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Le virus de l'enroulement

La vigne - n°85 - février 1998 - page 0

On a observé ces derniers temps une recrudescence de l'enroulement dans certaines régions. Il semble que des cochenilles pourraient servir de vecteur aux virus. Des travaux sont en cours pour améliorer la qualité du diagnostic, préciser les conditions de transmission et proposer des solutions.

On a observé ces derniers temps une recrudescence de l'enroulement dans certaines régions. Il semble que des cochenilles pourraient servir de vecteur aux virus. Des travaux sont en cours pour améliorer la qualité du diagnostic, préciser les conditions de transmission et proposer des solutions.

Dans la catégorie virus, le court-noué occupe la place d'ennemi public numéro un. Pendant longtemps, les travaux ont donc porté sur lui et l'inventaire sanitaire des pépinières entamé depuis quelques années touche à sa fin. L'enroulement a été moins étudié car jugé moins dangereux. En effet, il n'entraîne en général pas la mort des souches et la perte de rendement est beaucoup plus progressive. Pour autant, la maladie de l'enroulement n'a rien d'une nouveauté puisqu'elle a été décrite et attribuée à un virus dans les années trente par un chercheur allemand. A l'heure actuelle, sept virus associés à l'enroulement ont été identifiés. On les appelle GLRaV (Grapevine Leaf Roll associated Virus). ' Ces virus sont dits associés car on n'a pas encore pu démontrer leur rôle de façon formelle. On les trouve toujours dans les plants présentant des symptômes d'enroulement mais cela ne signifie pas qu'ils soient responsables de la maladie. Pour avoir cette preuve, il faudrait pouvoir inoculer le virus dans une plante saine et observer l'apparition de symptômes ', explique Bernard Walter, de l'Inra de Colmar. En l'absence de preuve irréfutable, les travaux actuels s'appuient sur les fortes présomptions. Parmi les sept virus identifiés, les GLRaV 1, 2 et 3 sont les plus répandus. ' Le 1 se trouve surtout dans les vignobles septentrionaux tandis que le 3 préfère les zones méridionales. Mais il ne s'agit pas d'une règle absolue et on peut trouver du 1 dans le Languedoc et du 3 en Champagne. Le virus 2 est, lui, de plus en plus souvent identifié. Enfin, sur un même plant, on peut trouver plusieurs virus associés ', ajoute Bernard Walter. Les symptômes de l'enroulement et l'incidence de l'infection sur la production varient en fonction du ou des virus concernés. Pour chaque virus, il peut aussi exister des souches de virulence variable. Cependant, on sait que les GLRaV sont localisés dans le phloème (qui véhicule la sève élaborée). Ils perturbent donc les flux de sève et provoquent une accumulation d'amidon dans les feuilles. Ceci peut provoquer d'importantes chutes de rendement mais aussi une chute de la richesse en sucres. Certains évoquent une moindre richesse du raisin en tanins et des équipes étrangères ont montré une modification des profils aromatiques. Des travaux sont en cours pour dresser une cartographie de l'enroulement, mesurer l'importance de la maladie dans les différents vignobles et identifier le ou les virus responsables.Des observations récentes dans différents vignobles rapportent des cas de diffusion de l'enroulement au niveau des parcelles mais aussi de coteaux entiers. ' Il y a dix ans, on estimait qu'il n'y avait pas de propagation au vignoble et qu'il suffisait de mettre en oeuvre du matériel sain pour se prémunir, rappelle Michel Legay, de l'Onivins. Les cas de contamination rapide apparus ces derniers temps nous obligent à réétudier la question. ' D'après les travaux réalisés dans d'autres pays, des cochenilles pourraient servir de vecteur de transmission des virus d'un plant à l'autre. Des explosions de populations de cochenilles sont signalées dans certains vignobles et il a parfois été possible d'établir une corrélation entre diffusion rapide de l'enroulement et forte présence de cochenilles. Cela ne suffit évidemment pas à prouver le rôle des cochenilles dans la diffusion des virus de l'enroulement. Il faut déjà les identifier, vérifier que le virus est présent dans leur organisme, s'assurer qu'elles peuvent transmettre le virus et voir comment. Plusieurs hypothèses sont émises pour expliquer la présence de plus en plus marquée des cochenilles. Pour certains, des molécules qui étaient utilisées contre d'autres ravageurs devaient avoir un effet sur les cochenilles. Le développement de la lutte raisonnée et l'utilisation de produits moins nocifs et plus ciblés pourraient fournir un début d'explication. L'étude épidémiologique des parcelles atteintes permettra peut-être de relier certaines méthodes culturales à la diffusion plus rapide de l'enroulement. Enfin, il ne faut pas exclure la possibilité qu'il existe d'autres vecteurs aériens car l'hypothèse d'un vecteur souterrain comme pour le court-noué n'a pas été retenue. Les deux axes de travail poursuivis actuellement concernent l'étude des virus et la connaissance des vecteurs de transmission. La maladie de l'enroulement est incurable, la seule méthode de lutte reste donc la prévention. Cela se passe à deux niveaux : s'approvisionner en matériel sain et éviter une contamination ultérieure. Pour les bois et plants de vigne, le diagnostic visuel est délicat car les symptômes s'extériorisent plus ou moins selon les cépages et pas du tout dans le cas des porte-greffes (voir ci-dessous). Pour le matériel initial, on peut procéder par indexage pour s'assurer que le matériel est indemne. Cela consiste à greffer la variété à tester sur une variété indicatrice choisie pour sa sensibilité. Cette méthode n'est pas envisageable dans le cadre d'un contrôle des pépinières pour des raisons économiques. Des travaux sont en cours actuellement pour mettre au point un test Elisa. ' Nous devons préciser quels sont les organes à prélever et à quelle saison. Il faut aussi déterminer le nombre d'échantillons que nous pouvons regrouper par test sans perdre de sensibilité, indique Bernard Walter. Mais tout cela ne sert à rien si on n'arrive pas à contrôler les vecteurs de transmission de l'enroulement de manière à prévenir les risques de contamination au vignoble. ' Il s'agit donc de contrôler les populations de cochenilles. Il semble qu'elles ne soient pas un vecteur très efficace car elles bougent peu et que la transmission se fait difficilement. Peut-être suffirait-il donc simplement de maintenir la population sous un seuil à déterminer pour se prémunir? Les questions sont nombreuses et un programme national actuellement en cours devrait permettre de voir plus clair dans ce dossier et de proposer des solutions, tant aux vignerons qu'aux pépiniéristes.

Dans la catégorie virus, le court-noué occupe la place d'ennemi public numéro un. Pendant longtemps, les travaux ont donc porté sur lui et l'inventaire sanitaire des pépinières entamé depuis quelques années touche à sa fin. L'enroulement a été moins étudié car jugé moins dangereux. En effet, il n'entraîne en général pas la mort des souches et la perte de rendement est beaucoup plus progressive. Pour autant, la maladie de l'enroulement n'a rien d'une nouveauté puisqu'elle a été décrite et attribuée à un virus dans les années trente par un chercheur allemand. A l'heure actuelle, sept virus associés à l'enroulement ont été identifiés. On les appelle GLRaV (Grapevine Leaf Roll associated Virus). ' Ces virus sont dits associés car on n'a pas encore pu démontrer leur rôle de façon formelle. On les trouve toujours dans les plants présentant des symptômes d'enroulement mais cela ne signifie pas qu'ils soient responsables de la maladie. Pour avoir cette preuve, il faudrait pouvoir inoculer le virus dans une plante saine et observer l'apparition de symptômes ', explique Bernard Walter, de l'Inra de Colmar. En l'absence de preuve irréfutable, les travaux actuels s'appuient sur les fortes présomptions. Parmi les sept virus identifiés, les GLRaV 1, 2 et 3 sont les plus répandus. ' Le 1 se trouve surtout dans les vignobles septentrionaux tandis que le 3 préfère les zones méridionales. Mais il ne s'agit pas d'une règle absolue et on peut trouver du 1 dans le Languedoc et du 3 en Champagne. Le virus 2 est, lui, de plus en plus souvent identifié. Enfin, sur un même plant, on peut trouver plusieurs virus associés ', ajoute Bernard Walter. Les symptômes de l'enroulement et l'incidence de l'infection sur la production varient en fonction du ou des virus concernés. Pour chaque virus, il peut aussi exister des souches de virulence variable. Cependant, on sait que les GLRaV sont localisés dans le phloème (qui véhicule la sève élaborée). Ils perturbent donc les flux de sève et provoquent une accumulation d'amidon dans les feuilles. Ceci peut provoquer d'importantes chutes de rendement mais aussi une chute de la richesse en sucres. Certains évoquent une moindre richesse du raisin en tanins et des équipes étrangères ont montré une modification des profils aromatiques. Des travaux sont en cours pour dresser une cartographie de l'enroulement, mesurer l'importance de la maladie dans les différents vignobles et identifier le ou les virus responsables.Des observations récentes dans différents vignobles rapportent des cas de diffusion de l'enroulement au niveau des parcelles mais aussi de coteaux entiers. ' Il y a dix ans, on estimait qu'il n'y avait pas de propagation au vignoble et qu'il suffisait de mettre en oeuvre du matériel sain pour se prémunir, rappelle Michel Legay, de l'Onivins. Les cas de contamination rapide apparus ces derniers temps nous obligent à réétudier la question. ' D'après les travaux réalisés dans d'autres pays, des cochenilles pourraient servir de vecteur de transmission des virus d'un plant à l'autre. Des explosions de populations de cochenilles sont signalées dans certains vignobles et il a parfois été possible d'établir une corrélation entre diffusion rapide de l'enroulement et forte présence de cochenilles. Cela ne suffit évidemment pas à prouver le rôle des cochenilles dans la diffusion des virus de l'enroulement. Il faut déjà les identifier, vérifier que le virus est présent dans leur organisme, s'assurer qu'elles peuvent transmettre le virus et voir comment. Plusieurs hypothèses sont émises pour expliquer la présence de plus en plus marquée des cochenilles. Pour certains, des molécules qui étaient utilisées contre d'autres ravageurs devaient avoir un effet sur les cochenilles. Le développement de la lutte raisonnée et l'utilisation de produits moins nocifs et plus ciblés pourraient fournir un début d'explication. L'étude épidémiologique des parcelles atteintes permettra peut-être de relier certaines méthodes culturales à la diffusion plus rapide de l'enroulement. Enfin, il ne faut pas exclure la possibilité qu'il existe d'autres vecteurs aériens car l'hypothèse d'un vecteur souterrain comme pour le court-noué n'a pas été retenue. Les deux axes de travail poursuivis actuellement concernent l'étude des virus et la connaissance des vecteurs de transmission. La maladie de l'enroulement est incurable, la seule méthode de lutte reste donc la prévention. Cela se passe à deux niveaux : s'approvisionner en matériel sain et éviter une contamination ultérieure. Pour les bois et plants de vigne, le diagnostic visuel est délicat car les symptômes s'extériorisent plus ou moins selon les cépages et pas du tout dans le cas des porte-greffes (voir ci-dessous). Pour le matériel initial, on peut procéder par indexage pour s'assurer que le matériel est indemne. Cela consiste à greffer la variété à tester sur une variété indicatrice choisie pour sa sensibilité. Cette méthode n'est pas envisageable dans le cadre d'un contrôle des pépinières pour des raisons économiques. Des travaux sont en cours actuellement pour mettre au point un test Elisa. ' Nous devons préciser quels sont les organes à prélever et à quelle saison. Il faut aussi déterminer le nombre d'échantillons que nous pouvons regrouper par test sans perdre de sensibilité, indique Bernard Walter. Mais tout cela ne sert à rien si on n'arrive pas à contrôler les vecteurs de transmission de l'enroulement de manière à prévenir les risques de contamination au vignoble. ' Il s'agit donc de contrôler les populations de cochenilles. Il semble qu'elles ne soient pas un vecteur très efficace car elles bougent peu et que la transmission se fait difficilement. Peut-être suffirait-il donc simplement de maintenir la population sous un seuil à déterminer pour se prémunir? Les questions sont nombreuses et un programme national actuellement en cours devrait permettre de voir plus clair dans ce dossier et de proposer des solutions, tant aux vignerons qu'aux pépiniéristes.

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