1997 restera une année-charnière pour Bergerac. La volonté de créer une image ' Bordeaux-Aquitaine ', dans laquelle les vins de Bergerac pourraient facilement trouver leur place, témoigne d'un véritable changement. Plus que jamais, Bergerac se présente comme ' l'autre vignoble d'Aquitaine ' avec un rapprochement prévu dans les linéaires et à l'exportation. Essai à transformer...
1997 restera une année-charnière pour Bergerac. La volonté de créer une image ' Bordeaux-Aquitaine ', dans laquelle les vins de Bergerac pourraient facilement trouver leur place, témoigne d'un véritable changement. Plus que jamais, Bergerac se présente comme ' l'autre vignoble d'Aquitaine ' avec un rapprochement prévu dans les linéaires et à l'exportation. Essai à transformer...
Une étude menée par la Sopexa l'a démontré : l'image des vins de Bergerac est floue. Ils sont un peu du Sud-Ouest et un peu d'Aquitaine. Question identité, on peut faire plus simple! Le Comité interprofessionnel des vins de la région de Bergerac (CIVRB) a donc jugé utile de réaffirmer une évidence géographique : les vins de Bergerac sont d'Aquitaine. D'où le lancement d'une campagne de publicité en octobre, avec un petit clin d'oeil vers le ' grand frère ' bordelais.Le message de la campagne? ' Grand vignoble d'Aquitaine possédant 1 320 châteaux, en huit lettres et commençant par un B? ' La réponse : Bergerac, l'autre vignoble d'Aquitaine. Heureux hasard, le mot Bordeaux comporte également huit lettres... Cette communication tranche radicalement avec le positionnement antérieur du Bergeracois. Il fut un temps où flirter avec Bordeaux aurait été considéré comme un péché mortel. L'euphorie des vins bordelais a changé la donne. Tout comme les convictions du nouveau président du CIVRB, Michel Delpon (directeur de Producta, important metteur en marché aquitain) et de sa connaissance du milieu bordelais.Pourquoi favoriser l'axe Bergerac-Bordeaux? La première raison est d'ordre géographique : certaines appellations du Bergerac s'enchevêtrent dans celles du Bordelais. Les cépages et le climat sont les mêmes. De plus, l'appartenance à la même région induit des interlocuteurs communs. Par ailleurs, 58 % du vin de Bergerac sont vendus par le négoce bordelais. Enfin, les Bordelais cherchent des droits de plantation et des volumes. Michel Delpon verrait donc bien, à terme, la région de Bergerac (10 % des volumes de Bordeaux) comme sixième entité du vignoble bordelais (avec le Libournais, le Médoc...), sans pour autant renier la touche bergeracoise des vins. Les vins de Bergerac pourraient, par exemple, porter une contre-étiquette indiquant leur appartenance à la région Bordeaux-Aquitaine.A la Fédération des syndicats de Bergerac, les prémices d'un rapprochement avec les vins bordelais sont plutôt bien perçus. La crainte de la perte d'autonomie s'efface devant des perspectives de revalorisation des cours. Outre la campagne de communication, le CIVRB a lancé une action auprès de la grande distribution pour sensibiliser les chefs de rayon au caractère aquitain des vins de Bergerac. Le message est clair : même région, même rayon. L'objectif est aussi d'augmenter la présence des vins bergeracois aux foires de l'automne. Les vins de Bergerac avaient refusé d'unir leur destin à celui des vins de Bordeaux dans les années 60, l'initiative venant alors des Bordelais. Les secondes fiançailles seront peut-être les bonnes...Parallèlement à cet appel du pied vers Bordeaux, les vins de Bergerac ont connu une année 1997 assez sympathique. Ainsi à Monbazillac, la hache de guerre a-t-elle été enterrée en septembre 1997 après cinq ans de scission. Bilan : la machine à vendanger restera dans les hangars. Le millésime 1997 s'annonce très prometteur à Monbazillac grâce à des conditions climatiques exceptionnelles. ' Il faisait tellement beau que cela a même créé quelques problèmes d'implantation de la pourriture noble après le premier tri ', témoigne Thierry Deprès, vice-président du syndicat. Mais les efforts qualitatifs entrepris par ce vignoble ne se traduisent pas encore par une hausse des prix. Le cours du vrac s'est stabilisé à 16 986 F/tonneau, soit 1 914 F/hl lors de la campagne 1996-1997. ' Il nous manque l'émergence d'une dizaine de grands crus de châteaux qui feraient parler de Monbazillac ', poursuit Thierry Deprès. Si le prix n'est pas à la hauteur des trois, quatre, voire sept passages qu'effectuent les vendangeurs, le rajeunissement des consommateurs est un élément encourageant. ' C'est une clientèle de plus en plus jeune qui s'arrête à mon stand ', confirme Alain Sergenton, président de la Fédération des caves particulières. Changement important car le monbazillac était surtout consommé par des clients assez âgés.Autre appellation qui sort du lot, Pécharmant affiche des prix nettement supérieurs à ceux des autres vins de la région. Ce vin s'échange en vrac à plus de 9 000 F/tonneau alors que le bergerac rouge se vend à 5 600 F/tonneau. A l'image des autres régions viticoles, les vins blancs souffrent. Le cours du bergerac sec a chuté de 7 % lors de la dernière campagne, à 3 400 F le tonneau, le montravel étant à 3 800 F (- 8 %). ' Les prix sont victimes de l'atomisation du vignoble ', estime Michel Delpon. La région de Bergerac compte plus de 1 200 vignobles pour treize appellations produites sur 12 000 ha.Pour fédérer la filière, le CIVRB vient de mettre en place le contrat Bervins, s'inspirant du contrat bourguignon Fivins. Le but de cette convention est de limiter les fluctuations des cours, préjudiciables pour tous les intervenants. Des prix indicatifs ont été fixés pour la campagne 1997-1998 : 16 000 F/tonneau pour le monbazillac, 6 000 F/tonneau pour le bergerac rouge, 4 500 F/tonneau pour les côtes-de-bergerac moelleux, 4 000 F/tonneau pour le bergerac sec et 4 400 F/tonneau pour le montravel.' Ces prix indicatifs ont déjà eu un impact sur le début de campagne puisque le bergerac rouge s'échange à 6 000 F/tonneau alors qu'il était à 5 600 F peu de temps avant ', précise Michel Delpon. Concrètement, les négociants vont s'engager sur le long terme. Plutôt que d'acheter 200 hl tous les mois pendant six mois, ils achèteront 1 200 hl dès le premier mois avec une aide de financement des banques. Le vigneron disposera ainsi rapidement de trésorerie et le négociant sera rassuré de détenir sa marchandise.Bervins n'est qu'un élément de la dynamique bergeracoise. Le développement des mises en bouteilles de bergerac rouge ou encore la mise en place de la route des vins - qui reste à améliorer - en sont la preuve.
Une étude menée par la Sopexa l'a démontré : l'image des vins de Bergerac est floue. Ils sont un peu du Sud-Ouest et un peu d'Aquitaine. Question identité, on peut faire plus simple! Le Comité interprofessionnel des vins de la région de Bergerac (CIVRB) a donc jugé utile de réaffirmer une évidence géographique : les vins de Bergerac sont d'Aquitaine. D'où le lancement d'une campagne de publicité en octobre, avec un petit clin d'oeil vers le ' grand frère ' bordelais.Le message de la campagne? ' Grand vignoble d'Aquitaine possédant 1 320 châteaux, en huit lettres et commençant par un B? ' La réponse : Bergerac, l'autre vignoble d'Aquitaine. Heureux hasard, le mot Bordeaux comporte également huit lettres... Cette communication tranche radicalement avec le positionnement antérieur du Bergeracois. Il fut un temps où flirter avec Bordeaux aurait été considéré comme un péché mortel. L'euphorie des vins bordelais a changé la donne. Tout comme les convictions du nouveau président du CIVRB, Michel Delpon (directeur de Producta, important metteur en marché aquitain) et de sa connaissance du milieu bordelais.Pourquoi favoriser l'axe Bergerac-Bordeaux? La première raison est d'ordre géographique : certaines appellations du Bergerac s'enchevêtrent dans celles du Bordelais. Les cépages et le climat sont les mêmes. De plus, l'appartenance à la même région induit des interlocuteurs communs. Par ailleurs, 58 % du vin de Bergerac sont vendus par le négoce bordelais. Enfin, les Bordelais cherchent des droits de plantation et des volumes. Michel Delpon verrait donc bien, à terme, la région de Bergerac (10 % des volumes de Bordeaux) comme sixième entité du vignoble bordelais (avec le Libournais, le Médoc...), sans pour autant renier la touche bergeracoise des vins. Les vins de Bergerac pourraient, par exemple, porter une contre-étiquette indiquant leur appartenance à la région Bordeaux-Aquitaine.A la Fédération des syndicats de Bergerac, les prémices d'un rapprochement avec les vins bordelais sont plutôt bien perçus. La crainte de la perte d'autonomie s'efface devant des perspectives de revalorisation des cours. Outre la campagne de communication, le CIVRB a lancé une action auprès de la grande distribution pour sensibiliser les chefs de rayon au caractère aquitain des vins de Bergerac. Le message est clair : même région, même rayon. L'objectif est aussi d'augmenter la présence des vins bergeracois aux foires de l'automne. Les vins de Bergerac avaient refusé d'unir leur destin à celui des vins de Bordeaux dans les années 60, l'initiative venant alors des Bordelais. Les secondes fiançailles seront peut-être les bonnes...Parallèlement à cet appel du pied vers Bordeaux, les vins de Bergerac ont connu une année 1997 assez sympathique. Ainsi à Monbazillac, la hache de guerre a-t-elle été enterrée en septembre 1997 après cinq ans de scission. Bilan : la machine à vendanger restera dans les hangars. Le millésime 1997 s'annonce très prometteur à Monbazillac grâce à des conditions climatiques exceptionnelles. ' Il faisait tellement beau que cela a même créé quelques problèmes d'implantation de la pourriture noble après le premier tri ', témoigne Thierry Deprès, vice-président du syndicat. Mais les efforts qualitatifs entrepris par ce vignoble ne se traduisent pas encore par une hausse des prix. Le cours du vrac s'est stabilisé à 16 986 F/tonneau, soit 1 914 F/hl lors de la campagne 1996-1997. ' Il nous manque l'émergence d'une dizaine de grands crus de châteaux qui feraient parler de Monbazillac ', poursuit Thierry Deprès. Si le prix n'est pas à la hauteur des trois, quatre, voire sept passages qu'effectuent les vendangeurs, le rajeunissement des consommateurs est un élément encourageant. ' C'est une clientèle de plus en plus jeune qui s'arrête à mon stand ', confirme Alain Sergenton, président de la Fédération des caves particulières. Changement important car le monbazillac était surtout consommé par des clients assez âgés.Autre appellation qui sort du lot, Pécharmant affiche des prix nettement supérieurs à ceux des autres vins de la région. Ce vin s'échange en vrac à plus de 9 000 F/tonneau alors que le bergerac rouge se vend à 5 600 F/tonneau. A l'image des autres régions viticoles, les vins blancs souffrent. Le cours du bergerac sec a chuté de 7 % lors de la dernière campagne, à 3 400 F le tonneau, le montravel étant à 3 800 F (- 8 %). ' Les prix sont victimes de l'atomisation du vignoble ', estime Michel Delpon. La région de Bergerac compte plus de 1 200 vignobles pour treize appellations produites sur 12 000 ha.Pour fédérer la filière, le CIVRB vient de mettre en place le contrat Bervins, s'inspirant du contrat bourguignon Fivins. Le but de cette convention est de limiter les fluctuations des cours, préjudiciables pour tous les intervenants. Des prix indicatifs ont été fixés pour la campagne 1997-1998 : 16 000 F/tonneau pour le monbazillac, 6 000 F/tonneau pour le bergerac rouge, 4 500 F/tonneau pour les côtes-de-bergerac moelleux, 4 000 F/tonneau pour le bergerac sec et 4 400 F/tonneau pour le montravel.' Ces prix indicatifs ont déjà eu un impact sur le début de campagne puisque le bergerac rouge s'échange à 6 000 F/tonneau alors qu'il était à 5 600 F peu de temps avant ', précise Michel Delpon. Concrètement, les négociants vont s'engager sur le long terme. Plutôt que d'acheter 200 hl tous les mois pendant six mois, ils achèteront 1 200 hl dès le premier mois avec une aide de financement des banques. Le vigneron disposera ainsi rapidement de trésorerie et le négociant sera rassuré de détenir sa marchandise.Bervins n'est qu'un élément de la dynamique bergeracoise. Le développement des mises en bouteilles de bergerac rouge ou encore la mise en place de la route des vins - qui reste à améliorer - en sont la preuve.