Le chardonnay domine l'univers des blancs comme aucun cépage noir ne domine celui des rouges. Il a supplanté tous ses rivaux.
Le chardonnay domine l'univers des blancs comme aucun cépage noir ne domine celui des rouges. Il a supplanté tous ses rivaux.
Il y a quelques temps, des amateurs californiens avaient lancé le slogan ABC : tout sauf du chardonnay (anything but chardonnay). Ils étaient exaspérés par la prédominance de ce cépage. Ils n'ont pas été suivis. Depuis que son nom figure en grand sur les étiquettes, le chardonnay ne cesse d'attirer de nouveaux consommateurs aux quatre coins du monde.Régulièrement, la profession s'interroge : jusqu'à quand? Quand la lassitude, la curiosité ou la mode se porteront-elles vers une autre variété? Fin 1993, le moment semblait venu. Pendant quelques mois, on avait alors assisté à un effondrement du cours du chardonnay en France. Déjà la surproduction? On l'avait redouté mais ce n'était pas cela : simplement un accident de parcours. Les prix se sont redressés. Depuis, sa bonne santé fait pâlir bien des régions dont les blancs se négocient mal. Elle fait aussi des envieux à l'étranger. L'Allemagne s'est mise à en planter. Elle a sorti ses premières bouteilles en 1994, visant le haut de gamme.Au pays du riesling, cette introduction n'a pas été accueillie dans l'unanimité. Pour certains, c'était infliger un camouflet supplémentaire au cépage qui règne sur le Rhin et qui avait déjà cédé bien du terrain. A la fin du siècle dernier, c'était le riesling du Rheingau, et non le chardonnay de Bourgogne, qui donnait les vins blancs les plus réputés et les plus chers. Cette cote d'amour l'avait entraîné vers les rives du Pacifique et de l'Atlantique sud. En Californie, au Chili ou en Afrique du Sud, il fut longtemps plus multiplié que le chardonnay. Pour autant, ce n'est pas avec lui que ces pays ont attaqué les marchés d'Europe du Nord.Le sauvignon est un autre rival du chardonnay. Lui aussi donne de grands vins. Mais ni en termes de prix, ni en termes de surface, il ne résiste à la comparaison. Les appellations dont il est la base n'atteignent pas les sommets des bourgognes les plus cotés. Depuis la campagne 1994-1995, les cours des vins de pays de sauvignon stagnent alors que ceux de chardonnay ont grimpé de 22 %.Quel autre prétendant? Le viognier? Son démarrage en dehors de ses terres d'élection que sont les côtes du Rhône septentrionales, est bien difficile. Le pinot gris, peut-être? Il est très en vogue en Alsace où bien des consommateurs ne jurent plus que par lui. En Allemagne, une mode équivalente fait les beaux jours du pinot grigio italien. Ce cépage est moins nerveux que le riesling. Par son onctuosité, il se rapproche du chardonnay. Pour qu'il devienne un prétendant sérieux à l'échelon mondial, il faudrait que d'autres pays s'intéressent à lui.Dans l'univers des cépages noirs, il n'y a aucune comparaison avec la domination sans partage du chardonnay sur les variétés blanches. Le merlot est certes très en vogue, mais il n'a pas envoyé le cabernet sauvignon aux oubliettes et le pinot noir et la syrah suscitent un intérêt grandissant. Cette prédominance d'un cépage sur une offre qui pourrait être très variée est une autre expression de la plus grande fragilité des blancs par rapport aux rouges.
Il y a quelques temps, des amateurs californiens avaient lancé le slogan ABC : tout sauf du chardonnay (anything but chardonnay). Ils étaient exaspérés par la prédominance de ce cépage. Ils n'ont pas été suivis. Depuis que son nom figure en grand sur les étiquettes, le chardonnay ne cesse d'attirer de nouveaux consommateurs aux quatre coins du monde.Régulièrement, la profession s'interroge : jusqu'à quand? Quand la lassitude, la curiosité ou la mode se porteront-elles vers une autre variété? Fin 1993, le moment semblait venu. Pendant quelques mois, on avait alors assisté à un effondrement du cours du chardonnay en France. Déjà la surproduction? On l'avait redouté mais ce n'était pas cela : simplement un accident de parcours. Les prix se sont redressés. Depuis, sa bonne santé fait pâlir bien des régions dont les blancs se négocient mal. Elle fait aussi des envieux à l'étranger. L'Allemagne s'est mise à en planter. Elle a sorti ses premières bouteilles en 1994, visant le haut de gamme.Au pays du riesling, cette introduction n'a pas été accueillie dans l'unanimité. Pour certains, c'était infliger un camouflet supplémentaire au cépage qui règne sur le Rhin et qui avait déjà cédé bien du terrain. A la fin du siècle dernier, c'était le riesling du Rheingau, et non le chardonnay de Bourgogne, qui donnait les vins blancs les plus réputés et les plus chers. Cette cote d'amour l'avait entraîné vers les rives du Pacifique et de l'Atlantique sud. En Californie, au Chili ou en Afrique du Sud, il fut longtemps plus multiplié que le chardonnay. Pour autant, ce n'est pas avec lui que ces pays ont attaqué les marchés d'Europe du Nord.Le sauvignon est un autre rival du chardonnay. Lui aussi donne de grands vins. Mais ni en termes de prix, ni en termes de surface, il ne résiste à la comparaison. Les appellations dont il est la base n'atteignent pas les sommets des bourgognes les plus cotés. Depuis la campagne 1994-1995, les cours des vins de pays de sauvignon stagnent alors que ceux de chardonnay ont grimpé de 22 %.Quel autre prétendant? Le viognier? Son démarrage en dehors de ses terres d'élection que sont les côtes du Rhône septentrionales, est bien difficile. Le pinot gris, peut-être? Il est très en vogue en Alsace où bien des consommateurs ne jurent plus que par lui. En Allemagne, une mode équivalente fait les beaux jours du pinot grigio italien. Ce cépage est moins nerveux que le riesling. Par son onctuosité, il se rapproche du chardonnay. Pour qu'il devienne un prétendant sérieux à l'échelon mondial, il faudrait que d'autres pays s'intéressent à lui.Dans l'univers des cépages noirs, il n'y a aucune comparaison avec la domination sans partage du chardonnay sur les variétés blanches. Le merlot est certes très en vogue, mais il n'a pas envoyé le cabernet sauvignon aux oubliettes et le pinot noir et la syrah suscitent un intérêt grandissant. Cette prédominance d'un cépage sur une offre qui pourrait être très variée est une autre expression de la plus grande fragilité des blancs par rapport aux rouges.