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Les typhlodromes simplifient tout

La vigne - n°80 - septembre 1997 - page 0

Les vignerons qui ont obtenu le retour des typhlodromes n'ont plus à traiter contre les acariens. Tant qu'ils n'ont pas affaire à la flavescence dorée, ils travaillent avec un éventail réduit de produits phytosanitaires.

Les vignerons qui ont obtenu le retour des typhlodromes n'ont plus à traiter contre les acariens. Tant qu'ils n'ont pas affaire à la flavescence dorée, ils travaillent avec un éventail réduit de produits phytosanitaires.

Ce sont de toutes petites bêtes et pourtant, on ne voit qu'elles. Il suffit que l'on déloge de leur cachette ces minuscules poires ventrues, d'un jaune pâle et luisant, pour que vous les découvriez : elles s'enfuient droit devant elles. Il faut dire que dans cette parcelle de chenin, on trouve des typhlodromes à tous les coins de nervures. Plus de trois par feuille selon les derniers comptages.Bruno Vergne, le propriétaire des lieux, n'est pas mécontent de les avoir en si grand nombre : grâce à eux, depuis deux ans, il se passe d'acaricide. Avant 1995, ce vigneron angevin, installé à Martigné-Briand, traitait systématiquement contre les acariens entre fin juillet et début août. Il couvrait chaque face des rangs. C'était l'assurance d'avoir l'esprit tranquille pour prendre quelques jours de congés.En 1995, l'année où il a intégré sa parcelle dans le réseau de lutte raisonnée du Val de Loire, Bruno Vergne est intervenu en fin de saison. L'année suivante, cela ne fut pas nécessaire. ' Il y avait encore des araignées mais le seuil n'était pas dépassé ', explique-t-il. Maintenant, les typhlodromes ont chassé les acariens. Et il fait l'économie de deux interventions face par face : en supprimant l'acaricide d'été et en mélangeant un insecticide à l'antibotrytis appliqué avant la fermeture de la grappe.Avant de se soucier de ses prédateurs d'acariens, notre interlocuteur utilisait des pyréthrinoïdes. Il était contraint de les appliquer une dizaine de jours après l'antipourriture pour être en phase avec le cycle des tordeuses et intervenir ainsi sur de jeunes larves. Depuis deux ans, il emploie Cascade, un insecticide classé neutre par les services officiels. Ce produit s'applique plus tôt que les pyréthrinoïdes. Il doit être sur les grappes avant l'éclosion des oeufs. Il peut donc être associé à l'antipourriture, ce qui permet de ne plus faire qu'un passage là où il en fallait deux.Dans un premier temps, Bruno Vergne avait également tiré un trait sur le mancozèbe. ' Maintenant, les avis sont un peu plus mitigés, précise-t-il. Une ou deux Rémiltine ne feront pas la différence. 'Ces changements sont les seuls qu'il ait mis en oeuvre. Ils ont si bien porté leurs fruits que ce n'est plus seulement une parcelle qui bénéficie du nouveau programme phytosanitaire mais tout le moulin Turquais, qui couvre 38 ha.Bruno Clavelier est bourguignon, de Vosne-Romanée. Voilà cinq ans qu'il a rayé de la liste des produits de traitement ceux qui n'ont pas un profil favorable. Il a fait les mêmes choix que son confrère angevin, tout en étant plus strict que lui sur le mancozèbe. Au départ, certaines de ses parcelles subissaient régulièrement des attaques d'acariens. Là, il a abandonné les acaricides classiques au profit du Gemm. Sur l'ensemble de son domaine de 6 ha, il a réduit l'utilisation du soufre mouillable en l'associant systématiquement au dinocap.Ce tri a conduit au retour de la faune utile. A l'exception d'une parcelle, les typhlodromes sont réapparus en nombre suffisant pour supprimer, au bout de deux ans, tout traitement acaricide alors que précédemment, il en fallait un ou deux selon les parcelles et les années. ' Quand une vigne est bien peuplée, on n'a plus de soucis, ajoute ce Bourguignon. On passe de l'insécurité pendant la période transitoire à une sécurité supérieure à celle que l'on avait lorsqu'on utilisait les acaricides. 'Bruno Clavelier fait partie d'un groupe de lutte raisonnée, comme il en existe plusieurs en Bourgogne. Bernard Labry adhère à un autre de ces groupes, lui aussi depuis cinq ans. Il travaille avec un éventail de produits encore plus restreint que son collègue car il est allergique au folpel. Il l'a donc exclu de ses programmes. Il ne se sert plus que d'antimildiou, associant cymoxanil et méthirame de zinc en début de saison et cymoxanil et cuivre en fin de saison. En matière de lutte contre l'oïdium, il préfère le dinocap et le soufre aux IBS. Contre les tordeuses, il emploie Cascade.Comparée à la liste foisonnante des produits homologués sur la vigne, celle où puise Bernard Labry paraît bien maigre. Notre vigneron, installé à Auxey-Duresses, dans la côte de Beaune, ne s'en inquiète pas. Au contraire. ' Cela m'a simplifié la vie en simplifiant les choix que j'avais à faire, apprécie-t-il. Avec toute l'offre de produits, il était parfois compliqué de choisir. Maintenant, ce n'est plus le cas. ' Tout juste se sent-il un peu démuni face à l'excoriose, maladie contre laquelle le mancozèbe excelle. Mais, pas plus que Bruno Clavelier, ni que Bruno Vergne, il n'a ' fait de profession de foi bio. S'il faut traiter, je traite ', dit-il. Les trois vignerons savent qu'ils ont à leur disposition tout l'attirail de l'industrie phytosanitaire. En cas de nécessité, ils n'hésiteront pas à s'en servir, notamment pour bénéficier d'insecticides dotés d'une activité curative.Ils ne font pas un dogme de la préservation des typhlodromes mais une politique phytosanitaire de bon sens. Elle repose sur une sélection des produits et sur l'observation des parcelles. Au départ, il faut des comptages précis des acariens et de leurs ennemis pour évaluer les risques que l'on prend. A ce moment, l'appartenance à un groupe et l'appui d'un technicien sont utiles, sinon indispensables.Avec le retour des typhlodromes, la surveillance s'allège. Les comptages sont remplacés par de simples observations. ' Cela prend moins de temps et coûte bien moins cher qu'un traitement ', assure Bernard Labry.

Ce sont de toutes petites bêtes et pourtant, on ne voit qu'elles. Il suffit que l'on déloge de leur cachette ces minuscules poires ventrues, d'un jaune pâle et luisant, pour que vous les découvriez : elles s'enfuient droit devant elles. Il faut dire que dans cette parcelle de chenin, on trouve des typhlodromes à tous les coins de nervures. Plus de trois par feuille selon les derniers comptages.Bruno Vergne, le propriétaire des lieux, n'est pas mécontent de les avoir en si grand nombre : grâce à eux, depuis deux ans, il se passe d'acaricide. Avant 1995, ce vigneron angevin, installé à Martigné-Briand, traitait systématiquement contre les acariens entre fin juillet et début août. Il couvrait chaque face des rangs. C'était l'assurance d'avoir l'esprit tranquille pour prendre quelques jours de congés.En 1995, l'année où il a intégré sa parcelle dans le réseau de lutte raisonnée du Val de Loire, Bruno Vergne est intervenu en fin de saison. L'année suivante, cela ne fut pas nécessaire. ' Il y avait encore des araignées mais le seuil n'était pas dépassé ', explique-t-il. Maintenant, les typhlodromes ont chassé les acariens. Et il fait l'économie de deux interventions face par face : en supprimant l'acaricide d'été et en mélangeant un insecticide à l'antibotrytis appliqué avant la fermeture de la grappe.Avant de se soucier de ses prédateurs d'acariens, notre interlocuteur utilisait des pyréthrinoïdes. Il était contraint de les appliquer une dizaine de jours après l'antipourriture pour être en phase avec le cycle des tordeuses et intervenir ainsi sur de jeunes larves. Depuis deux ans, il emploie Cascade, un insecticide classé neutre par les services officiels. Ce produit s'applique plus tôt que les pyréthrinoïdes. Il doit être sur les grappes avant l'éclosion des oeufs. Il peut donc être associé à l'antipourriture, ce qui permet de ne plus faire qu'un passage là où il en fallait deux.Dans un premier temps, Bruno Vergne avait également tiré un trait sur le mancozèbe. ' Maintenant, les avis sont un peu plus mitigés, précise-t-il. Une ou deux Rémiltine ne feront pas la différence. 'Ces changements sont les seuls qu'il ait mis en oeuvre. Ils ont si bien porté leurs fruits que ce n'est plus seulement une parcelle qui bénéficie du nouveau programme phytosanitaire mais tout le moulin Turquais, qui couvre 38 ha.Bruno Clavelier est bourguignon, de Vosne-Romanée. Voilà cinq ans qu'il a rayé de la liste des produits de traitement ceux qui n'ont pas un profil favorable. Il a fait les mêmes choix que son confrère angevin, tout en étant plus strict que lui sur le mancozèbe. Au départ, certaines de ses parcelles subissaient régulièrement des attaques d'acariens. Là, il a abandonné les acaricides classiques au profit du Gemm. Sur l'ensemble de son domaine de 6 ha, il a réduit l'utilisation du soufre mouillable en l'associant systématiquement au dinocap.Ce tri a conduit au retour de la faune utile. A l'exception d'une parcelle, les typhlodromes sont réapparus en nombre suffisant pour supprimer, au bout de deux ans, tout traitement acaricide alors que précédemment, il en fallait un ou deux selon les parcelles et les années. ' Quand une vigne est bien peuplée, on n'a plus de soucis, ajoute ce Bourguignon. On passe de l'insécurité pendant la période transitoire à une sécurité supérieure à celle que l'on avait lorsqu'on utilisait les acaricides. 'Bruno Clavelier fait partie d'un groupe de lutte raisonnée, comme il en existe plusieurs en Bourgogne. Bernard Labry adhère à un autre de ces groupes, lui aussi depuis cinq ans. Il travaille avec un éventail de produits encore plus restreint que son collègue car il est allergique au folpel. Il l'a donc exclu de ses programmes. Il ne se sert plus que d'antimildiou, associant cymoxanil et méthirame de zinc en début de saison et cymoxanil et cuivre en fin de saison. En matière de lutte contre l'oïdium, il préfère le dinocap et le soufre aux IBS. Contre les tordeuses, il emploie Cascade.Comparée à la liste foisonnante des produits homologués sur la vigne, celle où puise Bernard Labry paraît bien maigre. Notre vigneron, installé à Auxey-Duresses, dans la côte de Beaune, ne s'en inquiète pas. Au contraire. ' Cela m'a simplifié la vie en simplifiant les choix que j'avais à faire, apprécie-t-il. Avec toute l'offre de produits, il était parfois compliqué de choisir. Maintenant, ce n'est plus le cas. ' Tout juste se sent-il un peu démuni face à l'excoriose, maladie contre laquelle le mancozèbe excelle. Mais, pas plus que Bruno Clavelier, ni que Bruno Vergne, il n'a ' fait de profession de foi bio. S'il faut traiter, je traite ', dit-il. Les trois vignerons savent qu'ils ont à leur disposition tout l'attirail de l'industrie phytosanitaire. En cas de nécessité, ils n'hésiteront pas à s'en servir, notamment pour bénéficier d'insecticides dotés d'une activité curative.Ils ne font pas un dogme de la préservation des typhlodromes mais une politique phytosanitaire de bon sens. Elle repose sur une sélection des produits et sur l'observation des parcelles. Au départ, il faut des comptages précis des acariens et de leurs ennemis pour évaluer les risques que l'on prend. A ce moment, l'appartenance à un groupe et l'appui d'un technicien sont utiles, sinon indispensables.Avec le retour des typhlodromes, la surveillance s'allège. Les comptages sont remplacés par de simples observations. ' Cela prend moins de temps et coûte bien moins cher qu'un traitement ', assure Bernard Labry.

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