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La fin des mauvais goûts

La vigne - n°86 - mars 1998 - page 0

Les bouchons synthétiques peuvent constituer une alternative intéressante au bouchage en liège sur des vins à rotation assez rapide. Le marché britannique est le principal demandeur de ce type de bouchage qui élimine totalement le risque de goût de bouchon.

Une bouteille de vin bouchonnée - servie au mauvais moment, à la mauvaise table - peut vous faire perdre un client pour toujours ', écrivent les fabricants américains de bouchons synthétiques Supremecorq.Selon les sources, on trouverait moins de 1 % à plus de 5 % de vins bouchonnés sur le marché mondial. On le sait, tous les problèmes ne viennent pas du liège. Le transport et le stockage des bouchons, la mise en bouteilles puis les conditions de conservation peuvent également influer sur la qualité de l'obturation. Cependant, l'offre mondiale de liège de qualité est plutôt à la baisse tandis que la demande augmente. Il y a donc une tension sur les prix, obligeant les acheteurs (vignerons, négociants, coopératives) à répercuter cette hausse sur leurs prix de vente, à rogner leurs marges ou à passer à un bouchon de qualité inférieure selon le vin et le segment de marché sur lequel ils travaillent. Cette situation fait craindre à certains une augmentation de la proportion de bouteilles présentant des mauvais goûts. Les bouchonniers proposent d'ailleurs des solutions comme Altec, pour Sabaté, ou des bouchons agglomérés avec une rondelle de liège naturel à chaque extrémité.Il existe d'autres alternatives qui éliminent totalement le liège. On connaît déjà les capsules à vis, très répandues en Suisse mais dont le principal inconvénient - outre le problème d'image - est qu'il faut s'équiper d'une machine spéciale de sertissage. Depuis trois ou quatre ans, les bouchons synthétiques gagnent du terrain aux Etats-Unis et en Australie où de grands domaines non seulement n'hésitent pas à les utiliser mais le revendiquent haut et fort. ' Grâce à ce bouchage, je peux garantir la qualité de chacune des bouteilles du domaine ', écrit Christina Benz, winemaker chez Murphy-Goode Estate, en Californie.A ce jour, nous avons trouvé trois fabricants de bouchons synthétiques : Novembal, à Anse (Rhône), fabrique les bouchons Tage; Southcorp Packaging, à Victoria (Australie), produit la gamme Aegis; Supremecorq fabrique les bouchons du même nom dans l'Etat de Washington (Etats-Unis). Les Australiens terminent actuellement leurs essais et envisagent de s'installer très rapidement en Nouvelle-Zélande et aux Etats-Unis, puis en Europe à moyen terme.Les Français qui ont commencé à travailler ce produit dans les années quatre-vingt, passent à ' l'offensive ' commerciale depuis quatre ans. Pour le moment, les bouchons Tage sont surtout vendus en France et en Italie. Ils étaient récemment présentés à un salon professionnel à Sacramento (Californie) où ils ont reçu un bon accueil. La majeure partie des vins français bouchés par Novembal est destinée à la grande distribution britannique. Les pionniers dans ce domaine sont les magasins Marks & Spencer qui ont commencé à travailler avec des bouchons synthétiques en 1993. Dès 1994, le cahier des charges de cette chaîne excluait l'utilisation de bouchons colmatés ou agglomérés, le lavage des bouchons au chlore... ' Il ne s'agit en aucune manière de remplacer le liège mais de proposer une alternative sur certaines gammes de prix ', explique Martine Sow, de Novembal.Les Américains Supremecorq sont très présents sur l'ensemble des Etats-Unis mais également dans les pays producteurs de l'hémisphère Sud. Ils ont désormais une antenne commerciale en Europe, basée en Italie depuis 1996. Le développement se fait surtout en Italie pour le moment - là encore pour des vins destinés prioritairement à la Grande-Bretagne - et des essais devraient commencer rapidement en France et en Suisse.En termes de prix, les bouchons synthétiques se situent aux environs de 25-30 centimes pour le Tage de 38 mm, teinte liège naturel. Pour le moment, les bouchons Supremecorq sont nettement plus chers : les 37 mm, disponibles uniquement en teinte liège, se situent à 60 centimes, les 45 mm proposés en dix couleurs standards, entre 0,70 et 1,00 F.D'un point de vue technique, aucune modification dans la chaîne d'embouteillage n'est nécessaire. ' Cependant, les mors doivent être en parfait état, explique un utilisateur. Il existe en effet moins de tolérance qu'avec un bouchon en liège car le retour élastique est moins important. ' Les bouteilles peuvent être indifféremment stockées debout ou couchées, le synthétique ne nécessitant pas d'être humide pour conserver ses qualités.Actuellement, les bouchons synthétiques sont surtout utilisés sur des vins à rotation rapide ou moyenne, dont on souhaite conserver toute la fraîcheur. Chez la plupart des utilisateurs, il ne s'agit pas de remplacer le liège mais de disposer d'une alternative pour certains marchés et segments de prix.

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