En peu de temps, des vignerons se sont familiarisés avec de nouveaux instruments qui amènent plus de précision dans la fertilisation et la conduite des traitements.
En peu de temps, des vignerons se sont familiarisés avec de nouveaux instruments qui amènent plus de précision dans la fertilisation et la conduite des traitements.
En matière de fertilisation, l'ère des excès est révolue. Elle fut marquée par des apports d'azote et de potasse bien plus abondants que nécessaire. Les conséquences de ces erreurs sont bien connues : la première entraîne une augmentation de la vigueur, la seconde provoque une baisse de l'acidité des moûts et le blocage de l'assimilation de la magnésie. On se retrouve alors dans un cercle vicieux qui implique d'augmenter les apports magnésiens pour parer aux carences. Le problème est d'autant plus grave que les sols sont plus légers.On ne mesure que depuis le début de la décennie tous les inconvénients causés par l'excès de potasse. Dans les vignobles dotés d'un bon revenu, les apports trop généreux ont pourtant duré de nombreuses années. Leur impact ne s'est pas immédiatement manifesté car le sol et la vigne ont un pouvoir tampon. Lorsqu'il est apparu, il a fallu s'interroger sur les habitudes prises et comparer les réserves des sols et la fertilisation aux besoins réels de la vigne.' Depuis que l'on relie certains facteurs de nutrition à la qualité des vins, les gens sont beaucoup plus intéressés par l'analyse de sol, constate Christophe Lechevalier, du laboratoire d'analyse de la chambre d'agriculture de Bordeaux. Ils commencent à l'utiliser comme un outil de gestion. ' L'analyse est connue de longue date. Elle fut longtemps réservée au calcul de la fumure à réaliser avant la plantation. Ce n'est plus le cas. Les bulletins servent de plus en plus à calculer la fertilisation au plus près des exigences de la vigne qui sont faibles. Ils indiquent la teneur en éléments minéraux du sol et de la vigne, après examen de ses pétioles. Les deux informations se complètent. La première indique les réserves disponibles, la seconde rend compte de leur utilisation par la plante. Armés de ces éléments, on peut résister à la double tentation de céder aux arguments des vendeurs d'engrais et à l'envie de trop bien soigner ses vignes. A l'inverse, dans les régions où il a fallu faire des impasses pour des raisons d'économie, l'analyse permet de savoir si l'on peut continuer sur cette voie.Dans le domaine des traitements, les papiers hydrosensibles remplissent le même rôle que les bulletins d'analyse vis-à-vis de la fertilisation : ils montrent ce que l'on ne voit pas. Là aussi, il s'agit d'un instrument d'introduction récente. Les conseillers viticoles en ont exposé l'utilité lors des multiples séances de réglage de pulvérisateurs qui ont eu lieu ces derniers temps. Ces papiers révèlent l'impact des gouttelettes. Sans eux, on ne voit que le brouillard qui sort du pulvérisateur. Autant dire qu'on n'y voit pas clair. On a l'impression que la bouillie voyage loin alors qu'en pleine végétation, elle est arrêtée par le feuillage et ne traverse pratiquement pas le plan de palissage. Autre illusion : il semble que plus le brouillard est abondant, mieux il pénètre au coeur des souches. Il n'en est rien. Il n'y a pas de rapport entre l'effet visuel dispersé par un pulvérisateur et la qualité de son travail. Les papiers hydrosensibles le prouvent.Ces bandelettes restent jaunes tant qu'elles n'ont pas été touchées par la bouillie de traitement. Il faut donc réorienter les jets ou réduire le nombre de rangs traités par passage. Lorsqu'elles virent au bleu, c'est qu'elles ont été humectées. Le produit de protection a atteint sa cible. Est-il arrivé en quantité suffisante? Il faut de l'expérience ou l'oeil exercé d'un spécialiste pour le savoir.Avec les modèles, il en est de même. Il faut savoir les interpréter. Ces outils mathématiques simulent le développement des maladies et indiquent un niveau de risque. Ceux décrivant le mildiou sont les plus avancés et les plus utilisés. Pour fonctionner, ils nécessitent les données météo que leur fournissent des stations climatiques automatiques. De nombreux distributeurs s'en sont pourvus. Elles leur permettent de diffuser des avis de traitement étayés par des faits et des risques encourus par les vignes et non seulement par des objectifs commerciaux. Les vignerons commencent à s'équiper de stations. Elles font presque partie de l'équipement minimal des grandes propriétés de renom. Mais en raison de leur coût, elles sont très peu présentes dans de petits domaines. Ces questions de coût n'ont pas arrêté Nicolas Scharsch, ni ses collègues de Wolxheim.Les quinze vignerons de cette commune alsacienne se sont regroupés pour acheter une station en commun. Montant de cet investissement : 27 000 F TTC pour obtenir de meilleurs résultats dans la lutte contre le mildiou. ' Nous venons d'avoir trois années avec des attaques très virulentes, explique Nicolas Scharsch. Il a fallu traiter dix à douze fois pour limiter les dégâts. Malgré cela, certains ont eu des pertes de récolte. L'objectif est de ne plus connaître les grosses attaques que nous venons de subir. ' Les vignerons se sont entendus avec la Protection des végétaux et le Comptoir agricole, une coopérative de distribution. Leur station fournira les données météo (vérifiées par Météo France) à chacun de ces deux organismes qui s'en serviront pour alimenter leurs modèles.En retour, ils communiqueront des avis de traitement aux intéressés. Nicolas Scharsch espère qu'ils pourront ainsi faire des prévisions et anticiper leurs interventions. ' Il est indispensable de travailler en partenariat pour ce genre d'opération. Cela demande un tel suivi et de telles compétences qu'on ne peut pas le faire seul. ' C'est un trait commun entre tous ces nouveaux outils : leur maniement et leur interprétation sont affaire de spécialistes. Pour autant, les vignerons ne peuvent pas les ignorer. Ils sont indispensables au développement de modes de production plus précis et plus propres.
En matière de fertilisation, l'ère des excès est révolue. Elle fut marquée par des apports d'azote et de potasse bien plus abondants que nécessaire. Les conséquences de ces erreurs sont bien connues : la première entraîne une augmentation de la vigueur, la seconde provoque une baisse de l'acidité des moûts et le blocage de l'assimilation de la magnésie. On se retrouve alors dans un cercle vicieux qui implique d'augmenter les apports magnésiens pour parer aux carences. Le problème est d'autant plus grave que les sols sont plus légers.On ne mesure que depuis le début de la décennie tous les inconvénients causés par l'excès de potasse. Dans les vignobles dotés d'un bon revenu, les apports trop généreux ont pourtant duré de nombreuses années. Leur impact ne s'est pas immédiatement manifesté car le sol et la vigne ont un pouvoir tampon. Lorsqu'il est apparu, il a fallu s'interroger sur les habitudes prises et comparer les réserves des sols et la fertilisation aux besoins réels de la vigne.' Depuis que l'on relie certains facteurs de nutrition à la qualité des vins, les gens sont beaucoup plus intéressés par l'analyse de sol, constate Christophe Lechevalier, du laboratoire d'analyse de la chambre d'agriculture de Bordeaux. Ils commencent à l'utiliser comme un outil de gestion. ' L'analyse est connue de longue date. Elle fut longtemps réservée au calcul de la fumure à réaliser avant la plantation. Ce n'est plus le cas. Les bulletins servent de plus en plus à calculer la fertilisation au plus près des exigences de la vigne qui sont faibles. Ils indiquent la teneur en éléments minéraux du sol et de la vigne, après examen de ses pétioles. Les deux informations se complètent. La première indique les réserves disponibles, la seconde rend compte de leur utilisation par la plante. Armés de ces éléments, on peut résister à la double tentation de céder aux arguments des vendeurs d'engrais et à l'envie de trop bien soigner ses vignes. A l'inverse, dans les régions où il a fallu faire des impasses pour des raisons d'économie, l'analyse permet de savoir si l'on peut continuer sur cette voie.Dans le domaine des traitements, les papiers hydrosensibles remplissent le même rôle que les bulletins d'analyse vis-à-vis de la fertilisation : ils montrent ce que l'on ne voit pas. Là aussi, il s'agit d'un instrument d'introduction récente. Les conseillers viticoles en ont exposé l'utilité lors des multiples séances de réglage de pulvérisateurs qui ont eu lieu ces derniers temps. Ces papiers révèlent l'impact des gouttelettes. Sans eux, on ne voit que le brouillard qui sort du pulvérisateur. Autant dire qu'on n'y voit pas clair. On a l'impression que la bouillie voyage loin alors qu'en pleine végétation, elle est arrêtée par le feuillage et ne traverse pratiquement pas le plan de palissage. Autre illusion : il semble que plus le brouillard est abondant, mieux il pénètre au coeur des souches. Il n'en est rien. Il n'y a pas de rapport entre l'effet visuel dispersé par un pulvérisateur et la qualité de son travail. Les papiers hydrosensibles le prouvent.Ces bandelettes restent jaunes tant qu'elles n'ont pas été touchées par la bouillie de traitement. Il faut donc réorienter les jets ou réduire le nombre de rangs traités par passage. Lorsqu'elles virent au bleu, c'est qu'elles ont été humectées. Le produit de protection a atteint sa cible. Est-il arrivé en quantité suffisante? Il faut de l'expérience ou l'oeil exercé d'un spécialiste pour le savoir.Avec les modèles, il en est de même. Il faut savoir les interpréter. Ces outils mathématiques simulent le développement des maladies et indiquent un niveau de risque. Ceux décrivant le mildiou sont les plus avancés et les plus utilisés. Pour fonctionner, ils nécessitent les données météo que leur fournissent des stations climatiques automatiques. De nombreux distributeurs s'en sont pourvus. Elles leur permettent de diffuser des avis de traitement étayés par des faits et des risques encourus par les vignes et non seulement par des objectifs commerciaux. Les vignerons commencent à s'équiper de stations. Elles font presque partie de l'équipement minimal des grandes propriétés de renom. Mais en raison de leur coût, elles sont très peu présentes dans de petits domaines. Ces questions de coût n'ont pas arrêté Nicolas Scharsch, ni ses collègues de Wolxheim.Les quinze vignerons de cette commune alsacienne se sont regroupés pour acheter une station en commun. Montant de cet investissement : 27 000 F TTC pour obtenir de meilleurs résultats dans la lutte contre le mildiou. ' Nous venons d'avoir trois années avec des attaques très virulentes, explique Nicolas Scharsch. Il a fallu traiter dix à douze fois pour limiter les dégâts. Malgré cela, certains ont eu des pertes de récolte. L'objectif est de ne plus connaître les grosses attaques que nous venons de subir. ' Les vignerons se sont entendus avec la Protection des végétaux et le Comptoir agricole, une coopérative de distribution. Leur station fournira les données météo (vérifiées par Météo France) à chacun de ces deux organismes qui s'en serviront pour alimenter leurs modèles.En retour, ils communiqueront des avis de traitement aux intéressés. Nicolas Scharsch espère qu'ils pourront ainsi faire des prévisions et anticiper leurs interventions. ' Il est indispensable de travailler en partenariat pour ce genre d'opération. Cela demande un tel suivi et de telles compétences qu'on ne peut pas le faire seul. ' C'est un trait commun entre tous ces nouveaux outils : leur maniement et leur interprétation sont affaire de spécialistes. Pour autant, les vignerons ne peuvent pas les ignorer. Ils sont indispensables au développement de modes de production plus précis et plus propres.