Mars et avril excessivement ensoleillés, juin et juillet exceptionnellement pluvieux, août orageux et automne ensoleillé : le millésime 97, annoncé précoce (et réussi!), sera surtout hétérogène. Les ventes, de leur côté, ont atteint des records, accompagnées d'une flambée des prix. Le tout sur fond de course aux droits de plantation.
Mars et avril excessivement ensoleillés, juin et juillet exceptionnellement pluvieux, août orageux et automne ensoleillé : le millésime 97, annoncé précoce (et réussi!), sera surtout hétérogène. Les ventes, de leur côté, ont atteint des records, accompagnées d'une flambée des prix. Le tout sur fond de course aux droits de plantation.
Certains châteaux, à grand renfort de média, annonçaient le millésime du siècle dès le mois de juin. L'excitation liée à la grande précocité de la vigne avait fait oublier à certains vignerons qu'un millésime se juge dans les chais. Et que la qualité d'un vin dépend de la météo. Il est vrai que ce millésime s'annonçait bien, avec des débourrements dès la fin février. Le printemps exceptionnellement chaud avait entraîné un développement rapide de la végétation. La vigne s'exposait ainsi aux gelées d'avril... Exceptées quelques zones, le vignoble bordelais a été globalement épargné par le gel. Mais il eut droit, comme l'ensemble des vignobles français, à des mois de juin et juillet particulièrement pluvieux. Bilan : coulure et millerandage sur certaines parcelles, nombreux foyers de pourriture dans les grappes.La période orageuse de fin août a relancé la pourriture. Certains producteurs affolés ont commencé les vendanges avant la maturité, craignant la multiplication de la pourriture. Les plus patients auront eu raison. En effet, septembre et octobre furent très ensoleillés, permettant une belle vendange, notamment pour les liquoreux. Faute d'être le millésime du siècle, ' 1997 restera une année très contrastée, avec quelques très bons vins, des vins corrects et des vins moins bons ', commente un courtier. Les coûts de main-d'oeuvre ont été plus élevés que d'habitude en raison des tris successifs.L'hétérogénéité du millésime a eu des répercussions sur le début de la campagne 1997-1998. Les négociants se sont empressés d'acheter les bons lots, notamment en blanc. Après trois mois de campagne, le cumul des transactions (1,6 million d'hectolitres) affichait une progression de 13 % par rapport au début de campagne précédent.L'année 1997 n'a pas seulement été déroutante dans les vignes. Elle l'a aussi été sur la place de Bordeaux. Les volumes comme les prix ont battu des records. 6,44 Mhl se sont échangés lors de la campagne 1996-1997. Soit une progression de 24 % par rapport à la campagne 1996-1995 et de 13,5 % sur le record de 1994-1995. Du premier au dernier jour de la campagne, l'activité a été soutenue.Les cours des grands crus se sont envolés. Le taux de change des monnaies des principaux pays clients ont encouragé les achats et la faiblesse des stocks, favorisant la spéculation. Sur l'ensemble de la campagne 1996-1997, les cours du saint-émilion (en vrac) ont progressé de 16 % à 18 850 F le tonneau (2 094 F/hl), ceux du pomerol de 29 %, à 36 210 F (4 023 F/hl) ou encore ceux du médoc de 7,7 %, à 12 850 F (1 428 F/hl). Le bordeaux supérieur rouge, lui, a fait un bond de 12,7 % à 8 804 F/tonneau pendant que le bordeaux générique progressait de 3 % à 7 394 F. Le bordeaux blanc, de son côté, voit ses prix stagner à 468 F/hl. Au moins la chute est-elle enrayée... La progression des cours a des effets positifs à court terme pour la trésorerie des intervenants bordelais. Mais qu'en sera-t-il à moyen et long terme? L'augmentation des prix peut pénaliser les ventes en grande distribution, qui constituent tout de même plus du quart des ventes de bordeaux. D'autre part, les acheteurs étrangers vont probablement être attirés par d'autres vins, pas nécessairement français et pas nécessairement mauvais... Retrouver ses parts de marché, même quand on bénéficie de la notoriété de Bordeaux, nécessite alors une bonne dose d'énergie et d'argent.L'augmentation des ventes est surtout à mettre à l'actif des exportations qui ont représenté 38 % des volumes (+ 20 %) et plus de 40 % du chiffre d'affaires (+ 36 %). Les progressions les plus importantes ont été enregistrées dans les pays tiers, avec + 37 % en volume et + 55 % en valeur. Les ventes ont augmenté de 17 % vers les Etats-Unis à 129 000 hl, de 41 % vers le Japon à 97 500 hl, de 720 % vers Taïwan à 68 000 hl ou encore de 222 % vers Hong Kong à 56 500 hl. Au mois de juin dernier, à Vinexpo, l'euphorie était à son comble. Bordeaux était sur un petit nuage. Les Asiatiques faisaient l'objet de toutes les convoitises. La récente crise boursière a néanmoins calmé les esprits les plus ardents. Certes, cette crise ne devrait pas avoir de grandes répercussions sur les cours, sinon de tempérer leur progression, ce qui est plutôt une bonne nouvelle.Le voyage d'une douzaine de vignerons et négociants bordelais en Corée et au Japon, en octobre dernier - à l'initiative du CIVB (Comité interprofessionnel des vins de Bordeaux) - témoigne du potentiel du marché asiatique. L'objectif de ce voyage était de faire passer le message qu'il n'y a pas que des grand crus à Bordeaux mais également des vins plus abordables.Outre l'effet des monnaies et les petits stocks, certains professionnels imputent plus ou moins la flambée des prix à la difficulté d'obtenir des droits de plantation, sujet ô combien sensible. ' Les plantations n'ont pas suivi le développement économique, estime Roland Feredj, directeur du CIVB. Nous sommes acteurs du marché mondial, pas seulement du marché français. Nous avons donc besoin de capacité de développement. ' Le CIVB prône le concept de la responsabilité collective du vignoble. ' Nous souhaiterions prendre l'engagement d'être autonome ensuite, poursuit Roland Feredj. Nous bénéficions d'un beau potentiel, pourquoi passer à côté? 'Autre sujet sensible, celui du rendement moyen décennal (RMD). Le RMD a été mis en place en 1993 ' avec, pour but, de maîtriser l'inflation des rendements et de responsabiliser davantage les syndicats viticoles ', explique-t-on à la Fédération des syndicats des grands vins de Bordeaux.L'objectif était également de privilégier les bons millésimes par une fluctuation des rendements selon la qualité des vendanges. Dans leurs calculs, les responsables syndicaux avaient intégré une mauvaise année sur cinq. Or, la région bordelaise a été épargnée d'incidents climatiques depuis cinq ans. Conséquence : pour respecter le RMD, certaines appellations vont devoir fortement réduire leur rendement en 1998. Pour le médoc, le rendement ne devra pas dépasser les 53 hl/ha. Ce qui peut sembler aberrant au regard du succès actuel des ventes. Une commission d'enquête de l'Inao est venue à Bordeaux à la mi-décembre pour dresser un bilan des cinq années d'expérimentation. Cette commission rendra ultérieurement son avis sur le maintien ou non du RMD et les éventuelles améliorations à apporter.
Certains châteaux, à grand renfort de média, annonçaient le millésime du siècle dès le mois de juin. L'excitation liée à la grande précocité de la vigne avait fait oublier à certains vignerons qu'un millésime se juge dans les chais. Et que la qualité d'un vin dépend de la météo. Il est vrai que ce millésime s'annonçait bien, avec des débourrements dès la fin février. Le printemps exceptionnellement chaud avait entraîné un développement rapide de la végétation. La vigne s'exposait ainsi aux gelées d'avril... Exceptées quelques zones, le vignoble bordelais a été globalement épargné par le gel. Mais il eut droit, comme l'ensemble des vignobles français, à des mois de juin et juillet particulièrement pluvieux. Bilan : coulure et millerandage sur certaines parcelles, nombreux foyers de pourriture dans les grappes.La période orageuse de fin août a relancé la pourriture. Certains producteurs affolés ont commencé les vendanges avant la maturité, craignant la multiplication de la pourriture. Les plus patients auront eu raison. En effet, septembre et octobre furent très ensoleillés, permettant une belle vendange, notamment pour les liquoreux. Faute d'être le millésime du siècle, ' 1997 restera une année très contrastée, avec quelques très bons vins, des vins corrects et des vins moins bons ', commente un courtier. Les coûts de main-d'oeuvre ont été plus élevés que d'habitude en raison des tris successifs.L'hétérogénéité du millésime a eu des répercussions sur le début de la campagne 1997-1998. Les négociants se sont empressés d'acheter les bons lots, notamment en blanc. Après trois mois de campagne, le cumul des transactions (1,6 million d'hectolitres) affichait une progression de 13 % par rapport au début de campagne précédent.L'année 1997 n'a pas seulement été déroutante dans les vignes. Elle l'a aussi été sur la place de Bordeaux. Les volumes comme les prix ont battu des records. 6,44 Mhl se sont échangés lors de la campagne 1996-1997. Soit une progression de 24 % par rapport à la campagne 1996-1995 et de 13,5 % sur le record de 1994-1995. Du premier au dernier jour de la campagne, l'activité a été soutenue.Les cours des grands crus se sont envolés. Le taux de change des monnaies des principaux pays clients ont encouragé les achats et la faiblesse des stocks, favorisant la spéculation. Sur l'ensemble de la campagne 1996-1997, les cours du saint-émilion (en vrac) ont progressé de 16 % à 18 850 F le tonneau (2 094 F/hl), ceux du pomerol de 29 %, à 36 210 F (4 023 F/hl) ou encore ceux du médoc de 7,7 %, à 12 850 F (1 428 F/hl). Le bordeaux supérieur rouge, lui, a fait un bond de 12,7 % à 8 804 F/tonneau pendant que le bordeaux générique progressait de 3 % à 7 394 F. Le bordeaux blanc, de son côté, voit ses prix stagner à 468 F/hl. Au moins la chute est-elle enrayée... La progression des cours a des effets positifs à court terme pour la trésorerie des intervenants bordelais. Mais qu'en sera-t-il à moyen et long terme? L'augmentation des prix peut pénaliser les ventes en grande distribution, qui constituent tout de même plus du quart des ventes de bordeaux. D'autre part, les acheteurs étrangers vont probablement être attirés par d'autres vins, pas nécessairement français et pas nécessairement mauvais... Retrouver ses parts de marché, même quand on bénéficie de la notoriété de Bordeaux, nécessite alors une bonne dose d'énergie et d'argent.L'augmentation des ventes est surtout à mettre à l'actif des exportations qui ont représenté 38 % des volumes (+ 20 %) et plus de 40 % du chiffre d'affaires (+ 36 %). Les progressions les plus importantes ont été enregistrées dans les pays tiers, avec + 37 % en volume et + 55 % en valeur. Les ventes ont augmenté de 17 % vers les Etats-Unis à 129 000 hl, de 41 % vers le Japon à 97 500 hl, de 720 % vers Taïwan à 68 000 hl ou encore de 222 % vers Hong Kong à 56 500 hl. Au mois de juin dernier, à Vinexpo, l'euphorie était à son comble. Bordeaux était sur un petit nuage. Les Asiatiques faisaient l'objet de toutes les convoitises. La récente crise boursière a néanmoins calmé les esprits les plus ardents. Certes, cette crise ne devrait pas avoir de grandes répercussions sur les cours, sinon de tempérer leur progression, ce qui est plutôt une bonne nouvelle.Le voyage d'une douzaine de vignerons et négociants bordelais en Corée et au Japon, en octobre dernier - à l'initiative du CIVB (Comité interprofessionnel des vins de Bordeaux) - témoigne du potentiel du marché asiatique. L'objectif de ce voyage était de faire passer le message qu'il n'y a pas que des grand crus à Bordeaux mais également des vins plus abordables.Outre l'effet des monnaies et les petits stocks, certains professionnels imputent plus ou moins la flambée des prix à la difficulté d'obtenir des droits de plantation, sujet ô combien sensible. ' Les plantations n'ont pas suivi le développement économique, estime Roland Feredj, directeur du CIVB. Nous sommes acteurs du marché mondial, pas seulement du marché français. Nous avons donc besoin de capacité de développement. ' Le CIVB prône le concept de la responsabilité collective du vignoble. ' Nous souhaiterions prendre l'engagement d'être autonome ensuite, poursuit Roland Feredj. Nous bénéficions d'un beau potentiel, pourquoi passer à côté? 'Autre sujet sensible, celui du rendement moyen décennal (RMD). Le RMD a été mis en place en 1993 ' avec, pour but, de maîtriser l'inflation des rendements et de responsabiliser davantage les syndicats viticoles ', explique-t-on à la Fédération des syndicats des grands vins de Bordeaux.L'objectif était également de privilégier les bons millésimes par une fluctuation des rendements selon la qualité des vendanges. Dans leurs calculs, les responsables syndicaux avaient intégré une mauvaise année sur cinq. Or, la région bordelaise a été épargnée d'incidents climatiques depuis cinq ans. Conséquence : pour respecter le RMD, certaines appellations vont devoir fortement réduire leur rendement en 1998. Pour le médoc, le rendement ne devra pas dépasser les 53 hl/ha. Ce qui peut sembler aberrant au regard du succès actuel des ventes. Une commission d'enquête de l'Inao est venue à Bordeaux à la mi-décembre pour dresser un bilan des cinq années d'expérimentation. Cette commission rendra ultérieurement son avis sur le maintien ou non du RMD et les éventuelles améliorations à apporter.