Les passages répétés d'engins lourds et le travail en conditions humides finissent par accélérer l'érosion et réduire le volume de sol disponible pour les racines.
Les passages répétés d'engins lourds et le travail en conditions humides finissent par accélérer l'érosion et réduire le volume de sol disponible pour les racines.
Il y a dix ans, quand je me suis installé, j'ai planté une parcelle, explique un vigneron de Saône-et-Loire. En un endroit, j'ai enfoncé le tracteur. Là, il a bien fallu attendre six ans pour que ça pousse normalement. Qui n'a pas vécu ou assisté à ce genre de mésaventure? Impossible d'en ignorer les conséquences car elles se manifestent tout de suite. De ce fait, tout le monde sait que les tassements lors de la plantation sont très préjudiciables à l'installation de la vigne. On sait également que la meilleure façon de les éviter est de travailler un sol ressuyé. Comme ce n'est pas toujours possible, bien des préparations ont lieu en conditions humides. En Champagne, elles se soldent par une augmentation, entre la troisième et la dixième année, de la mortalité causée par le pied noir. Les services techniques de l'interprofession de cette région ont mis en évidence d'autres incidences bien plus discrètes. En 1990, ils plantaient une parcelle qui, pour les besoins de l'essai, avait été partagée en deux et préparée en deux temps : une moitié quand la terre était humide, l'autre alors qu'elle était sèche. Dans la première partie, la pourriture est légèrement augmentée et la vigueur diminuée.L'impact des tassements sur une vigne installée est du même ordre : difficilement perceptible. On sait qu'il réduit l'espace vital des racines car elles ne peuvent plus entrer dans les zones durcies. Elles ont alors accès à des réserves en eau et en éléments minéraux réduites.' S'il n'y a pas d'horizon compacté en sous-sol, les tassements entre les rangs ont moins d'importance, explique Jean-François Billot, spécialiste de ces questions au Cemagref d'Antony. Dans le cas contraire, les deux tassements s'additionnent pour confiner les racines de la vigne dans une sorte de pot de fleurs. ' Le volume de terre auquel elles ont accès est alors borné, au fond, par l'horizon de défoncement et, de chaque côté, par des murs verticaux.Ces murs sont la conséquence des passages répétés des engins. Ils se constituent sous les bandes de roulement. Leur profondeur, faible au départ, peut atteindre plusieurs dizaines de centimètres après quelques temps. C'est le résultat de l'accumulation des compactages. Le travail du sol qui n'ameublit que les premiers centimètres, ne permet pas d'y remédier.En surface, les méfaits des tassements sont plus visibles. Ils accélèrent l'érosion. Les tracteurs et les machines à vendanger, dont certains modèles pèsent jusqu'à 8 t, réduisent la porosité des sols. De ce fait, les pluies s'y infiltrent moins. Elles ruissellent davantage, ce qui augmente leur force d'entraînement. Lorsque les pentes sont raides, les dégâts sont nets. Lorsqu'elles sont faibles, il ne semble pas y en avoir. Pourtant, il suffit d'un replat enherbé pour voir s'accumuler de la terre fine.S'il est indiscutable que les tassements augmentent l'érosion, on ne peut étendre cette observation aux méthodes modernes d'entretien des sols : comparée au labour accompagné de façons superficielles, la non-culture a, au contraire, ralenti ces phénomènes de disparition de terre. Pour autant, elles ne les a pas supprimés. Pour y parvenir, il faut intervenir à l'échelle des parcelles (enherbement ou couverture du sol par des matières organiques) et des bassins versants avec des techniques spécifiques. Du fait de l'augmentation du poids des engins et du nombre des passages, on peut craindre que les sols ne cessent de se durcir. Jusqu'à quel point? Difficile de le savoir car les évolutions qui touchent au sol sont lentes.Plutôt que d'attendre une réponse, il vaut mieux prendre quelques précautions. D'abord en intervenant autant que possible en conditions sèches. Ensuite, en choisissant des pneumatiques qui ont une large bande de roulement par rapport à leur circonférence. Ils répartissent le poids des engins sur une superficie plus grande que les pneus étroits. On peut les gonfler faiblement. Ils n'exercent de ce fait qu'une faible pression au sol. En contrepartie, ils sont plus encombrants. Dans les vignes étroites, cela devient rapidement un inconvénient qui s'ajoute aux autres. Les pneus gonflés à une faible pression tassent peu mais s'usent très vite dès lors qu'ils roulent sur des cailloux et peinent à gravir de fortes pentes et à tirer des outils aratoires.En fait, il faut s'attaquer aux causes de l'augmentation des tassements et revenir à des engins plus légers, ce qui est l'affaire des constructeurs. Quelques-uns d'entre eux en ont fait leur cheval de bataille et proposent des enjambeurs ' poids plume '. Parallèlement, des importateurs de quads (sorte de motos à quatre roues) prospectent de plus en plus activement le marché viticole. Les machines des uns et des autres ont trouvé preneurs chez des vignerons qui rencontraient des problèmes de portance ou qui souhaitaient pouvoir entrer dans leurs parcelles par tous temps. Pour l'instant, elles sont de faible puissance, ce qui limitera leur utilisation. Il reste encore une solution : réduire au strict nécessaire le nombre de passages. Cela, c'est l'affaire de chaque vigneron.
Il y a dix ans, quand je me suis installé, j'ai planté une parcelle, explique un vigneron de Saône-et-Loire. En un endroit, j'ai enfoncé le tracteur. Là, il a bien fallu attendre six ans pour que ça pousse normalement. Qui n'a pas vécu ou assisté à ce genre de mésaventure? Impossible d'en ignorer les conséquences car elles se manifestent tout de suite. De ce fait, tout le monde sait que les tassements lors de la plantation sont très préjudiciables à l'installation de la vigne. On sait également que la meilleure façon de les éviter est de travailler un sol ressuyé. Comme ce n'est pas toujours possible, bien des préparations ont lieu en conditions humides. En Champagne, elles se soldent par une augmentation, entre la troisième et la dixième année, de la mortalité causée par le pied noir. Les services techniques de l'interprofession de cette région ont mis en évidence d'autres incidences bien plus discrètes. En 1990, ils plantaient une parcelle qui, pour les besoins de l'essai, avait été partagée en deux et préparée en deux temps : une moitié quand la terre était humide, l'autre alors qu'elle était sèche. Dans la première partie, la pourriture est légèrement augmentée et la vigueur diminuée.L'impact des tassements sur une vigne installée est du même ordre : difficilement perceptible. On sait qu'il réduit l'espace vital des racines car elles ne peuvent plus entrer dans les zones durcies. Elles ont alors accès à des réserves en eau et en éléments minéraux réduites.' S'il n'y a pas d'horizon compacté en sous-sol, les tassements entre les rangs ont moins d'importance, explique Jean-François Billot, spécialiste de ces questions au Cemagref d'Antony. Dans le cas contraire, les deux tassements s'additionnent pour confiner les racines de la vigne dans une sorte de pot de fleurs. ' Le volume de terre auquel elles ont accès est alors borné, au fond, par l'horizon de défoncement et, de chaque côté, par des murs verticaux.Ces murs sont la conséquence des passages répétés des engins. Ils se constituent sous les bandes de roulement. Leur profondeur, faible au départ, peut atteindre plusieurs dizaines de centimètres après quelques temps. C'est le résultat de l'accumulation des compactages. Le travail du sol qui n'ameublit que les premiers centimètres, ne permet pas d'y remédier.En surface, les méfaits des tassements sont plus visibles. Ils accélèrent l'érosion. Les tracteurs et les machines à vendanger, dont certains modèles pèsent jusqu'à 8 t, réduisent la porosité des sols. De ce fait, les pluies s'y infiltrent moins. Elles ruissellent davantage, ce qui augmente leur force d'entraînement. Lorsque les pentes sont raides, les dégâts sont nets. Lorsqu'elles sont faibles, il ne semble pas y en avoir. Pourtant, il suffit d'un replat enherbé pour voir s'accumuler de la terre fine.S'il est indiscutable que les tassements augmentent l'érosion, on ne peut étendre cette observation aux méthodes modernes d'entretien des sols : comparée au labour accompagné de façons superficielles, la non-culture a, au contraire, ralenti ces phénomènes de disparition de terre. Pour autant, elles ne les a pas supprimés. Pour y parvenir, il faut intervenir à l'échelle des parcelles (enherbement ou couverture du sol par des matières organiques) et des bassins versants avec des techniques spécifiques. Du fait de l'augmentation du poids des engins et du nombre des passages, on peut craindre que les sols ne cessent de se durcir. Jusqu'à quel point? Difficile de le savoir car les évolutions qui touchent au sol sont lentes.Plutôt que d'attendre une réponse, il vaut mieux prendre quelques précautions. D'abord en intervenant autant que possible en conditions sèches. Ensuite, en choisissant des pneumatiques qui ont une large bande de roulement par rapport à leur circonférence. Ils répartissent le poids des engins sur une superficie plus grande que les pneus étroits. On peut les gonfler faiblement. Ils n'exercent de ce fait qu'une faible pression au sol. En contrepartie, ils sont plus encombrants. Dans les vignes étroites, cela devient rapidement un inconvénient qui s'ajoute aux autres. Les pneus gonflés à une faible pression tassent peu mais s'usent très vite dès lors qu'ils roulent sur des cailloux et peinent à gravir de fortes pentes et à tirer des outils aratoires.En fait, il faut s'attaquer aux causes de l'augmentation des tassements et revenir à des engins plus légers, ce qui est l'affaire des constructeurs. Quelques-uns d'entre eux en ont fait leur cheval de bataille et proposent des enjambeurs ' poids plume '. Parallèlement, des importateurs de quads (sorte de motos à quatre roues) prospectent de plus en plus activement le marché viticole. Les machines des uns et des autres ont trouvé preneurs chez des vignerons qui rencontraient des problèmes de portance ou qui souhaitaient pouvoir entrer dans leurs parcelles par tous temps. Pour l'instant, elles sont de faible puissance, ce qui limitera leur utilisation. Il reste encore une solution : réduire au strict nécessaire le nombre de passages. Cela, c'est l'affaire de chaque vigneron.