Outre la crainte d'une vendange de mauvaise qualité écartée par un beau mois de septembre, les vignerons des côtes du Rhône ont vu se profiler un autre risque, celui de l'image. En effet, le Gard fait l'objet d'un projet d'enfouissement de déchets nucléaires. La décision d'implanter un laboratoire d'étude se prendra début 1998.
Outre la crainte d'une vendange de mauvaise qualité écartée par un beau mois de septembre, les vignerons des côtes du Rhône ont vu se profiler un autre risque, celui de l'image. En effet, le Gard fait l'objet d'un projet d'enfouissement de déchets nucléaires. La décision d'implanter un laboratoire d'étude se prendra début 1998.
On connaissait les problèmes sanitaires, la baisse des cours ou encore le gel. Mais le risque d'image, c'est une nouveauté dans l'univers du vin. Les vignerons de la vallée du Rhône s'en seraient bien passés mais ils inaugurent cette nouvelle voie. Ou plutôt ils ont failli l'inaugurer. Bref rappel des faits... En 1990, dans le cadre d'une mission de réflexion sur le traitement et l'élimination des déchets radioactifs, Christian Bataille (député du Nord) propose quatre sites d'étude d'enfouissement des déchets nucléaires. Le Gard n'en fait alors pas partie en raison de risques sismiques. Mais ce département intégrera le projet en 1994 à la suite de la demande du Conseil général du Gard, malgré un avis défavorable de la chambre d'agriculture. En mai 1996, l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) est autorisée par le gouvernement à engager des procédures d'enquête publique dans l'Est, le Gard et la Vienne.En janvier 1997, la mairie de Chusclan (Gard) refuse le permis de construire au projet de laboratoire, qui a de grandes chances de se transformer en site de stockage dans dix ans. En juin 1997, le collectif ' Non à la poubelle radioactive dans la vallée du Rhône ' prend naissance avec des membres de tous horizons : médecins, restaurateurs, responsables du tourisme... ainsi que Jérôme Quiot (président de l'interprofession) et Christian Paly (président du syndicat général des vignerons des côtes du Rhône) pour la viticulture. Bilan de l'enquête publique : avis favorable.' Un avis accueilli sans surprise et qu'on peut qualifier de non-événement, tant les liens évidents qui unissent cette commission d'enquête au lobby du nucléaire - dont certains sont d'anciens salariés - ne laissent envisager aucune autre position. c... s Cela nous conforte dans l'idée que l'enquête publique n'a été qu'une mascarade ', écrivait Christian Paly dans une lettre du collectif. La manifestation lors du festival d'Avignon a été le point d'orgue de l'opposition au projet. Avec le changement de gouvernement, la décision est en attente.Le risque d'image se révèle d'une importance capitale pour toute région touristique et tout produit du terroir. Le triste précédent de La Hague (printemps 1997) le prouve. A la suite de la médiatisation des éventuels liens entre l'usine nucléaire de La Hague (Manche) et certaines maladies, l'économie locale a beaucoup souffert : désistement de réservations hôtelières, suspicion sur les productions agricoles et sur la pêche locale...Une étude commanditée par la chambre d'agriculture et menée par And & Crisalide, estime à 5,25 milliards de francs les conséquences économiques et commerciales d'une éventuelle crise d'image dans les côtes du Rhône. L'impact de l'enfouissement des déchets nucléaires serait très néfaste aux exportations vers les pays de l'Europe du Nord et au Japon. Si l'opposition des vignerons des côtes du Rhône sur ce projet est amplement justifiée, on peut néanmoins s'étonner que certains trouvent plus légitime l'installation de ces déchets dans l'Est et dans le département de la Vienne... Ne serait-ce pas l'enfouissement des déchets nucléaires en lui-même qui devrait être au centre des débats?Outre cette grande menace pour l'instant écartée, l'année 1997 a également procuré son lot de frayeurs en ce qui concerne l'état sanitaire des vignes. L'année a été marquée par deux accidents climatiques dans le sud de la vallée du Rhône : les gelées durant la nuit du 17 au 18 avril puis la grêle le 16 juin. Les vignes les plus fragilisées ont particulièrement été sensibles aux attaques de pourriture acide, d'oïdium et de mildiou.La climatologie exceptionnelle de septembre a permis un état sanitaire satisfaisant - avec des vinifications délicates néanmoins - alors que les derniers jours d'août et les premiers jours de septembre laissaient présager une récolte difficile. Les côtes du Rhône septentrionales, de leur côté, ont connu une superbe année en terme de climat.A Condrieu (Rhône), l'heure est à l'optimisme. ' Nous avons bénéficié d'une pluie fin août, quand il le fallait, témoigne un vigneron. La maturité était très bonne. ' Globalement, ' 1997 restera une année de référence, estime un autre producteur, ce millésime a tout pour plaire. ' Cette région court par ailleurs un risque de dévalorisation du paysage avec le projet de construction du contournement ouest de Lyon. Là aussi, le projet est en attente.Autre fait marquant pour la vallée du Rhône septentrionale : l'ouverture de la maison des vins à Tournon qui abrite le Comité interprofessionnel, le Syndicat général des vignerons des côtes du Rhône et le Syndicat général des négociants en vins fins. Du point de vue économique, cette région septentrionale se distingue du sud par une meilleure valorisation des vins. D'autant que l'euphorie des bordeaux dope les ventes de côte-rôtie qui figure parmi les vins les plus ' substituables '. Les prix sont donc revus à la hausse (+ 10 %), à plus de 4 400 F/hl en vrac depuis le début de la nouvelle campagne.Tous les vins de la zone nord ne bénéficient cependant pas de ce courant positif. Ainsi l'appellation Saint-Joseph, qui poursuit sa restructuration et ses efforts en communication (semaine du saint-joseph...), souhaiterait-elle revaloriser les prix. ' Actuellement, les échanges en vrac se font aux alentours des 17,50 F/l, explique Amaury Cornut-Chauvinc, président du Syndicat, l'objectif est d'atteindre les 20 F/l d'ici à deux ans. 'Preuve de la montée en puissance des vins septentrionaux, leur présence dans les linéaires des foires aux vins a considérablement augmenté : + 34 % en volume, + 39,2 % en valeur. Cette tendance est d'ailleurs générale sur l'ensemble des côtes-du-rhône. Les appellations villages ont grimpé de 26,1 % en volumes et de 28,7 % en valeur pendant que l'appellation régionale a progressé de 6,4 % en volume et de 6,8 % en valeur. La part de marché des côtes-du-rhône dans les foires aux vins - grands vecteurs de ventes et de notoriété - dépasse depuis cette année les 20 %.Environ 2 millions d'hectolitres de côtes-du-rhône (en vrac) ont été vendus au cours de la campagne 1996-1997, soit l'équivalent d'une année de production. Les cours des côtes-du-rhône ont cependant baissé de 11 %, à 713 F/hl. ' Ils atteignent ainsi leur prix d'équilibre ', estime un intervenant local. Les côtes-du-rhône villages se sont échangés à 941 F/hl (- 5 %) et les côtes-du-rhône communales à 1 015 F/hl (- 1,6 %). A l'inverse des prix, les volumes sont plutôt à la hausse. Les vins des côtes du Rhône misent de plus en plus sur la grande distribution, comme en témoignent les initiatives en matière de merchandising ou encore la création de Fréquence-Rhône, un petit mensuel destiné à la grande distribution. Enfin, une nouvelle bouteille ' côtes-du-rhône ' devrait voir le jour courant 1998.
On connaissait les problèmes sanitaires, la baisse des cours ou encore le gel. Mais le risque d'image, c'est une nouveauté dans l'univers du vin. Les vignerons de la vallée du Rhône s'en seraient bien passés mais ils inaugurent cette nouvelle voie. Ou plutôt ils ont failli l'inaugurer. Bref rappel des faits... En 1990, dans le cadre d'une mission de réflexion sur le traitement et l'élimination des déchets radioactifs, Christian Bataille (député du Nord) propose quatre sites d'étude d'enfouissement des déchets nucléaires. Le Gard n'en fait alors pas partie en raison de risques sismiques. Mais ce département intégrera le projet en 1994 à la suite de la demande du Conseil général du Gard, malgré un avis défavorable de la chambre d'agriculture. En mai 1996, l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) est autorisée par le gouvernement à engager des procédures d'enquête publique dans l'Est, le Gard et la Vienne.En janvier 1997, la mairie de Chusclan (Gard) refuse le permis de construire au projet de laboratoire, qui a de grandes chances de se transformer en site de stockage dans dix ans. En juin 1997, le collectif ' Non à la poubelle radioactive dans la vallée du Rhône ' prend naissance avec des membres de tous horizons : médecins, restaurateurs, responsables du tourisme... ainsi que Jérôme Quiot (président de l'interprofession) et Christian Paly (président du syndicat général des vignerons des côtes du Rhône) pour la viticulture. Bilan de l'enquête publique : avis favorable.' Un avis accueilli sans surprise et qu'on peut qualifier de non-événement, tant les liens évidents qui unissent cette commission d'enquête au lobby du nucléaire - dont certains sont d'anciens salariés - ne laissent envisager aucune autre position. c... s Cela nous conforte dans l'idée que l'enquête publique n'a été qu'une mascarade ', écrivait Christian Paly dans une lettre du collectif. La manifestation lors du festival d'Avignon a été le point d'orgue de l'opposition au projet. Avec le changement de gouvernement, la décision est en attente.Le risque d'image se révèle d'une importance capitale pour toute région touristique et tout produit du terroir. Le triste précédent de La Hague (printemps 1997) le prouve. A la suite de la médiatisation des éventuels liens entre l'usine nucléaire de La Hague (Manche) et certaines maladies, l'économie locale a beaucoup souffert : désistement de réservations hôtelières, suspicion sur les productions agricoles et sur la pêche locale...Une étude commanditée par la chambre d'agriculture et menée par And & Crisalide, estime à 5,25 milliards de francs les conséquences économiques et commerciales d'une éventuelle crise d'image dans les côtes du Rhône. L'impact de l'enfouissement des déchets nucléaires serait très néfaste aux exportations vers les pays de l'Europe du Nord et au Japon. Si l'opposition des vignerons des côtes du Rhône sur ce projet est amplement justifiée, on peut néanmoins s'étonner que certains trouvent plus légitime l'installation de ces déchets dans l'Est et dans le département de la Vienne... Ne serait-ce pas l'enfouissement des déchets nucléaires en lui-même qui devrait être au centre des débats?Outre cette grande menace pour l'instant écartée, l'année 1997 a également procuré son lot de frayeurs en ce qui concerne l'état sanitaire des vignes. L'année a été marquée par deux accidents climatiques dans le sud de la vallée du Rhône : les gelées durant la nuit du 17 au 18 avril puis la grêle le 16 juin. Les vignes les plus fragilisées ont particulièrement été sensibles aux attaques de pourriture acide, d'oïdium et de mildiou.La climatologie exceptionnelle de septembre a permis un état sanitaire satisfaisant - avec des vinifications délicates néanmoins - alors que les derniers jours d'août et les premiers jours de septembre laissaient présager une récolte difficile. Les côtes du Rhône septentrionales, de leur côté, ont connu une superbe année en terme de climat.A Condrieu (Rhône), l'heure est à l'optimisme. ' Nous avons bénéficié d'une pluie fin août, quand il le fallait, témoigne un vigneron. La maturité était très bonne. ' Globalement, ' 1997 restera une année de référence, estime un autre producteur, ce millésime a tout pour plaire. ' Cette région court par ailleurs un risque de dévalorisation du paysage avec le projet de construction du contournement ouest de Lyon. Là aussi, le projet est en attente.Autre fait marquant pour la vallée du Rhône septentrionale : l'ouverture de la maison des vins à Tournon qui abrite le Comité interprofessionnel, le Syndicat général des vignerons des côtes du Rhône et le Syndicat général des négociants en vins fins. Du point de vue économique, cette région septentrionale se distingue du sud par une meilleure valorisation des vins. D'autant que l'euphorie des bordeaux dope les ventes de côte-rôtie qui figure parmi les vins les plus ' substituables '. Les prix sont donc revus à la hausse (+ 10 %), à plus de 4 400 F/hl en vrac depuis le début de la nouvelle campagne.Tous les vins de la zone nord ne bénéficient cependant pas de ce courant positif. Ainsi l'appellation Saint-Joseph, qui poursuit sa restructuration et ses efforts en communication (semaine du saint-joseph...), souhaiterait-elle revaloriser les prix. ' Actuellement, les échanges en vrac se font aux alentours des 17,50 F/l, explique Amaury Cornut-Chauvinc, président du Syndicat, l'objectif est d'atteindre les 20 F/l d'ici à deux ans. 'Preuve de la montée en puissance des vins septentrionaux, leur présence dans les linéaires des foires aux vins a considérablement augmenté : + 34 % en volume, + 39,2 % en valeur. Cette tendance est d'ailleurs générale sur l'ensemble des côtes-du-rhône. Les appellations villages ont grimpé de 26,1 % en volumes et de 28,7 % en valeur pendant que l'appellation régionale a progressé de 6,4 % en volume et de 6,8 % en valeur. La part de marché des côtes-du-rhône dans les foires aux vins - grands vecteurs de ventes et de notoriété - dépasse depuis cette année les 20 %.Environ 2 millions d'hectolitres de côtes-du-rhône (en vrac) ont été vendus au cours de la campagne 1996-1997, soit l'équivalent d'une année de production. Les cours des côtes-du-rhône ont cependant baissé de 11 %, à 713 F/hl. ' Ils atteignent ainsi leur prix d'équilibre ', estime un intervenant local. Les côtes-du-rhône villages se sont échangés à 941 F/hl (- 5 %) et les côtes-du-rhône communales à 1 015 F/hl (- 1,6 %). A l'inverse des prix, les volumes sont plutôt à la hausse. Les vins des côtes du Rhône misent de plus en plus sur la grande distribution, comme en témoignent les initiatives en matière de merchandising ou encore la création de Fréquence-Rhône, un petit mensuel destiné à la grande distribution. Enfin, une nouvelle bouteille ' côtes-du-rhône ' devrait voir le jour courant 1998.