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Des formulations de SO2 moins irritantes

La vigne - n°80 - septembre 1997 - page 0

Le SO2 est un irritant bronchique. Quiconque l'a utilisé une fois a pu s'en rendre compte. Mais selon les formulations utilisées pendant les vinifications, l'exposition au SO2 peut être très variable.

Le SO2 est un irritant bronchique. Quiconque l'a utilisé une fois a pu s'en rendre compte. Mais selon les formulations utilisées pendant les vinifications, l'exposition au SO2 peut être très variable.

Le SO2 est un irritant bronchique et, pourtant, personne ne s'en méfie dans les chais. Le ministère du Travail a cependant fixé une valeur limite d'exposition (VLE) à 5 ppm.L'an dernier, épaulée par le service de pneumologie du centre hospitalier de Lyon-sud, la MSA du Rhône a mené une étude dans vingt-quatre caves du Beaujolais pendant les vendanges. Sur ce petit échantillon, dans 80% des cas, cette VLE était dépassée! Ce seuil est fixé pour une exposition d'au minimum quinze minutes et, souvent, le sulfitage prend moins de temps. Cependant, la limite a été parfois largement dépassée.Pour réaliser leurs mesures, Jean-Marc Freulet et le docteur Matray, de la MSA, aidés par Brigitte Hillion, de l'Institut universitaire de médecine du travail, ont équipé les cavistes de détecteurs de SO2, mais ont aussi réalisé des dosages d'ambiance. Ils en concluent que les modes de sulfitage n'exposent pas le vinificateur de la même manière. La manipulation d'une solution d'anhydride sulfureux à 8 % est la plus préjudiciable, que ce soit au cours de l'utilisation, ou pendant la préparation par barbotage de SO2 gaz. Le simple fait de remplir un seau de cette solution, après l'avoir préparée, a déclenché l'alarme : on était au-delà de 20 ppm, limite de détection pour l'appareil choisi. De plus, le taux de SO2 autour de la cuve ne retombe à O ppm qu'une quinzaine de minutes après le sulfitage.' Si cette formulation est malgré tout choisie, il faut se servir de récipients fermés pour le transfert de la solution et s'équiper d'un masque de protection respiratoire muni d'une cartouche E, recommande Dominique Matray. Mais elle ajoute aussitôt: Attention, ce masque ne protège que face à de petits taux. En cas de fuites, il ne sert strictement à rien! Un masque respiratoire autonome est alors nécessaire. 'Elle conseille également d'installer les bonbonnes de gaz à proximité d'un extracteur de ventilation générale et de remplir à cet endroit les siphons doseurs. En effet, c'est au cours de cette manipulation que les plus fortes expositions au SO2 ont été enregistrées. ' Dans le Languedoc-Roussillon, une campagne a été menée pour inciter les gens à s'équiper de raccords étanches afin d'éviter les dégazages lors du branchement ou du débranchement du sulfidoseur ', rapporte Christophe Morote, de Gazechim (Béziers).Lors des manipulations de SO2 gaz, le port d'un masque de protection risque d'empêcher l'opérateur de percevoir les fuites éventuelles, et donc de réagir. Pour prévenir ces fuites, la MSA du Rhône conseille de s'équiper de tuyaux flexibles en Téflon, résistant à un SO2 très corrosif, et de raccords rapides à double obturation. Enfin, un tube plongeur évite d'avoir à retourner la bouteille de gaz pour la vider. Mais Dominique Matray déplore le mauvais état de beaucoup de petites bouteilles de SO2 (2,5 kg), qui fuient sans que les fournisseurs ne s'en émeuvent.L'utilisation de solution de bisulfite de potassium à 18% engendre des taux de SO2 pouvant être élevés, mais souvent en deçà des teneurs observées avec l'anhydride sulfureux. En revanche, après sulfitage, il n'y a pas d'émanation de SO2 autour de la cuve.Les meilleures conditions de travail ont été obtenues avec du bisulfite d'ammonium, où les dosages sont restés en dessous du seuil, mais ce produit n'est pour l'instant autorisé que pour la vinification.Les dangers du SO2 ne sont pas à prendre à la légère. Les personnes atteintes d'affections respiratoires ne doivent pas y être exposées. Chez les asthmatiques, même en cas d'exercice physique modéré, une bronchoconstriction est possible dès 0,5 ppm de SO2! Le travail dans les caves, notamment pendant les vendanges, peut réveiller un asthme apparu dans l'enfance. Le docteur Matray a rencontré deux personnes dans ce cas. Pour l'une d'elles, une inaptitude médicale aux travaux de vinification a été prononcée.Mais les vinificateurs indisposés par le SO2 ne présentent pas tous un terrain allergique. Un homme, caviste depuis de nombreuses années, a connu un jour une crise d'asthme nécessitant son hospitalisation. Depuis deux ans, il avait des crises lorsqu'il manipulait le SO2. Il n'était pas allergique et ne fumait pas. Aujourd'hui, il n'est plus caviste. Une inhalation massive d'un irritant bronchique risque d'engendrer une grave crise d'asthme. Cet asthme peut ensuite s'installer à vie, c'est ce que l'on appelle le syndrome de Brooks.Le docteur Matray et Yves Pacheco, pneumologue au centre hospitalier de Lyon, ont rencontré également des personnes présentant des toux gênantes ou des rhinites lors des manipulations de SO2. Sur eux, les tests allergologiques étaient pourtant négatifs. Des aménagements du poste de travail, avec parfois la recommandation du port d'équipements de protection individuelle, leur ont permis de poursuivre leurs activités.On ne connaît pas les conséquences à long terme d'une exposition au SO2 dans de telles situations. Les auteurs de l'étude pensent que si l'on n'agit pas, elles peuvent conduire à un asthme.Lorsqu'un salarié présente des pathologies respiratoires, Dominique Matray conseille de réaliser un test de réactivité bronchique. Le résultat s'exprime en gamma de carbachol. Pour un sujet normal, une réaction est décelée avec 20 000 à 30 000 gamma de carbachol. Mais lorsqu'elle a lieu pour une dose de carbachol inférieure à environ 1 000 gamma, les auteurs de l'étude préconisent de supprimer l'exposition au SO2.Un problème reste posé: 'l'asthme au SO2' n'est pas encore reconnu comme maladie professionnelle.

Le SO2 est un irritant bronchique et, pourtant, personne ne s'en méfie dans les chais. Le ministère du Travail a cependant fixé une valeur limite d'exposition (VLE) à 5 ppm.L'an dernier, épaulée par le service de pneumologie du centre hospitalier de Lyon-sud, la MSA du Rhône a mené une étude dans vingt-quatre caves du Beaujolais pendant les vendanges. Sur ce petit échantillon, dans 80% des cas, cette VLE était dépassée! Ce seuil est fixé pour une exposition d'au minimum quinze minutes et, souvent, le sulfitage prend moins de temps. Cependant, la limite a été parfois largement dépassée.Pour réaliser leurs mesures, Jean-Marc Freulet et le docteur Matray, de la MSA, aidés par Brigitte Hillion, de l'Institut universitaire de médecine du travail, ont équipé les cavistes de détecteurs de SO2, mais ont aussi réalisé des dosages d'ambiance. Ils en concluent que les modes de sulfitage n'exposent pas le vinificateur de la même manière. La manipulation d'une solution d'anhydride sulfureux à 8 % est la plus préjudiciable, que ce soit au cours de l'utilisation, ou pendant la préparation par barbotage de SO2 gaz. Le simple fait de remplir un seau de cette solution, après l'avoir préparée, a déclenché l'alarme : on était au-delà de 20 ppm, limite de détection pour l'appareil choisi. De plus, le taux de SO2 autour de la cuve ne retombe à O ppm qu'une quinzaine de minutes après le sulfitage.' Si cette formulation est malgré tout choisie, il faut se servir de récipients fermés pour le transfert de la solution et s'équiper d'un masque de protection respiratoire muni d'une cartouche E, recommande Dominique Matray. Mais elle ajoute aussitôt: Attention, ce masque ne protège que face à de petits taux. En cas de fuites, il ne sert strictement à rien! Un masque respiratoire autonome est alors nécessaire. 'Elle conseille également d'installer les bonbonnes de gaz à proximité d'un extracteur de ventilation générale et de remplir à cet endroit les siphons doseurs. En effet, c'est au cours de cette manipulation que les plus fortes expositions au SO2 ont été enregistrées. ' Dans le Languedoc-Roussillon, une campagne a été menée pour inciter les gens à s'équiper de raccords étanches afin d'éviter les dégazages lors du branchement ou du débranchement du sulfidoseur ', rapporte Christophe Morote, de Gazechim (Béziers).Lors des manipulations de SO2 gaz, le port d'un masque de protection risque d'empêcher l'opérateur de percevoir les fuites éventuelles, et donc de réagir. Pour prévenir ces fuites, la MSA du Rhône conseille de s'équiper de tuyaux flexibles en Téflon, résistant à un SO2 très corrosif, et de raccords rapides à double obturation. Enfin, un tube plongeur évite d'avoir à retourner la bouteille de gaz pour la vider. Mais Dominique Matray déplore le mauvais état de beaucoup de petites bouteilles de SO2 (2,5 kg), qui fuient sans que les fournisseurs ne s'en émeuvent.L'utilisation de solution de bisulfite de potassium à 18% engendre des taux de SO2 pouvant être élevés, mais souvent en deçà des teneurs observées avec l'anhydride sulfureux. En revanche, après sulfitage, il n'y a pas d'émanation de SO2 autour de la cuve.Les meilleures conditions de travail ont été obtenues avec du bisulfite d'ammonium, où les dosages sont restés en dessous du seuil, mais ce produit n'est pour l'instant autorisé que pour la vinification.Les dangers du SO2 ne sont pas à prendre à la légère. Les personnes atteintes d'affections respiratoires ne doivent pas y être exposées. Chez les asthmatiques, même en cas d'exercice physique modéré, une bronchoconstriction est possible dès 0,5 ppm de SO2! Le travail dans les caves, notamment pendant les vendanges, peut réveiller un asthme apparu dans l'enfance. Le docteur Matray a rencontré deux personnes dans ce cas. Pour l'une d'elles, une inaptitude médicale aux travaux de vinification a été prononcée.Mais les vinificateurs indisposés par le SO2 ne présentent pas tous un terrain allergique. Un homme, caviste depuis de nombreuses années, a connu un jour une crise d'asthme nécessitant son hospitalisation. Depuis deux ans, il avait des crises lorsqu'il manipulait le SO2. Il n'était pas allergique et ne fumait pas. Aujourd'hui, il n'est plus caviste. Une inhalation massive d'un irritant bronchique risque d'engendrer une grave crise d'asthme. Cet asthme peut ensuite s'installer à vie, c'est ce que l'on appelle le syndrome de Brooks.Le docteur Matray et Yves Pacheco, pneumologue au centre hospitalier de Lyon, ont rencontré également des personnes présentant des toux gênantes ou des rhinites lors des manipulations de SO2. Sur eux, les tests allergologiques étaient pourtant négatifs. Des aménagements du poste de travail, avec parfois la recommandation du port d'équipements de protection individuelle, leur ont permis de poursuivre leurs activités.On ne connaît pas les conséquences à long terme d'une exposition au SO2 dans de telles situations. Les auteurs de l'étude pensent que si l'on n'agit pas, elles peuvent conduire à un asthme.Lorsqu'un salarié présente des pathologies respiratoires, Dominique Matray conseille de réaliser un test de réactivité bronchique. Le résultat s'exprime en gamma de carbachol. Pour un sujet normal, une réaction est décelée avec 20 000 à 30 000 gamma de carbachol. Mais lorsqu'elle a lieu pour une dose de carbachol inférieure à environ 1 000 gamma, les auteurs de l'étude préconisent de supprimer l'exposition au SO2.Un problème reste posé: 'l'asthme au SO2' n'est pas encore reconnu comme maladie professionnelle.

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