En août, des pluies ont provoqué l'éclatement de baies. Dans tout le sud de la France, elles ont très rapidement été envahies par des drosophiles puis par de la pourriture aigre. Ces attaques ont paru incontrôlables alors qu'il existe des solutions.
En août, des pluies ont provoqué l'éclatement de baies. Dans tout le sud de la France, elles ont très rapidement été envahies par des drosophiles puis par de la pourriture aigre. Ces attaques ont paru incontrôlables alors qu'il existe des solutions.
Seconde plaie du vignoble : les drosophiles et leur corollaire, la pourriture acide. Elles ne doivent leur deuxième place qu'au nombre plus faible de régions dans lesquelles elles ont sévi par rapport à l'oïdium. Mais autrement, elles n'ont rien à lui envier. Elles ont su être plus foudroyantes que lui. Puis en septembre, elles se sont retirées en laissant un sentiment d'impuissance bien plus fort que celui produit par l'oïdium.En août, les drosophiles ont pullulé dans le Midi méditerranéen et atlantique. Le Sauternais, le Roussillon, les bords de la Camargue ou le littoral provençal ont l'habitude de ces petites mouches aux yeux couleur de brique. Mais dans ces régions, on les avait rarement vues en si grand nombre et se propager si rapidement. De plus, elles ont sévi en des endroits où l'on ne les connaissait pas ou peu : dans le Médoc ou à Gaillac. Elles ont même fait leur apparition à Cognac et en Touraine. Là, les dégâts sont faibles. Mais tout de même, des drosophiles sur les bords de la Loire, jamais encore on ne les avait remarquées!Les mouches se sont abattues sur des parcelles de sauvignon, de sémillon, de cinsault, de muscat à petits grains et de portugais bleu. Dans une moindre mesure, elles ont également altéré des récoltes de merlot, de syrah et d'alicante bouschet. Les baies avaient éclaté à la suite d'averses. Les insectes ont pondu leurs oeufs dans la pulpe des raisins. Leurs asticots s'en sont nourris et ont ainsi causé des pertes directes de récolte. Indirectement, les adultes sont à l'origine de dépréciations plus graves car ils propagent la pourriture acide. Et ça se sent! ' Dans certaines vignes, on ne pouvait pas rester tellement l'odeur était abominable ', témoigne une oenologue.En pleine journée, les mouches recherchent l'ombre et la fraîcheur sous la végétation. A moins d'observer les grappes, on ne les voit pas. Elles passent presque inaperçues car seules quelques-unes d'entre elles se promènent dans les airs. Au bout de quelques jours, une odeur piquante de vinaigre trahit leur présence. On soulève les feuilles et une nuée d'insectes s'envole. C'est alors qu'on découvre l'ampleur des dégâts. Trop tard. Il n'y a plus grand-chose à faire pour stopper l'invasion.Des insecticides (Décis, Karaté) sont autorisés contre la drosophile. Que peuvent-ils contre des populations innombrables? ' Un traitement élimine les mouches volantes, explique Jacques Stockel, de l'Inra de Bordeaux, mais le lendemain, de nouvelles mouches surgiront de l'éclosion des pupes arrivées à terme. Elles continueront à se multiplier. Pour obtenir des résultats, il faudrait traiter tous les trois ou quatre jours. Ce n'est pas pensable. 'L'autre solution, c'est d'intervenir préventivement, c'est-à-dire à l'apparition des premières mouches. Des techniciens méridionaux ont montré que dans de telles conditions, deux applications de pyréthrinoïdes espacées de six à huit jours pouvaient réduire de moitié les dégâts. Ces résultats ont été obtenus sur de petites parcelles d'essai. Logiquement, ils devraient être meilleurs sur de grandes étendues car on interdirait ainsi que des drosophiles conservent des troupes prêtes pour de nouvelles attaques aux abords d'une vigne qu'on vient de traiter.En principe, la prévention est possible. Les connaissances actuelles permettent de situer les périodes à risques. ' Lorsque la température nocturne ne descend pas en dessous de 22 à 23°C et que le taux d'hygrométrie est élevé, les conditions sont réunies pour les attaques de drosophiles ', résume Edmond Méroni, de la chambre d'agriculture des Bouches-du-Rhône. Par ailleurs, on connaît les parcelles à risques. Une enquête conduite l'an dernier en Bordelais montre que les attaques se reproduisent toujours aux mêmes endroits. On devrait donc pouvoir bâtir des réseaux de surveillance et d'alerte. Mais beaucoup de vignerons préfèrent taire leurs problèmes de pourriture aigre comme ils cacheraient une maladie honteuse. Difficile de résoudre l'épineux problème avec de telles oeillères. Or, à l'avenir, les drosophiles pourraient fort bien revenir plus souvent que par le passé. Il suffirait que le réchauffement du climat se poursuive. C'est en effet la précocité plus que tout autre facteur qui les a favorisées. Les raisins sont arrivés à maturité en été. Les mouches ont ainsi trouvé de la nourriture en abondance au moment de leur période de reproduction. Elles ne pouvaient espérer mieux.A la précocité s'est ajoutée une autre particularité de la saison qui vient de s'achever : la forte présence de l'oïdium. Il a fragilisé les pellicules, leur faisant perdre leur souplesse. De ce fait, elles n'ont pu suivre le gonflement des baies provoqué par les pluies d'août. Elles se sont rompues sous l'afflux de sève laissant s'écouler des jus sucrés. La lutte contre la pourriture aigre passe donc par la maîtrise de l'oïdium. Il n'y a là rien de nouveau : les conséquences secondaires de ce champignon sont connues depuis longtemps. Il favorise les pourritures comme peuvent le faire les vers de la grappe qui, cette année, ne sont pas en cause car ils furent peu nombreux. Les guêpes ont pris leur place. Elles ont causé les blessures qui ont attiré les mouches alors que souvent, les tordeuses le font.Au chapitre de la prophylaxie, on trouve d'autres remèdes : contrôle de la vigueur, effeuillage et application de bouillie bordelaise. Les drosophiles aiment l'ombre et l'humidité. Elles les trouvent dans les ceps puissants et aux sarments retombants parce qu'insuffisamment palissés. Elles apprécient d'autant mieux les vignes vigoureuses que les produits de traitement franchissent difficilement l'épaisseur du feuillage et atteignent peu les grappes. Elles apprécient bien moins les vignes faibles car les grappes sont aérées et éclairées.' Les traitements cupriques (trois au minimum) montrent leur intérêt et leur efficacité, à condition d'être appliqués très tôt et en encadrant la véraison ', lit-on dans le document de synthèse des essais réalisés en 1993, 1994 et 1995 par divers organismes de Provence et des côtes du Rhône (1). Les auteurs de ces expérimentations ont employé des doses réduites de bouillie bordelaise (15 kg/ha au maximum) et n'ont visé que la zone des grappes. La plupart du temps, ils ont ainsi réduit d'au moins 50 % les taux d'attaques. Le cuivre, particulièrement la bouillie bordelaise, présente donc un effet secondaire très intéressant contre la pourriture acide. Certains auteurs attribuent même la recrudescence de cette maladie à la suppression des traitements cupriques de fin de saison. Si cet avis devait se confirmer, le plus vieux des antimildious se verrait renforcé après avoir souffert de la mise en évidence de son effet négatif sur la maturation.(1) Chambres d'agriculture des Bouches-du-Rhône, du Var et du Vaucluse; Inra d'Antibes, ITV d'Orange, Syndicat général des vignerons des côtes du Rhône, Comité interprofessionnel des vins des côtes du Rhône.
Seconde plaie du vignoble : les drosophiles et leur corollaire, la pourriture acide. Elles ne doivent leur deuxième place qu'au nombre plus faible de régions dans lesquelles elles ont sévi par rapport à l'oïdium. Mais autrement, elles n'ont rien à lui envier. Elles ont su être plus foudroyantes que lui. Puis en septembre, elles se sont retirées en laissant un sentiment d'impuissance bien plus fort que celui produit par l'oïdium.En août, les drosophiles ont pullulé dans le Midi méditerranéen et atlantique. Le Sauternais, le Roussillon, les bords de la Camargue ou le littoral provençal ont l'habitude de ces petites mouches aux yeux couleur de brique. Mais dans ces régions, on les avait rarement vues en si grand nombre et se propager si rapidement. De plus, elles ont sévi en des endroits où l'on ne les connaissait pas ou peu : dans le Médoc ou à Gaillac. Elles ont même fait leur apparition à Cognac et en Touraine. Là, les dégâts sont faibles. Mais tout de même, des drosophiles sur les bords de la Loire, jamais encore on ne les avait remarquées!Les mouches se sont abattues sur des parcelles de sauvignon, de sémillon, de cinsault, de muscat à petits grains et de portugais bleu. Dans une moindre mesure, elles ont également altéré des récoltes de merlot, de syrah et d'alicante bouschet. Les baies avaient éclaté à la suite d'averses. Les insectes ont pondu leurs oeufs dans la pulpe des raisins. Leurs asticots s'en sont nourris et ont ainsi causé des pertes directes de récolte. Indirectement, les adultes sont à l'origine de dépréciations plus graves car ils propagent la pourriture acide. Et ça se sent! ' Dans certaines vignes, on ne pouvait pas rester tellement l'odeur était abominable ', témoigne une oenologue.En pleine journée, les mouches recherchent l'ombre et la fraîcheur sous la végétation. A moins d'observer les grappes, on ne les voit pas. Elles passent presque inaperçues car seules quelques-unes d'entre elles se promènent dans les airs. Au bout de quelques jours, une odeur piquante de vinaigre trahit leur présence. On soulève les feuilles et une nuée d'insectes s'envole. C'est alors qu'on découvre l'ampleur des dégâts. Trop tard. Il n'y a plus grand-chose à faire pour stopper l'invasion.Des insecticides (Décis, Karaté) sont autorisés contre la drosophile. Que peuvent-ils contre des populations innombrables? ' Un traitement élimine les mouches volantes, explique Jacques Stockel, de l'Inra de Bordeaux, mais le lendemain, de nouvelles mouches surgiront de l'éclosion des pupes arrivées à terme. Elles continueront à se multiplier. Pour obtenir des résultats, il faudrait traiter tous les trois ou quatre jours. Ce n'est pas pensable. 'L'autre solution, c'est d'intervenir préventivement, c'est-à-dire à l'apparition des premières mouches. Des techniciens méridionaux ont montré que dans de telles conditions, deux applications de pyréthrinoïdes espacées de six à huit jours pouvaient réduire de moitié les dégâts. Ces résultats ont été obtenus sur de petites parcelles d'essai. Logiquement, ils devraient être meilleurs sur de grandes étendues car on interdirait ainsi que des drosophiles conservent des troupes prêtes pour de nouvelles attaques aux abords d'une vigne qu'on vient de traiter.En principe, la prévention est possible. Les connaissances actuelles permettent de situer les périodes à risques. ' Lorsque la température nocturne ne descend pas en dessous de 22 à 23°C et que le taux d'hygrométrie est élevé, les conditions sont réunies pour les attaques de drosophiles ', résume Edmond Méroni, de la chambre d'agriculture des Bouches-du-Rhône. Par ailleurs, on connaît les parcelles à risques. Une enquête conduite l'an dernier en Bordelais montre que les attaques se reproduisent toujours aux mêmes endroits. On devrait donc pouvoir bâtir des réseaux de surveillance et d'alerte. Mais beaucoup de vignerons préfèrent taire leurs problèmes de pourriture aigre comme ils cacheraient une maladie honteuse. Difficile de résoudre l'épineux problème avec de telles oeillères. Or, à l'avenir, les drosophiles pourraient fort bien revenir plus souvent que par le passé. Il suffirait que le réchauffement du climat se poursuive. C'est en effet la précocité plus que tout autre facteur qui les a favorisées. Les raisins sont arrivés à maturité en été. Les mouches ont ainsi trouvé de la nourriture en abondance au moment de leur période de reproduction. Elles ne pouvaient espérer mieux.A la précocité s'est ajoutée une autre particularité de la saison qui vient de s'achever : la forte présence de l'oïdium. Il a fragilisé les pellicules, leur faisant perdre leur souplesse. De ce fait, elles n'ont pu suivre le gonflement des baies provoqué par les pluies d'août. Elles se sont rompues sous l'afflux de sève laissant s'écouler des jus sucrés. La lutte contre la pourriture aigre passe donc par la maîtrise de l'oïdium. Il n'y a là rien de nouveau : les conséquences secondaires de ce champignon sont connues depuis longtemps. Il favorise les pourritures comme peuvent le faire les vers de la grappe qui, cette année, ne sont pas en cause car ils furent peu nombreux. Les guêpes ont pris leur place. Elles ont causé les blessures qui ont attiré les mouches alors que souvent, les tordeuses le font.Au chapitre de la prophylaxie, on trouve d'autres remèdes : contrôle de la vigueur, effeuillage et application de bouillie bordelaise. Les drosophiles aiment l'ombre et l'humidité. Elles les trouvent dans les ceps puissants et aux sarments retombants parce qu'insuffisamment palissés. Elles apprécient d'autant mieux les vignes vigoureuses que les produits de traitement franchissent difficilement l'épaisseur du feuillage et atteignent peu les grappes. Elles apprécient bien moins les vignes faibles car les grappes sont aérées et éclairées.' Les traitements cupriques (trois au minimum) montrent leur intérêt et leur efficacité, à condition d'être appliqués très tôt et en encadrant la véraison ', lit-on dans le document de synthèse des essais réalisés en 1993, 1994 et 1995 par divers organismes de Provence et des côtes du Rhône (1). Les auteurs de ces expérimentations ont employé des doses réduites de bouillie bordelaise (15 kg/ha au maximum) et n'ont visé que la zone des grappes. La plupart du temps, ils ont ainsi réduit d'au moins 50 % les taux d'attaques. Le cuivre, particulièrement la bouillie bordelaise, présente donc un effet secondaire très intéressant contre la pourriture acide. Certains auteurs attribuent même la recrudescence de cette maladie à la suppression des traitements cupriques de fin de saison. Si cet avis devait se confirmer, le plus vieux des antimildious se verrait renforcé après avoir souffert de la mise en évidence de son effet négatif sur la maturation.(1) Chambres d'agriculture des Bouches-du-Rhône, du Var et du Vaucluse; Inra d'Antibes, ITV d'Orange, Syndicat général des vignerons des côtes du Rhône, Comité interprofessionnel des vins des côtes du Rhône.