Plusieurs études montrent que les matières actives de synthèse ne s'accumulent pas dans les sols. Elles ne détruisent pas les êtres vivants qui s'y trouvent.
Plusieurs études montrent que les matières actives de synthèse ne s'accumulent pas dans les sols. Elles ne détruisent pas les êtres vivants qui s'y trouvent.
Les pesticides stérilisent les sols. La belle affirmation! Elle se répand comme une évidence. Ceux qui la soutiennent, affirment que les vignes pousseraient sur un support rendu totalement inerte à force d'avoir été arrosé d'herbicides, de fongicides et d'insecticides. La plupart d'entre eux sont d'ardents défenseurs de l'agriculture biologique qui protège ses vignes à l'aide de cuivre. Or, au regard des critères modernes de toxicité, cet élément n'a rien à envier aux produits de synthèse. De tous ceux qu'on utilise, il est peut-être le plus toxique pour la vie des sols. Pour cette raison, il fait l'objet d'un examen attentif de la part des Autorités européennes, qui pourrait aboutir à des restrictions d'utilisation. A la différence des matières actives de synthèse, le cuivre s'accumule. Il ne peut être dégradé. Il n'est pas non plus lessivé par les eaux de pluie. Il finit donc par se concentrer à des taux tels qu'il devient toxique.Le cuivre est un oligo-élément indispensable à la vie. Mais au-delà d'un certain seuil, il se transforme en poison. Les vignerons le savent depuis longtemps. Ils ont découvert sa phytotoxicité lors de replantations. Dans certains cas, les taux de reprise furent si mauvais que si l'on n'avait pas trouvé de remède, il aurait fallu renoncer à la culture de la vigne. Les sols étaient d'autant plus mortels pour les jeunes plants qu'ils étaient plus acides. Dans les années cinquante, une parade à la toxicité du cuivre s'est imposée : l'apport massif de matière organique et le redressement du pH. Depuis, le problème semblait résolu.De nouvelles études ont rouvert le dossier. Bon nombre d'entre elles proviennent de la station de microbiologie de l'Inra de Dijon. Au terme d'un essai de cinq ans conduit avec les services technique de l'interprofession champenoise, Rémi Chaussod, l'un des chercheurs du centre, conclut à ' un antagonisme très net dans le sol, entre la teneur en cuivre et la biomasse microbienne '. Et c'est dans la partie traitée à la bouillie bordelaise (20 kg/ha par traitement) qu'on trouve le moins de vers de terre. Le but de l'essai est de comparer l'effet sur la vie du sol, de plusieurs matières actives herbicides et fongicides, de mesurer l'accumulation de ces substances. Seule l'action dépressive du cuivre a pu être observée. Les autres produits n'ont introduit aucune modification mesurable des populations de vers de terre et de microbes. Il n'en reste que d'infimes traces après cinq années consécutives d'utilisation. Ni le fosétyl Al, ni le mancozèbe ne sont décelables. Les quantités de folpel retrouvées représentent moins de 0,5 % des apports cumulés. Enfin, il ne persiste pas plus de 2 % des apports cumulés des herbicides examinés (dichlobénil, isoxaben et diuron).Des travaux plus anciens, l'un de l'ITV d'Orange et de la chambre d'agriculture du Var, l'autre de l'Inra de Colmar, avaient déjà montré que ni la simazine, ni le diuron ne s'accumulent dans les sols. On en avait conclu qu'ils étaient sans danger pour l'environnement. C'était oublier qu'ils se dissolvent dans l'eau. Ils s'y sont concentrés au point de rendre des sources et des nappes impropres à la consommation humaine. On ne peut l'ignorer, ni l'accepter : l'agriculture se doit d'être propre. De même, on ne saurait taire les problèmes agronomiques que posent les herbicides de prélevée. Ces produits dénudent les sols. Ils les fragilisent ainsi vis-à-vis de l'érosion. Ils suppriment l'apport de matière organique par les mauvaises herbes. Il faut alors pallier ces inconvénients.En fait, on ne peut mettre l'ensemble des produits phytosanitaires dans le même panier. Chaque substance possède ses propres particularités. Il faudrait donc les examiner les unes après les autres pour être certain qu'aucune d'entre elles n'endommage gravement la fertilité des sols. Ce travail est effectué lors de l'homologation des produits. Les résultats n'en sont malheureusement pas rendus publics. Ils restent la propriété des firmes qui les gardent jalousement. Les Champenois n'ont pas voulu en rester à leurs premières observations. Depuis 1990, ils comparent la conduite traditionnelle à la conduite intégrée. La première obéit à un programme de traitements déterminés à l'avance. La seconde fait appel à l'analyse de sol, aux modèles de simulation des risques de maladies et ne retient que les produits les moins toxiques. Par ailleurs, les herbicides foliaires remplacent les herbicides de prélevée.Les auteurs de l'étude ont dévoilé leur premier bilan en décembre dernier, lors de la cinquième conférence internationale sur les maladies des plantes, organisée par l'ANPP à Tours. Ils ont abaissé de 37 % les charges proportionnelles liées à la protection du vignoble et ont obtenu la réapparition des typhlodromes, ce qui était prévisible. Ils n'ont observé aucune différence de vigueur, de volume, ni de qualité de récolte entre les deux traitements. En revanche, dans le sol, des choses ont changé. Sous la conduite intégrée, les populations microbiennes se sont développées alors qu'elles ont régressé sous la conduite traditionnelle. L'écart s'est creusé au point de devenir significatif. Quant aux vers de terre, ils sont légèrement plus abondants. Une utilisation réfléchie et sélective de produits phytosanitaires peut donc encourager le développement des êtres vivants du sol.
Les pesticides stérilisent les sols. La belle affirmation! Elle se répand comme une évidence. Ceux qui la soutiennent, affirment que les vignes pousseraient sur un support rendu totalement inerte à force d'avoir été arrosé d'herbicides, de fongicides et d'insecticides. La plupart d'entre eux sont d'ardents défenseurs de l'agriculture biologique qui protège ses vignes à l'aide de cuivre. Or, au regard des critères modernes de toxicité, cet élément n'a rien à envier aux produits de synthèse. De tous ceux qu'on utilise, il est peut-être le plus toxique pour la vie des sols. Pour cette raison, il fait l'objet d'un examen attentif de la part des Autorités européennes, qui pourrait aboutir à des restrictions d'utilisation. A la différence des matières actives de synthèse, le cuivre s'accumule. Il ne peut être dégradé. Il n'est pas non plus lessivé par les eaux de pluie. Il finit donc par se concentrer à des taux tels qu'il devient toxique.Le cuivre est un oligo-élément indispensable à la vie. Mais au-delà d'un certain seuil, il se transforme en poison. Les vignerons le savent depuis longtemps. Ils ont découvert sa phytotoxicité lors de replantations. Dans certains cas, les taux de reprise furent si mauvais que si l'on n'avait pas trouvé de remède, il aurait fallu renoncer à la culture de la vigne. Les sols étaient d'autant plus mortels pour les jeunes plants qu'ils étaient plus acides. Dans les années cinquante, une parade à la toxicité du cuivre s'est imposée : l'apport massif de matière organique et le redressement du pH. Depuis, le problème semblait résolu.De nouvelles études ont rouvert le dossier. Bon nombre d'entre elles proviennent de la station de microbiologie de l'Inra de Dijon. Au terme d'un essai de cinq ans conduit avec les services technique de l'interprofession champenoise, Rémi Chaussod, l'un des chercheurs du centre, conclut à ' un antagonisme très net dans le sol, entre la teneur en cuivre et la biomasse microbienne '. Et c'est dans la partie traitée à la bouillie bordelaise (20 kg/ha par traitement) qu'on trouve le moins de vers de terre. Le but de l'essai est de comparer l'effet sur la vie du sol, de plusieurs matières actives herbicides et fongicides, de mesurer l'accumulation de ces substances. Seule l'action dépressive du cuivre a pu être observée. Les autres produits n'ont introduit aucune modification mesurable des populations de vers de terre et de microbes. Il n'en reste que d'infimes traces après cinq années consécutives d'utilisation. Ni le fosétyl Al, ni le mancozèbe ne sont décelables. Les quantités de folpel retrouvées représentent moins de 0,5 % des apports cumulés. Enfin, il ne persiste pas plus de 2 % des apports cumulés des herbicides examinés (dichlobénil, isoxaben et diuron).Des travaux plus anciens, l'un de l'ITV d'Orange et de la chambre d'agriculture du Var, l'autre de l'Inra de Colmar, avaient déjà montré que ni la simazine, ni le diuron ne s'accumulent dans les sols. On en avait conclu qu'ils étaient sans danger pour l'environnement. C'était oublier qu'ils se dissolvent dans l'eau. Ils s'y sont concentrés au point de rendre des sources et des nappes impropres à la consommation humaine. On ne peut l'ignorer, ni l'accepter : l'agriculture se doit d'être propre. De même, on ne saurait taire les problèmes agronomiques que posent les herbicides de prélevée. Ces produits dénudent les sols. Ils les fragilisent ainsi vis-à-vis de l'érosion. Ils suppriment l'apport de matière organique par les mauvaises herbes. Il faut alors pallier ces inconvénients.En fait, on ne peut mettre l'ensemble des produits phytosanitaires dans le même panier. Chaque substance possède ses propres particularités. Il faudrait donc les examiner les unes après les autres pour être certain qu'aucune d'entre elles n'endommage gravement la fertilité des sols. Ce travail est effectué lors de l'homologation des produits. Les résultats n'en sont malheureusement pas rendus publics. Ils restent la propriété des firmes qui les gardent jalousement. Les Champenois n'ont pas voulu en rester à leurs premières observations. Depuis 1990, ils comparent la conduite traditionnelle à la conduite intégrée. La première obéit à un programme de traitements déterminés à l'avance. La seconde fait appel à l'analyse de sol, aux modèles de simulation des risques de maladies et ne retient que les produits les moins toxiques. Par ailleurs, les herbicides foliaires remplacent les herbicides de prélevée.Les auteurs de l'étude ont dévoilé leur premier bilan en décembre dernier, lors de la cinquième conférence internationale sur les maladies des plantes, organisée par l'ANPP à Tours. Ils ont abaissé de 37 % les charges proportionnelles liées à la protection du vignoble et ont obtenu la réapparition des typhlodromes, ce qui était prévisible. Ils n'ont observé aucune différence de vigueur, de volume, ni de qualité de récolte entre les deux traitements. En revanche, dans le sol, des choses ont changé. Sous la conduite intégrée, les populations microbiennes se sont développées alors qu'elles ont régressé sous la conduite traditionnelle. L'écart s'est creusé au point de devenir significatif. Quant aux vers de terre, ils sont légèrement plus abondants. Une utilisation réfléchie et sélective de produits phytosanitaires peut donc encourager le développement des êtres vivants du sol.