixante et soixante-dix par les pieds-noirs rapatriés dans l'est de la Corse, ne correspondait plus au marché. L'ère des vins de coupage et des vignes à grand rendement était dépassée. Désormais, seuls restent les meilleurs et la qualité a fortement progressé. Et comme les Corses font rarement les choses à moitié, leurs efforts ont porté sur tous les domaines simultanément.Les vignerons (455 au total) ont ainsi privilégié la plantation de cépages typiques (niellucio, vermentino et sciacarello). Les rendements ont été considérablement revus à la baisse. En 1996, les récoltes étaient en moyenne de 37 hl/ha pour les appellations d'origine contrôlée et de 60 hl/ha pour les vins de pays. Par ailleurs, les caves ont été équipées avec des cuves plus performantes. Enfin, sur le plan commercial, les producteurs ont fait des efforts pour accueillir et recevoir les touristes. Conséquence de toutes ces initiatives : l'endettement des vignerons corses est plus élevé que la moyenne nationale, sans pour autant être inquiétant dans la majorité des cas. Mais ceux qui ont passé l'épreuve du feu des années quatre-vingt ont de belles perspectives devant eux. Les efforts de restructuration ont porté leurs fruits et les vins corses figurent de plus en plus souvent dans les magazines gastronomiques. Autre indicateur : les vins de l'île de Beauté sont désormais référencés de façon permanente dans la majorité des enseignes françaises et dans les foires aux vins. Depuis deux à trois ans, les distributeurs ont pris conscience du bond qualitatif des vins corses, qui restent néanmoins accessibles en termes de prix. De plus, la Corse bénéficie de l'engouement pour la gastronomie méditerranéenne et de l'aura des produits nouveaux.Deux modes d'organisation se dégagent dans cette île qui abrite trois appellations (vin de Corse, Ajaccio, Patrimonio). A l'est, les exploitations, de grande taille, livrent majoritairement aux deux groupements de coopératives (l'UVIB et l'UVAL). Ceux-ci représentent plus de 50 % des volumes de l'île, destinés à la grande distribution et à l'exportation grâce aux réductions des coûts de transport et à la possibilité de livrer les clients toute l'année. A l'ouest, la stratégie est très différente. Les producteurs sont installés sur des vignobles de taille moyenne et produisent essentiellement des vins d'appellation. La restauration constitue leur premier débouché, suivi du tourisme. 50 % des vins corses sont d'ailleurs vendus sur place.La Corse présente donc de nombreuses facettes en peu d'hectares. Cette hétérogénéité n'est pas sans poser des difficultés de compréhension aux diverses instances et ministères. Ile très sensible à l'équilibre toujours fragile, la Corse se distingue sur certains points : l'arrachage définitif des vignes y est encore primé (après la réforme de l'an passé), les vins vendus sur place ne sont pas soumis à la TVA. En août, elle fut l'objet de plusieurs polémiques. La plus médiatisée concerne les fraudes fiscales, qui enracine l'image de ' l'insulaire au-dessus des lois '. Pour la seconde, celle du muscat du cap Corse, les Corses sont plus victimes qu'acteurs. En effet, le 30 juillet dernier, le Conseil d'Etat a annulé le décret du 26 mars 1993 accordant le statut d'AOC au muscat du cap Corse. La qualité n'est pas au centre de ce débat qui traduit l'ampleur des rivalités régionales sur le marché des muscats. En effet, la Confédération nationale des vins doux naturels - où les Pyrénées-Orientales sont très puissantes - avait déposé un recours auprès du ministère pour un vice de procédure. De fait, en 1993, l'Inao avait entériné un texte où le degré de l'alcool de mutage était de 95°. L'Institut s'est ensuite rendue compte que l'Union avait modifié le degré à 96° depuis quelques années déjà. La correction a donc été faite avant présentation au ministère et a été adoptée. Or l'Inao aurait dû revoter le texte après modification, avant de la proposer au ministère. A ce jour, cette petite bataille juridique n'est pas close mais elle devrait l'être lors du comité national de l'Inao du 10 septembre. Que de mesquinerie pour 1 500 hl de muscat du cap Corse...

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