Chaleur et manque d'acidité ont provoqué de vives alertes dans les chais méridionaux. Dans le nord, les vinifications se sont déroulées sans incident. Partout, elles ont donné des vins rouges très souples.
Chaleur et manque d'acidité ont provoqué de vives alertes dans les chais méridionaux. Dans le nord, les vinifications se sont déroulées sans incident. Partout, elles ont donné des vins rouges très souples.
Nous avons commencé les vendanges fin août. Nous sommes fin octobre et nous respirons enfin, souffle Bernard Ganichot, du laboratoire oenologique du Comité interprofessionnel des côtes du Rhône. Cela fait bien des années que nous n'étions pas restés sur le qui-vive aussi longtemps. ' Les premières récoltes démarrent dans l'urgence car à la fin août, l'état sanitaire des cépages précoces se dégrade. Début septembre, le beau temps est de retour mais la maturation semble s'interrompre. Il faut attendre dix jours, parfois quinze.Lorsque les vendanges reprennent, il ne reste que de faibles quantités d'acide malique dans les moûts. Les raisins qui rentrent dans les chais sont chauds. Deux menaces pèsent sur eux : la surchauffe et les bactéries lactiques qui risquent de consommer leurs sucres. Elles planent sur tous les chais situés au sud de la France, depuis Cognac jusqu'à la Provence. Elles éprouvent vignerons et oenologues.' Il a fallu mobiliser toutes les énergies pour avoir suffisamment de froid, raconte Olivier Gibelin, le président du syndicat des costières de Nîmes. Tout le monde s'est prêté du matériel. ' Cela n'a pas toujours suffi. Malgré les efforts des uns et des autres, bien des cuves de rouge ont eu trop chaud. ' Nous avons vu de véritables cas d'école de coups de feu, rapporte Olivier Naslès, qui dirige un laboratoire en Provence. Les densités chutaient de 1 090 à 1 020 en deux à trois jours. La température grimpait de 25 à 35°C. Puis la courbe de fermentation restait plate pendant dix jours. Il fallait au moins deux semaines pour arriver à relancer ces fermentations. 'Les Charentais n'ont presque pas de centrales de refroidissement car, habituellement, ils n'en ont pas besoin. Cette année, les frigories leur ont terriblement manqué. ' 10 % des échantillons que nous avons analysés ont des sucres résiduels alors que leur malo est déjà terminée ', témoigne Bernard Galy, à la station viticole du Bureau national interprofessionnel du cognac.Ces échauffements excessifs ont causé un surcroît de travail car il a fallu faire quantité de pieds de cuves. Ils ont aussi soulevé bien des inquiétudes car les sucres que les levures ne pouvaient plus consommer, excitaient l'appétit des bactéries lactiques. On sait qu'elles sont à l'aise dans les moûts et les vins peu acides. Elles l'ont montré. On avait rarement vu les fermentations malolactiques commencer aussi rapidement. En cela, le millésime 1997 est exactement à l'opposé du précédent, qui fut tellement riche en acide malique que les ferments lactiques avaient eu toutes les peines du monde à s'y implanter. Les producteurs de primeurs s'en sont réjouis. Leurs vins étaient prêts de très bonne heure. Ils ont eu du temps pour les filtrer et embouteiller. A quel prix?Que de tension dans les chais au cours du mois d'octobre. Les fermentations malolactiques ont trop souvent commencé avant la fin des fermentations alcooliques. Dans la plupart des cuves de longue macération, elles ont démarré sous marc. Il a fallu multiplier les analyses d'acidité volatile. Quelques fois, elles révélaient une dégradation qu'il fallait stopper par un sulfitage. Le plus souvent, elles montraient que les deux fermentations cohabitaient sans heurt. Il y eut finalement bien plus de peur que de mal. Partout, les fermentations ont donné naissance à des vins rouges aux tanins souples et fondus, dépourvus de notes de verdeur et très ouverts. Bien qu'ils soient chatoyants, dans le Midi, on regrette leur manque de concentration. Le grenache souffre plus que d'autres de légèreté. Ses baies avaient trop gonflé après les dernières pluies de l'été. Dans plusieurs terroirs, carignan et cinsault ont subi le même sort. En revanche, la syrah, le mourvèdre, le cabernet sauvignon et le merlot offrent des vins très appréciés.Bordeaux et Bergerac auraient, eux aussi, préféré des couleurs plus soutenues et des tanins plus charpentés qu'ils n'en ont. Seuls les vignerons des régions septentrionales ne regrettent rien. Ils ont récolté leurs raisins sous un ciel plus bleu que dans leurs rêves. ' Nous n'avons pas eu un seul jour de pluie pendant les vendanges, savoure Michel Vallade, du Comité interprofessionnel du vin de Champagne. C'est un événement exceptionnel. ' Dans cette région, les degrés naturels des vins s'établissent autour de 10,3 % vol. C'est très élevé. Les Alsaciens promettent des rieslings merveilleux. Quant aux rouges du Val de Loire ou de Bourgogne, ils sont riches tout en étant souples. La seule interrogation porte sur le potentiel de conservation de ce millésime peu tannique et très peu acide.
Nous avons commencé les vendanges fin août. Nous sommes fin octobre et nous respirons enfin, souffle Bernard Ganichot, du laboratoire oenologique du Comité interprofessionnel des côtes du Rhône. Cela fait bien des années que nous n'étions pas restés sur le qui-vive aussi longtemps. ' Les premières récoltes démarrent dans l'urgence car à la fin août, l'état sanitaire des cépages précoces se dégrade. Début septembre, le beau temps est de retour mais la maturation semble s'interrompre. Il faut attendre dix jours, parfois quinze.Lorsque les vendanges reprennent, il ne reste que de faibles quantités d'acide malique dans les moûts. Les raisins qui rentrent dans les chais sont chauds. Deux menaces pèsent sur eux : la surchauffe et les bactéries lactiques qui risquent de consommer leurs sucres. Elles planent sur tous les chais situés au sud de la France, depuis Cognac jusqu'à la Provence. Elles éprouvent vignerons et oenologues.' Il a fallu mobiliser toutes les énergies pour avoir suffisamment de froid, raconte Olivier Gibelin, le président du syndicat des costières de Nîmes. Tout le monde s'est prêté du matériel. ' Cela n'a pas toujours suffi. Malgré les efforts des uns et des autres, bien des cuves de rouge ont eu trop chaud. ' Nous avons vu de véritables cas d'école de coups de feu, rapporte Olivier Naslès, qui dirige un laboratoire en Provence. Les densités chutaient de 1 090 à 1 020 en deux à trois jours. La température grimpait de 25 à 35°C. Puis la courbe de fermentation restait plate pendant dix jours. Il fallait au moins deux semaines pour arriver à relancer ces fermentations. 'Les Charentais n'ont presque pas de centrales de refroidissement car, habituellement, ils n'en ont pas besoin. Cette année, les frigories leur ont terriblement manqué. ' 10 % des échantillons que nous avons analysés ont des sucres résiduels alors que leur malo est déjà terminée ', témoigne Bernard Galy, à la station viticole du Bureau national interprofessionnel du cognac.Ces échauffements excessifs ont causé un surcroît de travail car il a fallu faire quantité de pieds de cuves. Ils ont aussi soulevé bien des inquiétudes car les sucres que les levures ne pouvaient plus consommer, excitaient l'appétit des bactéries lactiques. On sait qu'elles sont à l'aise dans les moûts et les vins peu acides. Elles l'ont montré. On avait rarement vu les fermentations malolactiques commencer aussi rapidement. En cela, le millésime 1997 est exactement à l'opposé du précédent, qui fut tellement riche en acide malique que les ferments lactiques avaient eu toutes les peines du monde à s'y implanter. Les producteurs de primeurs s'en sont réjouis. Leurs vins étaient prêts de très bonne heure. Ils ont eu du temps pour les filtrer et embouteiller. A quel prix?Que de tension dans les chais au cours du mois d'octobre. Les fermentations malolactiques ont trop souvent commencé avant la fin des fermentations alcooliques. Dans la plupart des cuves de longue macération, elles ont démarré sous marc. Il a fallu multiplier les analyses d'acidité volatile. Quelques fois, elles révélaient une dégradation qu'il fallait stopper par un sulfitage. Le plus souvent, elles montraient que les deux fermentations cohabitaient sans heurt. Il y eut finalement bien plus de peur que de mal. Partout, les fermentations ont donné naissance à des vins rouges aux tanins souples et fondus, dépourvus de notes de verdeur et très ouverts. Bien qu'ils soient chatoyants, dans le Midi, on regrette leur manque de concentration. Le grenache souffre plus que d'autres de légèreté. Ses baies avaient trop gonflé après les dernières pluies de l'été. Dans plusieurs terroirs, carignan et cinsault ont subi le même sort. En revanche, la syrah, le mourvèdre, le cabernet sauvignon et le merlot offrent des vins très appréciés.Bordeaux et Bergerac auraient, eux aussi, préféré des couleurs plus soutenues et des tanins plus charpentés qu'ils n'en ont. Seuls les vignerons des régions septentrionales ne regrettent rien. Ils ont récolté leurs raisins sous un ciel plus bleu que dans leurs rêves. ' Nous n'avons pas eu un seul jour de pluie pendant les vendanges, savoure Michel Vallade, du Comité interprofessionnel du vin de Champagne. C'est un événement exceptionnel. ' Dans cette région, les degrés naturels des vins s'établissent autour de 10,3 % vol. C'est très élevé. Les Alsaciens promettent des rieslings merveilleux. Quant aux rouges du Val de Loire ou de Bourgogne, ils sont riches tout en étant souples. La seule interrogation porte sur le potentiel de conservation de ce millésime peu tannique et très peu acide.