Avec 7,7 millions d'hectolitres de vin produits, la région de Vénétie est le troisième plus grand producteur italien, derrière les Pouilles et la Sicile. Si la majorité de la production est du vin de table et de pays, des appellations émergent et donnent des vins parfois très originaux.
Avec 7,7 millions d'hectolitres de vin produits, la région de Vénétie est le troisième plus grand producteur italien, derrière les Pouilles et la Sicile. Si la majorité de la production est du vin de table et de pays, des appellations émergent et donnent des vins parfois très originaux.
La Vénétie est un résumé de l'Italie. On y produit avant tout des vins de table. Les appellations sont une minorité mais on essaie, à travers elles, de tirer le tout vers le haut , explique d'entrée Leonardo Montemiglio, responsable à Rome du secteur vin et boissons de l'ICE (Institut national pour le commerce extérieur), l'équivalent italien de ce que serait une union CFCE-Sopexa. Il faut dire que malgré leur proximité et le fait qu'ils soient les deux plus grands pays viticoles du monde, l'Italie et la France se côtoient finalement assez peu.La Vénétie abrite 90 000 ha de vignes sur les 927 000 ha que compte l'Italie. Elle arrive ainsi en troisième position derrière les vignobles sudistes des Pouilles et de la Sicile (plus de 9 millions d'hl pour chacune en 1996 pour un total de 58,7 Mhl dans la péninsule). Elle compte 18 DOC (dénomination d'origine contrôlée), l'équivalent français de l'appellation d'origine contrôlée. Il existe une autre dénomination, la DOCG (dénomination d'origine contrôlée et garantie), plus restrictive dans d'autres endroits du pays. ' On ne peut pas comparer l'Italie, et donc la Vénétie, à la France, explique Stefano Cesari, président de la DOC Valpolicella. Moins de 20 % de nos vins sont des appellations. Ici, c'est une notion assez récente... et les vignerons voient d'abord leurs revenus. Par exemple, dans la région de Piave, près de Venise, sur un potentiel d'appellation de 1 Mhl, il doit s'en revendiquer 200 000 hl! Les rendements y sont élevés et comme il n'y a pas de distillation obligatoire depuis trois ans... ' Récemment, l'Italie a créé les IGT, équivalent français des vins de pays. Il y en a environ 130 (pour environ 200 DOC et 17 DOCG).En Vénétie comme dans le reste de l'Italie, l'essentiel de la production est aux mains des coopératives et des négociants qui, parfois, possèdent quelques vignes mais, le plus souvent, achètent des raisins. C'est le cas dans le prosecco, une appellation d'effervescents (environ 3 500 ha pour 30 millions de bouteilles par an). La ville de Valdobbiadene (province de Trévise) en est le centre. Elle a organisé, du 12 au 21 septembre, la trente-quatrième édition de la ' Foire nationale de l'effervescent '. Des propriétaires y exposent leurs bouteilles sur des présentoirs collectifs, dans l'attente de la visite de professionnels (restaurateurs...) et du grand public. ' C'est une manifestation peu calée et qui a du mal à être nationale car les producteurs des autres vignobles ne veulent pas venir ici. Nous sommes trop individualistes en Italie ', regrette un important opérateur local.Le prosecco (qui est en même temps un cépage et une appellation...), élaboré en cuve close, est un produit sans grande prétention mais agréable à boire dans l'année. Le prix du kilo de raisins avoisine les 5 à 6 FF et celui d'une bouteille, les 20 FF. ' C'est le vin moderne par excellence : peu d'alcool, 11° environ. Il peut être sec ou doux, à un bon rapport qualité-prix. C'est un vin pour commencer à aimer le vin ', explique Paolo Bisol, la quarantaine dynamique, responsable du négoce Ruggeri, à Voldobbiadene, qui achète 1,1 M de kilo de raisins par an et emploie vingt-cinq personnes. Cette unité flambant neuve élabore ses propres produits mais travaille aussi beaucoup en prestations de services (conditionnement, habillage) pour d'autres metteurs en marché.A la coopérative du village, (40 000 hl de prosecco), Alfio Rossi, le responsable technique, est nerveux. L'année s'annonce délicate en quantité comme en qualité et il regrette l'absence de l'apport total. ' Parmi nos sept cents adhérents pour 600 ha, certains ont tendance à garder le meilleur pour eux. ' Ce sont des 9 et 10° qui arrivent au conquet et qui détermineront le revenu du coopérateur. La cave élabore aussi du frizzante (pétillant) à 2,5 bars de pression.A l'ouest de cette zone et jusqu'à arriver au lac de Garde et à la province de Vérone, se trouvent toute une série d'appellations (Breganze, Valpolicella, Bardolino, Soave) plutôt typées et avec des produits originaux. A Breganze, l'entreprise familiale Maculan (25 ha en propre, plus l'achat de raisins sur 50 autres) est l'une des plus belles de la péninsule. Le patron est l'archétype de l'Italien séducteur et sûr de son produit. Il faut dire que ses rouges, épicés et puissants, et son ' joyau ', le torcolato, un blanc moelleux issu de vendanges passerillées, valent le détour. 60 % de la production sont exportés.Le torcolato est issu du cépage blanc vespaiolo : les grappes sont gardées dans des milliers de cagettes pendant plusieurs mois, l'eau s'évapore et les sucres se concentrent. Le tout est pressé en janvier, fermente pendant deux mois et passe un an et demi à deux ans en fûts de chêne. Le 1995 est actuellement en vente aux environs de 120 FF/bouteille. 25 000 bouteilles sont produites. Le résultat titre 13°, est soyeux et riche et avec l'acidité nécessaire pour tenir le tout. Comme un artiste, son ' concepteur ' n'hésite pas à sortir son stylo pour apposer sa signature sur l'étiquette d'une bouteille offerte! Une première. Comme au cinéma... A la cave coopérative du village, où il y a encore des travaux sur une nouvelle cuverie (avec 6 MFF d'aides du Feoga de Bruxelles), l'année sera difficile : le vignoble a été touché par la grêle au printemps et on s'attend à des volumes divisés par deux. La cave couvre 1 000 ha (moitié rouge, moitié blanc) avec 1 300 coopérateurs, ce qui montre encore une fois l'extrême fragmentation du parcellaire, même si seulement 20 % d'entre eux gagnent leur vie avec la vigne.Chez la famille Bertani, dans la province de Vérone, on possède 130 ha de vignes, plus une cinquantaine en fermage, le tout sur trois sites de vinification. On y produit surtout de l'appellation : Valpolicella en rouge et Soave en blanc. Ici aussi, la récolte sera de 15 à 20% inférieure à celle de 1996. Mais ce qui fait briller les yeux des techniciens de la cave, c'est encore une fois leurs raisins passerillés. Ici, on en fait un effervescent en cuve close (le recioto) et surtout l'amarone, un rouge sec tranquille titrant 15°. On en produit 70 000 bouteilles qu'on laisse vieillir dix ans. Il faut compter 70 à 80 FF/bouteille. ' C'est l'amarone qui a fait connaître notre zone dans le monde entier et qui nous a ouvert les marchés pour les autres vins ', explique-t-on.Giuseppe Coffele (35 ha, six personnes employées), sur la commune de Suave (l'appellation s'étend sur 6 500 ha), a l'oeil qui pétille quand il fait visiter ses vignobles en terrasses qu'il a conquis à coups de bulldozer sur une colline en friche. Des millions investis, irrigation comprise. La pergola reste le mode de conduite traditionnel mais des essais sont menés en espaliers. La mécanisation est en point de mire. Même logique chez le propriétaire de Cavalcchina, une cave particulière qui produit du bardolino (rouge) et du bianco di custoza (blanc), tout près du très fréquenté lac de Garde. ' Je souhaite des raisins plus aérés. Progresser au vignoble, c'est essentiel ', estime-t-il alors que ses troupes ramassent le blanc en cette mi-septembre. A côté de ces caves particulières pointues, on trouve des mastodontes.Deux exemples : la coopérative de Soave qui affiche, après fusion, 400 000 hl de production au compteur. A Bardolino, village proche, se trouve le siège national du ' Gruppo Italiano Vini ', premier groupe italien pour la production et la commercialisation de vin : trois cents personnes disséminées dans le pays et 80 M de bouteilles vendues. L'un de ses centres d'embouteillage, avec 23 M de bouteilles, est l'un des plus grands du pays. Il est certifié Iso 9002.Des très grands et des ' petits ' dynamiques, voilà les moteurs qui tirent vers le haut le vignoble de Vénétie.
La Vénétie est un résumé de l'Italie. On y produit avant tout des vins de table. Les appellations sont une minorité mais on essaie, à travers elles, de tirer le tout vers le haut , explique d'entrée Leonardo Montemiglio, responsable à Rome du secteur vin et boissons de l'ICE (Institut national pour le commerce extérieur), l'équivalent italien de ce que serait une union CFCE-Sopexa. Il faut dire que malgré leur proximité et le fait qu'ils soient les deux plus grands pays viticoles du monde, l'Italie et la France se côtoient finalement assez peu.La Vénétie abrite 90 000 ha de vignes sur les 927 000 ha que compte l'Italie. Elle arrive ainsi en troisième position derrière les vignobles sudistes des Pouilles et de la Sicile (plus de 9 millions d'hl pour chacune en 1996 pour un total de 58,7 Mhl dans la péninsule). Elle compte 18 DOC (dénomination d'origine contrôlée), l'équivalent français de l'appellation d'origine contrôlée. Il existe une autre dénomination, la DOCG (dénomination d'origine contrôlée et garantie), plus restrictive dans d'autres endroits du pays. ' On ne peut pas comparer l'Italie, et donc la Vénétie, à la France, explique Stefano Cesari, président de la DOC Valpolicella. Moins de 20 % de nos vins sont des appellations. Ici, c'est une notion assez récente... et les vignerons voient d'abord leurs revenus. Par exemple, dans la région de Piave, près de Venise, sur un potentiel d'appellation de 1 Mhl, il doit s'en revendiquer 200 000 hl! Les rendements y sont élevés et comme il n'y a pas de distillation obligatoire depuis trois ans... ' Récemment, l'Italie a créé les IGT, équivalent français des vins de pays. Il y en a environ 130 (pour environ 200 DOC et 17 DOCG).En Vénétie comme dans le reste de l'Italie, l'essentiel de la production est aux mains des coopératives et des négociants qui, parfois, possèdent quelques vignes mais, le plus souvent, achètent des raisins. C'est le cas dans le prosecco, une appellation d'effervescents (environ 3 500 ha pour 30 millions de bouteilles par an). La ville de Valdobbiadene (province de Trévise) en est le centre. Elle a organisé, du 12 au 21 septembre, la trente-quatrième édition de la ' Foire nationale de l'effervescent '. Des propriétaires y exposent leurs bouteilles sur des présentoirs collectifs, dans l'attente de la visite de professionnels (restaurateurs...) et du grand public. ' C'est une manifestation peu calée et qui a du mal à être nationale car les producteurs des autres vignobles ne veulent pas venir ici. Nous sommes trop individualistes en Italie ', regrette un important opérateur local.Le prosecco (qui est en même temps un cépage et une appellation...), élaboré en cuve close, est un produit sans grande prétention mais agréable à boire dans l'année. Le prix du kilo de raisins avoisine les 5 à 6 FF et celui d'une bouteille, les 20 FF. ' C'est le vin moderne par excellence : peu d'alcool, 11° environ. Il peut être sec ou doux, à un bon rapport qualité-prix. C'est un vin pour commencer à aimer le vin ', explique Paolo Bisol, la quarantaine dynamique, responsable du négoce Ruggeri, à Voldobbiadene, qui achète 1,1 M de kilo de raisins par an et emploie vingt-cinq personnes. Cette unité flambant neuve élabore ses propres produits mais travaille aussi beaucoup en prestations de services (conditionnement, habillage) pour d'autres metteurs en marché.A la coopérative du village, (40 000 hl de prosecco), Alfio Rossi, le responsable technique, est nerveux. L'année s'annonce délicate en quantité comme en qualité et il regrette l'absence de l'apport total. ' Parmi nos sept cents adhérents pour 600 ha, certains ont tendance à garder le meilleur pour eux. ' Ce sont des 9 et 10° qui arrivent au conquet et qui détermineront le revenu du coopérateur. La cave élabore aussi du frizzante (pétillant) à 2,5 bars de pression.A l'ouest de cette zone et jusqu'à arriver au lac de Garde et à la province de Vérone, se trouvent toute une série d'appellations (Breganze, Valpolicella, Bardolino, Soave) plutôt typées et avec des produits originaux. A Breganze, l'entreprise familiale Maculan (25 ha en propre, plus l'achat de raisins sur 50 autres) est l'une des plus belles de la péninsule. Le patron est l'archétype de l'Italien séducteur et sûr de son produit. Il faut dire que ses rouges, épicés et puissants, et son ' joyau ', le torcolato, un blanc moelleux issu de vendanges passerillées, valent le détour. 60 % de la production sont exportés.Le torcolato est issu du cépage blanc vespaiolo : les grappes sont gardées dans des milliers de cagettes pendant plusieurs mois, l'eau s'évapore et les sucres se concentrent. Le tout est pressé en janvier, fermente pendant deux mois et passe un an et demi à deux ans en fûts de chêne. Le 1995 est actuellement en vente aux environs de 120 FF/bouteille. 25 000 bouteilles sont produites. Le résultat titre 13°, est soyeux et riche et avec l'acidité nécessaire pour tenir le tout. Comme un artiste, son ' concepteur ' n'hésite pas à sortir son stylo pour apposer sa signature sur l'étiquette d'une bouteille offerte! Une première. Comme au cinéma... A la cave coopérative du village, où il y a encore des travaux sur une nouvelle cuverie (avec 6 MFF d'aides du Feoga de Bruxelles), l'année sera difficile : le vignoble a été touché par la grêle au printemps et on s'attend à des volumes divisés par deux. La cave couvre 1 000 ha (moitié rouge, moitié blanc) avec 1 300 coopérateurs, ce qui montre encore une fois l'extrême fragmentation du parcellaire, même si seulement 20 % d'entre eux gagnent leur vie avec la vigne.Chez la famille Bertani, dans la province de Vérone, on possède 130 ha de vignes, plus une cinquantaine en fermage, le tout sur trois sites de vinification. On y produit surtout de l'appellation : Valpolicella en rouge et Soave en blanc. Ici aussi, la récolte sera de 15 à 20% inférieure à celle de 1996. Mais ce qui fait briller les yeux des techniciens de la cave, c'est encore une fois leurs raisins passerillés. Ici, on en fait un effervescent en cuve close (le recioto) et surtout l'amarone, un rouge sec tranquille titrant 15°. On en produit 70 000 bouteilles qu'on laisse vieillir dix ans. Il faut compter 70 à 80 FF/bouteille. ' C'est l'amarone qui a fait connaître notre zone dans le monde entier et qui nous a ouvert les marchés pour les autres vins ', explique-t-on.Giuseppe Coffele (35 ha, six personnes employées), sur la commune de Suave (l'appellation s'étend sur 6 500 ha), a l'oeil qui pétille quand il fait visiter ses vignobles en terrasses qu'il a conquis à coups de bulldozer sur une colline en friche. Des millions investis, irrigation comprise. La pergola reste le mode de conduite traditionnel mais des essais sont menés en espaliers. La mécanisation est en point de mire. Même logique chez le propriétaire de Cavalcchina, une cave particulière qui produit du bardolino (rouge) et du bianco di custoza (blanc), tout près du très fréquenté lac de Garde. ' Je souhaite des raisins plus aérés. Progresser au vignoble, c'est essentiel ', estime-t-il alors que ses troupes ramassent le blanc en cette mi-septembre. A côté de ces caves particulières pointues, on trouve des mastodontes.Deux exemples : la coopérative de Soave qui affiche, après fusion, 400 000 hl de production au compteur. A Bardolino, village proche, se trouve le siège national du ' Gruppo Italiano Vini ', premier groupe italien pour la production et la commercialisation de vin : trois cents personnes disséminées dans le pays et 80 M de bouteilles vendues. L'un de ses centres d'embouteillage, avec 23 M de bouteilles, est l'un des plus grands du pays. Il est certifié Iso 9002.Des très grands et des ' petits ' dynamiques, voilà les moteurs qui tirent vers le haut le vignoble de Vénétie.