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Mille hectares dans l'ouest canadien

La vigne - n°81 - octobre 1997 - page 0

A 250 kilomètres du Pacifique, le petit vignoble de la Colombie britannique produit essentiellement des vins blancs dans des conditions climatiques très favorables.

A 250 kilomètres du Pacifique, le petit vignoble de la Colombie britannique produit essentiellement des vins blancs dans des conditions climatiques très favorables.

Si vous avez un jour l'occasion de déjeuner au restaurant The Prow (La proue), à Vancouver, vous pourrez admirer l'une des plus belles baies du monde, au bord de laquelle se dresse, dans le lointain, une impressionnante muraille rocheuse de 4 000 mètres d'altitude : c'est la Chaîne Côtière. Cette barrière interdit la progression vers l'est de la plupart des formations nuageuses venues du Pacifique et conditionne les climats de deux régions : à l'ouest, celui de la côte, humide et frais avec 1 300 mm de pluie par an à Vancouver (Paris : 650 mm) et à l'est, celui de la vallée de l'Okanagan qui, bien qu'à seulement 250 km du Pacifique, connaît un climat subdésertique, aride, avec un ciel bleu cristallin presque immuable de la mi-mars à la fin septembre grâce à l'anticyclone de Californie.L'irrigation est indispensable dans la vallée de l'Okanagan, réputée depuis longtemps pour ses pêchers, abricotiers, cerisiers, pommiers... et maintenant pour ses vignobles. L'Okanagan reçoit 280 millimètres de précipitations annuelles, dont la moitié d'avril jusqu'à septembre.En Colombie britannique, il n'y a pas de répertoire des plantations et arrachages de vignes. Chacun est libre de planter ce qu'il veut. Le vignoble actuel est estimé à un millier d'hectares et se situe tout près de la frontière américaine (Etat de Washington). Il y a un peu de vignes à l'ouest, sur l'île de Vancouver ou près de la capitale. 95 % des superficies de la Colombie britannique se trouvent dans la vallée de l'Okanagan, un pourcentage qui augmentera encore dans l'avenir. Sa partie sud, depuis Okanagan Falls jusqu'à la frontière américaine, est en fait la fin du Grand Désert américain. C'est la meilleure partie de la vallée. On y trouve les sites favorables à la viticulture les plus étendus. Les sommes des températures actives y sont élevées : 1 450°C à Oliver (Aix-en-Provence : 1 364°, Napa Californie : 1 409°) et les températures hivernales y sont convenables pour les viniferas. Le facteur limitant est ici la date de la première gelée d'automne, qui peut varier de trois semaines selon l'altitude et l'exposition d'un site.Les coteaux sableux et caillouteux (granites et schistes ardoisiers) compris entre 300 et 400 m d'altitude, surplombant cette ancienne vallée glaciaire, sont peu à peu colonisés par la vigne. Une centaine d'hectares y sont cultivés par les Indiens dans leur réserve d'Inkameep, près d'Oliver, un territoire recelant près d'un millier d'hectares de terres incultes, en terrasses bien exposées, propices à la viticulture. Des pluies insignifiantes et un taux d'humidité de 5 à 20 % en période végétative éloignent tout risque de mildiou et de botrytis. Deux ou trois traitements au soufre mouillable suffisent pour contrôler l'oïdium. L'intensité et la qualité de la luminosité (bienfaits de l'anticyclone de Californie) activent l'induction florale. Des amplitudes journalières de 15°C et plus à l'approche des vendanges contribuent au développement du potentiel aromatique et de l'intensité colorante. Une pression parasitaire très faible et une forte insolation caractérisent également cette vallée. Uniques au Canada, ces qualités ont provoqué l'essor des vignobles et, depuis peu, la construction de caves modernes dans l'Okanagan.Début octobre, hauts dans le ciel, les oies sauvages ont déjà entrepris le voyage du Grand Nord canadien vers le sud des Etats-Unis. A terre, les vendangeurs s'affairent. La production des vins élaborés avec les raisins récoltés dans la province est estimée à 60 000 hl environ : les trois quarts en blancs, le reste en rouges. Mais avec les dernières plantations, la part des rouges atteindra 40 % : le French Paradoxe est passé par là.Les cépages universels représentent la moitié de cette production avec le chardonnay, le gamay, le riesling, le gewurztraminer et les pinots, ainsi que le merlot et les cabernets dans le sud de la vallée, sur des sites exceptionnels.La consommation annuelle est de 14 l de vin par habitant en Colombie britannique. Quelques ventes se font dans d'autres provinces canadiennes mais les vins sont surtout consommés sur place et les prix varient de 9 à 18 dollars TTC la bouteille (35 à 70 FF). Le principal marché est Vancouver (1 700 000 habitants sur les quelque 3 700 000 de la province).En dehors des ventes à la cave et aux particuliers, les plus rémunératrices sont celles faites aux CHR (café-hôtel-restaurant) et aux quelques magasins privés autorisés : seuls les meilleurs vins issus de cépages universels y ont accès. Autre possibilité, les très nombreux magasins du monopole provincial : sur une bouteille affichée 13 dollars dans les linéaires, il reste, taxes et services de monopole déduits, 5 dollars au producteur, que le vin soit importé ou produit ici.Mais si le vin produit en Colombie britannique porte le sigle VQA (vintners quality alliance), le producteur reçoit un ' complément de prix ' de 20 % calculé sur le prix TTC affiché, soit ici 2,60 dollars par bouteille (10,20 FF). Cette subvention directe est toutefois limitée à 156 000 bouteilles par cave et par an.Le sigle VQA est accordé après dégustation. De là aux supporters du VQA de l'assimiler aux AOC et DOC européennes... Et à ses détracteurs de souligner que contrairement aux AOC et DOC, le VQA ne comprend ni règles de production, ni délimitations précises de zones, ni moyens de contrôle assurant l'origine du produit et que la liste des soixante-dix cépages agréés (dont quatorze hybrides) devrait être limitée aux seuls cépages universels. ' Attelez-vous à faire de meilleurs vins avec de meilleurs cépages (universels) sur de meilleurs sites ' vient d'écrire un journaliste vancouverois s'adressant aux producteurs de VQA. Ce que les meilleures caves pratiquent depuis longtemps déjà par elles-mêmes.Le vignoble de l'Okanagan est le dernier maillon d'une chaîne viticole qui, depuis la basse Californie mexicaine, remonte vers le nord par la Californie, l'Oregon et l'Etat de Washington. Ses conditions de production quasi biologiques et sa pluviométrie maîtrisée, puisque artificielle, effacent largement le facteur millésime, garantissant ainsi au consommateur des vins de qualité, aromatiques, fruités et d'un remarquable équilibre maturité-acidité. Des ultra-premium wines semblables à ceux produits dans les autres régions viticoles du bassin de la Colombia, dont l'Okanagan fait partie avec l'Oregon et l'état de Washington, et qui font la renommée du nord-ouest américain, majestueuse contrée aux espaces infinis.

Si vous avez un jour l'occasion de déjeuner au restaurant The Prow (La proue), à Vancouver, vous pourrez admirer l'une des plus belles baies du monde, au bord de laquelle se dresse, dans le lointain, une impressionnante muraille rocheuse de 4 000 mètres d'altitude : c'est la Chaîne Côtière. Cette barrière interdit la progression vers l'est de la plupart des formations nuageuses venues du Pacifique et conditionne les climats de deux régions : à l'ouest, celui de la côte, humide et frais avec 1 300 mm de pluie par an à Vancouver (Paris : 650 mm) et à l'est, celui de la vallée de l'Okanagan qui, bien qu'à seulement 250 km du Pacifique, connaît un climat subdésertique, aride, avec un ciel bleu cristallin presque immuable de la mi-mars à la fin septembre grâce à l'anticyclone de Californie.L'irrigation est indispensable dans la vallée de l'Okanagan, réputée depuis longtemps pour ses pêchers, abricotiers, cerisiers, pommiers... et maintenant pour ses vignobles. L'Okanagan reçoit 280 millimètres de précipitations annuelles, dont la moitié d'avril jusqu'à septembre.En Colombie britannique, il n'y a pas de répertoire des plantations et arrachages de vignes. Chacun est libre de planter ce qu'il veut. Le vignoble actuel est estimé à un millier d'hectares et se situe tout près de la frontière américaine (Etat de Washington). Il y a un peu de vignes à l'ouest, sur l'île de Vancouver ou près de la capitale. 95 % des superficies de la Colombie britannique se trouvent dans la vallée de l'Okanagan, un pourcentage qui augmentera encore dans l'avenir. Sa partie sud, depuis Okanagan Falls jusqu'à la frontière américaine, est en fait la fin du Grand Désert américain. C'est la meilleure partie de la vallée. On y trouve les sites favorables à la viticulture les plus étendus. Les sommes des températures actives y sont élevées : 1 450°C à Oliver (Aix-en-Provence : 1 364°, Napa Californie : 1 409°) et les températures hivernales y sont convenables pour les viniferas. Le facteur limitant est ici la date de la première gelée d'automne, qui peut varier de trois semaines selon l'altitude et l'exposition d'un site.Les coteaux sableux et caillouteux (granites et schistes ardoisiers) compris entre 300 et 400 m d'altitude, surplombant cette ancienne vallée glaciaire, sont peu à peu colonisés par la vigne. Une centaine d'hectares y sont cultivés par les Indiens dans leur réserve d'Inkameep, près d'Oliver, un territoire recelant près d'un millier d'hectares de terres incultes, en terrasses bien exposées, propices à la viticulture. Des pluies insignifiantes et un taux d'humidité de 5 à 20 % en période végétative éloignent tout risque de mildiou et de botrytis. Deux ou trois traitements au soufre mouillable suffisent pour contrôler l'oïdium. L'intensité et la qualité de la luminosité (bienfaits de l'anticyclone de Californie) activent l'induction florale. Des amplitudes journalières de 15°C et plus à l'approche des vendanges contribuent au développement du potentiel aromatique et de l'intensité colorante. Une pression parasitaire très faible et une forte insolation caractérisent également cette vallée. Uniques au Canada, ces qualités ont provoqué l'essor des vignobles et, depuis peu, la construction de caves modernes dans l'Okanagan.Début octobre, hauts dans le ciel, les oies sauvages ont déjà entrepris le voyage du Grand Nord canadien vers le sud des Etats-Unis. A terre, les vendangeurs s'affairent. La production des vins élaborés avec les raisins récoltés dans la province est estimée à 60 000 hl environ : les trois quarts en blancs, le reste en rouges. Mais avec les dernières plantations, la part des rouges atteindra 40 % : le French Paradoxe est passé par là.Les cépages universels représentent la moitié de cette production avec le chardonnay, le gamay, le riesling, le gewurztraminer et les pinots, ainsi que le merlot et les cabernets dans le sud de la vallée, sur des sites exceptionnels.La consommation annuelle est de 14 l de vin par habitant en Colombie britannique. Quelques ventes se font dans d'autres provinces canadiennes mais les vins sont surtout consommés sur place et les prix varient de 9 à 18 dollars TTC la bouteille (35 à 70 FF). Le principal marché est Vancouver (1 700 000 habitants sur les quelque 3 700 000 de la province).En dehors des ventes à la cave et aux particuliers, les plus rémunératrices sont celles faites aux CHR (café-hôtel-restaurant) et aux quelques magasins privés autorisés : seuls les meilleurs vins issus de cépages universels y ont accès. Autre possibilité, les très nombreux magasins du monopole provincial : sur une bouteille affichée 13 dollars dans les linéaires, il reste, taxes et services de monopole déduits, 5 dollars au producteur, que le vin soit importé ou produit ici.Mais si le vin produit en Colombie britannique porte le sigle VQA (vintners quality alliance), le producteur reçoit un ' complément de prix ' de 20 % calculé sur le prix TTC affiché, soit ici 2,60 dollars par bouteille (10,20 FF). Cette subvention directe est toutefois limitée à 156 000 bouteilles par cave et par an.Le sigle VQA est accordé après dégustation. De là aux supporters du VQA de l'assimiler aux AOC et DOC européennes... Et à ses détracteurs de souligner que contrairement aux AOC et DOC, le VQA ne comprend ni règles de production, ni délimitations précises de zones, ni moyens de contrôle assurant l'origine du produit et que la liste des soixante-dix cépages agréés (dont quatorze hybrides) devrait être limitée aux seuls cépages universels. ' Attelez-vous à faire de meilleurs vins avec de meilleurs cépages (universels) sur de meilleurs sites ' vient d'écrire un journaliste vancouverois s'adressant aux producteurs de VQA. Ce que les meilleures caves pratiquent depuis longtemps déjà par elles-mêmes.Le vignoble de l'Okanagan est le dernier maillon d'une chaîne viticole qui, depuis la basse Californie mexicaine, remonte vers le nord par la Californie, l'Oregon et l'Etat de Washington. Ses conditions de production quasi biologiques et sa pluviométrie maîtrisée, puisque artificielle, effacent largement le facteur millésime, garantissant ainsi au consommateur des vins de qualité, aromatiques, fruités et d'un remarquable équilibre maturité-acidité. Des ultra-premium wines semblables à ceux produits dans les autres régions viticoles du bassin de la Colombia, dont l'Okanagan fait partie avec l'Oregon et l'état de Washington, et qui font la renommée du nord-ouest américain, majestueuse contrée aux espaces infinis.

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