Création d'un fonds de stockage, nouvelle campagne de communication, modification de certains décrets d'appellation, lutte contre l'eutypiose... : le Beaujolais repart sur de nouvelles bases.
Création d'un fonds de stockage, nouvelle campagne de communication, modification de certains décrets d'appellation, lutte contre l'eutypiose... : le Beaujolais repart sur de nouvelles bases.
Dans le Beaujolais, 1997 aura été l'année des remises en question, tant au niveau de la production que de la valorisation des produits. ' En période de crise, on laisse malheureusement des plumes mais cela oblige à mener une réflexion collective sur l'avenir de nos produits et donc notre avenir ', observe un vigneron.L'Union viticole du Beaujolais a présenté au début de l'année 1997, à l'ensemble de ses adhérents, un projet d'orientations : ' Horizon 2000 '. On part d'un certain nombre de constats, comme le problème des excédents ou le positionnement des AOC beaujolaises hors primeurs, et on tente d'y apporter des éléments de réponse. Le projet, présenté en mai lors de l'assemblée générale de l'UVB, a été adopté.Au niveau de la production, les professionnels ont orienté leur réflexion vers une meilleure maîtrise des rendements. Sont ainsi créés un rendement d'appellation (le rendement actuel) et un rendement maximum de production (le rendement d'appellation + 15 %). Le dépassement du RMP entraînerait le déclassement de toute la production sur l'appellation considérée. De plus, les parcelles non vendangées seraient elles aussi déclassées. Dans le système actuel, les volumes se situant au-delà du rendement + PLC étaient simplement distillés. Ce projet a été bien accueilli par l'Inao. D'autre part, la densité de plantation serait revue à la baisse, soit 7 000 pieds par ha pour le beaujolais et 8 000 pieds pour le beaujolais villages et les crus. Ceci permettrait de diminuer les coûts de production.En ce qui concerne le produit, les professionnels estiment nécessaire de mieux identifier la production hors primeur. La réflexion s'est donc appuyée sur la notion de beaujolais supérieur, dont les règles de production seraient rendues plus restrictives et la dénomination peut-être revue au profit de beaujolais millésime ou beaujolais caractère...Le rendement serait inférieur de 4 hl/ha par rapport au beaujolais et le degré minimum supérieur de 0,5 % vol. Les parcelles destinées à la production de beaujolais supérieur (ou autre dénomination) seraient clairement identifiées pour que l'Inao puisse procéder aux contrôles nécessaires. Les professionnels espèrent que les différentes modifications de décrets soient officialisées pour la prochaine récolte.Les beaujolais-villages ont, eux aussi, fait le point sur leur appellation. Le rendement d'appellation est fixé à 60 hl/ha mais toute la récolte ne peut pas être vendue en primeur. De 45 hl/ha, le quota est descendu à 35 hl/ha depuis la récolte 1997. ' On ne vinifie pas un primeur et un non primeur de la même manière. Lorsqu'un client achète du beaujolais-villages, il attend un vin avec une certaine structure et de la tenue dans le temps. Il n'est donc pas bon de lui vendre des vins qui ont été vinifiés en primeur mais qui n'ont pas trouvé de débouchés sous cette forme. Il a fallu adapter l'offre primeur à la demande ', explique Marc Le Brun, président de l'Amicale des beaujolais-villages.Cette adaptation ne s'est pas faite sans grincements de dents de la part de ceux qui avaient d'importants marchés de primeurs à servir.Toujours au niveau de la production, les vignerons ont lancé une grande campagne de sensibilisation et de lutte contre l'eutypiose. Le lancement officiel de l'opération ' Eutypiose Beaujolais ' a eu lieu à l'occasion du concours des deux bouteilles. Cofinancée par l'interprofession et le département pour un budget de 400 000 F, l'opération est animée par le Comité de développement du beaujolais et relayée par les syndicats locaux (voir La Vigne n° 82, p. 148).En ce qui concerne l'organisation des marchés, les professionnels n'ont pas souhaité voir le scénario de la campagne 1996-1997 se reproduire. Sur cette période, les volumes commercialisés sont satisfaisants puisqu'ils ont atteint 1,4 million d'hectolitres (soit le volume de la récolte 1996). En termes de prix, les cours s'étaient effrités dès la fin des primeurs et on estime que les beaujolais et beaujolais-villages se sont vendus en moyenne à 1 950 F/pièce sur cette campagne. Cela représente tout juste de quoi couvrir les frais de production.' On ne peut pas bloquer les prix mais on peut agir sur ses constituants en stimulant la demande d'une part - c'est l'objectif de la campagne ' Beaux jours Beaujolais ' - et en diminuant l'offre d'autre part, c'est ' Beaujolais 2000 ' ', résume Xavier Barbet, président des négociants du Beaujolais. Pour enrayer la spirale à la baisse, producteurs et négociants ont décidé de retirer un volume significatif du marché et de constituer un fonds de stockage qualitatif.Conçue en mai 1997, cette structure a été opérationnelle dès le début du mois de juillet. 55 000 hl ont été achetés et payés selon leur qualité : en catégorie A, 1 800 F/pièce en beaujolais et 2 000 F/pièce pour les beaujolais-villages, avec une décote de 12 % en catégorie B et à 1 000 F/pièce en catégorie C. A cette période, les beaujolais se vendaient en moyenne à 1 500 F/pièce, ce qui explique le succès de l'opération. Les 4 200 hl achetés en catégorie C ont été livrés en vinaigrerie. Les autres sont remis en marché par tranche de 10 000 hl. La première tranche s'est vendue en novembre à un tarif légèrement supérieur au prix d'achat. L'opération est financée par l'ensemble des producteurs du Beaujolais qui paient une taxe de 10 F/hl sur les volumes enregistrés. ' Pendant les premiers mois de la campagne 1997-1998, les cours se sont tenus et nous n'avons pas connu l'érosion de l'année dernière, observe Louis Pelletier, directeur de l'UVB. Pourtant, nous n'avons pas encore atteint des cours qui permettraient aux exploitations d'envisager des réinvestissements, parfois indispensables pour améliorer les conditions de vinification et de stockage. '' Beaujolais 2000 ' a été installé pour trois ans et le plus grand souhait des professionnels est que la structure existe mais qu'il ne soit pas nécessaire de s'en servir. ' L'opération a porté ses fruits dans son objectif premier : assainir le marché et aider certaines exploitations dans des situations difficiles, observe un responsable. Cependant, si la structure dure, cela voudra dire que le problème est ailleurs et que nous devons chercher la réponse ailleurs. 'Autre axe de réflexion : la communication autour des vins non primeurs du Beaujolais. En 1997, la campagne concentrée sur la fin mai a permis d'augmenter les ventes de 25 % en grande distribution. Le budget, qui était de 4,5 millions de francs en 1997, passe à 6 millions pour 1998. Afin de montrer qu'il existe d'autres périodes de consommation que la fin novembre, la campagne d'affichage aura lieu au printemps.
Dans le Beaujolais, 1997 aura été l'année des remises en question, tant au niveau de la production que de la valorisation des produits. ' En période de crise, on laisse malheureusement des plumes mais cela oblige à mener une réflexion collective sur l'avenir de nos produits et donc notre avenir ', observe un vigneron.L'Union viticole du Beaujolais a présenté au début de l'année 1997, à l'ensemble de ses adhérents, un projet d'orientations : ' Horizon 2000 '. On part d'un certain nombre de constats, comme le problème des excédents ou le positionnement des AOC beaujolaises hors primeurs, et on tente d'y apporter des éléments de réponse. Le projet, présenté en mai lors de l'assemblée générale de l'UVB, a été adopté.Au niveau de la production, les professionnels ont orienté leur réflexion vers une meilleure maîtrise des rendements. Sont ainsi créés un rendement d'appellation (le rendement actuel) et un rendement maximum de production (le rendement d'appellation + 15 %). Le dépassement du RMP entraînerait le déclassement de toute la production sur l'appellation considérée. De plus, les parcelles non vendangées seraient elles aussi déclassées. Dans le système actuel, les volumes se situant au-delà du rendement + PLC étaient simplement distillés. Ce projet a été bien accueilli par l'Inao. D'autre part, la densité de plantation serait revue à la baisse, soit 7 000 pieds par ha pour le beaujolais et 8 000 pieds pour le beaujolais villages et les crus. Ceci permettrait de diminuer les coûts de production.En ce qui concerne le produit, les professionnels estiment nécessaire de mieux identifier la production hors primeur. La réflexion s'est donc appuyée sur la notion de beaujolais supérieur, dont les règles de production seraient rendues plus restrictives et la dénomination peut-être revue au profit de beaujolais millésime ou beaujolais caractère...Le rendement serait inférieur de 4 hl/ha par rapport au beaujolais et le degré minimum supérieur de 0,5 % vol. Les parcelles destinées à la production de beaujolais supérieur (ou autre dénomination) seraient clairement identifiées pour que l'Inao puisse procéder aux contrôles nécessaires. Les professionnels espèrent que les différentes modifications de décrets soient officialisées pour la prochaine récolte.Les beaujolais-villages ont, eux aussi, fait le point sur leur appellation. Le rendement d'appellation est fixé à 60 hl/ha mais toute la récolte ne peut pas être vendue en primeur. De 45 hl/ha, le quota est descendu à 35 hl/ha depuis la récolte 1997. ' On ne vinifie pas un primeur et un non primeur de la même manière. Lorsqu'un client achète du beaujolais-villages, il attend un vin avec une certaine structure et de la tenue dans le temps. Il n'est donc pas bon de lui vendre des vins qui ont été vinifiés en primeur mais qui n'ont pas trouvé de débouchés sous cette forme. Il a fallu adapter l'offre primeur à la demande ', explique Marc Le Brun, président de l'Amicale des beaujolais-villages.Cette adaptation ne s'est pas faite sans grincements de dents de la part de ceux qui avaient d'importants marchés de primeurs à servir.Toujours au niveau de la production, les vignerons ont lancé une grande campagne de sensibilisation et de lutte contre l'eutypiose. Le lancement officiel de l'opération ' Eutypiose Beaujolais ' a eu lieu à l'occasion du concours des deux bouteilles. Cofinancée par l'interprofession et le département pour un budget de 400 000 F, l'opération est animée par le Comité de développement du beaujolais et relayée par les syndicats locaux (voir La Vigne n° 82, p. 148).En ce qui concerne l'organisation des marchés, les professionnels n'ont pas souhaité voir le scénario de la campagne 1996-1997 se reproduire. Sur cette période, les volumes commercialisés sont satisfaisants puisqu'ils ont atteint 1,4 million d'hectolitres (soit le volume de la récolte 1996). En termes de prix, les cours s'étaient effrités dès la fin des primeurs et on estime que les beaujolais et beaujolais-villages se sont vendus en moyenne à 1 950 F/pièce sur cette campagne. Cela représente tout juste de quoi couvrir les frais de production.' On ne peut pas bloquer les prix mais on peut agir sur ses constituants en stimulant la demande d'une part - c'est l'objectif de la campagne ' Beaux jours Beaujolais ' - et en diminuant l'offre d'autre part, c'est ' Beaujolais 2000 ' ', résume Xavier Barbet, président des négociants du Beaujolais. Pour enrayer la spirale à la baisse, producteurs et négociants ont décidé de retirer un volume significatif du marché et de constituer un fonds de stockage qualitatif.Conçue en mai 1997, cette structure a été opérationnelle dès le début du mois de juillet. 55 000 hl ont été achetés et payés selon leur qualité : en catégorie A, 1 800 F/pièce en beaujolais et 2 000 F/pièce pour les beaujolais-villages, avec une décote de 12 % en catégorie B et à 1 000 F/pièce en catégorie C. A cette période, les beaujolais se vendaient en moyenne à 1 500 F/pièce, ce qui explique le succès de l'opération. Les 4 200 hl achetés en catégorie C ont été livrés en vinaigrerie. Les autres sont remis en marché par tranche de 10 000 hl. La première tranche s'est vendue en novembre à un tarif légèrement supérieur au prix d'achat. L'opération est financée par l'ensemble des producteurs du Beaujolais qui paient une taxe de 10 F/hl sur les volumes enregistrés. ' Pendant les premiers mois de la campagne 1997-1998, les cours se sont tenus et nous n'avons pas connu l'érosion de l'année dernière, observe Louis Pelletier, directeur de l'UVB. Pourtant, nous n'avons pas encore atteint des cours qui permettraient aux exploitations d'envisager des réinvestissements, parfois indispensables pour améliorer les conditions de vinification et de stockage. '' Beaujolais 2000 ' a été installé pour trois ans et le plus grand souhait des professionnels est que la structure existe mais qu'il ne soit pas nécessaire de s'en servir. ' L'opération a porté ses fruits dans son objectif premier : assainir le marché et aider certaines exploitations dans des situations difficiles, observe un responsable. Cependant, si la structure dure, cela voudra dire que le problème est ailleurs et que nous devons chercher la réponse ailleurs. 'Autre axe de réflexion : la communication autour des vins non primeurs du Beaujolais. En 1997, la campagne concentrée sur la fin mai a permis d'augmenter les ventes de 25 % en grande distribution. Le budget, qui était de 4,5 millions de francs en 1997, passe à 6 millions pour 1998. Afin de montrer qu'il existe d'autres périodes de consommation que la fin novembre, la campagne d'affichage aura lieu au printemps.