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Le Midi, grand bénéficiaire des aides

La vigne - n°85 - février 1998 - page 0

Entre 1976 et 1994, le vignoble français a perdu 315 000 ha, soit une baisse moyenne de 10 % par décennie. La prime d'abandon définitif a favorisé cette réduction des surfaces. Parallèlement, la prime à la restructuration a permis d'adapter l'offre à la demande, en privilégiant certains cépages.

Entre 1976 et 1994, le vignoble français a perdu 315 000 ha, soit une baisse moyenne de 10 % par décennie. La prime d'abandon définitif a favorisé cette réduction des surfaces. Parallèlement, la prime à la restructuration a permis d'adapter l'offre à la demande, en privilégiant certains cépages.

Quels sont les vignobles qui ont le plus évolué? Quel est le profil des exploitations restructurées? Quels sont les cépages en voie de disparition?Faute d'initiative de l'Union européenne pour mesurer l'impact des aides à la viticulture, l'Onivins s'est attelé à cette tâche. C'est cet organisme qui gère pour la France les primes d'abandon définitif, les primes nationales et communautaires à la restructuration du vignoble. Ces mesures ont vu le jour au cours des années soixante-dix. Depuis, le contexte global a bien évolué. Les marchés excédentaires ont laissé la place à une situation plus équilibrée. Le marché du vin s'est de plus considérablement internationalisé. L'étude a pour objectif de répondre à plusieurs points : l'identification et la caractérisation des vignobles ayant eu recours aux mesures d'aides, l'appréciation des transformations du potentiel de production et la détermination du type de vignerons concernés. Cette analyse porte sur 4 664 communes situées dans les 21 principaux départements concernés par les aides.D'après les données des douanes, 10 % du vignoble national ont été arrachés avec prime. La production française de vin, de son côté, a chuté de 20 % en dix ans. Seulement la moitié peut donc être imputée à la prime d'abandon définitif. Cette prime a permis la disparition d'un vignoble de vin de masse très concentré géographiquement. Pour preuve, les vins de table représentaient 60 % de la production française en 1985. Ils n'en représentent plus qu'un tiers aujourd'hui. Leur chute s'explique par une disparition d'une partie du vignoble mais également par une reconversion vers les vins de pays et les VQPRD (les appellations). La régression du vignoble s'est réalisée à un rythme régulier entre 1970 et 1995, avec une baisse de 10 à 15 % tous les dix ans (19 400 ha/an de 1976 à 1985 et 11 500 ha/an de 1985 à 1994). La mise en place de la prime d'abandon définitif en 1985 n'a d'ailleurs pas accéléré le rythme.A l'inverse de la prime d'abandon définitif, la restructuration primée n'influe pas sur l'étendue du vignoble mais seulement sur sa nature. Les départements ayant le plus bénéficié de cette aide sont, dans l'ordre, l'Hérault, l'Aude et le Gard.La restructuration s'est traduite par le changement des cépages, pour répondre aux besoins du marché. En clair, pour produire du vin plus qualitatif. Ce sont essentiellement le carignan (33 538 ha), l'aramont (11 096 ha), le cinsaut (6 994 ha), le grenache (4 534 ha), l'alicante H. Bouschet (3 372 ha) et l'ugni blanc (3 541 ha) qui ont vu leurs surfaces diminuer de façon importante. Les surfaces restructurées ont privilégié la syrah (7 737 ha), le merlot (7 320 ha), le grenache noir (6 874 ha), le cabernet sauvignon (5 521 ha), le sauvignon (4 641 ha) et le chardonnay (3 658 ha).Comme l'indique le bilan réalisé par l'Onivins, ' le Languedoc-Roussillon est la région française de loin la plus concernée par ces deux mesures, au-delà de son poids dans le vignoble national '. Le Languedoc-Roussillon a en effet reçu, depuis 1988, les trois quarts des primes d'abandon définitif et plus de la moitié de la restructuration primée. Seules les côtes du Rhône gardoises et la zone de Banyuls, de par la valorisation de leur production, restent à l'écart de ces mesures. La plaine orientale corse est également l'une des grandes bénéficiaires de ces aides avec un tiers de son vignoble restructuré. Le Tarn, l'ouest varois, le Gers et le sud de l'Ardèche figurent également parmi les vignobles les plus restructurés.Certains vignobles ont surtout perçu la prime d'abandon définitif sans mener parallèlement une restructuration primée. Il s'agit principalement des vignobles méridionaux : le sud et le littoral du Roussillon, le nord du Var et des Bouches-du-Rhône, alentours de Montpellier, le Tarn-et-Garonne et les Charentes. D'autres zones, au contraire, ont effectué une restructuration importante sans réduction des surfaces. Ce fut le cas du Gers, mais également de l'aire du Fitou, des côtes du Lubéron, des coteaux du Quercy, dans le Diois, en Touraine, l'Anjou et les côtes du Vivarais.Les caractéristiques des exploitations interviennent également dans le processus de restructuration du vignoble. Les petits ateliers (moins de 5 ha) sont les plus touchés. Plus du tiers du vignoble détenu par ces petites exploitations a été primé à l'arrachage définitif. Ce chiffre est encore plus important dans les départements du littoral méditerranéen avec l'abandon des deux tiers de ces ateliers.A l'inverse, les ateliers viticoles de plus de 10 ha résistent mieux (5 à 7 % de la prime d'abandon définitif). L'âge des viticulteurs favorise également l'arrachage primé mais ce n'est qu'un facteur secondaire.La coopération viticole, quant à elle, constitue un facteur de résistance des petites exploitations face à la prime d'arrachage définitif. Les coopératives ont en effet favorisé la restructuration primée, l'arrachage définitif n'étant pas en adéquation avec l'esprit des coopératives qui prônent le maintien d'une activité rurale. De plus, ces mêmes coopératives n'ont aucun intérêt à voir leurs apports diminuer.La proximité d'une ville favorise souvent la régression des vignobles. La pression foncière joue en la défaveur de la viticulture. Ce fut, par exemple, constaté dans la région de Nîmes. La présence d'une ville présente toutefois un atout : celui de trouver des débouchés locaux. L'autre extrême n'est pas meilleur pour autant. Les villages dépeuplés ne favorisent pas le maintien de la viticulture. Le travail du conjoint est, par exemple, difficilement envisageable. Certains vignobles des Pyrénées-Orientales se retrouvent dans ce cas de figure.Cette étude a été réalisée par l'Onivins, le Centre international des hautes études agronomiques méditerranéennes et l'Institut agronomique méditerranéen de Montpellier.

Quels sont les vignobles qui ont le plus évolué? Quel est le profil des exploitations restructurées? Quels sont les cépages en voie de disparition?Faute d'initiative de l'Union européenne pour mesurer l'impact des aides à la viticulture, l'Onivins s'est attelé à cette tâche. C'est cet organisme qui gère pour la France les primes d'abandon définitif, les primes nationales et communautaires à la restructuration du vignoble. Ces mesures ont vu le jour au cours des années soixante-dix. Depuis, le contexte global a bien évolué. Les marchés excédentaires ont laissé la place à une situation plus équilibrée. Le marché du vin s'est de plus considérablement internationalisé. L'étude a pour objectif de répondre à plusieurs points : l'identification et la caractérisation des vignobles ayant eu recours aux mesures d'aides, l'appréciation des transformations du potentiel de production et la détermination du type de vignerons concernés. Cette analyse porte sur 4 664 communes situées dans les 21 principaux départements concernés par les aides.D'après les données des douanes, 10 % du vignoble national ont été arrachés avec prime. La production française de vin, de son côté, a chuté de 20 % en dix ans. Seulement la moitié peut donc être imputée à la prime d'abandon définitif. Cette prime a permis la disparition d'un vignoble de vin de masse très concentré géographiquement. Pour preuve, les vins de table représentaient 60 % de la production française en 1985. Ils n'en représentent plus qu'un tiers aujourd'hui. Leur chute s'explique par une disparition d'une partie du vignoble mais également par une reconversion vers les vins de pays et les VQPRD (les appellations). La régression du vignoble s'est réalisée à un rythme régulier entre 1970 et 1995, avec une baisse de 10 à 15 % tous les dix ans (19 400 ha/an de 1976 à 1985 et 11 500 ha/an de 1985 à 1994). La mise en place de la prime d'abandon définitif en 1985 n'a d'ailleurs pas accéléré le rythme.A l'inverse de la prime d'abandon définitif, la restructuration primée n'influe pas sur l'étendue du vignoble mais seulement sur sa nature. Les départements ayant le plus bénéficié de cette aide sont, dans l'ordre, l'Hérault, l'Aude et le Gard.La restructuration s'est traduite par le changement des cépages, pour répondre aux besoins du marché. En clair, pour produire du vin plus qualitatif. Ce sont essentiellement le carignan (33 538 ha), l'aramont (11 096 ha), le cinsaut (6 994 ha), le grenache (4 534 ha), l'alicante H. Bouschet (3 372 ha) et l'ugni blanc (3 541 ha) qui ont vu leurs surfaces diminuer de façon importante. Les surfaces restructurées ont privilégié la syrah (7 737 ha), le merlot (7 320 ha), le grenache noir (6 874 ha), le cabernet sauvignon (5 521 ha), le sauvignon (4 641 ha) et le chardonnay (3 658 ha).Comme l'indique le bilan réalisé par l'Onivins, ' le Languedoc-Roussillon est la région française de loin la plus concernée par ces deux mesures, au-delà de son poids dans le vignoble national '. Le Languedoc-Roussillon a en effet reçu, depuis 1988, les trois quarts des primes d'abandon définitif et plus de la moitié de la restructuration primée. Seules les côtes du Rhône gardoises et la zone de Banyuls, de par la valorisation de leur production, restent à l'écart de ces mesures. La plaine orientale corse est également l'une des grandes bénéficiaires de ces aides avec un tiers de son vignoble restructuré. Le Tarn, l'ouest varois, le Gers et le sud de l'Ardèche figurent également parmi les vignobles les plus restructurés.Certains vignobles ont surtout perçu la prime d'abandon définitif sans mener parallèlement une restructuration primée. Il s'agit principalement des vignobles méridionaux : le sud et le littoral du Roussillon, le nord du Var et des Bouches-du-Rhône, alentours de Montpellier, le Tarn-et-Garonne et les Charentes. D'autres zones, au contraire, ont effectué une restructuration importante sans réduction des surfaces. Ce fut le cas du Gers, mais également de l'aire du Fitou, des côtes du Lubéron, des coteaux du Quercy, dans le Diois, en Touraine, l'Anjou et les côtes du Vivarais.Les caractéristiques des exploitations interviennent également dans le processus de restructuration du vignoble. Les petits ateliers (moins de 5 ha) sont les plus touchés. Plus du tiers du vignoble détenu par ces petites exploitations a été primé à l'arrachage définitif. Ce chiffre est encore plus important dans les départements du littoral méditerranéen avec l'abandon des deux tiers de ces ateliers.A l'inverse, les ateliers viticoles de plus de 10 ha résistent mieux (5 à 7 % de la prime d'abandon définitif). L'âge des viticulteurs favorise également l'arrachage primé mais ce n'est qu'un facteur secondaire.La coopération viticole, quant à elle, constitue un facteur de résistance des petites exploitations face à la prime d'arrachage définitif. Les coopératives ont en effet favorisé la restructuration primée, l'arrachage définitif n'étant pas en adéquation avec l'esprit des coopératives qui prônent le maintien d'une activité rurale. De plus, ces mêmes coopératives n'ont aucun intérêt à voir leurs apports diminuer.La proximité d'une ville favorise souvent la régression des vignobles. La pression foncière joue en la défaveur de la viticulture. Ce fut, par exemple, constaté dans la région de Nîmes. La présence d'une ville présente toutefois un atout : celui de trouver des débouchés locaux. L'autre extrême n'est pas meilleur pour autant. Les villages dépeuplés ne favorisent pas le maintien de la viticulture. Le travail du conjoint est, par exemple, difficilement envisageable. Certains vignobles des Pyrénées-Orientales se retrouvent dans ce cas de figure.Cette étude a été réalisée par l'Onivins, le Centre international des hautes études agronomiques méditerranéennes et l'Institut agronomique méditerranéen de Montpellier.

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