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Le cuivre sous toutes ses formes

La vigne - n°81 - octobre 1997 - page 0

Les formes de cuivre sont nombreuses mais toutes n'ont pas la même efficacité ni la même rapidité d'action vis-à-vis du mildiou. La persistance face au lessivage peut elle aussi varier.

Les formes de cuivre sont nombreuses mais toutes n'ont pas la même efficacité ni la même rapidité d'action vis-à-vis du mildiou. La persistance face au lessivage peut elle aussi varier.

La découverte empirique de l'action du cuivre quelques temps après l'apparition du mildiou dans le vignoble français a permis la sauvegarde de bien des situations durant trois quarts de siècle. En effet, les premières expérimentations de produits acupriques ne remontent qu'à 1952. Le ' mélange préservateur ' ou le ' mélange médocain ' puis la bouillie bordelaise étaient alors obtenus par neutralisation d'une solution de sulfate de cuivre par un lait de chaux. Les bouillies extemporanées, c'est-à-dire préparées peu avant leur application, à la ' sulfaterie ' ou au champ étaient alors titrées à 2 % de sulfate de cuivre, des dosages plus élevés n'apportant pas un supplément d'efficacité notable. Une intervention effectuée sur la base de 1 000 l/ha de liquide apportait 20 kg de sulfate, soit 5 000 g/ha de cuivre métal.Mais l'emploi de bouillie bordelaise extemporanée étant peu compatible avec les appareils modernes de pulvérisation, et en particulier ceux réalisant les traitements avec des volumes de liquide réduits de 50 à 200 l/ha, cette mixture est de moins en moins utilisée. Aujourd'hui, on ne trouve plus de bouillie bourguignonne neutralisée au carbonate de soude dans des formulations prêtes à l'emploi. Le carbonate de soude n'existe que sous forme de poudre pour poudrage dont la persistance d'action est insuffisante.L'acétate de cuivre est un vieux produit qui, dans le passé, a été largement utilisé. Le Verdet, seule formulation, est entièrement soluble et apparemment, dans des essais remontant à quelques années, à dose de cuivre équivalente, il est apparu aussi actif sur le mildiou que les bouillies bordelaises. On pouvait cependant redouter un lessivage plus rapide par les pluies.En dehors d'un sulfate de cuivre tétracuivrique et tricalcique autorisé à 5 000 g/ha et dont il n'existe qu'une formulation, plusieurs bouillies bordelaises prêtes à l'emploi - sulfate de cuivre neutralisé à la chaux - sont présentes sur le marché. La première d'entre elles avait pour origine la Société des raffineries de soufre réunies. Le centre d'expérimentation de l'ITV, à Beaucaire-Tavernel, a largement participé à la démonstration de son efficacité. Par la suite, les travaux de l'Inra de Bordeaux ont permis, alors que la dose homologuée était de 5 000 g/ha, de la réduire à 3 000 g. Aujourd'hui, cette réduction n'est applicable qu'à deux spécialités : la bouillie bordelaise RSR et la super-bouillie Macclesfield 80. Elles restent les références en matière de bouillies cupriques.L'oxychlorure de cuivre était connu en Suisse dès les premières années de ce siècle. Dosant 50 % de cuivre métal, de tels produits ont été d'abord utilisés sur arbres fruitiers mais ils se sont montrés inférieurs aux bouillies à base de sulfate de cuivre sur le mildiou de la vigne. Cette insuffisance paraît liée à leur plus grande solubilité qui concourt à un manque de résistance au lessivage par les pluies. L'oxychlorure tétracuivrique qui, utilisé seul, n'a pas fait une grande carrière, s'est imposé avec succès au cours des trente dernières années dans des associations avec des produits organiques dont le type fut le Cuprosan.L'oxyde cuivreux, proposé avec insistance dans les années cinquante sous forme d'émulsion huileuse, a été largement expérimenté. Il ne s'était jamais placé en matière d'efficacité au niveau de la bouillie bordelaise. En revanche, il a manifesté sur le feuillage des signes de phytotoxicité évidents et la présence de dépôts et de décolorations anormaux. Mais une nouvelle formulation en poudre mouillable vient d'apparaître. Utilisable à 5 000 g/ha, elle laisse des dépôts rougeâtres sur le feuillage mais sans phytotoxicité apparente sur jeune vigne et avec une efficacité immédiate satisfaisante.Un nombre de plus en plus important de spécialités cupriques récentes sont à base d'hydroxyde de cuivre. Généralement obtenu par traitement à la soude du sulfate de cuivre, ce sel semble aujourd'hui concurrencer les autres formes de cuivre dans le traitement du mildiou de la vigne. Le Champ Flo est le seul autorisé à 2 520 g/ha, les autres l'étant à 3 000 g. Leur comportement dans les périodes de traitements est satisfaisant. Il leur faudra prouver leur persistance en fin de saison.Quel sel de cuivre utiliser : un sprinter ou un coureur de fond? Sans exagérer encore ses propriétés en matière de lutte antiparasitaire (effets sur oïdium ou pourriture grise), il ne faut pas négliger tout ce qu'il peut apporter dans la lutte contre le mildiou. Cependant, compte tenu de l'arsenal dont on dispose actuellement, il convient de savoir à quelle époque le cuivre est le plus utile, voire indispensable, et sous quelle forme?Si l'on peut considérer qu'il a su assurer la protection de la vigne pendant de nombreuses décennies et qu'il peut l'assurer encore en raisonnant son utilisation, il faut aussi reconnaître que d'autres matières actives peuvent avoir une activité supérieure parce que plus facilement mobilisées dans les périodes contaminatrices.Face aux pluies du printemps et du début de l'été, lorsqu'existent des conidies du mildiou, il est nécessaire de disposer d'un fongicide rapidement mis en suspension, ce qui peut être le cas de certaines formes de cuivre, oxychlorure ou hydroxyde. Le cuivre du sulfate ne se mobilise que lentement et n'a un effet plus important que dans le cas de précipitations de longue durée. Mais des matières actives pénétrantes et systémiques possèdent d'autres atouts.En revanche en fin de saison, surtout après le début de la véraison, alors que les attaques de mildiou sont à même de défeuiller la vigne et que la couverture n'est pas renouvelée, aucun produit n'apporte la persistance d'action du sulfate de cuivre et de la bouillie bordelaise. Or, la défeuillaison précoce avant vendanges peut avoir des effets sur la récolte pendante, sur l'aoûtement des bois, la constitution des réserves et des incidences négatives qui se répercutent sur les deux récoltes suivantes.Ainsi, selon que l'on aura besoin d'un produit rapidement actif et pour une courte durée ou au contraire d'une protection s'étendant à plusieurs semaines ou mois, on utilisera, si on ne fait pas appel à une autre matière active que le cuivre, une forme rapidement mobilisée, un sprinter, ou au contraire, une autre libérant lentement le produit actif, un coureur de fond.

La découverte empirique de l'action du cuivre quelques temps après l'apparition du mildiou dans le vignoble français a permis la sauvegarde de bien des situations durant trois quarts de siècle. En effet, les premières expérimentations de produits acupriques ne remontent qu'à 1952. Le ' mélange préservateur ' ou le ' mélange médocain ' puis la bouillie bordelaise étaient alors obtenus par neutralisation d'une solution de sulfate de cuivre par un lait de chaux. Les bouillies extemporanées, c'est-à-dire préparées peu avant leur application, à la ' sulfaterie ' ou au champ étaient alors titrées à 2 % de sulfate de cuivre, des dosages plus élevés n'apportant pas un supplément d'efficacité notable. Une intervention effectuée sur la base de 1 000 l/ha de liquide apportait 20 kg de sulfate, soit 5 000 g/ha de cuivre métal.Mais l'emploi de bouillie bordelaise extemporanée étant peu compatible avec les appareils modernes de pulvérisation, et en particulier ceux réalisant les traitements avec des volumes de liquide réduits de 50 à 200 l/ha, cette mixture est de moins en moins utilisée. Aujourd'hui, on ne trouve plus de bouillie bourguignonne neutralisée au carbonate de soude dans des formulations prêtes à l'emploi. Le carbonate de soude n'existe que sous forme de poudre pour poudrage dont la persistance d'action est insuffisante.L'acétate de cuivre est un vieux produit qui, dans le passé, a été largement utilisé. Le Verdet, seule formulation, est entièrement soluble et apparemment, dans des essais remontant à quelques années, à dose de cuivre équivalente, il est apparu aussi actif sur le mildiou que les bouillies bordelaises. On pouvait cependant redouter un lessivage plus rapide par les pluies.En dehors d'un sulfate de cuivre tétracuivrique et tricalcique autorisé à 5 000 g/ha et dont il n'existe qu'une formulation, plusieurs bouillies bordelaises prêtes à l'emploi - sulfate de cuivre neutralisé à la chaux - sont présentes sur le marché. La première d'entre elles avait pour origine la Société des raffineries de soufre réunies. Le centre d'expérimentation de l'ITV, à Beaucaire-Tavernel, a largement participé à la démonstration de son efficacité. Par la suite, les travaux de l'Inra de Bordeaux ont permis, alors que la dose homologuée était de 5 000 g/ha, de la réduire à 3 000 g. Aujourd'hui, cette réduction n'est applicable qu'à deux spécialités : la bouillie bordelaise RSR et la super-bouillie Macclesfield 80. Elles restent les références en matière de bouillies cupriques.L'oxychlorure de cuivre était connu en Suisse dès les premières années de ce siècle. Dosant 50 % de cuivre métal, de tels produits ont été d'abord utilisés sur arbres fruitiers mais ils se sont montrés inférieurs aux bouillies à base de sulfate de cuivre sur le mildiou de la vigne. Cette insuffisance paraît liée à leur plus grande solubilité qui concourt à un manque de résistance au lessivage par les pluies. L'oxychlorure tétracuivrique qui, utilisé seul, n'a pas fait une grande carrière, s'est imposé avec succès au cours des trente dernières années dans des associations avec des produits organiques dont le type fut le Cuprosan.L'oxyde cuivreux, proposé avec insistance dans les années cinquante sous forme d'émulsion huileuse, a été largement expérimenté. Il ne s'était jamais placé en matière d'efficacité au niveau de la bouillie bordelaise. En revanche, il a manifesté sur le feuillage des signes de phytotoxicité évidents et la présence de dépôts et de décolorations anormaux. Mais une nouvelle formulation en poudre mouillable vient d'apparaître. Utilisable à 5 000 g/ha, elle laisse des dépôts rougeâtres sur le feuillage mais sans phytotoxicité apparente sur jeune vigne et avec une efficacité immédiate satisfaisante.Un nombre de plus en plus important de spécialités cupriques récentes sont à base d'hydroxyde de cuivre. Généralement obtenu par traitement à la soude du sulfate de cuivre, ce sel semble aujourd'hui concurrencer les autres formes de cuivre dans le traitement du mildiou de la vigne. Le Champ Flo est le seul autorisé à 2 520 g/ha, les autres l'étant à 3 000 g. Leur comportement dans les périodes de traitements est satisfaisant. Il leur faudra prouver leur persistance en fin de saison.Quel sel de cuivre utiliser : un sprinter ou un coureur de fond? Sans exagérer encore ses propriétés en matière de lutte antiparasitaire (effets sur oïdium ou pourriture grise), il ne faut pas négliger tout ce qu'il peut apporter dans la lutte contre le mildiou. Cependant, compte tenu de l'arsenal dont on dispose actuellement, il convient de savoir à quelle époque le cuivre est le plus utile, voire indispensable, et sous quelle forme?Si l'on peut considérer qu'il a su assurer la protection de la vigne pendant de nombreuses décennies et qu'il peut l'assurer encore en raisonnant son utilisation, il faut aussi reconnaître que d'autres matières actives peuvent avoir une activité supérieure parce que plus facilement mobilisées dans les périodes contaminatrices.Face aux pluies du printemps et du début de l'été, lorsqu'existent des conidies du mildiou, il est nécessaire de disposer d'un fongicide rapidement mis en suspension, ce qui peut être le cas de certaines formes de cuivre, oxychlorure ou hydroxyde. Le cuivre du sulfate ne se mobilise que lentement et n'a un effet plus important que dans le cas de précipitations de longue durée. Mais des matières actives pénétrantes et systémiques possèdent d'autres atouts.En revanche en fin de saison, surtout après le début de la véraison, alors que les attaques de mildiou sont à même de défeuiller la vigne et que la couverture n'est pas renouvelée, aucun produit n'apporte la persistance d'action du sulfate de cuivre et de la bouillie bordelaise. Or, la défeuillaison précoce avant vendanges peut avoir des effets sur la récolte pendante, sur l'aoûtement des bois, la constitution des réserves et des incidences négatives qui se répercutent sur les deux récoltes suivantes.Ainsi, selon que l'on aura besoin d'un produit rapidement actif et pour une courte durée ou au contraire d'une protection s'étendant à plusieurs semaines ou mois, on utilisera, si on ne fait pas appel à une autre matière active que le cuivre, une forme rapidement mobilisée, un sprinter, ou au contraire, une autre libérant lentement le produit actif, un coureur de fond.

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