Une parcelle touchée par le gel au printemps voit sa production diminuer. Mais ce n'est pas la seule conséquence de cet accident. La charpente de la souche peut souffrir et il est alors utile d'intervenir rapidement après le gel. La retaille en vert est souvent préconisée.
Les températures peu clémentes d'avril 1997 ont provoqué un gel printanier dans de nombreuses régions. Dans les parcelles touchées par cet accident climatique, la baisse de rendement n'a pas été négligeable. Certains producteurs ont vu leur rendement chuter de 50 %. Mais dans l'ensemble, le gel est resté localisé.Que faut-il faire lorsqu'on se retrouve dans cette situation? L'avis général est qu'il faut beaucoup raisonner au cas par cas. Le stade phénologique de la vigne au moment du gel, l'âge de la parcelle (vignes en production ou en formation), l'intensité du gel (rameaux entièrement gelés ou partiellement) sont autant de facteurs à prendre en compte. Malgré tout, quelques lignes directrices semblent se dégager. Il est important d'assurer la couverture phytosanitaire habituelle de la parcelle. Il n'y a pas de problème particulier de maladies car ' les rameaux gelés se dessèchent et ne pourrissent pas ', signale Claude Landron, du Groupement départemental de développement viticole du Maine-et-Loire. Donc, pas de traitements spécifiques à effectuer comme on peut le faire après la grêle.Au printemps, le gel détruit partiellement ou entièrement le jeune rameau issu du bourgeon, voire le bourgeon lui-même si le débourrement n'a pas encore eu lieu. Claude Landron signale même que l'inflorescence seule dans le bourgeon peut être détruite. Après la disparition de ces bourgeons, d'autres vont prendre le relais. Si le rameau n'est pas totalement gelé, les prompts bourgeons démarrent en priorité et donnent des entre-coeurs. Les bourgeons latents peuvent prendre leur relais s'ils disparaissent. Le bourrillon et les yeux de la couronne prennent la suite lorsque le rameau est entièrement gelé. Mais ces derniers sont beaucoup moins fertiles que l'oeil principal détruit lors du gel ou sa pousse.René Bernard, de la chambre d'agriculture du Var, signale que des essais ont été effectués sur la maturité des raisins sur des souches présentant des rameaux gelés et non gelés. Ils montrent qu'à partir de grappes hétérogènes, le retard des baies apparues les plus tardivement (sur des rameaux gelés) diminue progressivement jusqu'à s'annuler. De plus, on se retrouve souvent avec des degrés intéressants car la production est moindre. La qualité de la récolte ne semble donc pas altérée, seul le rendement diminue.Une fois qu'on a fait son deuil d'une partie de sa récolte, on s'attache alors à agir sur la vigne de façon à avoir du bois de taille à l'automne. La fertilisation azotée trouve sa place dans ce cadre. Mais les avis sont loin d'être unanimes. Certaines régions la préconisent : ' L'azote permet aux ceps de redémarrer de façon vigoureuse et de faire repartir le bourgeon latent ', explique René Bernard. Claude Landron signale lui aussi cette technique, tout en remarquant qu'il n'y a pas de résultats qui permettent de conclure à un véritable effet de l'azote dans ce cas précis. Nadège Brochard, de la chambre d'agriculture de Loire-Atlantique, signale qu'un apport d'azote foliaire sur des vignes de vigueur correcte ne semble avoir aucun effet. Après le gel de 1997, la station viticole du BNIC (Bureau national interprofessionnel du cognac) indique que les apports d'azote supplémentaires sont injustifiés.Autre intervention sur la souche : la taille en vert. La plupart des régions la préconisent afin de faciliter la taille d'hiver à venir et de préserver la charpente de la souche, sans trop la surélever. Lorsque le rameau est entièrement gelé, généralement lorsque la pousse fait moins de 8 cm de haut, elle n'est pas nécessaire. Le rameau va tomber de lui-même et le contre-bourgeon va partir.Lorsque le rameau n'est pas entièrement gelé, les prompts bourgeons ou les bourgeons latents démarrent, ce qui a l'inconvénient de donner à la souche un aspect buissonnant et des bois de taille souvent un peu faibles et hauts. Les préconisations sont en général de supprimer la pousse. ' Lorsqu'il y a juste l'extrémité du rameau qui est gelée, il faut retailler pour forcer le bourrillon à partir. Ce bourrillon est fructifère (beaucoup moins que les yeux principaux) et une grappe va se développer ', explique René Bernard. C'est aussi ce qu'explique Nadège Brochard : ' Lorsque le gel s'est déroulé au stade une à deux feuilles étalées, il faut faire tomber les petites pousses gelées avec le pouce pour faire démarrer les contre-bourgeons '. De même, à la chambre d'agriculture de l'Hérault, on conseille d'intervenir en retaille rase, en notant que le principal avantage de cette technique est de faciliter la taille d'hiver.Il est délicat de donner des règles générales pour une parcelle qui, au moment du gel, se trouve en formation. Ici, le raisonnement au cas par cas est nécessaire et dépend également du système de taille. En Anjou et en Champagne, on explique qu'il ne faut pas hésiter quelquefois à retarder la production d'un an si c'est nécessaire pour éviter d'avoir des souches déformées. En effet, cette déformation risque d'être préjudiciable pour l'avenir.