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Un groupe catalyseur de projets

La vigne - n°82 - novembre 1997 - page 0

Dans le Minervois, une quinzaine de vignerons se sont rencontrés une fois par mois de février 1994 à fin 1996. Objectif : monter des projets de développement économiques pour chaque exploitation tout en intégrant les facteurs paysagers. Cette réflexion collective les a aidés à aller plus loin qu'ils ne l'auraient fait s'ils avaient été seuls.

Dans le Minervois, une quinzaine de vignerons se sont rencontrés une fois par mois de février 1994 à fin 1996. Objectif : monter des projets de développement économiques pour chaque exploitation tout en intégrant les facteurs paysagers. Cette réflexion collective les a aidés à aller plus loin qu'ils ne l'auraient fait s'ils avaient été seuls.

C'est l'histoire d'un jeune vigneron, vivant dans une maison retirée au coeur d'une vallée viticole du Minervois. Installé depuis 1983, Guy Sabarthès avait toujours écarté l'idée du prêt JA (jeune agriculteur). Il était pourtant obligé d'aller en Ariège garder des troupeaux l'été pour compléter son revenu. Puis revirement de situation : en 1996, il contracte un prêt JA. Le déclic? Le PDD, c'est-à-dire le plan de développement durable. Faire vivre la génération présente sans compromettre les suivantes, tel est l'objectif des PDD.Depuis février 1994, cinquante-neuf petits groupes se sont montés dans l'Hexagone, avec pour but de mettre en place ces plans. Celui du Minervois (Aude et Hérault) est le seul PDD exclusivement viticole, le PDD de Châlons en Champagne (Marne) étant mixte. Dans le Minervois, les seize vignerons intéressés se sont rencontrés environ une fois par mois pendant plusieurs années avec Colette Roger, leur animatrice. Objectif : réfléchir ensemble sur chacune des exploitations et trouver des voies de développement qui intègrent tous les facteurs : humains, économiques et environnementaux.Pour Guy Sabarthès comme pour les autres, c'est le regard du groupe sur son exploitation qui a été déterminant : ' j'ai mis trois ans pour mûrir un projet qui m'aurait pris dix ans sans le groupe. Le prêt JA s'est imposé à tous aux vues de mes volontés de développement. ' Concrètement, le producteur signe un contrat de cinq ans avec l'Etat, par le biais de la DDA. L'Etat contribue à la réalisation du projet par un ' bon technique ' de 10 000 F (analyse hydrologique, analyse de sols, analyse paysagère, etc.) et une aide à l'expérimentation de 20 000 à 30 000 F. Par le rachat progressif de vignes environnantes, grâce à son prêt, Guy Sabarthès travaille désormais à plein temps sur son exploitation viticole. ' Avant d'être un viticulteur PDD, j'étais un viticulteur peinard ', plaisante-t-il. Tout en précisant que les tracas financiers sont derrière lui.Le travail de groupe, les journées de formation et les diverses aides techniques et économiques permettent aux vignerons d'avoir un oeil plus avisé sur leurs exploitations. Et une attitude plus dynamique. ' Maintenant, nous sommes plus entreprenants, l'appréhension diminue ', poursuit Guy Sabarthès.Et comme un changement en entraîne d'autres, les membres du PDD deviennent souvent plus actifs dans la vie sociale et économique. Ainsi, Guy Sabarthès est-il devenu président de la coopérative de Félines, en Minervois (Hérault). Il anime aussi le groupe agri-environnemental dans sa vallée avec pour mission de prévenir les incendies par un débroussaillage des abords des vignes. ' On approche plus facilement les administrations, on a plus d'informations. C'est logique d'en faire profiter les autres ', explique-t-il. Même sentiment chez Rosy et Albert Francès, vignerons à Mailhac (Aude). ' Le PDD nous a permis de rencontrer des personnes que nous n'aurions jamais vues autrement ', témoigne Rosy Francès. Pour Albert et Rosy Francès, le PDD a fait mûrir un projet latent : la création d'un gîte rural dans une vieille maison, isolée du village. Le bon technique du PDD leur a permis de faire une étude sur l'installation de l'eau dans leur gîte. Ils ont ainsi rencontré l'ingénieur hydro-géologue du conseil régional et le responsable du tourisme qui se sont connus entre eux grâce à ce projet. ' Le développement passe par la rencontre de personnes qui ont les mêmes objectifs mais qui n'ont jamais l'occasion de se voir, explique Rosy Francès. De plus, le réseau relationnel s'agrandit facilement. Car nous n'avons jamais eu de refus, même dans l'administration, quand nous disions : ' je vous appelle de la part de... ' En parallèle du PDD, ils ont contracté un Pam (plan d'amélioration du matériel) pour faire des plantations d'arbres dans les friches, pour entretenir le bord des vignes et pour replanter des vignes. Loin d'être des utopistes, ces vignerons font au contraire preuve de pragmatisme. Ils savent ' frapper ' aux bonnes portes, grâce au réseau relationnel qu'ils ont peu à peu monté, au fil de leur réflexion. Leurs réalisations sont tangibles, ce qui pousse le ministère de l'Agriculture à poursuivre dans cette voie. L'Etat souhaite atteindre le cap des 2 000 PDD dès l'an prochain.

C'est l'histoire d'un jeune vigneron, vivant dans une maison retirée au coeur d'une vallée viticole du Minervois. Installé depuis 1983, Guy Sabarthès avait toujours écarté l'idée du prêt JA (jeune agriculteur). Il était pourtant obligé d'aller en Ariège garder des troupeaux l'été pour compléter son revenu. Puis revirement de situation : en 1996, il contracte un prêt JA. Le déclic? Le PDD, c'est-à-dire le plan de développement durable. Faire vivre la génération présente sans compromettre les suivantes, tel est l'objectif des PDD.Depuis février 1994, cinquante-neuf petits groupes se sont montés dans l'Hexagone, avec pour but de mettre en place ces plans. Celui du Minervois (Aude et Hérault) est le seul PDD exclusivement viticole, le PDD de Châlons en Champagne (Marne) étant mixte. Dans le Minervois, les seize vignerons intéressés se sont rencontrés environ une fois par mois pendant plusieurs années avec Colette Roger, leur animatrice. Objectif : réfléchir ensemble sur chacune des exploitations et trouver des voies de développement qui intègrent tous les facteurs : humains, économiques et environnementaux.Pour Guy Sabarthès comme pour les autres, c'est le regard du groupe sur son exploitation qui a été déterminant : ' j'ai mis trois ans pour mûrir un projet qui m'aurait pris dix ans sans le groupe. Le prêt JA s'est imposé à tous aux vues de mes volontés de développement. ' Concrètement, le producteur signe un contrat de cinq ans avec l'Etat, par le biais de la DDA. L'Etat contribue à la réalisation du projet par un ' bon technique ' de 10 000 F (analyse hydrologique, analyse de sols, analyse paysagère, etc.) et une aide à l'expérimentation de 20 000 à 30 000 F. Par le rachat progressif de vignes environnantes, grâce à son prêt, Guy Sabarthès travaille désormais à plein temps sur son exploitation viticole. ' Avant d'être un viticulteur PDD, j'étais un viticulteur peinard ', plaisante-t-il. Tout en précisant que les tracas financiers sont derrière lui.Le travail de groupe, les journées de formation et les diverses aides techniques et économiques permettent aux vignerons d'avoir un oeil plus avisé sur leurs exploitations. Et une attitude plus dynamique. ' Maintenant, nous sommes plus entreprenants, l'appréhension diminue ', poursuit Guy Sabarthès.Et comme un changement en entraîne d'autres, les membres du PDD deviennent souvent plus actifs dans la vie sociale et économique. Ainsi, Guy Sabarthès est-il devenu président de la coopérative de Félines, en Minervois (Hérault). Il anime aussi le groupe agri-environnemental dans sa vallée avec pour mission de prévenir les incendies par un débroussaillage des abords des vignes. ' On approche plus facilement les administrations, on a plus d'informations. C'est logique d'en faire profiter les autres ', explique-t-il. Même sentiment chez Rosy et Albert Francès, vignerons à Mailhac (Aude). ' Le PDD nous a permis de rencontrer des personnes que nous n'aurions jamais vues autrement ', témoigne Rosy Francès. Pour Albert et Rosy Francès, le PDD a fait mûrir un projet latent : la création d'un gîte rural dans une vieille maison, isolée du village. Le bon technique du PDD leur a permis de faire une étude sur l'installation de l'eau dans leur gîte. Ils ont ainsi rencontré l'ingénieur hydro-géologue du conseil régional et le responsable du tourisme qui se sont connus entre eux grâce à ce projet. ' Le développement passe par la rencontre de personnes qui ont les mêmes objectifs mais qui n'ont jamais l'occasion de se voir, explique Rosy Francès. De plus, le réseau relationnel s'agrandit facilement. Car nous n'avons jamais eu de refus, même dans l'administration, quand nous disions : ' je vous appelle de la part de... ' En parallèle du PDD, ils ont contracté un Pam (plan d'amélioration du matériel) pour faire des plantations d'arbres dans les friches, pour entretenir le bord des vignes et pour replanter des vignes. Loin d'être des utopistes, ces vignerons font au contraire preuve de pragmatisme. Ils savent ' frapper ' aux bonnes portes, grâce au réseau relationnel qu'ils ont peu à peu monté, au fil de leur réflexion. Leurs réalisations sont tangibles, ce qui pousse le ministère de l'Agriculture à poursuivre dans cette voie. L'Etat souhaite atteindre le cap des 2 000 PDD dès l'an prochain.

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