Une bouteille de vin, cela se repère très facilement et c'est une promesse de bons moments... A La Poste, au Sernam et parfois chez les transporteurs privés, certains employés très indélicats n'hésitent pas à se servir. Si le Sernam réajuste le tir, à la direction de La Poste, bien que le recommandé soit fortement conseillé, on semble découvrir le problème...
Nombre de vignerons témoignent du problème des disparitions lors des transports. Au hit-parade du vol, La Poste. En décembre dernier, un vigneron a constaté le vol de 24 bouteilles sur 30 envoyées, dont 28 en recommandé. Cet exemple, particulièrement malchanceux, n'est pas isolé : sans recommandé, le risque est grand. Pour preuve, cette anecdote d'un vigneron bordelais : ' La première fois que j'ai envoyé un échantillon par La Poste, mon facteur m'a demandé si je souhaitais un recommandé. Je lui ai répondu que je n'en voyais pas l'utilité. Gêné, il m'a alors appris que mon colis aurait très peu de chances d'arriver à destination sans recommandé... 'La Poste transporte 275 millions de colis par an, soit environ un million par jour. ' Le taux de vols n'est pas plus important que la moyenne, précise-t-on dans l'entreprise publique. Le taux de spoliation des colis s'élève à 1 pour mille. 'Ce nombre est toutefois sous-estimé car les colis sans recommandé ne sont pas pris en compte. Le taux de vols en vin est donc inconnu. On peut d'ailleurs s'étonner que les agences locales, qui reçoivent les réclamations et les factures détaillées, ne soient pas invitées à faire remonter l'information sur la nature de l'objet volé. Ce cloisonnement devrait bientôt s'estomper avec une centralisation de l'information sur les remboursements. 70 % des réclamations sont traités au niveau local et 30 % à Libourne (Gironde), siège national du service des réclamations. A la direction de l'activité colis, on admet d'ailleurs que ' culturellement, l'objectif premier du personnel était de respecter les délais. Maintenant, il faut faire passer le message que la qualité du service, c'est aussi la sécurité des colis '.Pour améliorer le transport du vin, La Poste propose depuis quelques années le Diligobouteille, un emballage conçu pour les bouteilles. Son coût : 39 F/unité ou 360 F les 10. Avec ce service, le taux de vols est très faible (0,5 pour mille). 240 000 Diligobouteille ont été vendus l'an dernier. L'autre moyen de protection, plus ou moins fiable, c'est donc le recommandé. Là aussi, le surcoût - à ajouter à l'envoi classique - n'est pas négligeable : 10,50 F pour un remboursement maximal de 100 F, 14 F pour 1 000 F et 22 F pour 3 000 F. En termes de coût, La Poste s'estime ' mieux placée que les autres transports - ce qui est vrai pour une ou deux bouteilles - même avec le surcoût du recommandé '. Sous-entendu à peine voilé : ceux qui n'envoient pas en recommandé n'ont qu'à s'en prendre qu'à eux-mêmes!Outre le problème financier, c'est l'image d'efficacité de l'entreprise expéditrice qui est touchée. D'autant que les envois par La Poste sont souvent des demandes d'échantillons ou des cadeaux d'entreprises. Or, le destinataire du cadeau est rarement averti qu'il en recevra un. Par conséquent, l'expéditeur ne sait pas toujours si l'envoi est arrivé à bon port. Néanmoins, La Poste reste le moyen de transport le mieux adapté aux petits paquets.Le bilan s'améliore du côté du Sernam, l'organisme de transport de la SNCF. La crise du début des années 90 a modifié le comportement de la direction qui surveille de plus près ses employés. Pour les envois à l'étranger, l'entreprise apparaît même comme la plus intéressante. Néanmoins, les vols existent au Sernam, notamment dans les grandes villes.Un vigneron alsacien se remémore décembre 1995 et ses grèves : ' Tous mes colis pour les fêtes de Noël (35 % des ventes) ont disparu. C'était la distribution organisée, sans aucun état d'âme. Quand je m'en suis plaint, on m'a répondu que je serais intégralement remboursé et que, de plus, cela m'avait fait vendre le double de bouteilles! 'Cette longue grève a laissé des traces. Le Sernam a pris conscience du déficit de son image et s'est restructuré courant 1997 avec des effectifs revus à la baisse. Pour enrayer les vols, l'entreprise fait appel aux brigades de la police des chemins de fer en cas de ' présomption d'actes délictueux '.Même s'ils bénéficient d'une concurrence parfois défaillante, les transporteurs privés ne sont pas pour autant exempts de défauts. Cependant, les cas de vol semblent nettement inférieurs à ceux observés dans les entreprises publiques, bien qu'il n'existe aucun chiffre sur le montant des remboursements. Le souci de rentabilité y est sans nul doute plus aiguisé. Si La Poste n'est pas déficitaire, le Sernam, de son côté, avait perdu 380 millions de francs en 1996 pour un chiffre d'affaires de 4,1 milliards de francs.